Carnet de bord de Juin 2016 | Partager sur Facebook |
Enfant, j'aimais pas tellement l'école. Le système scolaire m'ennuyait, mais j'étais malgré tout heureux de ramener de bonnes notes. Pas tellement pour moi, mais surtout pour faire plaisir à ma mère, à l'Armée je suis allé la voir en tenue avec mes galons de brigadier chef, juste pour lui faire plaisir là encore. Jeune adulte, j'étais aussi trés heureux de lui presenter la plus belle femme que j'ai connu, la mienne. Là, encore, c'était pas tellement pour moi, non, mais surtout pour faire plaisir à ma mère. Mais dimanche, au téléphone, je me suis pris des reflexions, les origines pied noir de la famille sont vite réapparus.
"- C'est quoi ça mon fils ? Tu fais plus que des petits trajets ?
- Maman, j'étais au Luxembourg quand même la semaine dernière !!!
- C'est quoi ça le Luxembourg ? c'est pas loin ça !!! Et puis ces derniers temps tu pars tard les lundis purée !"
Je me revoyais alors, mort de honte et de trouille parce que j'avais pas eu une super note en classe, ou parce que j'avais ramené une fille vraiment moche un samedi soir, voilà ce que je voyais !!!
Il me fallait ABSOLUMENT rectifier le tir, donc à 5h03 ce lundi, j'ai demarré en faisant bien du bruit, histoire que tout le quartier soit au courant que je suis parti bien avant 8h... En 14 minutes je suis sur l'A7, en même temps que monsieur spatule et son magnifique v8 orange power, il y a déjà pas mal de camionneurs en route et pas de cadeaux ce matin, la semaine vient officielement de demarrer. Aujourd'hui, je vais un peu plus loin que la semaine passée, si loin même que ça passe pas en 10h de conduite, donc je n'ai rien à livrer, juste de la route, du ruban, de l'asphalte et un peu de bitume à derouler. Malgré tout ça roule à peu près bien sous un soleil timide, quand je passe Aix c'est déjà le merdier mais dans l'autre sens direction la plus belle ville du monde, Marseille. Mais le beau temps ne durera pas bien longtemps, il y a gros brouillard après St Maximin. Normal, c'est lundi. En garçon prevoyant j'avais visé de couper 45 minutes à la Total à Antibes, mais le café étant hors de prix sur la côte d'Azur, j'avais invité mon tonton qui habite dans le coin à venir me le payer, pas con le type ! C'est surtout que pour une fois j'ai presque le temps et que je passe à un horaire à taille humaine. Mis à part un leger bouchon à Mougins à cause d'un camion en rade, RAS.
Une heure de papotage en règle, je laisse mon oncle admirer la côte d'Azur depuis son balcon, je vais l'admirer depuis mon camion. Il y a un monde fou qui va vers l'Italie aujourd'hui, des campings cars, des caravanes en veux tu pas et ben t'en aura quand même, pas de doute, l'été approche. Le soleil revient enfin côté italien, ça se voit qu'ici le pays est pas en grève, ça rigole au moins niveau météo. Je fais ma pause casse croute juste avant Savona à Feglino à l'ombre d'une pin parasol presque aussi beau que le mien chez moi. C'est pour donner un ordre d'idée. De là, il me reste 2h47 à conduire encore, si ça veut rire, je peux arriver à Piacenza, voire plus loin. La montée du Turchino a été impec, mais depuis que c'est limité à 70 en haut, ça le fait moyen, alors de temps en temps, par petits groupes ça double à fond les gamelles en priant la madone et san christobal que les carabiniers fassent la sieste, d'autant que le température commence à grimper. Après un arrêt rapide à Broni Stradella ou on trouve de tout pour les camions, je termine mes heures in extremis bien après Piacenza finalement à Fiorenzuola d'Arda. Pile poil pour l'heure du goûter et en plus, je walide largement une 11. Garé comme une merde, comme j'aime et sans voisinage direct.