LE BON, LA BRUTE et LES TOURISTES

par Régis


Samedi 12 juillet 2008, 16h00, ça fait maintenant 6h00 que je suis bloqué au péage de Mâcon nord, je sors mon pc car j'ai de la haine à mettre en page….

Tout a en fait débuté hier après-midi. Je revenais d'Alsace et je devais passer Lyon pour arriver à ma destination finale : Pont de L'Isère. Seulement il y a eu un léger problème: nous étions plusieurs centaines de milliers (voir plus) à vouloir passer Lyon en ce vendredi soir, et comme d'habitude, ça coinçait. Par où passer? Plouf plouf, j'ai choisi le périph en imaginant que le flux touristique serait dévié sur la rocade Est. Résultat des courses il m'a fallu plus de deux heures pour faire Rillieux-Vienne (contre environ 1/2 d'heure). Je suis arrivé au dépôt, il était 20h00, ma journée était finie mais pas ma semaine car je n'avais plus d'heures pour rentrer chez moi.

Ce matin j'ai commis une erreur fatale, dont j'atteste l'entière responsabilité: j'ai eu une panne de réveil ! Je devais partir à 5h00 mais je suis parti à 6h30. Un samedi « normal » il n'y aurait eu aucun souci car je n'ai pas de livraison à faire, j'ai juste à rentrer chez moi et j'habite à 2h30 du dépôt. Cependant, aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres, aujourd'hui il est interdit de circuler à partir de 7h00 pour les poids lourds mais aussi pour les conducteurs qui sont à leur bord et qui veulent rentrer chez eux après une semaine de route. J'ai une semi frigorifique mais ma marchandise n'est pas périssable… je prend le risque, je ne vais pas attendre jusqu'à 19h00 au dépôt, d'autant plus que je part en direction du nord et que la congestion est dans l'autre sens…

Ça bloque un max en direction du sud, mais pour moi c'est tranquille, je roule sans encombre, c'est la fin de semaine… tout va bien. Sur mon parcours, je croise d'autres « galériens » en bâchée, en benne, en Porte-voitures… qui ont, eux aussi, pris le risque de retourner voir leur famille.

Mâcon Nord, je sors ici… Surprise, derrière la barrière il y a un gendarme qui me fait signe, je m'arrête. Je lui explique que j'ai pris le risque de rentrer chez moi, que j'habite à 20 minutes… Il m'indique de me garer le long de la chaussée et de le rejoindre avec les papiers du véhicule… J'écope d'une amende de 90 euros et d'une immobilisation du véhicule. L'amende ok, je suis en infraction, mais « immobilisation du véhicule », je suis à 20 minutes de chez moi !

 

- La loi c'est la loi monsieur ! vous n'avez pas le droit de rouler.
- Je ne vais pas passer la journée au bord de la route à 20 minutes de chez moi ?!!
- Si vous voulez, je vous autorise à allez jusqu'au centre routier.
- Je croyais qu'il était interdit de circuler ? Si je peux aller au centre routier, je peux aussi rentrer chez moi ?!!?
Il m'a donné de très bons conseils :
- Vous avez qu'à faire venir quelqu'un…
- Personne n'est disponible pour venir me chercher…
- Vous n'avez pas d'ami, de famille…
- Personne n'est disponible
- Vous avez qu'à faire venir un taxi ou faire du stop…

 

Devant son entêtement, j'ai essayé d'argumenter, puis j'ai perdu patience et le ton est monté…. Si bien qu'il m'a vivement conseillé de me calmer sous peine d'avoir de sérieux ennuis… Je n'ai plus rien dit, mais vraiment rien du tout…
Je suis retourné au camion, puis je me suis installé pour passer la journée : guitare, ordi… Les gendarmes ont jeté un œil, ils ont du se dire : « il n'est quand même pas con à ce point, il ne va pas rester là alors qu'il habite à 20 minutes d'ici? » Hé bien si messieurs, je ne vais même pas aller au centre routier, je reste là où j'ai été immobilisé car la loi c'est la loi! En plus c'est toujours une place en moins pour arrêter un autre camion…

J'espère qu'un soupçon de culpabilité est né sous leur képi… J'en doute.

Bref, j'ai passé le samedi dans le camion… Je suis débile ? Oui.

Beaucoup ont proposé de venir me chercher mais j'étais tellement blasé que je n'y avais même plus le goût… En plus il aurait fallu me ramener pour prendre le camion à 19h00… bref, j'ai fait le ménage, j'ai joué de la guitare, j'ai lu et j'ai écrit cette aventure… Ah il est déjà 19h00 ça passe vite! Je me casse!

Ce que j'en pense :

Dans mon aventure, il est important de noter que le temps qu'il m'a manqué pour rentrer chez moi, je l'ai en partie perdu le vendredi soir dans les bouchons lyonnais (humour pas drôle). Or il m'est interdit de circuler le samedi matin à un moment où la circulation était très fluide (sens sud – nord) : J'ai le droit de rouler lorsque ça ne roule pas, et c'est interdit lorsque ça roule.

Le gendarme me reproche d'avoir tenté de rouler malgré ma connaissance de l'interdiction. Mais comment faire autrement lorsque l'on est victime d'un imprévu ? Ok cette loi peut parfaitement s'appliquer au conducteur qui rentre chez lui quotidiennement, mais comment faire lorsque le travail du jour dépend du travail de la veille ? Prendre la route le samedi à 19h00 pour rouler 2 heures ½ ? Après il faut répercuter le décalage sur la coupure du week end… Bref, c'est impossible… Ou alors, il faut voir à long terme et partir pour plusieurs semaines, comme ça on est sûr de passer le week end sur un parking et on le regrette moins…

C'est peut-être que je n'ai pas de chance, mais les gendarmes que je rencontre ne font que renforcer, de par leur comportement, les idées reçues que j'essaie pourtant de ne pas suivre. « La loi, c'est la loi ! » vu comme ça c'est effrayant… Aucune humanité envisageable… aucune discussion possible… J'ai l'impression que certains sont très loin de la réalité et des problèmes quotidiens du conducteur et de l'exploitant.

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