FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Janvier 2015 Partager sur Facebook
  • Photos
  • Suffolk
    Marc... j'ai honte !
    je roule dans un flipper
  • Vendredi 9 Janvier 2015
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    8h, Norwich. Le vieux type sur son chariot élévateur marmonne un truc dans sa barbe avec un air triste. Je ne comprends pas, il un l'accent du nord et parle tout bas comme s'il se confessait. Le faisant répéter je réalise qu'on n'en est pas si loin : ce vieux Monsieur est en train de me témoigner toute sa solidarité en rapport avec ce qu'il se passe en France. J'en suis presque gêné, bêtement je le remercie, je me lance à lui dire "C'est très gentil" en anglais mais malheureusement je ne me souviens pas du mot "gentil"... alors je dis "It's very... gentil". Gros naze que je suis.

    Fallait pas dessiner des camions sur la table pendant les cours de madame Nové-Josserand.

    J'ai dormi sur place, chargé la remorque complète à la première heure, je pars maintenant en direction d'Haverhill pour une autre ramasse.
    Le soleil rasant donne de belles couleurs au Suffolk, mais comme toujours dans les environs la route est grasse et pétrit le camion de bouillasse. Je débarque chez le client avec la remorque, je n'aurais pas dû, il s'avère plus que difficile d'y faire demi-tour... Je n'aurais pas dû, elle ne me sert à rien... Je n'aurais pas dû, mais je n'ai trouvé nulle part où la décrocher : pas de parking, pas de place dans la zone, rien. Alors je me tors comme je peux en frôlant les murs, et je finis par me mettre dans le bon sens. Je charge un chariot.
    Le camion est quasi-complet, et j'ai pour mission de rouler vers Douvres.

    Je dois caser une demi-heure de coupure, alors je m'arrête sur un refuge où flotte l'Union Jack, signe qu'on y sert à boire et à manger.

    Le "Mega Burger". Voici ce que je choisis dans l'indécision la plus totale devant le menu où l'on trouve entre autre le "Big Burger" et "l'Ultra Burger'. On n'a pas l'air de faire dans la finesse ici. Et dire que Marc (le journaliste de Télérama) évoque dans son article la conversation que nous avons eu au sujet du végétarisme... Me voici devant une montagne de viande entre deux bouts de pain.
    "Je mets du beurre sur le pain ?" Me demande en anglais le chef étoilé.
    "Ho bah oui, fais toi plaiz..." je réponds pour ne pas le contrarier. Rajoute aussi de l'huile des rillettes et du pâté, ça manque de légèreté.
    Je mange ce truc gargantuesque, véritable ode à la malbouffe, plus riche que l'ensemble de mes repas de la semaine ; l'équivalent anglais d'un Francescina portugais (pour les connaisseurs).

    Je roule en direction du port, écoutant les flashs spéciaux qui se succèdent les uns après les autres : double prise d'otage, des coups de feux de partout, Paris en état de siège, des envoyés spéciaux, c'est la guerre.
    Une situation chaotique qui ressemble étrangement à la fin de "Watchmen" d'Allan Moore, une BD géniale que l'on trouve au rayon "BD géniales" de toutes les bonnes librairies.

    Bref, je me dirige vers le bateau, ce dernier est en retard, sans doute à cause du mauvais temps. Car il vente et il pleuviote sur la Manche, un vrai temps de marin dont je n'ai pas l'ongle d'un doigt du pied. C'est à dire que je suis très vite malade, et encore plus vite avec un Mega Burger en cour de digestion.
    Je bois un café, je regarde la télé. Le temps passe, les douches sont libres, j'y vais. Me voici enfermé là dedans, à essayer de tenir en équilibre malgré la houle. A mes pieds il y cette mare de flotte qui s'écoule de gauche à droite au rythme des vagues. Je prends ma douche, toujours en équilibre. J'ai l'impression de faire une épreuve d'Interville. Le balan couplé au manque d'air de la cabine confinée me fait rendre mon café. Pour autant je garde le burger, il m'a quand-même couté 4£ !

    France ! Me revoilà, nous sommes vendredi soir, le vent souffle très fort sur Calais, je fonce en direction de l'A26, en direction de la maison.

    Je m'arrête à l'aire d'Urvillier dans l'espoir de :
    _ mettre de l'ADblue à la pompe
    _ acheter du pain
    _ acheter enfin Télérama
    Je ne trouve rien de cela, ce qui me conforte à l'idée que cette Total est vraiment pourrie. (Voir "anecdote de la douche d'Urvillier", archive CDB Ray 2013, Bibliothèque Nationale de France)
    Aire de Reims : pas de Presse non-plus.
    Aire de Sommesous : un rayon presse, mais pas de Télérama. Il va falloir attendre demain.