FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Juin 2025 Partager sur Facebook
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  • classe la boucherie allemande
    Haguenau
  • Mardi 3 Juin 2025
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    Je commence en Allemagne mais juste de l'autre côté du Rhin, je suis dans une petite zone indus à 7h30 pile poil. Le portail est ouvert, je me gare, je vais voir un gars, je lui dis guten morgen, il me répond : yo sââlut. Ouf c'est un frontalier, c'est quand même plus simple. Je leur livre une réno-margelles, le gars doit s'en aller : « t'as eu du bol que je sois là, je partais, ici ça n'ouvre qu'à 9h. Tu remettras le cadenas sur la porte steup. » Punaise j'ai eu de la moule.

    Je ressaute de l'autre côté du Rhin pour aller à l'ouest de Strass. Je livre une grosse réno-margelles-Paso chez une délicieuse cinquantenaire. La maison est dans une impasse au bout d'une autre impasse, pour repartir il faut reculer à l'aveugle, les gens en bagnole sont bien sympas.

    Encore une réno-margelles à Geudertheim, avec un peu de chance je vais pouvoir faire la suite avant midi... Personne à la maison, ça commence mal, j'appelle le client, en fait c'est le locataire : « j'ai glissé le chèque du proprio sous le cendrier sur la fenêtre de la cuisine, au revoir. » Parfait. Oui ben non, pas parfait, il manque 1200 balles sur le chèque ! Il y a un post-it alambiqué où il m'explique qu'il a déduit je ne sais quoi, une histoire de pompe mais une pompe c'est pas ce prix-là, heureusement ! Sur ma liste j'ai le 06 du proprio, je l'appelle, il part dans des explications, je comprends rien. « Bon écoutez monsieur, moi je suis transporteur, si je n'ai pas le contre-remboursement exact, je ne livre pas, je m'en vais ». J'appelle la log, évidemment on me donne raison. Philippe me demande d'attendre deux minutes, il va voir la cheftaine. Dans les vingt minutes c'est confirmé, je me casse. Putain ça me saoule, le client a signé un contrat, il était au courant du prix, maintenant je vais me traîner deux palettes toute la semaine, autant dire que c'est mort pour recharger un complet. Vingt dieux de vingt dieux. C'est là que le locataire me rappelle : « si vous pouvez attendre, ma femme revient du boulot à midi et quart, elle vous donnera un autre chèque. »

    Pfouuu, tant pis je préfère perdre une bonne heure et me débarrasser du lot. J'ai du temps, j'arrache les paupières moches sur mes phares. Je croyais qu'il fallait démonter les phares c'est pour ça que j'ai tardé mais l'autre jour le chef d'atelier de chez Scania m'a dit que c'est juste collé au double-face. Purée ça fait deux ans que je roule avec un camion moche, si j'avais su... C'est de la bonne colle, il faut en enlever au cutter, j'ai pris de l'acétone à la maison, ça s'enlève après pas mal d'efforts. A midi je mange un bout et la brave dame rentre du taf pile poil quand j'ai fini, merci à elle. Rebelote, je livre pour de bon cette fois. Elle me donne un chèque du proprio... je vous le donne en mille... avec le montant exact du contre-remboursement demandé ! Il s'est bien foutu de ma gueule, il a tenté le coup de gratter 1200 boules ! Le locataire n'y est pour rien l'enveloppe est collée, il a dû lui dire de ne donner que la première dans un premier temps, enfin j'imagine. Bref comment perdre deux heures en conneries.

    A 13h et quelques je suis à Oberhoffen, patelin connu pour son régiment d'artillerie qui avait autrefois le système Pluton comme à Bourogne. La bombe atomique tactique avec une portée de 120km max, on aurait tiré et vitrifié nos amis allemands plutôt que les Soviétiques, ça fait désordre. Bref, je livre encore une réno mais simple cette fois chez des gens super gentils, ça change, le client est blessé je me fais le liner à la corne, ils me remercient devant un café.

    Je fais ma première piscine complète de la tournée vers Saverne. Maison facile à trouver, il y a un camion d'Alsavert devant la porte. Eux c'est pas des rigolos, pelle-Bobcat-tombereau-camion grue tout neuf, ils ont du matos ! Le chef d'équipe je l'avais déjà vu il y a longtemps, je dépose comme ça l'arrange, ça ne traîne pas.

    J'ai encore une réno de l'autre côté de Saverne, le pépé a bien du mal, je refuse qu'il m'aide, je prends un coup de chaud, j'accepte un Schwepp's. Dernière réno du jour à Francaltroff chez un retraité récent, fastoche.

    A 19h je suis au routier à Herbéviller, j'ai bien bossé. Je tombe sur un ancien Buffa puis un autre c'est assez incroyable. Au bar j'attrape le patron cuistot : «la semaine dernière j'ai réservé des pâtes poulet pesto mais je veux pas être chiant, laisse tomber je mange comme tout le monde. » « Tu rigoles ? Je les ai faites exprès cet après-midi, c'est quand tu veux. » Les collègues sont verts ! C'est pas fou cette histoire ? Manger à la carte dans le menu à 15 balles !