Un lundi 28 avril 1955, vers 17 heures à Vannes, je suis né. Si, si.
Bizarrement, je ne me souviens pas du tout de ma conception, ni de ma naissance. J'ai beau chercher, rien. Alors tant pis, pas moyen de savoir si j'étais heureux d'arriver au monde. Mes parents habitaient alors rue du Champs-Creiss à Damgan. C'était bien en Bretagne çà.
Mes premiers souvenirs remontent à la naissance de ma sœur. Donc je devais avoir environ quatre ans et quatre mois. Ma mère était alors à la clinique et j'étais dans le parc avec ma grand-mère. Nous voyons un train passer et ma grand-mère me disait qu'il amenait ma sœur. Je pense que je l'avais cru. On est bête à cet âge là.
Durant mon jeune âge, je me souviens des arrivées de mon père à la maison. C'était la fête. Il travaillait sur les pétroliers de la Shell. Il parcourait le monde pendant quatre ou cinq mois, et restait ensuite un mois à la maison. Au début, il ramenait toujours un cadeau d'un pays étranger. Une babiole, un petit rien, mais c'était la surprise qui comptait.
De temps en temps, il faisait escale dans des ports Français. Une fois lors d'un voyage à Brest, que nous avions fait en voiture, afin de le rejoindre. Ma grand-mère dormait à l'hôtel, ma mère et moi dans la cabine du bateau de mon père. Tout fier j'étais. Le problème, c'était que le bateau était en déchargement, et il penchait. Il penchait même beaucoup pour le grand bébé que j'étais. Si bien qu'en pleine nuit, ma mère m'a envoyée dormir à l'hôtel avec ma grand-mère. Au retour de ce voyage, quoique ce fût peut-être d'un autre, nous avions dormis dans un hôtel à Quimper. Il y avait des oreillers immenses, comme je n'en avais jamais vus. Ils devaient prendre la moitié du lit. Le tout dans une chambre rustique, mais nous étions dans les années 60.
Les exploits de mon père en matière de conduite automobile étaient exemplaires. Heureusement, il n'a jamais eu son permis de conduire. Il était incapable de faire marcher ses mains et ses jambes en même temps. Lors d'un essai avec la Dauphine familiale, Monsieur n'a pas trouvé mieux que de casser la seule borne à incendie du quartier. Ce qui a eu pour effet d'inonder tout le pâté de maisons. Pour moi qui étais petit, j'avais eu une peur immense d'être noyé.
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Plus tard, ayant un peu grandit, il fallait aller à l'école. Ecole des curés évidemment, ce qui impose la messe le dimanche, et tout le tra la la. N'oublions pas que nous sommes en Bretagne.
Ma première maîtresse (d'école), fut Mademoiselle Le Berre. De très bons souvenirs, quoique finalement, je ne me souviens de rien, si ce n'est que des livres où l'on apprenait les lettres de l'alphabet. Et encore, parce que j'ai eu l'occasion, il y a quelques années dans voir un dans une brocante. Cela a fait tilt. J'avais déjà vu ce livre, il y avait quarante cinq ans. |
A l'école, c'était la connaissance des jeunes de mon âge. Je cite des noms au hasard qui me reviennent en mémoire. Ceux qui ne seront pas cités ne m'en voudront pas, j'espère.
Georges Talhouarne, Jean Paul Landais, Guy Mérian, Jean Paul Nahel, Monique Orgebin, Chantal Nahel, Chantal Blanchard, Michel Dugué…
L'école était classique, avec trois ou quatre grandes salles de classe, sur toute la largeur de la cour. Un préau de chaque coté et derrière les bâtiments, un grand champ, où évidement personne n'avait le droit d'y aller. Champ, qui a servi en partie au Recteur de Damgan, Constant Larboulette, pour faire une salle de théâtre et de cinéma. Il avait le sens des affaires celui-là. Il avait fait aussi ultérieurement dans le bourg, un grand hangar, surnommé « l'abri ». Soi-disant pour y célébrer la messe l'été, car avec tous les touristes, l'église était trop petite. C'était vrai, Damgan, 816 habitants l'hiver et 15 à 20 000 l'été. Cela dit, dans l'abri, messe l'été et gardiennage payant pour les bateaux et les caravanes, l'hiver.
Pour en revenir à cette école, un jour, un élève bon viseur, quoiqu'il ne l'ait sans doute pas fait exprès, a tapé dans un ballon. Cet idiot de ballon, n'a pas trouvé mieux que d'aller frapper de pleine face une maîtresse d'école, madame Pichon, je crois. Qu'elle idée, elles avaient ces dames de traverser la cour en plein match de foot.
Pour les périodes de Noël, on ne coupait pas au théâtre de Noël, avec ses sketchs plus ou moins débiles, qu'ils fallaient jouer devant les parents. C'est quand nous sommes parents à notre tour, que nous nous aperçevont à quel point c‘était débile. Et pourtant on s'y croyait, à jouer les cow-boys en chemises à carreaux.
En passant dans la classe des grands, à savoir le CM1, je passais avec la fameuse Mère Sainte Reine. Hou! Là là, une sœur, pas une bonne sœur, une mauvaise soeur, oui. Que de mauvais souvenirs, elle gueulait, elle tapait et cognait, si, si, à coups de règle carrément.
Tous les vendredi, il fallait passer l'encaustique sur les tables et le parquet. Ensuite il y avait une petite cérémonie religieuse où un élève pris au hasard, devait allumer des bougies avec des allumettes. A cette époque, j'avais la hantise du feu, et j'ai eu de la chance de pouvoir éviter cette corvée. Par la même occasion, nous avions le droit aux bons points, qui n'étaient en fait que des images pieuses. Pour terminer le tout il y avait une distribution de petits gâteaux en forme de poissons, avec une espèce de confiture à l'intérieur. C'était l'époque, où le clergé était riche, je pense. Ou alors, les affaires du curé marchaient très bien. Après réflexions, je pense que c'est plutôt cette dernière solution, la bonne.
Le midi, comme ma mère et ma grand-mère allaient à la pêche, ainsi que beaucoup de mères d'écoliers, nous mangions tous à la cantine des sœurs évidement, près de l'église. Elle existe encore cette cantine, avec sa petite cour extérieure, et le muret sur lequel on montait, et on se faisait engueuler. Pourquoi ? Mystère encore… Je n'ai plus aucun souvenir des repas, qui devaient être classiques à cette époque d'après-guerre. Par contre, je sais qu'il y avait souvent des épinards et du céleri, choses que j'avais en horreur. Alors que maintenant, j'aime bien. Comme quoi, il ne faut jamais dire, fontaine je ne boirais pas de ton eau.
En face de cette cantine, habitaient Mademoiselle Moileau, et sa mère, ainsi que des dizaines de chats. Elle était, il me semble, membre de la SPA. C'est elle aussi qui s'occupait de l'église, des choristes, dont je faisais partie, du presbytère, et peut-être même du recteur. Ho !! Non, non, je n'ai rien dit, c'est du blasphème. Dans ce presbytère, il y avait le frère de Constant, François Larboulette. Lui il paraissait un vrai saint, par rapport à son cadet. Il faisait de la moto, et à chaque départ, il se signait. Peut-être cela lui a-t-il servi pour ne pas avoir d'accidents, mais il est mort quand même de maladie. Constant l'a suivi quelques années après.
Ce fut durant ces périodes que l'on a séché une après-midi de cour, pour assister à la télé de l'école à l'enterrement de Sir Winston Churchill. De ce fait, je pourrais cibler la date au jour près. Mais honnêtement, je n'en ai pas le temps, ni la volonté.
Mon père travaillant comme marin sur les pétroliers de la Shell, nous bénéficions d'un mois de colonies, tous les étés. Etant petit enfant, la première année avait été très dure pour moi. Nous avions pris le train à Nantes, et ma mère pour me consoler, m'avait payée un petit camion citerne BP. Au retour, trois ou quatre semaines plus tard, j'avais un pansement sur la tête, j'étais parait-il tombé d'un arbre. Cette première colonie se passait à St Alban dans les Alpes, Les suivantes ont eu lieu à La Ravoire, La Féclaz. Quant à la dernière cela se passait à Gavarnie, dans les Pyrénées, comme chacun sait. C'est là d'ailleurs que tous les matins j'entendais des bruits bizarres. Ce n'est qu'au bout de plusieurs jours que j'ai appris que c'était tout simplement des ânes, qui servaient pour les promenades en montagne. Je n'avais jamais entendu un âne avant. Moi, je ne faisais pas ce bruit là, pourtant à l'école, on me disait souvent que j'étais un âne. Toujours à Gavarnie, j'ai eu aussi l'occasion de me promener sur des neiges éternelles, et de voir des edelweiss, ces jolies fleurs de montagnes, qui sont depuis devenues très rares.
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