FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Aout 1994 Partager sur Facebook
  • Photos
  • Calais ENFIN !!
    Douvres
    Angleterre
  • Mardi 23 Aout 1994
  •  

    Sur le 19, c'est déjà bien le bordel comme d'habitude. Déjà, il y a tous les fous qui montent à Rungis, moi je roule peinard à 102, puisque mon patron me l'a fait brider parce que à ce qu'il parait je roulais trop vite. Alors je regarde tout le monde me doubler et j'ai les nerfs. Les Berthaud, les Veray, toute la clique qui remonte calé à 11 ou 12 kilos. Sans parler de la scuderia à Pata qui me passe comme si j'étais arrété, la honte. Le pire, c'est que même dans le fourvière, il y a un Chabas qui m'a doublé, non, là c'est plus possible, mon boss il va se faire voir au prochain arrêt je debranche tout, merde, j'ai un v8, faut que ça ronfle on va l'etouffer comme ça à 100. Comme j'ai le temps, je me paye même une pause café à Tournus chez Vivi à la Total. Je me cale sous la piste à côté des Jet Services qui font leurs relais ici. Ils sont équipés les gars, ils échangent de camion et demontent leurs CB encastrées dans des gros blocs en contre plaqué avec le HP intégré et tout. Il faut bien ça, parce que à 130 ça doit faire un boucan du diable dans le M230! Je chine un bout de fil de fer à Vivi, je lève un peu la cabine, tire la pompe à fond, et on vera bien.

    De retour sur l'a6, le camion respire à nouveau et je peux faire parler la poudre, j'ai même doublé La mouette avec son 143-450 "y marche eul fiat le 26!!!" Et oui il marche, et plus je monte, plus j'entends à la CB une voix rocailleuse, une grand gueule, et oui, c'est Jeannot34 qui se prend la tête avec un "cas sociaux (sic)" de Dijon, Guemalla! Guemalla!!!! Je t'amène des concombres d'Alméria!!!!! Et je vais tes les enfiler un par un dans le c..... !!!! Moi je suis écroulé bien sûr quand on connait le loustic, RDV est pris pour le café à Langres à la Esso. Pas mal de gars qui montent direct sur l'Allemagne s'arrêtent là, ça evite de faire le tour à la Leclerc, et puis pour s'arreter 5 minutes pas besoin de casser la tête. Je quitte donc l'ami Jeannot, et je bifurque tout seul comme un grand direction Chaumont/Lille. Par reflexe à chaque pont, chaque embranchement de service je regarde dans le retro de droite si je ne distingue pas une 4L ou un 504 embusquée. On les reconnait facilement avec leurs deux veilleuses sous les phares. Ce soir je suis surexcité en plus, je roule à MachIII. Heureusement j'ai ma pile de CD parce que chaque nuit Inter en grandes onde ne marchent pas, et le RDS n'a encore pas été inventé. Etant donné que je suis pas trop en retard, je sors à Chaumont, la natio est chiante jusqu'à Joinville mais après ça va mieux, sauf les feux à St Dizier, vu l'heure j'en passe certains à la napolitaine. A la Shell sur la N4 je vois mon 1000 bornes qui dort, enfin, qui se repose, moi je roule ce que je peux et après Omya je suis KO, je vais dormir 2 heures. Quand on a le temps on a pas le stress, c'est encore plus dur pour avancer. Je règle donc mon reveil de grand mère pour deux heures de ronflette et je le pose au pieds du passager pour être certain de devoir me lever pour le couper.

    DRIIIIIIIIIIIING DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING putain elle déchire cette sonnerie, c'est terrible. En tous cas, il fait jour maintenant, je dis pas qu'il fait beau non plus, on est dans le 51, faut pas exagerer. En tous cas, ça roule un eu plus que tout à l'heure, il y a quelques caravaniers et surtout une rimbabelle de GEFCO. Et comme ils avancent pas sur la nationale, je reprends l'autoroute dès que je peux à Chalon. Au péage je serre les fesses comme d'habitude, et après je suis zen pour traverser Reims, je stoppe prendre un café à la station Total la première de l'A26, je traine pas non plus, juste le temps de me balancer de la flotte sur la tronche et être en forme jusqu'à Calais. Les 22 sur cette autoroute sont en permance embusqués, ils ont que ça à faire faut croire, ils font la chasse aux frigos, surtout s'ils sont du sud ou espagnols. Oui, c'est bien connu, le nord c'est les honnètes gens, le sud, c'est les voleurs. Heureusement encore il y a la CB et par ici ça fonctionne à merveille, à chaque champ de betterave correspond une station en fixe. Pour ne pas attirer l'attention, je roule doucement lorsque je depasse un autre camion, et une fois fini, j'accélère un peu plus fort, faut être malin!!! C'est bientôt les elections et la radio me gave vite fait, je continue d'éplucher ma petite cdtèque. Pour m'occuper je lis la carte, le ticket de péage, la CAPLIS, bref je fais ce que je peux. Ce matin, j'ai vu un Italien et un Irlandais au fossé, il y a des matins ou c'est l'hécatombe, les gars au lieu de s'arrêter même 10 minutes ils tirent au max et pfuit, dans le meilleur des cas c'est le fossé, dans le pire des cas c'est la pile de pont... En attendant au fur et à mesure que je me rapproche du nord, je stresse à l'idée de passer le péage de St Omer. Pour l'éviter il y a pas bien de choix, et puis on vera bien. Ah ben, j'ai vu de loin, toujours le même fou avec ses bottes qui te regarde droit dans les yeux quand tu sors du péage, moi je fais toujours celui qui est en train de ranger ses affaires et qui le regarde pas, mais au fond j'ai peur. D'un autre côté, c'est presque midi, il a pas envie de se faire chier si ça se trouve. Alors une fois passé ce foutu péage, pied à la tôle tout du long jusqu'à Calais, ouf!!! Vu que c'est mort depuis un moment pour le bateau de midi, ça sera celui de 14h, je suis presque le premier de la file. Je profite de cet arrêt pour faire mon embarquement, mais surtout monter au premier étage prendre ma douche. C'est un peu la cour des miracles ici, mais rien de très méchant, que des jeunes un peu largués, des hippies. Dans cette douche j'y vais jamais sans mon marqueur, et à chaque passage je tague, un coucou à Denis, TMC the Best! Iveco forever, et bien sur on me réponds : Phil connard, alors je rereponds Denis la tapette, bref, il va falloir un jour qu'on nous change les panneaux de douche, il y a plus de place pour écrire.

    Sur le ferry, il y a 6 ou 7 tables, et chaque chauffeur est bien rangé : les français ensemble avec les wallon, les flamands avec les hollandais, les italiens et les espagnols et les allemands, chaque chose à se place et tout va bien. Chacun refait le monde, chacun raconte ses exploits autour d'un chicken tikka, c'est rigolo, tout le monde se detend... Pour sortir du ferry, bien sûr c'est chacun pour soi et dieu pour tous, le frigo a bien été remis en route, c'est parti pour la dernière étape ici il est une heure de moins que chez nous, pratique quand on est à la bourre! Sur la rampe au port je croise un Norbert de Cavaillon qui m'indique qu'il y a la bascule en haut, cool mec! Alors je fais le tour par Ashford, mais le soucy c'est qu'il faut passer dans Douvres. Mieux vaut perdre 10 minutes que 24h comme ça m'est déjà arrivé. Ensuite j'enquille la M20 toute neuve, des fois il arrive qu'on passe par le nouveau tunnel sous la manche, c'est pas mal, plateau repas offert, et puis c'est tout neuf, il y a personne en plus! Des fois on est 2 ou 3 camions par passage, putain le fric foutu en l'air!!! Enfin sous terre! J'aime quand même bien venir ici, les gens sont courtois, c'est même bizarre tant de politesse, a se demander s'ils sont normaux les anglais. Du côté de Maidstone je croise le petit Kamel avec son 36, il a déjà vidé et redescend, il a la forme!! De mon côté j'atteris dans les bouchons sur la M25, normal, et bien sûr aussi sur la A13 pour rejoindre le degroupeur à Rainham. La cour est pleine de camions, ça fait la queue jusque sur la route! Sur mon CMR c'était écrit 20h, je crois que c'est même pas la peine que j'aille pleurer. Devant moi, il y a un camion espagnol, le chauffeur habite Murcia mais il est de Cavaillon, c'est tentant de bosser pour un Espagnol, sauf qu'il bosse quasi tous les week-end, faudra quand même que j'en parle à ma moitié. Au bout de deux ou trois heures je peux enfin rentrer dans la cour boueuse et defoncée du degroupeur, ici, c'est des vrais cons, pas aimables, cradingues. Ils font un patakesse pour la température des palettes alors qu'ils stockent tout dehors et on peut rien dire. L'espagnol a jamais voulu tirer les palettes, l'histoire a duré duré duré, et finalement il a du se vider. Moi j'ai rien trop dit, je voulais ronfler un peu ici et partir tôt demain matin vu le bordel dehors. Le temps de finir la discut avec l'hispano cavaillonais face à un bacon sandwich je vais m'ecrouler 5 h au lit.