UNE PME QUI VEUT S'EN SORTIR

par Sophie Montcharmont

Monsieur le Président de la République,

Monsieur le Préfet,

Messieurs les représentants des Pouvoirs Publics,




Je fais suite au reportage d'Envoyé Spécial diffusé sur France 2 le 03/02/2011 et qui avait pour sujet les routiers low cost qui sévissent en France.


Je suis écœurée de constater que des grands groupes de transporteurs français sont les premiers acteurs de la destruction du pavillon français. Que ces derniers contournent avec brio les lois pour employer des chauffeurs de l'est sans impunité. Ecœurée d'entendre la complaisance du Président d'un des syndicats transporteurs les plus puissants envers ces pratiques déloyales. Ce dernier se justifie en indiquant que les transporteurs n'ont pas le choix et qu'ils sont obligés d'avoir recours à une main d'œuvre étrangère moins chère pour rester dans la course. Mais ce sont les grands groupes, côtés en bourse, qui ont les moyens de se payer des avocats pour élaborer des plans stratégiques de développement illégaux en utilisant les failles des lois françaises et européennes. Qu'en est il des PME, des petits artisans ?


Nous sortons d'un plan de redressement de 10 ans. Statistiquement, c'est 8% à peine des entreprises en redressement qui arrivent à aller jusqu'au bout de leur plan. Il nous reste à payer encore sur 24 mois une dette étalée de 254 273.20€ au Pouvoir Public alors que nous peinons à équilibrer dans un marché où tout et n'importe quoi se pratique.


Depuis 1947, date de création de l'entreprise STRABERT par monsieur Charles STRABERT mon grand père, nous sommes restés indépendants malgré 80% de notre chiffre d'affaires effectué à l'international. Un personnel purement français ! Faisons l'Europe ! Mais où se trouve l'harmonisation européenne ??? Lorsque nous effectuons un appel d'offres, en concurrence avec des transporteurs étrangers, nous sommes au minimum 20% plus cher que ces derniers !!! Est ce le fait que je ne maîtrise pas bien les charges de mon entreprise ?? Je devrai sans doute embaucher des polonais, des roumains pour baisser ces charges !! Quelle idiote, pourquoi je n'y pense pas ! je vire tous mes petits français et je vais chercher quelques malheureux étrangers qui seront bien contents d'être un peu mieux payés que dans leurs pays.


J'ai des camions rouges comme ceux de mon très cher confrère NORBERT. Je changerai volontiers de couleur pour que la population ne fasse pas l'amalgame entre ma petite société et ce grand groupe.


Nous sommes un peu plus de 40 salariés, 80 à une époque mais l'honnêteté dans le travail ne paye pas, cela fait encore moins prospérer une entreprise. La mise en place du Contrat de Progrès dans les années 1990 a contribué à notre déchéance, car trop bête trop c.. nous l'avons appliqué à la lettre.


Alors que faisons nous maintenant ? J'ai utilisé toutes mes cartouches. L'entreprise qui retrouvait un certain équilibre avant la crise, avec un chiffre d'affaires moyen de 5 millions d'euros, se retrouve à nouveau dans le rouge. Après avoir fait un emprunt de 420 000€ grâce à la médiation du crédit, ma trésorerie s'assèche à nouveau, parce que non seulement il faut tenir face à la crise, face à la concurrence, face aux pratiques des gros, et parce que je dois encore remboursé ma dette vielle de 10 ans.


C'est réellement un appel au secours, comme de nombreux autres appels de PME comme la mienne qui tentent de travailler dans une France à plusieurs vitesses. Et comme d'autres chefs d'entreprise avant moi, avec mes petits moyens, j'essaierai de me faire entendre à ceux qui voudront bien m'écouter. Pour que mes salariés soient fiers de moi, pour qu'ils continuent à travailler, pour que je continue à me regarder dans une glace sans rougir.


J'ose espérer être entend ;


Recevez Monsieur le Président, Monsieur le Préfet, messieurs les représentants des pouvoirs Publics, mes sincères salutations.

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