GALA DE GAFFES EN GROS, BEVUES ET BOULETTES A GOGO

par Power600

 

L'autre jour, j'ai lavé un camion. Quoi de plus banal.
Sans doute le plus grand utilisateur de la station de lavage dans la boite il n'est pas rare que j'y passe avec les nombreux véhicules qui me passent entre les mains.
Mais cette fois là, surprise! Je trouve le rétroviseur frontal, le fameux antéviseur, au sol et en miettes. Il ne rétrovisera plus celui-là. Que s'est-il passé?
J'ai vite trouvé la cause du problème. J'ai oublié de vérifier les commandes du portique et il est resté sur le programme de lavage "sans rétro", les brosses ont arraché le rétroviseur et son support a cassé le déflecteur en se tordant. Je ne sais pas combien vont coûter les réparations mais ça va se chiffrer en centaines d'euros. Bonne nouvelle à annoncer au patron. Il va sans doute brailler cette fois. Moi qui ne supporte pas les singes hurleurs. Mais vu ce que ça va lui coûter rien d'étonnant s'il se fâche. Il ne gueule pas finalement, mais il râle quand même. "Tu sais bien qu'il faut vérifier la position du bouton". Ben oui, je le sais bien et cette fois je ne l'ai pas fait. Simple oubli dont les conséquences n'ont pas été négligeables.

Je me prends plus tard à essayer de me rappeler d'autres bévues que j'ai pu faire dans le passé.

Jusqu'ici jamais de casse réellement grave mais quand même une série de bricoles diverses, dont quelques unes ont quand même généré un coût financier certain.

Même à mes débuts dans la mécanique au début des années 80, j'ai encore le souvenir d'avoir quelques erreurs plus ou moins douteuses.
Par exemple un grand classique sur une des rares DS encore en circulation à l'époque, vidange de la boite au lieu du moteur. Pourtant je savais bien que sur cette voiture la boite de vitesses est devant le moteur mais je m'y suis laissé prendre. Comme tant d'autres avant moi.
Les roulement de roues arrière neufs d'une autre voiture serrés trop fort car j'ignorais la procédure à suivre. Ces roulements doivent être serrés jusqu'à ce que la roue soit freinée puis désserés d'un dizième de tour d'écrou, pour que la roue tourne librement. ces roulement surchauffent et se déteriorent très vite s'ils sont trop serrés, allant parfois jusqu'à provoquer un accident si la roue se bloquait soudainement. Par chance j'ai vu peu après un collègue faire ce désserage d'un dizième de tour et j'ai dit au patron que je n'avais pas fait ça sur "ma" voiture. Il est parti en courant dans le bureau pour rappeler la cliente et lui demander de revenir dès qu'elle le pourrait. Elle habitait à 3 kilomètres et elle est arrivée peu après. Un ancien a refait le serrage dans les règles de l'art en me montrant au passage la procédure. Pour un peu je n'aurais pas pu savoir à temps que j'avais mal fait ce serrage et qui sait ce qui serait arrivé à cette cliente..


Une dizaine d'années plus tard c'est la crise, il n'y a plus de boulot. De toute façon ce métier est ingrat et je le laisse tomber. S'ensuivront une longue série de petits boulots minables pendant lesquels il ne se passe rien de particulier. C'est que rester 3 jours ici et une semaine là, ça ne laisse pas tellement de temps de commettre des bévues.
Puis avec l'idée de rentabiliser ce permis poids lourd que j'avais passé après mon retour de l'armée je me mets à chercher des places de chauffeur, pour voir. Je trouve un peu de boulot dans la branche.
Et ma toute première erreur de chauffeur est de partir avec mon premier camion, en oubliant de mettre un disque. Bon, je ne suis pas allé bien loin avant de m'en rendre compte, mais tout de même belle entrée en matière.
En fait ça n'a pas été ma première erreur mais ma deuxième, la première ayant été d'accepter de partir avec un tromblon qui aurait du être entièrement retapé ou mis à la ferraille. Un porteur Volvo F88 qui avait subi un manque flagrant de soins et d'entretien. En guise de filtre à air il n'y avait rien d'autre qu'un vieux fait-tout fixé devant l'admission d'air par du fil de fer. La direction fuyait et il y avait un bidon d'huile de direction de 56 litres posé sur le siège passager pour pouvoir en rajouter sans arrêt. Des freins pour le moins peu puissants, bien assistés toutefois par un Telma efficace. Bouffé de rouille de partout, il pleuvait dedans. Un patron qui l'avait "acheté à un arabe" selon ses dire et qui ne savait pas trop ce qu'il voulait. Je ne suis resté là que quelque jours, je n'avais rien à y faire.


Peu de temps après ce ratage j'ai trouvé une place chez un producteur d'oeufs qui avait deux camions pour faire de la ramasse et livrer sa production en région parisienne. Une armoire à oeufs qui était pleine part en sucette un jour et tombe du hayon devant l'entrée d'un poulailler. 5400 oeufs écrasés par terre, une omelette géante qui se repand partout. Youpi, c'est la fête du slip. Les oeufs ont une faible valeur quand ils sortent du poulallier, la perte se limite à 150 francs environ. Mais il a fallu nettoyer tout ça. Heureusement l'omelette ça se nettoie facilement au jet d'eau.
La crise perdure et la filière oeufs est frappée de plein fouet. L'entreprise prend cher et ne s'en relève pas.
Arrivée dans une des grandes coopératives agricoles du coin ou je resterai 7 ans, et encore quelques bévues de plus à mon actif.


Puis enfin je passe dans le transport public après des années dans le transport en compte propre. Mon pouvoir d'achat grimpe d'un coup sec, mieux payé qu'avant dès le premier mois. Je vois qu'une erreur de plus a été de ne pas y venir plus tôt au lieu de perdre mon temps dans le compte propre.
Un peu cahotique tout ça. Quels grands moments de solitude ai-je pu connaitre pendant ces années là?

Ah oui....Il y a deux ans environ je devais charger une semi sur un quai tout neuf dont l'éclairage n'était pas encore branché. J'étais à quai depuis un moment et le réceptionnaire avait déployé le pont de liaison. Ou plutôt, je croyais qu'il l'avait fait. Il le faisait toujours d'habitude quand ce camion s'était mis à son quai, même déjà dans cet entrepôt neuf dont la finition n'est pas encore finie et où les opérations de transport ont commencé il y a quelques semaines. Et là encore je n'ai pas pensé à vérifier. Et j'avais un transpalette à main, avec lequel je vais parfois plus vite que les transpalettes électriques. Je prends la première palette et je la pousse vers la semi. La voie est libre, pleine puissance. Et dans la pénombre sous l'abri du quai c'est le drame. Ma vie ne bascule pas à ce moment là mais la palette, si. Le transpalette se bloque brutalement au bord du quai quand ses roulettes arrivent dans le vide et toute la marchandise part en bloc et se fracasse dans la remorque.
Une palette d'épicerie contenant des pots de sauce béarnaise ou de mayonnaise, des conserves, des gâteaux, des bocaux de confiture ou de cornichon (oui bon d'accord, celui qui poussait la palette n'était pas dans un bocal!...) et autres.
Tout ça étalé par terre baignant dans un affreux mélange de vinaigre, d'aïoli, d'huile d'olive et d'autre liquides divers.
Là on me dit qu'en fait je ne suis pas le premier à me faire piéger et qu'au moins on va pouvoir exiger après ça de la direction qu'elle fasse brancher l'éclairage des quais en priorité. Ce me fait une piètre consolation quand je vois le chef d'oeuvre.
Toute la marchandise à trier et en grande partie perdue, les producteurs qui ont fourni les produits et le préparateur qui a fait la palette y ont travaillé pour rien. Plus de 500 euros de dégâts et du temps à passer pour nettoyer tout ça, le destinaire ne sera pas livré au moment prévu et il faudra lui refaire une autre palette.

Un jour je dois partir en tournée avec un transpalette électrique. Je me rends vite compte que sa roue motrice est morte. Elle est si usée que je peux l'empêcher d'avancer à ma guise rien qu'en le retenant, ce qui laisse présager des problème dans les rues en pente. Je refuse de partir avec, qu'il reste là en sécurité. Je trouve un transpalette à main pour faire la tournée. Et un peu plus tard comme par hasard j'en perds un autre en déplaçant une remorque. Celui-là aussi avait une roue motrice morte et plus rien ne l'empêchait de bouger au gré du vent ou presque. Mais celui qui s'en sert n'a pas semblé affecté par cet état de chose et n'a rien signalé. La cour est en légère pente et pendant le déplacement de la remorque, il a glissé. Comme j'avais laissé les portes ouvertes cet imbécile d'appareil est tombé. Crac badaboum blink clong. Boitier réducteur cassé, appareil hors service. Bien sûr il était vieux et il n'avait plus une grande valeur mais il rendait service et aurait pu marcher encore un bon moment.

Comme tout le monde sans doute j'ai aussi quelques erreurs de conduite à mon actif, parfois dues à ces voitures qui tournent sans mettre leur clignotant ou attendent à tort une courtoisie qui ne leur est pas due, mais pas toujours.
Mon dernier constat a été établi suite à une manoeuvre dans un virage serré, le hayon a éraflé le côté d'une Mégane. le modèle venait juste de sortir et elle était donc neuve. Et le pire c'est que la voiture s'était rangée pour me laisser passer.
Une fois j'ai trouvé un feu rouge et comme un zombi je suis passé quand même, en ayant simplement ralenti pour traverser le carrefour. Et réalisé un peu trop tard que j'aurais aussi bien fait de m'arrêter au feu. Erreur bête qui n'a pas été plus loin parce qu'aucun autre véhicule ne passait là à ce moment précis mais qui aurait pu très mal tourner.

Plusieurs accrochages de semis ratés, sans que je ne sache pourquoi. Aucune semi tombée au sol jusqu'ici parce que je m'en suis toujours rendu compte à temps, mais je n'ai toujours pas trouvé pourquoi elle n'étaient pas accrochées. Ni comment les essais de traction se passaient normalement.

Parfois des erreurs de livraison. Ca ne tire pas à conséquence mais il faut passer du temps à remettre les choses en ordre, des kilomètres supplémentaires parcourus pour rien.


Une fois je suis parti à vide, avec un chargement de..euh, avec pas de chargement de sacs d'aliment du bétail. J'avais trouvé les papiers remplis et en ordre comme quand le chargement a été fait, le camion rangé dans la cour comme prêt au départ. Et il devait passer aux mines prochainement. Quand c'est le cas l'atelier met un additif dans le réservoir, qui est censé nettoyer le moteur. Ce produit donne du punch aux moteurs. En trouvant que ce véhicule était plutôt vif j'ai donc pensé que les mécanos avaient mis leur additif. En arrivant chez le premier client j'ouvre les portes et là, horreur et incompréhension. RIEN!...Le vide total, à la fois dans la remorque et dans mon cerveau. Mais pourquoi qu'il est vide ce machin et pourquoi que les borderaux sont remplis s'il n'y a pas de chargement et qu'est ce que c'est que ce cirque et pourquoi qu'ils m'ont pas appelé les zèbres du magasin sac et zut en plus j'ai sûrement laissé éteint le téléphone de bord bon ben plus qu'à appeler la boite...Heureusement je n'étais qu' 20 kilomètres...

J'ai eu droit aussi au pont trop bas. Flairant le piège j'y suis allé au pas. Résultat, un coin de la remorqué écorné. Dégâts légers mais dégâts tout de même.

Ecouter un paysan qui te dit qu'avec ta semi tu peux parfaitement faire demi-tour dans le champ en face et que les autres le font, c'est une grosse erreur. Ensemble enlisé jusqu'aux essieux au fond du champ. Pas de casse finalement mais véhicule sorti de là à 3 heures du matin après plus de 10 heures de lutte et mobilisation de 2 six roues et un 8X4. Les semi-remorques descendent bien dans un champ, mais ils ne remontent pas forcément.

Me rendre compte qu'un collègue est sur le point de partir avec son alternateur qui pendouille lamentablement sous le moteur juste retenu pas ses fils. Le couillon me dit que non car ça charge, alors même que ses batteries sont pour le moins très faibles et comme un con je le laisse partir parce qu'il a insisté, il ne voulait pas changer de tracteur. Ce cornichon a parcouru une dizaine de kilomètres avant de tomber en panne de batteries. Pourquoi diable n'ai-je pas insisté plus que lui pour m'emparer de ce tracteur et lui en refiler un autre qui l'aurait amené à bon port?...

Alors bien sûr tout ça parait minime face à ce que d'autre ont réussi à faire parfois. Le collègue qui perd le contrôle sur un rond point par temps sec et abîme son tracteur et sa remorque. Vachement balèze le gars, ça il fallait le faire.
Un autre qui me dégomme la seule et unique remorque qui m'ait été attitrée de toute ma carrière en passant comme une balle sous un pont qui devait être passé au ralenti du fait une marge de hauteur extrêmement réduite. Une semi à un essieu directionnel, capable de passer là où les porteurs ne passent pas. Et la patronne qui arrive et me dit "Claude a accidenté ta remorque sous un pont, elle est détruite" puis elle repart en pleurant. Pas détruite au final mais très abîmée, toutes les parois et le toit ont du être changés.
Une grande gueule qui a 25 ans de route derrière lui et qui pourtant couche bêtement un ensemble dans un virage qu'il prend depuis des années, par excès d'assurance. Marrant, le soir même il ne frimait pas autant que d'habitude.

Pour l'instant je n'ai pas encore ce genre de choses d'une certaine gravité à mon actif (ou plutôt à mon passif). Pour l'instant. Et je me dis régulièrement quand même que je pourrais bien commettre aussi un jour une énorme grosse bévue de ce genre là aussi, nul n'est à l'abri d'un dérapage ou d'une grossière erreur de jugement. Alors quand je vois que d'autres sont en train de glousser parce qu'un gars a balancé une palette d'alcool pour avoir oublié que son hayon était resté en bas, je ne glousse pas avec eux. Forcément, ça ne me fait pas rire du tout.


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