Carnet de bord de Aout 2018 | Partager sur Facebook |
J’ai trainé un peu tard hier soir et ce matin le réveil est pas facile facile et pourtant il est déjà bien plus tard que ce qu’il aurait dû mais j’avais pas envie de partir sans mon carburant matinal alors j’ai fait des grands calculs d’apothicaire hier soir :
“Si je suis prête dès qu’ils ouvrent,
que je bois mon café très vite,
qu’il n’y a personne devant moi,
et que ça charge bien…
ça peut le faire”
C’est comme ça que commence ma journée, au comptoir, à avaler cul sec un café brûlant tout en commandant un double à emporter.
J’arrive à l’usine à Neau il est 8h et là c’est le drame, y’a une file d’au moins 10 camions ! J’ai jamais vu ça dans cette usine, je suis étonnée, j’ai envie de savoir ce qui se passe donc quand j’aperçois un groupe de 3 ou 4 employés de la carrière en train de causer au pied d’un bâtiment j’enfile un gilet fluo et un casque puis je descend du camion. J’ai à peine mis le pied à terre qu’un des types vient à ma rencontre avec ce petit air arrogant du mec qui va te prendre la tête :
“Salut, qu’est ce qu…
-Alors, déjà, le short c’est interdit, hein, d’abord, donc tu vas remonter dans ton camion mettre un pantalon et aussi les lunettes de sécurité. Et c’est tout de suite !!!” (c’est son projeeet !!!)
Et ben toi mon gars t’es l’exemple même de ce qui se passe quand on donne un tout petit pouvoir à un grand imbécile. Je remets pas en question les règles qu’il m’a demandé d’appliquer mais son approche était vraiment ridicule. J’espère que tu marcheras pied nu sur un lego avant de tomber tête la première dans une pizza à l’ananas grand con !
Finalement je reste dans mon camion, en pantalon, si j’en descend je risque de lui arracher les oreilles avec les dents. De toute façon la file de camion avance petit à petit, je pense que ça se débloque. Je m’enregistre à la bascule, il y a deux camions devant moi au poste de chargement. Y’a des Rouxel de tous les côtés dans cette usine, c’est un de nos fief. A ce poste de chargement là les habitués se chargent tout seuls. Aujourd’hui le gars qui s’occupe des chargements est débordé donc je demande à un collègue de me montrer vite fait et je charge mes 7 tonnes de chaux moi-même.
En attendant pour repasser sur la bascule je discute avec des employés de l’usine. Je suis encore énervée de la rencontre que j’ai faite à mon rrivée. J’apprends que mon grand con “est con de naissance” et aussi qu’il aurait une forte tendance au harcèlement moral sur ses subordonnés. Tiens donc, quelle surprise ! ça va un peu mieux : p’tet bien que je poste des shorts mais moi au moins j’peux me regarder en face dans le miroir le matin (quand j’ai pas les yeux qui louchent).
Je prends la direction de St-Malo et je passe un coup de fil au mec de la station d’épuration que je dois livrer pour savoir si je peux passer sur l’heure de midi. Il est super cool il me dit qu’il va rester pour me recevoir. Je récupère ma soeur en chemin, elle va pas rester longtemps avec moi mais pour une fois que mon programme et son planning concordent on en profite ! On parle un peu de mon taf mais surtout de ses projets à elle qui évoluent vite en ce moment. ça me fait trop plaisir de l'avoir avec moi. La station est récente, y’a de l’espace pour manoeuvrer, c’est agréable. 7 tonnes c’est pas long à vider, et 45 minutes plus tard on s’en va à St-Malo, pause burger chez Quick et on part chacune de notre côté : ma frangine au boulot et moi au lavage !
La chaux c’est une vraie merde à laver, c’est super irritant pour les yeux, la peau, les voies respiratoires, en plus ça réagit à la flotte et si ça prend l’eau sans être lavé tout de suite ça colle à mort. Je lave donc ma chaux, au karcher, en apnée dans la citerne. Je vais m’étouffer ! Je suis sûre que je vais m’étouffer ! Bon ok je vais p’tet pas m’étouffer… Si je vais m’étouffer ! Je me suis pas étouffée.
Comme je suis toujours en vie je peux reprendre le volant en direction d’Ecouché, dans l’orne, où je dois charger cet après-midi. Avec une citerne propre et sèche. Propre c’est réglé, mais sèche ça risque d’être délicat, il pleut des cordes, puis des averses de grêlons hyper balèzes, puis des cordes… Je roule capots entrouverts en espérant que le vent soit plus fort que la pluie. A chaque départ d’averse de grêle les gens sautent sur les freins de leurs voitures. Si y’a des automobilistes qui me lisent : il ne faut pas faire ça, la grêle c'est de la glace, la glace ça glisse, c’est dangereux de freiner sur une chaussée glissante !
Je sais pas jusqu’à quelle heure on peut charger sur ce site, j’arrive à 18h et je m’attends à me faire refouler mais non, on me reçoit gentiment, en fait il reste plus d’1h avant la fermeture. Ma citerne est miraculeusement presque sèche. Un petit coup de serpillère dans le fond et je peux passer sous le silo. Un chauffeur d’une autre boite est en train de charger et je remarque qu’il a ouvert ses capots 3 et 4, ça m’interpelle, en principe sur une citerne à 5 trous quand on charge par deux trous on ouvre plutôt les 2 et 4. Je suis curieuse alors je vais lui poser la question, il a peut être quelque chose à m’apprendre.
“Je fais de la citerne basculante que depuis hier et le collègue qui m’a formé fait comme ça” est une excellente explication mais je vais continuer à faire comme j’ai fait jusque là. Lui il verra bien ce qui lui convient le mieux au fil de sa pratique.
Quand je sors d’ici il me reste 1h30 à rouler, c’est chaud, tout est fermé en ce moment et j’aimerais vraiment prendre une douche parce que j’ai de la chaux plein les cheveux. Je tente le resto à St-Hilaire-du-Harcouët mais c’est fermé aussi. Je suis dégoutée. Je me pose sur leur parking et je pars en quête d’un resto ouvert en ville. Cette ville est totalement morte ! Tout est fermé, je suis au bord de la crise de nerfs, quand tout à coup : PIZZERIAAAA !
Je suis sauvée !