FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Aout 1994 Partager sur Facebook
  • Photos
  • 2h de sommeil vite fait
    Retour au ferry à Douvres
    Maurice
  • Mercredi 24 Aout 1994
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    Pour faire le café le matin, j'ai pas de réchaud, mais une resitance que je plonge direct dans l'eau. 5 minutes plus tard je sors de Rainham, il est 5h à mon tachy, 4h ici. J'essaie de pas accrocher mon beau frigo surtout contre les tautliners pourries du dégroupeur. Pour rejoindre Evesham, j'ai le choix, soit faire le grand tour par la M25 nord, soit la M25 sud passer le pont et lacher 2£60, soit couper par le centre de Londres, ne pas payer 2£60, mais me les faire rembourser quand même. J'opte donc pour la dernière solution et coupe par le centre de la ville encore endormie, de toutes façons ça roule nickel, tout le monde ou presque roule vite en GB. Et puis j'aime bien Londres la nuit, on y voit les fetards qui se melangent aux plus british des british, il y a les bus à étage, les punks, c'est drôle, c'est bien plus libéré que chez nous, personne ne se juge. Je me cale sur la FM, il y a des bonnes stations mais je les garde pas longtemps et surtout pas moyen de me souvenir des noms des groupes, ça m'enerve. Je vais quand même pas appeler depuis une cabine en PCV à la BBC! J'ai pas beaucoup d'autoroute pour rejoindre Evesham, juste la M40 jusqu'à Oxford, ensuite je coupe à travers, mais pas de café, pas de parkings, c'est la zone. Par contre le coin est vraiment typique, je me sens loin de l'Ardèche, de la maison, j'aurai bien aimé que ma femme puisse voir ce paysage au petit matin, dommage j'ai pas pris d'appareil photos. Chez Norbert à cavaillon, ils font bien les choses quand même, avec mon CMR il y a aggrafé le plan pour rejoindre la ferme ou je vais livrer, un plan fait à la main levée mais plus précis qu'une carte Michelin, seuls les anglais savent faire des plans comme ça. Je les garde ensuite bien précieusement dans une pochette. J'arrive là à l'heure de l'embauche, face à moi, un mec avec une charlotte sur la tronche, drôle de pays quand même ou tu trouves les chiottes les plus insalubres de la terre, ou il y a peu ou jamais de douches, mais ou le gars qui contrôle tes courgettes de provence le fait avec une tenue de chirurgien. Pendant le dechargement je vais boire le café, c'est de l'eau chaude en fait dans laquelle on jette une cuiller de nescafé toute collante et du sucre en poudre avec une cuiller pas catholique non plus, et ça, à deux pas du chirugien! Une heure plus tard, il ne me reste plus qu'à aller poser le reste du voyage au sud de Birmingham dans les faubourgs destroy de la ville, les maisons ont toutes les fenetres condamnées, ici c'est la crise dur! Je me demande ou je suis tombé, pourtant grace encore une fois au plan à Dentressangle je tombe dessus direct. On me vide, signe les papiers et on me fait comprendre de riper. Je m'arrête comme je peux à une cabine téléphonique appeler ma chef en PCV, "hello i would have a number in france" Ma chef veut que je fasse Dover-Zeebruge car je recharge en Belgique un complet de plantes à Weteren du côté de Gent. Je descends donc à bloc direction Douvres, ça roule plutot bien, je garde l'autoroute au maximum. Vu que j'ai pas la coupure de 8h, j'évite de passer par la M2, c'est là que sont toujours les contrôles au niveau de Faversham, alors, je m'enquille au milieu du troupeau d'Irlandais et je tente de les suivre, ça drope! Ils sont du matos les gars, que du v8! Bien entendu quand j'arrive à Douvres, le ferry de Zeebruge est encore loin, il faut attendre, alors je prends par Calais et j'attends presque pas. Plutôt que de monter prendre le petit dej de midi, je reste discretement dans la cale, je prends 1h30 d'acompte de sommeil et je grignotte un pauvre bout de saussisson qui traine avec un bout de pain de la veille. En sortant du ferry je complète un peu en gasoil, je passe mon 1er coup de fil à la maison, prendre des nouvelles, j'attrape ma vignette Belge et je fonce vers Lille. Dans la camion, j'ai le téléphone, mais il ne marche pas à l'étranger, sauf que là, on est en France et il sonne. Le téléphone c'est un radiocom2000, c'est relié au minitel, c'est moderne ce truc, on est pas nombreux à l'avoir. Mais ça n'a pas échappé à ma chef que j'avais pas fait comme elle m'avait dit. Je me suis pas demonté, de toutes façons, ça me gave le bateau, et passer via Zeebruge encore plus! Et je fais comme je veux, on s'engueule et on se raccroche au nez. Avant de raccrocher bien sûr elle m'a bien dit d'être demain à 8h à Veurey. Ben voyons. Pour rejoindre Gent, j'ai l'habitude de couper par Steenvorde et Ypres, au moins j'évite Lille, et puis c'est plus joli. J'aime bien rouler en Belgique, les gens sont cools, et même sur la natio tu peux rouler à fond, tout le monde s'en fout!

    A Weteren mes 42 rolls de plantes sont déjà prêts depuis un moment, Peter m'attendait pour les paplards, au quai d'à côté il y a le chauffeur à Van Driesche qui a un super 143-450 réhaussé, 3 tours de suisse par semaine, un malade, il doit tourner aux amphets, il dort jamais le mec, il a les yeux eclatés, mais toujours le sourire, et avec ses sabots à poils et son porte monnaie multi pièces il hésite pas à donner un coup de main, un vrai de vrai! Malgré le fait qu'on soit extremement pas en avance, on prend quand même le temps d'un café, et bien que nous soyons tous crados et en sueur, Peter nous sert le café dans des tasses magnifiques avec un speculos mis bien comme il faut dans une soucoupe et une petite ration de lait. Je pars donc bien tard de Weteren, le trafic est déjà presque à 0 sur le ring de Gent, ce soir, j'ai décidé de descendre par la grande poubelle, je suis en forme. Malgré tout ça, je m'arrête vite fait, pour manger au Risquon Tout à l'ancienne douane de Mouscron. On y mange très bien, c'est copieux, l'idéal avant d'aller dormir, sauf que là, j'ai pas bouffé depuis je sais pas combien de temps. Et je repars avec une pêche d'enfer, je traverse tout Lille avec 3 chiffres au compteur, j'ai rien vu passer d'ailleurs personne n'a rien vu non plus! Comme beaucoup de routiers le soir j'écoute "Maurice" sur Skyrock! "Allo qui va la ch'te prie?" Ah quel bonheur, quel verbe, excellent ce Maurice, tout le monde en prend plein sa tronche, et c'est sans compter la programation musicale, que du rock et du bon, pas de la soupe comme cette mongolienne de Celine Dion qui fait chier sur toutes les radios. Souvent je tombe sur un de ses grands fans, Etienne, un gars qui bosse chez Cuisinier avec un AE390 Light, avant il faisait du Perpignan-Lille, on s'est connus au Maroc. Là, il est encore plus fou que moi, Lesquin-Nitry en 4h30 pile pour le relais! Sacré Etienne!! Sur l'A1 il y a du monde, mais ça roule pas trop mal quand même, on est tous pour la plupart au dessus des 3 chifrres, et puis il est tard et la nuit tous les chats sont gris, et de toutes façons, les 22 ils peuvent rien faire on est bien trop nombreux. Je traverse la capitale de la France comme une fusée, et comme d'habitude, je m'arrête après le péage de Fleury à la Esso. Juste le temps de savoir si j'ai des collègues devant, et attraper un kawa tout en feuilletant un france routiers tellement ecorné que personne ne l'achetera jamais.