Carnet de bord de Janvier 2015 | Partager sur Facebook |
Pas moyen de trouver un café sur AP7 ce matin. Je tente deux stations, toutes deux fermées, avec le vendeur derrière le hublot... je ne me vois pas lui demander de faire glisser un gobelet par en dessous. Donc je trace.
Benidorm. Sorte de fausse mégalopole en carton-pâte au milieu de rien, mixe improbable entre Las Vegas pour les loisirs, La Défense pour le décor, et Miami pour la côte ; temple du tourisme en batterie. Partout des Pubs, des boites de nuit, des pancartes affriolantes de club, et des hôtels.
L'été le touriste Anglais est dépaysé devant autant de touristes Hollandais, l'hiver leurs grands parents - chemise rose, pantalon beige, cheveux blancs bien proprets, joues tirées, lunettes de soleil, et micro-chien en laisse-, se promènent en roller ou en trottinette dans ce décor improbable, tel Jim Carrey enfermé dans son Truman Show. J'ai l'impression de revivre cette livraison à Jesolo Veneziano (l'équivalent italien en terme d'usine à touriste), il y a maintenant 4 ou 5 ans. Car aujourd'hui aussi je livre un hôtel, en plein milieu de tous les autres hôtels.
Pas de problème pour décrocher la remorque, pas de problème pour accéder, pas de problème pour stationner : nous ne sommes pas dans une cité historique, tout ici a été conçu au gabarit d'un car de tourisme.
J'arrive à 8h45 sur le parvis du "Sol Pelicanos". Une immense grue a déplié son bras télescopique pour monter le climatiseur géant sur le toit. Les mecs m'attendaient à 6h, j'avais pour consigne "rdv 9h" : incompréhension générale. L'avantage c'est que l'opération ne traine pas : le plus long étant de démonter la carrosserie Jarjat - une opération qui je le rappelle nécessite au minimum 3 bras 3 mains, et peut-être même 3 cerveaux.
Notre déchargement est tellement attrayant qu'un petit groupe de curieux s'est formé. Des vieux qui regardent et qui commentent. Ils doivent peut-être faire la même chose chez eux toute l'année, et là c'est les vacances, on ne change pas les habitudes.
Grosse suée en ce qui me concerne au moment d'avancer au pas sans que la machine ne touche les parois. Pas d'accrocs. Le climatiseur s'envole dans les airs sans se décrocher sur le peloton de vacancier ; la guigne.
Je quitte Benidorm après avoir attelé, et fonce sur Alcoy.
Superbes paysages, et usine à l'accès tout merdique pour décharger mes 3 dernières palettes. Il s'agit d'un fabricant de remorques, un Jarjat espagnol ; aussi je fais sensation avec mes portes latérales : les mecs de l'atelier scrutent mon camion dans les moindres recoins. Ils font un peu la grimace lorsque j'ouvre, lorsque ça grince et ça coince de partout. En effet, même si j'ai récemment fait une "opération dégrippant", les charnières et les poignées n'ont pas apprécié le sel de la semaine dernière.
Vide j'ai pour mission d'aller charger à une adresse introuvable entre Alicante et Murcia. Sur GPS, carte et PC je ne trouve ni la ville, ni la rue, ni la zone... tout juste le code postal. Stéphane parviens à me communiquer le numéro de la sortie sur l'AP7, je pars avec ça.
Et je finis par trouver. Ce n'était pas difficile... seulement le bled s'appelle non pas "Heredades" mais "Las Heredades" : le petit détail qui fait tout foirer.
Je suis sur place à 14h. Personne. Sans doute la pause, j'attends 15h.
Il s'agit d'un lot de matériel événementiel pour Paris. Nous chargeons de 15h à 17h30, des trucs en vrac dans tous les sens, et Il s'avère difficile de savoir "quoi mettre où" avec le cariste. Car j'essaie d'optimiser la place au maximum, pour cela je dois ouvrir et fermer 15 fois les côtés, faire bouger des palettes, puis les faire rebouger... Bref, à la fin je déteste Jarjat pour ces portes qui coincent de partout, et le cariste me déteste.
Au moment de partir, ce dernier m'annonce : "donc livraison le 30 au matin... c'est bien ça ?"
Nous sommes le 28, à 17h30 entre Alicante et Murcia. Et moi qui me voyais déjà remonter pénard par la nationale, et moi surtout qui perds du temps à essayer de gagner de la place...
Le chef me confirme, livraison vendredi matin. Ni une ni deux, je me casse... pas en faisant crisser les pneus mais presque.
Paysages sublimes, coucher de soleil de carte postale... mais pas une minute à perdre je roule en direction de la France.
Tandis que j'approche de Valencià et de 9h de volant, je reçois un coup de fil de Phil.