Carnet de bord de Aout 1994 | Partager sur Facebook |
On est déjà jeudi matin quand je repars de là, je suis pile dans les clous pour Grenoble, j'ai même presque le temps de trainer, alors plutot que de rouler à 80 comme un gars de chez Debeaux, je roule au max, à fond! Déjà parce que j'aime ça, mais surtout parce que je suis déjà crévé, depuis 5h ce matin, il s'en est passé des trucs!!! Maurice a raccroché les gants, j'éteinds la radio, au loin j'entends encore les porteuses de Paris, je guette ceux qui montent, des fois que je voie uen calandre connue, mais personne, alors je fais moi même des porteuses en lançant des "mets de l'huile" à qui veut l'entendre sauf qu'il y a personne! Jusqu'au moment ou j'entends sur le 19 toujours ceci : "jeune homme, 32 ans, 1m63 pour 127kgs recheche jeune fille sans tabous", et forcement le F12 qui va suivre quelques instants après, c'est Juju26 bien entendu qui se fait autant chier que moi, on rigole 5 minutes le temps de la croisure, lui monte sur la GB il est pas (encore) en retard. Par bribes j'essaye d'écouter Macha Beranger, et je me dis qu'il y a vraiment des gens dérangés pour téléphoner à la radio et étaler leurs problèmes, des fois j'ai presque honte en écoutant cette émission, un peu comme si on regardais chez nos voisins par le trou de la serrure. Au bout d'un moment, j'en peux donc plus et j'écoute "Music for the masses" de Depeche mode et je chante le refrain de Strangelove à tue tête dans mon FIAT, heureusement, j'ai pas macha au bout du fil, sion, je suis bon pour l'asile. Je suis tellement crevé que même les virollos et la descente de Beaune ne sont pas parvenus à me reveiller, pourtant je les ai pris à bloc, donc, avant de finir eparpillé au milieu des vignes, je m'arrête à Beaune, je me gare au plus prêt de la station, comme tout le monde en fait, je laisse même le camion tourner de temps que je vais me rafraichir un peu. Je vais tremper mon gant de toilette, j'attrape tout un tas de conneries à grignotter, un café et je repars en pleine forme, mais à bloc de bloc, quel bonheur! Dans la vallée de la Saone, le trafic est nettement plus animé, je croise tous ceux qui montent vers l'Allemagne, ce soir c'est défilé de Serge Juilliard! J'adore leur matos, à ce qu'il parait ils font de la Suède, ça fait envie. Faudrait que je téléphone, moi un Globetrotter ça me fait rêver! Je suis arrivé en pleine forme sur Lyon. Ahhhh cette descente d'Ecully, un bonheur, un pur slalom. Je quitte la route des frigos du sud à la prison, et je longe l'A7 via la Marine pour rejoindre Gerland. Tout le long du trajet il y a des nanas qui font le tapin, il y en a des pas mal, et bizarement, on roule nettement moins vite!!!
Direction Grenoble, ça se reveille tout doucetement, les messagers de la nuit, rentrent à la maison, souvent au petit matin, il a deux qui se suivent dont un avec un superbe Pegaso Troner, des feux de partout, il est magnifique cet engin!!! Quand à moi, avec le jour qui se lève, j'ai le sentiment que les kilomètres ont doublé de longueur, je m'arrête in-extremis à l'isle d'Abeau, je suis essoufflé comme quand on a fait un long sprint, c'est déjà 6h du mat. En revenant avec mon gobelet de café à 4f, je me rends compte que j'ai pas changé mon 45T depuis hier matin à Londres. Donc j'en remet un tout neuf, l'autre est tout noir, tout gribouillé, au moins je gaspille pas les disques moi, je les use jusqu'au bout! Le plus dur reste à faire, les 40km pour arriver à Veurey paraissent une eternité, en route je reçois un coup de fil, une voix ensomeillée, incertaine, c'est Michel, mon big boss qui me demande ou je suis, j'ai envie de lui dire t'as qu'à regarder sur le minitel, et puis j'ose pas, lui c'est déjà le client qui l'a appelé, si ça se trouve il apassé sa nuit à faire le con au téléphone aussi. Quand j'arrive au péage à Veurey, il y a toujours la même petite dame, qui demande toujours si "ça va, pas trop fatigué?" elle nous connait tous, les flics aussi nous connaissent et nous contrôlent jamais, pourquoi j'en sais rien du tout, et je préfère pas savoir. 5 minutes plus tard, je suis dans la cour du client, je descends même pas ouvrir les portes, ni enlever les barres, c'est Michel qui s'en occupe, à peine les rolls sortent sur le quai que les clients se jetent sur la marchandise, au fond de moi, je suis content, je vais me reposer une bonne demi heure à la machine à café avec Charly qui est dans le même état que moi et est arrivé peu avant moi de Hollande.
Quand je suis vide, je laisse Charly et son 113-310 surnommé le saussisson qui va recharger chez Allibert, moi je rentre au dépot, petit coup de klaxon en passant le long de la cabane bambou, je me ramène à la pompe à gasoil il est bientôt 10h du matin. Je rends les papiers, et je perds du temps à papotter avec Richard au garage, j'ai rien dit pour mon fil de fer, de toutes façons il s'en fout! J'ai plus qu'à grimper dans ma 2 pattes et rentrer à ma maison, completement dévoré, un mimi à mes chéris, un gros caca, une douche et gros dodo!!