FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Décembre 2014 Partager sur Facebook
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  • pays du poireau
    les flics et leurs Scania tuning...
    Adrien et ses pelles
  • Lundi 1 Décembre 2014
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    4h, je quitte mon aire de villégiature, le weekend fût d'un incommensurable inintérêt, j'étais pourtant plein de bonne volonté : jouer de la guitare, lire des livres, naviguer sur le forum FDR... Rien, je n'ai finalement rien fait.

    Le camion est recouvert de sable, sable du Sahara poussé les vents chauds, traversant la Méditerranée, remontant la vallée du Rhône pour finalement se faire emporter par la pluie et échouer vulgairement sur un rétroviseur de Volvo FH, alors que la plaine du Val de Saône et ses champs de poireaux sablonneux était l'endroit rêvé pour atterrir dignement.

    Décembre, ça y est, nous y sommes. Et quatre petits degrés ce matin nous rappellent que l'hiver n'est pas si loin, avec son traditionnel lot de préoccupations : intempéries, interdictions et  fêtes.
    Tel le grain de sable saharien emporté par la bourrasque, je remonte la vallée du Rhône jusqu'à Jarcieu. Je n'ai rien à faire hormis remettre du gazole et partager un café avec les copains. Je ne suis pas pressé, du moins j'ai décidé de ne pas l'être.

    Je pars livrer à Replonges. Je fais le bon choix d'emprunter la rocade est lyonnaise, un lundi matin, à 9h... il m'en coûte une bonne demi-heure de conduite, mais peu importe,
    J'arrive à destination à 10h30, nous déchargeons, tout va bien.
    Je dois recharger à Chalon et je décide de passer via la D933, via Pont de Vaux, via mes terres... sans doute parce qu'il y a une petite chance de pourquoi pas croiser un pote, une connaissance, ma mère, ou une connaissance de ma mère...

    Comme d'habitude je passe Place Joubert dans le plus strict anonymat, un peu déçu quand-même.

    Je me présente à 13h30 à Chalon, on me fait entrer à 14h. Pour une fois ça va plutôt vite dans cet endroit où d'ordinaire l'attente se compte en heures. 14h30 je m'en vais, je m'en retourne vers Jarcieu où je m'apprête à faire ma coupure avec 9h30 de volant.

    Sweden, Fabrice et moi-même : les Bourguignons sont en force au dépôt ce soir.


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  • Saint Antoine l'Abbaye
    visite guidée de l'exploitation
    La Sône 38
    dans les branches...
    aperçu un bout du Palais Idéal
  • Mardi 2 Décembre 2014
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    Me voici reparti en direction de la campagne profonde des environs de Romans et de Saint Marcellin. Pas de brouillard ce matin, pas comme la dernière fois, et seulement quatre fermes à trouver pour y laisser quelques bigbag de produit à épandre aux pieds des noyers, à des fins productivistes on imagine - en tous cas pas écologiques c'est certain.

    Je commence à Crépol, dans une exploitation assez grande mais quand-même difficile d'accès. Pour l'instant c'est encore jouable, dans les semaines à venir ça risque d'être rock&roll si l'on continue à s'aventurer n'importe où avec neige et verglas.
    Deuxième client à Saint-Antoine-l'Abbaye, "l'un des plus beaux villages de France" - c'est écrit sur un panneau à l'entrée. En effet, quel émoi au détour d'un virage, de tomber sur l'immense abbaye surplombant le village. Et voici que je fais des rimes en plus... J'étais passé là, lors de ma dernière tournée en bigbag, mais dans l'autre sens. Et du coup je n'avais rien vu. Je m'étais demandé pourquoi "Saint Antoine l'Abbaye ?", Où est l'Abbaye ? Où est Antoine ? Pourquoi ? Comment ? Où ça ? Alors qu'il suffisait de tourner la tête...
    Je trouve le client par hasard, nous déchargeons facilement avec un tractopelle.
    Troisième livraison à Saint Romans. En sympathisant avec le producteur je me fais offrir un gros sac de noix. Cool. Il n'y a plus qu'à acheter un casse-noix et mes salades d'endives en seront métamorphosées.
    Le dernier se situe dans un endroit pas facile du tout pour cause de branches trop basses qui grattent le camion à droite et à gauche. Je sors muni de ma barre de toit pour faire passer les plus grosses par dessus la carrosserie, ou bien pour les casser lorsque ce n'est pas possible. Je sors 5 fois, 6 fois, 7 fois... heureusement qu'il n'y a personne sur cette petite route car j'avance au pas. Le paysan est très gentil, avec son chien sur le tracteur, il m'enlève les deux derniers sacs et me voici vide à Izeron ; il est 10h.

    J'ai un rechargement prévu en début d'après-midi à Romans. J'y suis dès 11h, on charge. Cela me permet de remonter tranquillement vers le dépôt où Sweden me lègue sa place au lavage afin que je puisse éponger tout ce sable du Sahara pour le faire disparaitre dans une fosse septique de Jarcieu. Triste destinée.
    Philippe à déplacé ma remorque en inclinant la flèche, ce qui m'impose un attelage millimétré... je me vengerai.

    Je complète mon chargement demain à Saint Georges de Reneins, au Nord de Villefranche. Je peux donc couper à la maison ce soir.
    Seulement, à trop rester dans la cours à Jarcieu, je finis par écoper d'une palette à poser à Lyon en montant. Il ne faut jamais rester trop longtemps dans la cour...

    J'ai rendez-vous au Resto-routier de Corbas avec un affrété pour lui remettre la palette en question. Ensuite je rentre.

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  • Roussillon
    y'a le feu à Feyzin
  • Mercredi 3 Décembre 2014
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    Je le sais d'avance, cette journée ne sera pas parmi les plus belles de ma modeste carrière. Le programme n'est pas des plus réjouissants : des déchetteries, des produits toxiques, du régional... et un froid de canard. Il est des jours comme ça où la Suède me manque. Il faudrait voir à greffer un groupe frigo sous le châssis...

    Allons-y gaiement. Je commence donc par aller charger à Saint-Georges-de-Reneins. RDV à 7h30, je passe le portail à 7h28, on ne peut plus professionnel. On me charge de suite, et même en trainassant devant la machine à café, il n'est que 8h lorsque j'envoie mon avis de départ via SMS.
    J'ai rendez-vous à Saint Vulbas pour vider l'ensemble de mon chargement composé de différents produits toxiques, rendez-vous à 10h.
    Je tente de me présenter avec une heure d'avance... raté : j'échoue sur le parking, en attente.

    On me confirme que cette journée ne sera pas dantesque : certes je suis en avance ; mais le fait est que d'une part les personnes s'occupant de la réception sont en réunion (pour une durée indéterminée), et d'autre part pour décharger il est nécessaire d'attendre un huissier (toujours pour une durée indéterminée), afin qu'il atteste du bon déroulement des opérations, qu'il certifie la bonne et due forme, qu'il valide les procédures, qu'il approuve la réception , bref qu'il fasse présence tel le poireau planté au beau milieu de la déchetterie.
    Certains huissiers amènent l'enveloppe cachetée à Jean-Pierre Foucault avec le nom de MissFrance à l'intérieur... d'autres regardent un chariot élévateur sortir des palettes de produits toxiques...

    Il est 10h15 lorsque je suis autorisé à positionner le camion sur la bascule. S'en suit moult manœuvres, passages et repassages en bascule - car je recharge aussi complet sur place -, il est 12h30 lorsque je peux enfin partir.
    Complets de containers vides et sales, contenant des résidus de produits toxiques - toujours en plaques oranges donc -, je m'en vais en direction de Salaise-sur-Sanne, en Isère, à environ 45h de route si l'on fait le crochet par Göteborg (mais il faudrait être mauvais).

    Ici j'ai rendez-vous à 15h30, et j'ai beau avoir pris le temps de manger, j'ai quand même plus d'une heure d'avance. La réceptionniste m'annonce qu'il y aura du retard... Ma foi. Le camion est sur le parking, moi j'ai bien compris que cette journée ne pouvait pas se dérouler autrement, je suis blindé de patience : tout va bien. J'écoute la radio en observant les allées-et-venues de tonnes de déchets qui deviendront poussière par le biais de l'incinérateur géant face à moi, et qui se déposeront quelque part dans les environs, ou un peu plus loin s'il y a du vent.
    Christian, L'Australien de chez Duarig, est là aussi, en attente.
    Je décharge à 16h30. Le cariste est du genre gros bourrin et manque de m'embrocher le camion à plusieurs reprise, ce qui remettrait presque en question mon bouclier de patience.

    Vide à 17h, je fonce à Anjou où m'attend une équipe de pépiniéristes avant la fin de journée (la leur) pour charger des arbres. 
    130 pins dont le nom exact est composé de trois mots latins compliqués que j'ai déjà oubliés, le tout à l'avant du porteur. Je m'en vais compléter ce chargement au dépôt.

    Athis-Mons pour les arbres, Feignies pour les palettes derrière. Je repars de Jarcieu en direction du Nord.
    Et puisque qu'il me reste tout juste deux heures d'amplitude avec tout ce temps perdu à regarder les cheminées et leurs fumées toxiques, j'atterris à nouveau à Mâcon pour la deuxième soirée consécutive... du jamais vu.

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  • un remorque-camion
    concorde
    quel succès ?!
  • Jeudi 4 Décembre 2014
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    Bon sang mais que ce passe-il je ne découche même plus ? Me voici dans ma bagnole, ce matin, tel le tourneur fraiseur en route vers sa machine. Je n'ai même pas d'affaires à ranger en arrivant au camion : pas de sac de linge, pas de bouffe à mettre au frais, rien... j'arrive avec mes clés et je démarre ma nouvelle amplitude : un vrai chauffeur de régional.

    Sauf que je monte quand-même un peu plus loin que Chalon sur Saône, je me pose sur l'A6 et roule en direction de Paris en compagnie de Sufjan Stevens.
    Je coupe en deux fois : une première fois pour le café en haut du Bessay, une seconde pour étudier mes livraisons près de Courtenay.

    Je commence par aller livrer chez un paysagiste situé dans la zone aéroportuaire d'Orly. Le mec m'explique très mal au téléphone, j'y vais au pif, d'ailleurs je me trompe en arrivant dans une sorte de parc technologique exigüe... C'était juste à côté.

    Il faut décharger les arbres à la main. D'habitude j'aide, mais là c'est un coup à finir recouvert de terre : les mottes sont boueuses et je n'ai pas l'équipement adéquat. Ils sont donc trois pour décharger, je reste spectateur.
    Je réattelle, et je repars vers le sud en direction de la francilienne : je ne sais absolument pas comment faire au plus court pour aller en direction de l'A1, au départ d'Athis-Mons, en plaques oranges.
    J'ai de la chance, la N104 est fluide de bout en bout. Me voici en route vers le Nord, via l'A1 donc, triste sous un ciel tout gris et pénible avec ses hordes de camions.
    D'après le GPS, j'ai pile les heures pour arriver chez mon deuxième client : non pas à 5 ou 10 minutes près, mais une 1 minute près si je souhaite rouler 9h.
    J'hésite à m'y rendre, car je ferais forcément quelques minutes supplémentaires.

    Finalement, faute d'avoir trouvé un endroit qui me convienne, je débarque bien à destination, il est 18h.
    Voyant de la lumière je vais demander à quelle heure ouvre la réception le matin. Le mec sur qui je tombe me propose de décharger ce soir, là, tout de suite.
    Je ne m'y attendais pas, rares sont les boites qui réceptionnent au delà de 16h en 2014...
     Je me mets donc à quai, à contre main, dans le noir, avec deux bonnes bordures inutiles sauf pour générer du stress chez les chauffeurs.

    Je suis vide à 19h, contre toute attente.
    Je reçois un ordre de chargement, à Fourmies... à 50 minutes d'ici. C'est à dire que je peux y aller ce soir, avec une marge de 5 minutes sur le GPS.
    Rien à faire, il faut toujours que ce soit tendu, pas de répit... parce que demain cela risque d'être à nouveau tendu pour rentrer, ça va encore se jouer à peu de choses.

    Je vais en direction de Fourmies avec comme idée de m'arrêter pas trop loin du but si je trouve un endroit potable, et chez le client si je ne trouve rien.
    Seulement je ne trouve ni d'endroit potable, ni de place chez le client. Le temps de trouver un parking de fortune je dépasse la conduite journalière de 10 minutes.

    Et voici donc une guillotine de 135 euros au dessus de mon portefeuilles pour les 28 jours à venir ; la délinquance ça se sanctionne, l'imprévu aussi.

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  • N2
    Vervins
    Villers Cotterêts
  • Vendredi 5 Décembre 2014
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    Et comment rester stoïque lorsque le matin, on m'annonce, à l'usine qui m'a couté cette infraction bête, que "bah on ne charge pas ici, c'est à l'autre site..."
    En effet on ne m'a pas donné la bonne adresse, il y a deux usines dans la ville, et l'autre se trouve dans une ZA avec moult possibilités de stationnement... J'expliquerai au flic qui m'alignera - il se sera content.

    Je vais donc charger dans l'autre usine, 33 palettes.
    Il reste 1m80 et j'ai pour mission d'aller compléter à Villers-Cotterêts.

    Villers-Cotterêts, 02, pays d'Alexandre Dumas devenu bastion du FN en 2014, ou comment passer de la lumière aux ténèbres...
    Nombreux sont les portes-voitures à sillonner les routes dans les parages : la ville est aussi célèbre pour sa gigantesque implantation Volkswagen.
    J'arrive à 12h20 à destination (une petite boite qui fait des transfos) ; j'aperçois le dernier ouvrier déguerpir de l'entrepôt.
    Alors, plutôt que d'attendre bêtement en mangeant des biscottes, et parce que je ne suis pas loin du centre-ville, je pars à la recherche d'une boulangerie.

    En plus d'une boulangerie, je trouve un restaurant avec menu du jour alléchant : filet de julienne - risotto.
    14h, je reviens au camion après avoir fait un peu de tourisme, acheté mon pain, et mangé au restaurant. Nous sommes vendredi - je prends le temps de vivre.
    Cela dit, après avoir chargé mon ultime ramasse, j'ai une marge hyper confortable de 20 minutes pour rentrer chez moi.
    J'ai beau prendre le temps vivre, ça reste encore et toujours tendu...

    Je redescends donc en prenant le soin d'éviter la Francilienne, je garde ma marge confortable de 20 minutes jusqu'à Mâcon, j'arrive à 22h, fin de la semaine.

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  • col de Toutes Aures
    St Vallier
    route d'Ardoix
  • Lundi 8 Décembre 2014
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    Non je ne suis pas venu dormir dans le camion. Hier la répèt à tourné cour suite aux protestations de la voisine qui ne comprend manifestement rien au post punk expérimental progressif de 23h30, et qui prive peut-être la terre entière et la postérité d'une musique révolutionnaire... en contre partie j'ai pu aller me coucher quelques heures, et ce matin je ne suis pas même en retard. Je décolle à 5h45, frais, fringant, prêt pour une nouvelle semaine avec comme seul souci un rattrapage carnetdeboristique colossal à prévoir.

    Je roule tranquille en direction de Saint Vallier, je passe Lyon sans problème et arrive à destination juste avant 8h, comme prévu.
    Une palette à décharger, tout va très vite.

    Je me présente ensuite dans la grande base des Mousquetaires toute proche, pour décharger tout ce qu'il reste, à savoir 66 palettes Europe. Avec une bonne heure d'avance je m'attends à squatter le parking de réception... même pas : on me fait entrer direct, et on me décharge juste avant la pause. Bon sang quel pessimiste je suis, il est 9h45 et me voici vide à Albon, j'avais RDV à 10h.

    Je rentre au dépôt. Je charge 2 palettes pour Eurre, et puisque le client m'annonce qu'il ne réceptionne pas de midi à 2, je prends le temps de laver.
    Erreur Régis ! Bon sang mais tu devrais le savoir à force ! A trop rester dans la cour mon programme finit par changer : plutôt que d'aller tranquillement à Eurre, et de pourquoi pas m'arrêter au passage à la boulangerie de Portes les Valence pour attraper un excellent Panini royal, je dois finalement aller charger à Saint Etienne de Saint Geoirs, avant 14h... la guigne. D'autant, qu'il n'y a pas de boulangerie sur la route, seulement un Lidl en face du client ; je préfère m'abstenir, c'est nul.

    Je charge le porteur complet. Puis je vais à Eurre, comme prévu initialement. Col de Toutes Aures, Saint Marcellin, Romans... Je commence à bien connaitre la route.
    J'arrive à peine sur mon lieu de livraison qu'une ramasse tombe sur l'écran de mon téléphone : "possible Ardoix 07 avant 17h ?"
    Oui possible, mais il y a le feu. Je fais donc un passage éclair à Eurre et me voici déjà en route vers l'Ardèche.

    16h45, je suis à Ardoix, c'est bon.
    Il faut ramener mes deux chargements au dépôt, j'ai couru toute la journée et voici enfin de quoi me consoler : je recharge pour l'Italie. J'appréhendais la tournée de bigbag pour Saint Marcellin... je suis content.

    Je finis mes heures de conduite, je roule en direction de Chambéry via Virieu, les Abrets. Je coupe sur une aire d'autoroute entre Dullin et l'Epine.


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  • premières neiges
    posé, dans l'entrée
  • Mardi 9 Décembre 2014
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    Le chasse-neige passe sur ma droite et crépit tout le côté du camion avec du sel. Il est 5h, il neigeote sur l'A43.
    Première neige de la saison, première adrénaline. Pas de quoi faire un bonhomme, ni même une boule, la chaussée reste noire, les bas-côtés sont à peine saupoudrés. 

    Je m'en vais donc en Italie, tellement ravis d'y retourner depuis que je vais beaucoup plus en Angleterre. Un tour pas extraordinaire certes, dans les environs de Milan et Piacenza, mais de quoi profiter - l'espace de deux jours au moins -, des cafés, des telepass, et pourquoi pas de la pasta si j'ai le temps... bref du "savoir rouler" italien.

    En sortant du tunnel du Fréjus, je ne sais pas trop à quoi m'attendre en ce qui concerne le ciel. C'est souvent variable d'une extrémité à l'autre, en atteste ce temps complètement dégagé à Bardonecchia tandis qu'il neigeait à Modane.
    Je fractionne ma coupure sur la descente : un quart d'heure à Oulx, une demi-heure à Rivoli, de quoi remettre le compteur à zéro et attaquer les choses sérieuses.

    Premier client à Ghislarengo, au Nord de Vercelli. Il y a des nouvelles routes qui ne figurent ni sur mon "Atlante Nord", ni sur mon GPS, du coup je perds une dizaine de minutes suite à un mauvais choix dans mon improvisation. Rien de grave. Je décharge dans une grande usine, le cariste est très sympa, en sortant il me souhaite "Buon Natale", c'est à dire "Joyeux Noël".
    Deuxième client dans le Nord Milanais, à Gerenzago. C'est le client que j'appréhende le plus de cette journée et c'est justifié. Je trouve la rue, mais elle semble étroite et peu recommandable en camion. Je ne m'y engage pas. Voyant le plan galère je vais décrocher la remorque sur un bas côté repéré à l'entrée de la ville. Et je cherche un moyen d'accéder autrement à cette rue. Sans succès. Alors, après avoir tourné une fois, une deuxième et une troisième, je me décide à prendre cette rue peu engageante. Je roule entre les voitures, sous les arbres, sur les passages à niveau... et au bout d'un bon kilomètre, une usine, à gauche. Je comprends la feinte : ici encore il y a une nouvelle route qui n'existe nulle part chez moi, qui relie l'usine à l'endroit où j'ai laissé ma remorque. Ils ont fait la route mais n'ont planté aucun panneau...

    Arrivé à 12h30, il me faut attendre 14h, puis finalement 14h20 pour que la bonne personne arrive. Je décharge mes deux palettes puis repars via la nouvelle route... c'était pourtant facile.

    Je raccroche et fonce en direction de Cortemaggiore, près de Piacenza. Malgré-moi j'arrive juste avant la fermeture et un cariste manifestement très pressé de partir décharge en moins de temps qu'il n'en faut à la secrétaire pour signer les papiers. Je suis vide avant 17h. La zone est plutôt agréable, j'y ferais bien ma coupure, mais j'ai à peine 7h30 de volant lorsque je reçois une nouvelle mission.

    Chargement à Piacenza, apparemment dans Piacenza ; dans un endroit en rapport avec le milieu équestre si je déchiffre bien l'Italien.
    Un peu à contre cœur, je quitte mon large parking, ma zone calme et éclairée d'un joli soleil déclinant. Je vais en approche, vers Piacenza.

    Je tombe en pleine sortie de bureaux. Il fait nuit, je ne sais pas où je vais, les gens roulent comme des sauvages... tout va bien.
    L'endroit précis se trouve apparemment à côté du péage Piacenza-ouest, mais rien n'indique comment s'y rendre. J'ai beau tourner et retourner, je ne parviens pas à trouver la bonne route et je manque de me coincer dans des endroits pas très catholiques.
    Angoisse. Heureusement je suis large niveau horaires. Je tente différents accès, tous interdits aux PL. Je demande à 4 personnes sans succès, et c'est un cinquième  qui me met sur la piste et qui m'indique la bonne interdiction à prendre.

    J'ai dû tourner près d'une demi-heure... et me voici arrivé, face à un centre équestre, je suis condamné à couper là, dans l'entrée, je ne peux pas me garer autrement et la route se rétrécie dangereusement juste après...
    Un type vient me voir, apparemment un commis de ferme, il me confirme que je suis au bon endroit et m'autorise à rester là, dans l'entrée. Je ne gène pas, les voitures peuvent passer... et de toute façon je n'ai plus vraiment le choix.

    Aujourd'hui n'a pas été une journée très facile. Un peu comme si j'avais perdu le coup main en Italie...

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  • au centre équestre
    les porte-bobines italiens
  • Mercredi 10 Décembre 2014
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    "Capo !?!... Capo ??... Capo !..."
    Je sursaute de la couchette, c'est bien moi qu'on appelle, il est 7h10 et je me suis lamentablement rendormi après avoir éteint le réveil à 4h30, 5h et 6h...
    Je fais signe de la main au commis pour lui dire que c'est bon, j'arrive. Je démarre, pousse la carte dans le tachy, enfile mon jean et sors faire le tour du camion.

    Devant il y a cette rangée d'arbres qui me préoccupe depuis hier soir. Il va bien falloir y aller, et je ne pourrai pas descendre soulever chaque branche. Il faut se faire une raison, frotter, tant pis.
    Il s'agit bien d'un centre équestre, et la cour est de taille respectable pour accueillir mes 500 chevaux. Il fait froid ce matin, un froid vif, qui brule le bout des doigts. Je boirais bien un petit café pour me réchauffer mais on ne me le propose pas... personnellement si je vois quelqu'un dormir sur mon palier, ce serait un réflexe, mais ici non.

    J'ouvre le côté, nous chargeons. Vers 8h, le vieux m'annonce qu'il doit s'absenter pour amener le gosse à l'école, une vingtaine de minutes. Cela me laisse le temps d'aller tâter la croupe des bourrins, là, juste derrière le camion. Ils tendent le cou, l'œil craintif et la babine chercheuse, ils n'en n'ont manifestement rien à faire de mes petites caresses sur le front - ils ne pensent qu'à bouffer. Aucun feeling avec ces grosses bestioles...
    Mon cariste revient et nous terminons le chargement. Problème : il s'agit de grosses palettes indivisibles, je dois charger un "complet de semie" (c'est à dire 13m50) ; et on ne peut fractionner le lot en deux sans perdre de place. Concrètement il reste à l'issue de ce casse-tête 80 cm dans le porteur, et un "carré" 130x120 dans la remorque. Pas pratique du tout pour un éventuel complément.

    Je quitte le ranch par un nouveau passage sous les arbres, je quitte la via Bazachi par les petites rue, je m'apprête à rejoindre l'autostrada quand soudain l'écran de bord clignote en rouge, accompagné d'une alarme. "ARRETEZ LE MOTEUR - NIVEAU LIQUIDE REFROIDISSEMENT BAS". Le voilà le fameux deuxième message d'erreur, celui sensé signaler un "réel" problème ; et j'ai comme une envie d'appeler Volvo Grenoble en direct pour leur faire écouter - eux qui m'ont bien pris pour un imbécile. Après 3 passages en concession je me retrouve tous voyants allumés, au bord de la route, en Italie, à rajouter du liquide... C'est ce que Volvo appelle le contrat Gold.

    J'en ai remis jusqu'au mini, comme on m'a dit de faire. J'en remettrai surement demain... ou bien peut-être arriverai-je à faire un joint de culasse, sait-on jamais.

    Je roule jusqu'à l'autoport de Suse. Spaghetti à la napolitaine en Primo, polenta et escalopes en secondo, de quoi tenir la route jusqu'à Jarcieu.
    Je roule en direction du dépôt car mon destinataire près de Valence ferme à 16h30, ce qui rend le déchargement impossible aujourd'hui. Du coup, j'ai pour consigne de passer à Jarcieu pour charger 4 pal, là où je ne peux en prendre que 3.

    En bougeant le chargement, en rangeant mieux, je parviens à dégager de la place, et je peux tout juste charger les 4 pal... mais comme du coup il y en a 5 il faut en dépoter une.

    Je ne coupe pas au dépôt, je profite d'avoir encore des heures, pour descendre jusqu'à mon premier point de livraison Géant Casino Valence Sud.

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  • coupure au supermarché
    Volvo truck center, quatrième...
  • Jeudi 11 Décembre 2014
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    Hier j'étais bien, devant la zone de livraison du supermarché, copieusement éclairé par les lampadaires... lorsque soudain... quick... on a coupé la lumière et je me suis retrouvé dans le noir absolu. Je ne fais jamais mes coupures dans le noir, je déteste ça, en bon inquiet39 j'ai besoin de voir ce qui se trame autour de moi, j'ai besoin d'observer, de regarder dans mes rétros, aux aguets en permanence tel le chevreuil dans le bois de Vescours.

    Ce matin à 7h les lumières sont revenues, l'enseigne "GEANT" rouge écarlate harangue déjà les Valentinois. Je me présente à la réception, on m'invite à me mettre au quai 1.
    Alors que mon camion est en cour de déchargement, voici un TFE au quai 2. Le chauffeur sonne pour entrer, machinalement j'ouvre moi-même la porte. Le réceptionnaire arrive et s'interpose : "non non, il faut rester dehors s'il vous plait". Le chauffeur TFE prend ça à la rigolade, et le réceptionnaire répète  "non non, il faut rester dehors s'il vous plait, un seul chauffeur à la fois sur le quai, c'est la nouvelle procédure..."
    Fantastique. Le chauffeur dépité par autant de connerie reste derrière la porte, consterné par "ce boulot de chauffeur de merde qui devient de pire en pire". C'est le deuxième que j'entends tenir ce discours cette semaine. C'est qu'il faut sacrément avoir le moral pour trouver du positif dans notre quotidien... Vivement la grève. Quelle blague.
    Je quitte Valence pour pas bien loin : Ambonil. Mon deuxième client est une sorte de grossiste en matériel d'équitation, une sorte de BigMat pour jockeys. On y accède par des petites routes, bordées d'arbres et de buissons. Pour autant, rien de comparable avec l'élagage d'hier.

    Il ne faut pas moins d'heure et demi au réceptionnaire pour décharger les 16 palettes ; car ce dernier est seul pour tout faire : réceptionner, servir, gérer l'administratif. Il ne s'en sort pas, et celui qui vient vider - en l'occurrence moi même -,  passe toujours après les clients... c'est inéluctable.

    Vide à 10h, j'ai l'aval de mon chef pour rendre visite à Volvo Truck Center Valence. Et de quatre ! Quatrième concession Volvo pour un seul et même problème : une mystérieuse perte de liquide de refroidissement.
    Aujourd'hui on ne rechigne pas à chercher la fuite, j'entre le camion sur la fosse et parce que nous sommes dans le monde merveilleux des consignes de sécurité, on m'invite illico à aller attendre dans la salle prévue à cet effet, celle avec deux canapés et des brochures Volvo pour tuer le temps. Pareil que chez le dentiste ; Naïvement j'aurais tendance à considéré qu'il ne serait pas inutile de rester avec les mécanos, de poser des questions, de voir, de s'intéresser et d'apprendre ; mais non : on n'en demande pas tant au routier de 2014, ce dernier se doit d'être désintéressé, parce qu'en cas de panne de toute façon il y a l'assistance, le contrat gold, la procédure, le protocole...etc. Je radote.

    Le temps passe, midi arrive... et on m'annonce qu'il n'y a aucune fuite détectée. Ma foi. Très bien, je repars avec mon bidon de 2L, content...
    Il faut simplement que je prenne l'habitude de faire le plein de liquide de refroidissement, après le gazole et l'ADblue.

    J'ai pour mission d'aller charger à Crolles. Avant toute chose, je prends une demi-heure pour m'envoyer un panini à la cabane à frite de la zone de Portes, le gérant est toujours très sympa.
    Je charge à 14h30 et je reviens au dépôt.
    A quai je récupère 4 livraisons pour demain : Romans, Valence, Avignon, Cavaillon.

    Je m'en vais passer la nuit à Romans.

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  • ce ne serait pas Mich au loin ?
    A7
    à Cavaillon
  • Vendredi 12 Décembre 2014
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    Calé dans un coin, sous un lampadaire qui ne s'est pas éteint, et pas trop loin de Marie Blachère ; j'ai très bien dormi à Romans. Ce matin il fait froid mais paraitrait-il que nous sommes en hivers, mettons un blouson.
    Comme prévu j'attaque avec le café et les pains au chocolat, le tout en laissant trainer la pendule jusqu'à 8h, je vide là, juste à côté.

    J'aurais pu laisser la remorque pour aller en porteur chez mon premier client. Ne sachant si la rue où j'ai dormi allait se faire envahir de voiture ou pas, j'ai préféré l'emmener. Résultat je galère à tourner dans une toute petite cour, dès 8h05, et je me trouve sacrément malin...

    Deuxième livraison chez un grand transporteur de Valence. Les quais sont serrés mais je suis surtout très mal réveillé : je m'y reprends à dix fois pour m'aligner bien en place, tel le chauffeur CR débutant que je suis encore pour quelques mois... voire quelques années. De toute façon peu importe, personne ne m'attend sur le quai, je poireaute près d'heure en buvant du café avec mon gilet jaune.

    Troisième client à Avignon. J'ai beau fouetter les 500 chevaux je n'arrive pas avant midi. J'arrive à 12h15 exactement. Bien entendu c'est la pause. A tout hasard je sonne, personne ne répond. Je cherche une pancarte avec les horaires, je trouve : réception 8h-12 / 14h-17h.
    Je n'ai plus qu'à me caler dans un coin et attendre.
    De quoi prendre le temps de vivre un peu, manger ma part de pizza, et jouer de la guitare.
    A 13h50 j'aperçois quelqu'un, je vais aux nouvelles :
    "A bah oui oui, mettez-vous à quai, les gars ont repris depuis 12h50, ils sont là..."
    Voici plus d'une heure que je joue de la guitare alors que la pause est bien terminée.
    "et les horaires sur la pancarte ? "
    "Ha ça... ce n'est plus valable depuis 5 ans au moins"

    Il faut parfois être routier - devin.

    Dernier client à Cavaillon. Heureusement que c'est le dernier d'ailleurs car encore une fois je tombe sur un boulet qui met une demi-heure pour sortir 4 palettes. Cette journée tourne au ralenti.

    Je rentre au dépôt à vide. Je recharge tout un tas de truc en vrac dans la cour, le camion-remorque en travers alors qu'on ne peut déjà plus bouger. Un peu de gazole et je me sauve. Je suis à Mâcon à 22h.

  • Photos
  • N104, lundi matin
    parc de St Cloud
    galère à La Défense
    mes sauveurs
    à l'arrache...
  • Lundi 15 Décembre 2014
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    Foireux. Ça s'annonce foireux. Depuis que j'ai chargé vendredi, que j'ai pris connaissance du programme, je sais pertinemment que ça s'annonce foireux : 3 livraisons, la première au sud de Paris, la deuxième à La défense - RDV 8h, la dernière à Rouen. Un lundi matin, avec les interdictions, les bouchons et on parle même de grève de taxis... ça me rappelle ces jours d'école où il y avait une vieille interro alors que je n'avais rien révisé.

    Le RDV de 8h est de toute façon impossible à respecter, sachant que mon premier client ouvre à 7h30... j'ai pour consigne de "faire au mieux". Si cela ne tenait qu'à moi, pour faire au mieux je partirais de Mâcon à 4h, pas avant.

    1h20, je me réveille dans le camion ; je suis venu y dormir à 23h, j'étais en forme, j'avais envie de partir direct... maintenant je suis ensuqué, c'est trop tard, ou trop tôt, bref c'est foireux.
    J'entre sur l'A6 à Mâcon Sud, et je me cale à 90. 4h plus tard voici l'aire d'Achères, j'ai fait bon voyage, finalement pas trop fatigué.

    A la radio on annonce l'apocalypse avec cette grève des taxis.

    Première livraison à Viry-Chatillon, chez Renault F1. En montant via Fleury Mérogis, j'évite l'interdiction de début de semaine sur l'A6, et j'arrive à 7h15, avec la remorque, faute d'avoir trouvé un endroit pour la poser. A cette heure-ci il n'y a presque pas de voiture dans la cour, on devrait pouvoir manœuvrer tranquillement... sauf que ce matin il y en a juste une, une seule, garée pile sur la place qui me gène le plus. Dans cette cour il faut faire demi-tour sans jamais pouvoir aligner le camion remorque, je pense qu'avec une autoportée c'est impossible. 
    Le réceptionnaire est sympa... sauf qu'il répond un "non" catégorique lorsque je demande s'il est possible de faire une photo du camion devant le bâtiment avec les belles couleurs du jour qui se lève. Ça jette un froid.

    Comme prévu, comme redouté, je vais m'engouffrer gaiement dans les embouteillages pour aller en direction de La Défense. J'appelle le destinataire (il s'agit d'un chantier) et je m'annonce en retard, pour 10h environ, profitant des taxis comme alibi. J'essaie d'en savoir plus concernant l'accessibilité dans cet endroit où il ne fait pas bon se balader en camion. Le mec ne me renseigne pas trop... d'après lui "pas de souci", "tu prends la rue, tu t'arrêtes au 68, y'a de la place".

    Certes, j'aurais aimé un repère, un détail, un panneau, une enseigne, quelque chose pour me rassurer quoi...

    Je roule, du moins j'essaie. Je contourne via la N104, au pas sur des Kilomètres ; je perds plus de deux heures. Me voici à 10h30 à Courbevoie, dans les allées cernées de bordures et autres bites en ferraille qui entrelacent les buildings. Je découvre avec anxiété que la rue de ma lettre de voiture est une voie souterraine, avec portique de gabarit limité à 3m50 à l'entrée. Je passe donc ma route et cherche un autre accès. Je suis avec la remorque, et me retrouve à tourner dans ce dédale de béton sans vraiment savoir où aller. Impossible de trouver comment se rendre à destination. Je fais 3 tours de circuit, pas moyen. Je me pose alors dans un coin, à même la route, avec les warning : il n'y a nulle part où se garer. J'appelle le destinataire.
    "Ha oui, c'est limité à 3m50..."
    "Je vous ai demandé si c'était accessible en PL ? Mon camion fait 4m "
    Je me retrouve à expliquer à trois personnes différentes... et la troisième de m'annoncer
    "Je pense que ça passe jusqu'à 3m60"
    Je reste planté avec mes warning pendant une demi-heure. Puis je reçois la mission de rouler vers "Gennevilliers, ou bien Aulnay"... Je fais quoi, la médiane ? La Courneuve, un truc dans le genre ? Finalement, alors que je suis en route vers quelque part d'improbable, c'est vers Montigny les Cormeilles qu'il faut aller, pour vider le lot chez Transport Legay.

    Non, ne me poussez pas à faire de piètres jeux de mot sur ce nom d'entreprise tout à fait respectable, non le dirigeant de cette boite ne s'est pas retrouvé dans Closer, affiché au bras de Florian Philippot, non c'est trop facile de se moquer de ce genre boite, à l'instars de ses consœurs Tps Peureux, Tps Grosdidier, Tps Faciale, Tps Bourrin, Tps Moisy...
    A l'issue de mon passage chez Legay, en tout bien toute honneur, je m'en vais en direction de Grand-Couronne avec un quart d'heure de marge pour arriver à 10. Ce n'est jamais "bon" ou "pas bon" , c'est toujours "peut-être", "peut-être moyen" d'aller vider dans les clous à condition que ça marche bien et que je puisse me poser devant pour la coupure, toujours tendu.

    Je termine cette journée avec 9h56 de volant, à Grand-Couronne, vide, naze et enrhumé. Cette journée s'est passée comme prévu : foireuse.

  • Photos
  • zone Portuaire de Rouen
    chargement à l'ancienne gare
    La Croix St Leufroy
  • Mardi 16 Décembre 2014
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    Rien dormi de la nuit : chaud, froid, glaireux, renifleux, malade.

    Je me réveille en même temps que mon voisin d'en face, un Belge de chez Essers (du moins en ce qui concerne le camion), nous avons passé la soirée à nous observer malgré nous, garé l'un en face de l'autre... je l'ai vu regarder la télé pendant des heures, il m'a vu manger ma soupe de poireau, je l'ai vu téléphoner en rigolant, il ma vu me brosser les dents, je l'ai vu pisser contre sa roue, il m'a vu pisser contre le buisson. Voisins de camping le temps d'une coupure.

    Le jour se lève, je quitte la zone portuaire de Grand-Couronne par les routes souillées d'une bouillasse noirâtre. Je vais charger à La-Croix-Saint-Leufroy, petit patelin de la vallée de l'Eure. RDV à l'ancienne gare SNCF, le mec m'explique l'accès au téléphone. J'y suis pour 8h30.
    Mon message de chargement parlait de 22 pal pour 14 tonnes. Il s'agit lorsque j'arrive de 21 pal pour à peine 2 tonnes. Parfois on se demande comment en arrive-t-on à de telles divergences ? Qui est à l'origine d'autant d'imagination ? Pourquoi ? Comment ?
    21 pal, c'est pile de quoi remplir la remorque, j'hésite toutefois en mettre quelques unes dans le porteur pour garder de la charge utile, au cas où les autres ramasses soient du genre pondéreuses. (je peux mettre beaucoup plus de poids dans la remorque). Mais comme toujours c'est difficile d'anticiper sans connaitre le programme.

    Je charge tout dans la remorque, on verra bien.

    Malgré moi je prends la bonne décision. Pur coup de chance. Ma deuxième mission du jour consiste à aller charger deux lots de peinture à Vémars, pour des livraisons au hayon à Villeurbanne-centre et Lyon-centre. Donc à mettre impérativement dans le porteur...

    J'arrive juste avant midi pour charger, et je suis assez surpris qu'on m'indique le quai pour chargement là, tout de suite, maintenant.
    Je décroche, mets le porteur au 49... Problème : il y a un système de cale avec capteur, et je ne peux pas mettre cette dernière pour cause de grosse bordure en béton qui empêche l'accès à l'essieu arrière.
    "Y'a qu'à la mettre sur la roue avant" me dit le cariste.
    Problème encore, la cale ne passe pas entre le pare-chocs et le pneu...
    Le cariste vient voir, prend la cale la positionne devant le pneu (et donc contre le coin du pare-choc) et s'apprête tout naturellement à envoyer un grand coup de semelle pour faire entrer la cale en force. J'ai jeté mon propre pied pour m'interposer, j'ai eu le réflexe, en gueulant un truc du genre :
    "Non mais wooohhh, ça va pas non ????"
    On aura tout vu dans ces bases logistique...

    J'ai finalement mis cette fichue cale en biais, elle ne servait donc à rien, mais la procédure était respectée et tout le monde était content dans le monde merveilleux des abrutis.

    Le camion est complet, je roule en direction de Lyon.
    Depuis la 104 je constate que l'usine PSA d'Aulnay est devenu un immense terrain vague, c'est fou la vitesse à laquelle on a tout démolis, comme s'il était urgent de faire disparaitre les preuves, reste à peine un bout de bâtiment cerné par les pelles.
    N104, puis A5, puis A6... pour une descente tranquille jusqu'à la maison. 8h30 de volant.

  • Photos
  • descente de Rillieux
    Villeurbanne Grattes-ciel
    Oliveira est venu nous rendre visite !
  • Mercredi 17 Décembre 2014
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    Ray le chauffeur régional arrive avec sa bagnole chez les Routiers Bretons, pour attaquer sa journée. Il est  7h, au programme : deux livraisons à Lyon, facile.

    Pour commencer il faut trouver un endroit pour laisser la remorque. Le premier client étant en plein centre de Villeurbanne, je choisis de la poser sur la petite aire du périphérique à hauteur de Croix Luizet. Je m'en vais en direction de Gratte-ciel (un quartier au nom bien prétentieux quand on voit la taille des immeubles) sur 4 roues, pas inquiet malgré les petites rues : en porteur ça passe partout. Je livre une petite boite où ça rentre tout juste, j'imagine au passage dans quelle galère je serais si j'étais suivi d'une remorque...
    Le mec qui décharge est très gentil, il m'explique comment accéder à l'autre dépôt, celui de Lyon Vaise.
    Alors me voici en route pour cette deuxième livraison. J'avais le doute et j'ai donc demandé à un spécialiste de Lyon, notre Ptidud national, qui m'a confirmé : oui on peut prendre le périph nord en 19 tonnes. Alors ne boudons pas notre plaisir, va pour Téo (c'est le nom du périph nord... d'autres eussent été baptisés "Jean-Jacques" ou "Bernadette" ; ici c'est "Téo")
    Les environs de Vaise c'est à la fois urbain et industriel, il faut y aller, mais c'est merdique. Toujours en porteur, aucun souci. Je trouve direct, je vide, et je retourne chercher ma remorque à Villeurbanne.

    Mission suivante : une ramasse à Chaponnay. Vu la taille de la cour lorsque j'arrive à l'usine, je vais directement poser la remorque ailleurs, une nouvelle fois... J'aurais presque dû la laisser à Mâcon elle m'emmerde plus qu'autre chose ce matin !
    Je charge deux plaques de tôle de 6m, l'une sur l'autre, de quoi occuper le plancher du porteur. Je réattelle à nouveau et file en direction de Jarcieu.

    J'y suis à 12h20, et manifestement il n'y a pas le feu, je pars manger avec Adrien, Hervé, et un stagiaire dont j'ai malencontreusement oublié le nom tellement j'ai bonne mémoire.
    "Petit Glacier", à Sonnay, la cantine de chez Duarig.

    Je passe l'après midi dans la cour, la marchandise que j'attends n'arrive qu'en soirée.
    Cela me laisse le temps de briquer le camion sous la pluie, ce qui n'est pas très malin certes, mais compte tenu de la suite des événements je suis obligé de m'y plier.
    En effet dans le cadre de l'investigation de Marc, journaliste pour Télérama, j'ai rendez-vous avec un photographe professionnel pour cette fin de semaine, il va lui aussi m'accompagner en Espagne, en voiture cette fois-ci, pour faire les images qui habilleront le reportage, mais aussi- et c'est la surprise du chef - la couverture du magazine ! Apparemment... si on arrive à faire de belles photos, rien n'est moins sûr.

    Bon sang, faire la couverture de Télérama... je pensais que les couvertures c'était réservé à Mick Jagger pour Télérama, à Miss France pour Télé loisir, à Patrick Sébastien pour Télé7jours, et à "Z" le chien pour TéléZ... Que n'imagine-t-on pas ma tronche sur les étagères de la librairie, dans les salles d'attente des dentistes, ou dans les WC de Monsieur toutlemonde...

  • Photos
  • après le journaliste, le photographe !
    Dridri n'a qu'à bien se tenir...
    drôle de descente en Espagne
    future couverture de Télérama ?
  • Jeudi 18 Décembre 2014
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    Hier j'ai roulé jusqu'à Nîmes Margueritte, une aire que j'adule tellement que j'y passerais presque mes weekends. 2h20 sous le déluge, pour bien me faire regretter d'avoir lavé ; puis en arrivant je me suis mis sur le grand parking du fond, comme d'habitude.

    Il est 5h20 ce matin, je me fais violence pour sortir de la couchette. J'ai du boulot : prendre une douche (située à 2 km du parking) histoire d'avoir une tronche un tantinet potable sur papier glacé, puis préparer la cabine pour montrer aux quelques milliers de lecteurs qu'on n'est pas chez les porcs, on est chez Ray.
    Alors que je m'active un chauffeur de chez Tps Antoine vient me voir, il s'est fait siphonner cette nuit, là, à quelques dizaines de mètres de moi.

    6h50, mes photographes sont arrivés. Ils sont deux, Olivier et Victor, jeunes, sympa, décontract... comme la plupart des photographes ; en effet dans ce milieu on  n'imagine mal des brutes de décoffrage agressives, brutales et  violentes.
    Après un café pour faire connaissance nous allons sur le parking pour la première séance shooting du jour. Objectif : prendre le camion de face, avec moi dedans, devant le levé du soleil... c'est ce que veut Télérama pour sa couverture. Nous installons donc le camion, le matériel, et moi au volant, devant quelques chauffeurs qui passent, l'œil curieux.

    Le temps du tout installer le soleil s'est déjà levé... C'est raté pour la mise en scène, mais quelques photos ressortent très bien, malgré cette tête si peu naturelle que la mienne derrière le pare-brise.
    En effet j'ai beau faire des efforts, s'il y a une chose pour laquelle je suis vraiment nul, c'est pour la photogénie. 
    Le shooting prend beaucoup plus de temps que je ne l'imaginais. Pour une photo il y a cinquante tentatives. Alors je "bouge mon corps dans l'espace", je "fais l'amour à l'objectif", je prends des poses lancinantes telle une starlette au festival de Cannes. Je découvre la vie de top model, c'est tout à fait passionnant.

    Vers 8h45 je me rappelle finalement que je ne suis qu'un simple routier, on remballe tout et je vais livrer mon premier client, à Nîmes.
    10h, c'est fait, nous partons maintenant pour l'Espagne : trois autres livraisons, j'espère au moins faire la première près de Barcelone, pour les autres je ne me fais guère d'illusion, il sera trop tard.

    Olivier et Victor ont installé des projecteurs dans la cabine, ces derniers me flashent lorsqu'on me prend en photo depuis l'extérieur. Nous partons ainsi sur l'A9, quelle drôle d'embardée, avec un photographe à moitié sorti par le toit ouvrant d'une voiture, sur l'autoroute, devant un camion dont le chauffeur se prend des flashs dans la tronche alors qu'il ne s'y attend pas. J'imagine l'interrogation des chauffeurs des autres camions, j''imagine les conversations à table au resto routier ce soir...
    De cette manière nous descendons à Barcelone.
    Je ne peux arriver à destination en moins de 4h30, nous nous arrêtons donc manger sur l'autoroute, l'occasion de faire la seconde mise en scène shooting du jour : Avec son œil affuté d'artiste, Olivier à repéré le cadre idéal pour prendre une photo de moi en train de boire un café... Ce qui  parait tout simple sur le papier va nous prendre une demi-heure, toujours parce que j'ai vraiment du mal à m'afficher naturel, tranquille, pris sur le vif... Je n'y arrive définitivement pas, c'est tellement ridicule dans mon for intérieur, j'ai du mal à assumer et apparemment ça se voit sur ma tronche, dans mes yeux, sur ma bouche... partout, je ne sais pas poser.

    N'est pas Claudia Schiffer qui veut.

    Les gens de la station doivent se demander qui est cette mystérieuse stars qui boit son café devant les projecteurs, certains s'imaginent peut-être qu'il s'agit de la dernière pub Nespresso... on aurait même entendu un routier crier aux autres routiers du parking : "Georges Clooney is inside !"

    Du calme les filles, ce n'est pas Georges, c'est mieux, c'est Ray.

    Et le boulot dans tout ça ? J'arrive à 15h50 chez mon deuxième client à Les Franqueses del Valles, pour décharger mes plaques de tôle... Le réceptionnaire me dit qu'il est trop tard. J'ai une monté d'adrénaline, je joue la carte "hey, regardez, je suis accompagné de journalistes, on ne peut pas planter là, on a un reportage à faire !" Et ça marche... les mecs ont même l'air content de se faire prendre en photo lorsque nous déchargeons. Ben voyons...
    Certes nous aurions pu arriver avant car nous avons perdu du temps, mais la réception c'est jusqu'à 13h30... et dans tous les cas c'était impossible.

    Il sera quoiqu'il en soit trop tard pour vider aujourd'jui le troisième à Tarragone. Alors, voyant le soleil décliner dans une effusion de couleurs pastelles, l'urgence est de trouver un cadre pour une nouvelle mise en scène shooting.
    Je ne sais pas où aller, je ne connais que des zones industrielles glauques dans les environs ; et c'est complètement par hasard, après avoir écumé les perspectives de la zone Can Salvatella (choisie parce qu'elle est en hauteur), que je découvre un immense terrain vague près de Ripollet, accessible et désert, l'endroit parfait pour ce que nous avons à faire.
    Victor et Olivier s'en donnent à cœur joie. ça Mitraille dans tous les sens, le ciel est idéal pour l'idée de couverture souhaitée, les photos sont superbes, c'est parfait.

    Nous roulons ensuite tranquillement jusqu'à Tarragone, près de l'endroit où je décharge  demain. Eux vont à l'hôtel, moi je retrouve l'espace d'une soirée ma vie de vieux routman solitaire, fatigué d'avoir tenté d'être naturel toute la journée, alors que le contexte était tout sauf normal. Néanmoins content de l'avancée du projet, et puis Mes deux photographes sont sympas.

  • Photos
  • Près de Tarragona
    le "Km148" se souviendra de nous...
    N340
  • Vendredi 19 Décembre 2014
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    Je me suis garé dans une zone industrielle, en face d'un bar, pour avoir le café au réveil. Ce matin je fais l'ouverture, il est d'ailleurs un peu trop tôt : le café que me sert la grosse dame pas trop causante derrière le comptoir est froid. Un peu intimidé je n'ose rien dire.
    Mes deux acolytes débarquent, et voyant ce cadre typique, ce décor de d'Espagne industrielle, ils sortent tout le matos pour une nouvelle séance de pose façon Nespresso what else...

    8h, je me présente à l'usine chimique, seul, pas d'appareil photo ici c'est interdit. On me demande d'attendre, il y a déjà deux camions à décharger.
    J'en ressors plus d'une heure plus tard. Avant de partir direction Peniscola, je fais une nouvelle séance de mannequina devant le camion et les cuves du port pétrolier en arrière plan. Toujours avec autant de savoir-pas-faire.

    Je presse un peu Oliver et Victor, nous avons un dernier client à livrer, et surtout un rechargement à prévoir, quelque part, je ne sais pas encore où, quand et comment.
    C'est en route que le sms tombe : Deux ramasses à Franqueses del Vallès, la première avant 16h, la seconde avant 17h30. Il y a le feu au lac... J'ai pris la N340 afin d'obtenir quelques beaux points de vue pour les photos... mais nous n'avons pas le temps de flâner. Un arrêt de 2 minutes au resto du Km148  sera la seule satisfaction, et tout le reste ne sera que frustration.
    Car en plus le quai est pris lorsque j'arrive chez le client, et ce temps d'attente va raboter un plus la marge pour aller à Franqueses, jusqu'à la réduire à 5 minutes.

    Il faut courir, comme d'habitude. J'ai néanmoins une coupure obligatoire à faire, pour une fois merci la RSE. Le cadre étant plutôt intéressant nous nous ré arrêtons au Km148, pour manger sur le pouce tout en faisant quelques clichés. Au début la vue des appareils photo a déclenchée une vive opposition d'une serveuse, et finalement avec beaucoup d'explication, et l'aval de la gérante, Olivier à pu immortaliser mon passage à table. Ainsi on me verra peut-être en train de manger mes croquettes au thon dans Télérama. J'ai hâte. Ma mère risque d'être tellement fière de son fils.

    Pas une minute à perdre, je saute dans le camion tandis que mes paparazzis n'ont pas fini de ranger leur matériel.
    Je reprends l'autoroute après être passé devant des palmiers, devant un parking avec la mer en fond, devant des stations typiques... devant autant de décors potentiels pour attiser l'immense frustration de mes suiveurs. Désolé les gars nous n'avons vraiment plus le temps...

    Plus le temps jusqu'à Barcelone... et ce sms du chef : "chargement Franqueses annulé", suivi de "moment merci". Bingo... génial... parfait... Je me pose sur l'aire de Porta Barcelona, un décor insignifiant, moche, pour une totale frustration.

    16h arrivent et je me demande si je ne vais pas passer le week-end ici...
    Finalement non : deux ramasses prévues à Barbera et La Llagosta. La première sur une grande plateforme avec pas mal d'attente et un cariste mauvais au point de laisser 20 cm d'espace entre les palettes, je dois le reprendre à chaque passage.
    Je me présente à 17h50 à La Llagosta, on m'annonce "pas avant 20h". Nous utilisons ce créneau pour faire quelques nouvelles mises en scène : Régis qui conduit, Régis qui charge, Régis qui regarde là-bas, Régis qui parle à la cibi (alors qu'elle est en panne), Régis qui prépare des pâtes (sans eau dans la casserole), Régis qui lit sa carte (celle du nord de l'Allemagne) et même... Régis en train de dormir. On connaissait la collection 'Martine à la plage', Régis arrive en force.

    Quand-même est-ce bien raisonnable tout ça ? Je ne m'attendais pas à devoir faire l'acteur, j'aurais préféré faire plus simple : des photos prises sur le vif, sans éclairage, sans cinéma... mais il est trop tard, je ne peux pas remettre en question le travail de mes photographes.

    Nous retournons charger à 20h, dans une petite boite dont le cariste est des plus sympas... et heureusement, car pour faire entrer toute les palettes il va falloir être patient, j'ai tout juste assez de place en tassant au maximum... ça se joue au millimètre, je peine à fermer les portes du porteur ET de la remorque. Nous terminons à 22h... pas mangé, pas douché, rien... et je repars vite car il faut avancer un peu pour être tranquille demain.

    La voilà la réalité de mon quotidien, voilà ce qu'il faut prendre en photo les mecs, il ne s'agit pas des palmiers, des restaurants et des arrières plans avec la mer : il s'agit de l'urgence, des zones industrielles pouraves et des plans foireux. Finalement c'est peut-être mieux d'avoir évité les beaux décors de la N340...

    Je roule jusqu'à Maçanet de la Selva, plus d'amplitude. Olivier et Victor se trouvent un hôtel dans le coin.

  • Photos
  • avec des gros projecteurs dans la tronche...
    RP de Perpignan nord
    salut les gars !
    depuis je me prends pour un photographe
    Nous sommes finalement 4 pour décharger
  • Samedi 20 Décembre 2014
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    Lorsque le mitigeur est orienté vers le plus chaud possible, ça ne sent pas bon du tout. Vérification ce matin, dans la douche du restaurant de Maçanet de la Selva. L'eau coule froide, même pas tiède, froide. Ainsi lorsque le mitigeur est orienté vers le plus chaud possible, c'est qu'un pauvre gars - comme moi ce matin -, espère trouver la plus inaccessible dernière goutte d'eau chaude pour satisfaire la nécessité de se laver... en vain.
    Je suis toujours enrhumé et me voici contraint de prendre une douche froide. Autant dire que je vais à l'essentiel, je ne traine pas. Fort heureusement je n'ai rien payé pour cette douche.

    J'ai passé la nuit sur le parking d'une station Galp ; Olivier et Victor m'y rejoignent ce matin, 7h30. C'est parti pour l'ultime journée dans la peau d'un mannequin-vedette.
    L'AP7 est très calme, nous opérons en toute discretion.

    Toujours en quête d'arrières-plans significatifs, je conduits mes photographes à la Jonquière. Bien que personnellement je ne m'y arrête jamais, sauf lorsque j'y suis contraint, c'est à dire sauf lorsqu'il y a une douane à faire. Si je les amène ici c'est pour leur montrer du concret, pour enrayer un peu les idées reçues : Sur le parking de la station où je me gare il y a toute la misère du monde de la route, des camions garés serrés avec les sacs poubelle qui pendent, les coffres ouverts, les mecs en jogging, les flaques de pisse... tout. Tellement plus représentatif qu'un camion au bord de la mer.
    De son propre aveu, Olivier ne s'imaginait pas un tel contexte, une telle ambiance... Car avec leur appareil photo avec Victor, ils ont été observés, dans une espèce de froideur ambiante malgré le grand soleil et les 17 degrés. Atmosphère plutôt inquiétante à La jonquière...

    Nous repassons en France, finis les slaloms avec caméra embarquée sur la voiture. Je les fais sortir à Narbonne afin de prendre la nationale jusqu'à Perpignan et faire quelques plans fixes.

    Nous nous quittons sur l'aire de Narbonne, devant un poisson pané de l'autogrill. C'en est fini de cette lourde épreuve que de s'offrir en pâture devant un objectif. Jamais je ne ferai top model, c'est décidé. Tellement dommage avec un tel potentiel...
    Je pense que nous avons fait de très belles photos, néanmoins le choix sera déterminant et, je l'espère, en adéquation avec les messages passés à Marc, le journaliste...
    Si seulement ils pouvaient ne pas choisir 5-6 clichés de moi en train de faire des regards ténébreux... Réponse au mois de janvier.

    Je me fais une dernière fois shooter depuis la passerelle de l'aire de Fabrègue, et cette fois c'est définitivement fini. Je rentre à Jarcieu, Victor et Olivier rentrent chez eux.
    J'ai annoncé 17h à Stéphane ce matin, je passe le portail à 16h55. Personne, et pas un quai de libre. J'attends... puis je commence à m'inquiéter. Le chef m'a tout simplement oublié... Et c'est Franck qui vient à ma rescousse une heure plus tard. Nous déchargeons, puis nous partageons un café, puis je rentre à Mâcon avec un chargement pour Belleville, lundi, suite à quoi je serai en vacances.

    21h, je fais la reculade de l'extrême pour me caser entre deux camions chez les Bretons. Ça y est, cette longue semaine est enfin terminée, Ray la star retourne chez lui dans le plus strict anonymat. Je ne boirai plus jamais mon café comme avant, désormais je ferai sysématiquement des inclinaisons 3/4 gauche avec lumière venant d'en haut et regard ténébreux dans le coin.