Carnet de bord de Juillet 2018 | Partager sur Facebook |
5h du mat j'ai des frissons, je claque des dents et je monte le son je suis à la porte du resto en train de hurler en me roulant par terre pour qu'on me donne ma dose matinale de caféine. J'ai passé une nuit pourrie. Je bois mon café en m’enregistrant pour l’eurovignette. Je vais faire toute la montée par les Pays-Bas et je finirai par de la nationale en Allemagne, économies économies, je veux que mon boss s'offre une voiture encore plus grosse l'année prochaine. Je suis comme ça moi. Altruiste.
Je traîne pas à me mettre en marche, j'ai encore 4h de route pour arriver à Wildeshausen. J'attends d'être en Allemagne pour faire ma première pause café. Je me suis beaucoup entraînée pour ce moment. C'est l'instant de vérité :
“Morgen, einen kaffee bitte”
La dame répond à mon bonjour et me sert un café. Victoire ! Puis elle commence à me parler comme si je pouvais la comprendre. Je fais moins la maligne d'un coup, et je suis obligée de tomber le masque et révéler la supercherie.
J'arrive à l'usine à 11h, ça prend un peu de temps pour peser, prendre l'échantillon, remplir quelques papiers et prendre les instructions. Une bonne demi-heure plus tard je m'installe et j'envoie la purée, enfin non, la bentonite. Ça vide super bien mais je prends mon temps parce que je connais la suite du programme et c'est vraiment pas la course, donc autant étaler la perte de temps sur plusieurs étapes plutôt que faire une coupure de 15h.
Je repars en direction de Moerdijk (NL) où je dois charger demain matin après le lavage. C'était pas une mauvaise idée en théorie de prendre la nationale en Allemagne, mais en pratique c'est juste :
1) une énorme perte de temps
2) trop chiant
Être limité 60km/h sur des routes larges, droites et en parfait état, ça donne envie de se flinguer. C'est TELLEMENT LONG ! Heureusement je finis par arriver à la frontière Hollandaise et je peux enfin accélérer à 80km/h ! Quelle joie ! Quelle liberté ! Grisée par la vitesse, le monde m'appartient !
Bon je commence à en avoir marre de cette journée molle et longue. J'ai faim, je suis fatiguée, j'ai envie de prendre une douche. Je suis en train de ronchonner toute seule quand j'aperçois sur un pont au dessus de l'autoroute 2 silhouettes en train de remuer. En m’approchant je vois que ce sont deux adultes qui font coucou aux camions. Je suis surprise de voir des adultes pratiquer cette activité, puis je remarque la minuscule blondinette dans leurs pattes, accrochée aux barreaux en train de sautiller sur place, je comprends mieux. Je leur fais des appels de phares et un concert de “pouet pouet” à défaut d'avoir des trompes dignes de ce nom. C'est un peu gnan-gnan dit comme ça mais ces moments d'échange furtifs me font trop kiffer. Ça dure qu'une seconde ou deux mais ça me file grave la banane. Je suis reboostée pour la fin du trajet. Comme quoi parfois il suffit de pas grand chose.
J'ai repéré un resto pas mal sur Truckfly mais quand j'arrive à 19h30 il n'y a que 6 camions sur le grand parking et personne en train de boire un verre en terrasse. Y’a comme une odeur de resto fermé dans l'air et il est hors de question que je ne prenne pas de douche et que je ne mange pas un vrai truc : chaud, à table et dans une assiette ! J'ai tout juste assez d'heures pour aller au resto suivant, la décision est vite prise, c'est reparti.
Quand j'arrive au resto de Moerdijk le parking est carrément plein, je sais jamais où me mettre en dehors des places. Il est plus de 20h, j'ai 9h58 de volant et 4 place pour frigos sont encore libres, tant pis, j'en prends une au risque de me faire déloger par un chauffeur fâché et part me taper un énorme plat de pâtes bolo.