Lettre à Christine

 

Christine

J'ai Bien pris note que vous n'avez rien contre nous, mais seulement contre la politique actuelle du transport. Ce qui me choque, c'est qu'en vous en prenant à nous, qui ne somme que des exécutants d'une politique mondiale qui nous échappe totalement, vous ne faites que heurter des gens qui ne font que vivre honnêtement de leur travail. Je sais qu'à l'heure actuelle il est plus glorifiant de vivre des aides et de la charité que de son salaire mais tout de même

Je me permets de souligner quelques points.

Nous avons bien compris que la marée noire des camions en transit n'a rien à voir avec les images habituelles des embouteillages hivernaux pour accéder aux stations de ski (Ici il s'agit d'or blanc ne confondons pas) Que la citerne d'essence qui ravitaille vos statons services pollue nettement moins que mon immonde citerne à moi (et pourtant je l'entretiens et je l'astique (la citerne ne nous égarons pas)), mais moi, je suis en transit. Quoique il arrive bien un moment où je suis en livraison, donc en local. Là je ne pollue plus ?

Seulement, Vous comme nous, nous sommes prisonniers, esclaves, acteurs et profiteurs d'un système capitaliste (ne rajoutons pas sauvage, le capitalisme l'est par essence) qui se sert de tous les moyens mis à sa disposition pour produire moins cher. Que l'un de ce moyen soit de délocaliser pour produire moins cher je ne le conteste pas.

Mais quand je vois des José Bové (pourfendeur de la mondialisation et destructeur de Mac DO) labourer son champ (si si je vous jure on l'a vu une fois à la télé) avec un tracteur made in Chicago, je me demande si vous et vos semblables ne nous prenez pas pour des cons. Tracteur importé par bateau et par camion, ajoutant à ce commerce mondial que vous dénoncez. Et vous me reprochez d'acheter du vin espagnol chez le hard discounteur du coin ? Je sais, il existe des vin produits près de chez moi, dont le transport est moins gourmands en pétrole générateur de gaz à effet de serre, mais ils sont plus cher . J'ai pris l'exemple du vin rouge parce que, bien sur, un routier digne de ce nom carbure au gros rouge (ne démentons pas les bon vieux clichés)

Il est vrai qu'avec des défenseurs comme Noël Mamers (dont l'action la plus écolo a été de se teindre les moustaches en vert) ou Dominique Voynet, vôtre cause n'apparaît pas des plus sérieuses ; Alors que pour moi, le vrai scandale de Mac Do, est le volume de déchet produit par un simple « happy meal »

Pourtant, j'essaie d'être le plus écologiste possible dans mon comportement, je vais au centre commercial (500m) à pied, je me chauffe au solaire, je triais mes déchets bien avant les poubelles sélectives… Mais bien sur ça ne compte pas, je suis routier. Dans le même ordre d'idée, ma voiture ne consomme que 9l aux cents mais je vous promets d'acheter un 4x4 (15l aux cents mini) de 2t pour mes prochaines vacances au ski.

Pour apporter ne précision, ce site à été crée par un certain Philou qui croyait en une certaine éthique sur la route. Vite rejoint par quelques passionnés de ce métier. Une charte a même été écrite pour prôner une route plus citoyenne. Je ne vous demande pas si vous l'avez lue, vos seules préoccupations étant de pourfendre le méchant pollueur en camion, sans vous préoccuper des donneurs d'ordres dont nous ne sommes que les serviteurs (zélés je vous l'accorde). Et pourtant, nous sommes certainement les mieux placés pour voir où nous mène cette politique du tout transport, les murs de camions, nous les voyons à longueur de journée, les marchandises qui vont d'un coin à un autre sans qu'on sache pourquoi aussi. Dans le même ordre d'idées, un certain Bernard Darniche chroniqueur sur France Inter (que je considère comme la dernière radio libre de France) se lamentait d'avoir du mal à faire vivre son association pour une route citoyenne. Nous avons offert nôtre aide (minime nous le savons bien). Un mépris total nous a accueilli.

Naïf que nous étions. Qui sommes nous ? Nous n'avons pas fait d'études de COM et nous voudrions nous mêler de choses sérieuses. Restons dans la cours des petits et laissons les gens responsables s'occuper du reste. Les énarques nous disent quoi faire et les pros de la COM nous disent quoi penser. Décidemment Orwell n'est pas mort.

Et si du haut de vôtre piédestal, vous vous penchiez un peu pour voir les vrai problèmes de la route. Le ferroutage par exemple, je n'y ai jamais vu un journaliste (Pourtant, je serait même prêts à autoriser un de vos confrères à salir ma cabine). Même le ministre n'a pas daigné serrer la main d'un routier (pour tripoter le cul des vaches au salon de l'agriculture par contre pas de problème). Par contre, sur l'abandon du canal à grand gabarit qui devait relier la région parisienne à la Belgique, on ne vous entend pas. Et pourtant, le transport fluvial est le moins polluant.

Mais,si un jour,l'envie de quitter la climatisation de vos bureaux vous prenait, je suis sur que l'un(e) d'entre nous accepterait de vous prendre dans son camion, et là, vous pourrait avoir un aperçu des vrais problèmes liés au tout camion.

Mais je rêve...

Pascal Lagaffe

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