Carnet de bord de Janvier 2015 | Partager sur Facebook |
Le jour de gloire est arrivé. Puis à 11h20 on a voulu faire couler un sang impur. Bordel, je ne sais même pas quoi écrire là, dans ce carnet de bord, pour raconter cette journée.
6h30, départ de Clacket Lane, je suis déterminé à performer avec mes six livraisons... et un brin excité il faut bien l'avouer, par la parution aujourd'hui même en kiosque du dernier Télérama orné d'un joli camion-remorque en couverture.
Un peu en avance pour aller livrer chez Red Bull à Milton Keynes, je m'arrête quelques kilomètres en amont pour écouter le débriefing, non pas de Natacha Poloni (qui parait-il parle de moi au même moment), mais de ma conseillère en communication personnelle qui se moque déjà parce qu'il y a la fameuse photo dans la couchette, en train de faire semblant de dormir... la honte.
Mais ce n'est qu'une photo, le reportage a l'air vraiment bien, j'en suis ravis. On verra ça plus tard.
Je fonce dans la célèbre écurie de F1 qui héberge un taureau rouge... et qui par conséquent s'apparente plus à une étable de F1 qu'à une écurie. Passons.
Hormis les voitures garées un peu partout dans la rue qui empêchent de manœuvrer sereinement, j'aime venir ici, je suis toujours tombé sur des gens sympas. Exemple : on m'invite à prendre les camions de l'étable en photo... tandis que chez Renault F1 on considère ça comme de l'espionnage industriel.
Je sors deux palettes au hayon, et j'enchaine. Direction Birmingham.
Le temps vire à la pluie, J'ai deux clients à livrer dans des endroits pas simples de la ville. Je perds du temps chez le premier : Il y a 5 bâtiments, aucun panneau pour indiquer où aller, et les ouvriers eux-mêmes ne savent pas vers lequel m'envoyer pour décharger. Ce sera finalement au fond d'une impasse, avec sortie en marche arrière du genre très balaise.
Mon troisième client n'est pas loin, j'y arrive avant midi.
Tout va bien, je progresse tout en recevant quelques messages sympathiques concernant Télérama. Et puis vers 13h30 j'allume la radio...
Voilà pour le jour de gloire. La suite se déroulant avec une boule au ventre, et un cocktail tristesse-colère-dégoût dans la tête. Ultra violence à Paris, on a dégommé la liberté, l'humour, l'esprit. 7 janvier 2015 : c'est le moyen-âge, le far-ouest, la jungle, la guerre... on ne sait pas trop, mais on peine à comprendre quels rouages peuvent amener l'être humain à utiliser son cerveau à des fins si barbares.
La radio m'accompagne jusqu'à Doncaster où j'effectue deux autres livraisons. Je performe aujourd'hui, et cela m'indiffère totalement. Je vais me mettre en coupure à Durham, devant mon dernier client, dans une rue calme de l'industrial estate.
9h40 de volant, 5 livraisons, 620 Km, 12 morts.