C'EST POUR VOTRE SECURITE...

par Phil26

 

 

Aussitôt le conflit mondial de 39/45 terminé, la France, et parrallèlement l'Europe ont du se jeter dans une immense tâche, celle de la reconstruction. Maçons, ouvriers, et bien entendu routiers ont du se demener pour participer à cette exaltante mission, auquel un patriotisme exacerbé venait s'ajouter.

Les routes, les ponts, les habitations, les usines, tout était à rebatir, une véritable course contre la montre s'est alors engagée. Bien entendu, dans ces années-là, n'importe qui ne pouvait pas devenir conducteur routier. Non pas qu'il fallait un niveau de formation elevé, il fallait surtout des bras, connaitre sur le bout des doigts sa mécanique, être debrouillard, anticiper les phénomènes météo et bien entendu connaitre les limites de sa fatigue. Pour aller au bout de sa mission, pas question de louper un repas, ni une sieste réparatrice. Il fallait être, un véritable pro, être routier par vocation, ne pas compter ses heures, ne pas être un gros ramier.

Au fur et à mesure des progrés de la voirie et de la technique, le trafic est devenu plus dense, les vitesses plus rapides, et bien entendu les accidents plus graves. Chaque foyer avait sa voiture, l'essence ne coutait rien, les sorties étaient plus nombreuses. Le code de la route est devenu plus strict, les lois concernant le trafic des poids lourds existent depuis déjà fort longtemps, et le contenu des journées souvent harrassantes des conducteurs routiers, reportées sur le fameux "carnet de menteur". Ce n'est qu'au milieu des années 70 que se généralise et surtout devient obligatoire le "mouchard", notre bon vieux tachygraphe à disques. Mais, là encore, peu de conducteurs respectent les lois ou s'inquiètent des heures de route. Pour beaucoup, le métier est une vocation, si les journées sont longues, tous les pretextes sont bons pour faire la fête, il faut se détendre parfois!!! Le maitre mot du transport en France, c'est : Vite, loin, bien. En Allemagne, il y a l'équivalent qu'on peut encore voir collé sur certains camions : Fern, schnell, Gut.

Dans les années 90, les véhicules deviennent vraiment puissants, et rapides, la plupart des grandes autoroutes sont construites, les délais de livraisons se raccourcissent sensiblement, bien évidemment des abus existent, beaucoup de livraisons se font en "foulée", "ASAP (as soon as possible)"... Tous les matins, on retrouve au lever du jour des camions dans des positions souvent inconfortables, dans le meilleur des cas la nuit se termine dans un fossé, dans le pire des cas, c'est un face à face ou contre la pile d'un pont. C'est alors que naissent simultanément, le permis à points, puis le contrat de progrés, qui vient pour la première fois parler d'un "boulot payé à l'heure"... Incroyable mais vrai. Tout ceci avec l'intention louable de diminuer le nombre d'accidents, diminuer la concurrence déloyale entre les transporteurs etc... Il faut savoir aussi que dans ces années-là, la plupart des gros groupes d'aujourd'hui, comptait dans leurs rangs de véritables "aviateurs" qui ont fait finalement leur gloire et parfois leur forturne. L'heure est donc, à la protection des conducteurs. Pour diminuer les heures, nait une nouvelle race de conducteurs, les relais ; se multiplient aussi les chauffeur de ramassage, un peu partout se créent des centrales de distribution. Le chomage des "peu" diplomés faisant des ravages, il a fallu former dans l'urgence tout un tas de conducteurs souvent peu motivés, qui sont venus grossir les rangs des conducteurs.

Malgré ce "progrés" beaucoup ignorent la loi, ou tout du moins s'en accomodent. Il faut toujours rouler fort de toutes façons, alors, on invente simultanément, la FIMO ainsi que les FCOS. Desormais, le seul permis de conduire ne suffit plus pour conduire un camion. En cas de contrôle ou d'accident, on ne peut plus dire : "je ne savais pas" le conducteur devient desormais responsable à 100%, souvent il signe même un "carnet de bonne conduite" à l'embauche ou l'entreprise lui indique dans le reglement interieur, qu'il doit respecter la RSE, alors il doit "faire son taf" mais respecter la loi bien entendu. Petit à petit tout le monde s'est mis à la page, il y a toujours bien sûr quelques fous, mais un jour ou l'autre ils finissent par se faire attraper et leurs sociétés disparaissent. L'heure est à la normalisation, au politiquement correct, à l'honorabilité, la standardisation, le respect de l'environement. Aussi, lors des contrôles routiers, il devient de plus en plus rare pour les contrôleurs de pincer de gros "délinquants". A titre personnel, il m'est arrivé de voir des contrôleurs dans les années 90 éclater de rire en voyant mes disques.

Aujourd'hui donc, on ne rigole plus. Il ne viendrait plus à l'idée de personne ou presque, de passer 3h à table à midi, quitte à mettre le pied dedans après, pas plus que personne ne va faire 12 ou 13h de route en fin de semaine, juste pour rentrer (ce qui serait légitime) à la maison.
Les contrôleurs donc, dont le métier est de contrôler doivent donc, verbaliser, on ne verbalise plus pour une heure de dépassement, non, mais juste pour quelques malheureuses minutes si faciles à trouver avec la carte du tachy. 4h32 de conduite continue par là, 10h08 de total de route par ici, une amplitude 15h15, et te voilà délinquant. A cela s'ajoute bien entendu des réglements de plus en plus compliqués à respecter, et parfois à comprendre.... Allez vous même expliquer à bobonne que vous rentrerez samedi à la maison, car sinon, vous allez dépasser vos sacro saintes heures de conduite de 30 minutes... On voit donc de plus en plus de routiers stressés, désabusés, qui prennent parfois des risques idiots, juste pour pas depasser ces "putains de lois à la con". Finalement, quand on y reflechit, qu'est-ce que ça peut foutre, de faire 10h de volant dans les camions hyper confortables que l'on a aujourd'hui du moment qu'on fait nos 9 ou 11h de coupure? Pourquoi la coupure de 11h doit être faite le jour ou on a que 13h d'amplitude? A quoi ça rime tout ça? A un moment donné, à Bruxelles, il va falloir qu'ils arretent leurs conneries, qu'ils descendent de leur tours dorées et qu'ils viennent un peu sur le terrain, ça leur fera de l'exercice. Bien entendu, je me tairais sur la nonchalance de nos chers syndicalistes qui se branlent de tout ça comme de leur premier préavis de grève, nos patrons pas forcement trés solidaires, et pire encore la presse camion qui prefère monter des dossiers sur le dernier essieu machin ou les rideaux coulissants duchmol. Les interdictions de doubler, de transiter, de rouler, on s'en fout, demerdez vous avec ça, mais faites le boulot, faites les canards et pensez à moins consommer de gasoil!!

Je me pose la question aujourd'hui, je ne suis pas le seul heureusement d'ailleurs. Comment peut on accepter que des lois sensées à la base, proteger les conducteurs, diminuer la concurrence, se retournent ainsi contre nous, et deviennent si on veut bien être honnète, contre productives en terme de sécurité routière? La peur du gendarme, et surtout de son carnet à souche, pousse certains à faire des conneries, car, on sait tous, qu'aujourd'hui, on ne discute plus, on ne barratine plus, on paye, et on se tait, sinon, il y a outrage... Alors comme dit Philippe Katerine dans son dernier opus : "Liberté, égalité, fraternité : MON CUL!"

 

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