Quelques mois plus tard, après beaucoup de difficultés administratives, nous avons tenu la promesse faite à Helena, notre prof de Français, nous l'avons fait venir chez nous. Son mari aussi était invité, mais lui n'a pas été autorisé à sortir de son pays. Nous avons donc été chercher Helena à la gare, à Paris. Elle était heureuse. Après un petit déjeuner, nous avons visités un peu les monuments de Paris. Elle savait leurs noms par coeur, et leur histoire. Nous, bien souvent nous ne le savions pas. Je pense que nous avons fait une bonne action en lui donnant l'occasion de réaliser son rêve. Certainement, le retour dans son pays, avait du être dur, mais c'est la vie. Nous avons toujours gardé le contact avec elle par courrier.
Le temps aidant, ainsi que la mauvaise qualité de la carrosserie de mon Iveco, celui-ci commençait à pourrir. Les montants autour du pare-brise commençaient à être bouffés par la rouille, au point de pouvoir passer la main au travers. Si, si, Il fallait donc se résoudre à le changer.
Ce fut donc un Renault qui arriva à la maison. Mais un Magnum AE, c'était un des premiers modèles qui venaient de sortir. Donc, le nouveau avec en première mondiale, le plancher plat. Un véhicule de grand luxe pour l'époque avec climatisation, chauffage autonome. Bref le haut de gamme de l'année. Oui, en cette année là, car maintenant en 2003, le même véhicule ferait figure de « poubelle ».
A mes débuts dans la ferraille, et ayant toujours de la malchance, j'ai eu souvent des pneus éclatés. Déjà, le fait de charger chez des ferrailleurs, facilite les crevaisons, alors là avec le diable qui me poursuivait, et à 1800 FRF, pièce, cela me faisait mal au ventre, quand c'était un bon pneu, voire un pneu tout neuf qui explosait, après avoir passé sur une vieille soupape qui traînait pas là, dans une mare d'eau, sur un chantier.
Pendant un certain temps, cela était systématique, un pneu éclaté par semaine, et souvent quand Sébastien venait avec moi, quoiqu'il n'y a pas de rapport de cause à effet. Une fois, en plein été, mais sous la pluie à trois heures du matin, un peu avant Bordeaux, un pneu de la remorque lâche. Bon il fallait mettre le bleu, et le changer, puis après, ce n'était plus la peine de dormir. En arrivant dans la matinée à la douane, j'entends un « Pschiiiiiiit », c'était un pneu du tracteur qui était crevé. Bon j'avais l'habitude, et je l'ai changé. Ensuite j'ai été vider ma ferraille. Puis je suis parti recharger du maïs dans les Landes pour rentrer. Je repasse Bordeaux, et quelques kilomètres après Blaye, « Boum », troisième pneu de la journée. Heureusement un marchand de pneus n'était pas loin. J'avais du en racheter un, alors que j'en avais à la maison. Trois dans la même journée, ce n'était quand même pas le hasard, çà quand même, ce ne pouvait être que l'oeuvre d'une sorcière.
Peut-être la même que j'avais vue un samedi matin, sur la nationale 10, à Labouheyre. Dans les seuls virages qui existent dans les Landes. J'en étais à mon troisième tour donc, dans la nuit du Vendredi au Samedi. Dans la lueur des phares, je vois une forme blanche sur le bord de la route. Puis au fur et à mesure que je m'approchais, je vois une « Fatma », sur le bord de la chaussée, pas sur l'accotement, mais sur la chaussée, au point que j'ai du faire un écart pour l'éviter. Je ne voyais pas son visage, mais elle était toute en blanc. J'avais la CB, et j'ai appelé pour savoir si il y avait quelqu'un qui passait par là, pour me dire s'il l'aurait vu, mais il n'y avait qu'un camion Espagnol qui m'avait doublé un peu plus tôt, et je n'ai pas eu de réponse à mon appel. Ce ne fut qu'en rentrant à la maison, et en racontant mon histoire, que j'ai appris, que c'était peut-être la « Dame Blanche », sorte de vierge, dans le domaine ésotérique, dont l'apparence annoncerait des malheurs, etc… Avec le recul, c'était un fait, je ne voyais pas du tout ce qu‘une femme aurait pu faire là à trois heures du matin, sur le bord de la route, sans même se ranger, et je n'avais pas pu voir son visage. Depuis j'ai repassé par là des centaines de fois et je ne l'ai jamais revue.
Avec ce Renault, j'ai eu d'autres soucis encore. Car les soucis reviennent plus facilement en mémoire, que les bons moments.
J'arrive donc vers 10 ou 11 heures du matin au péage du Bignon après Nantes, en direction de l'Espagne. Contrôle de la DDE, pour une fois, je n'ai rien à me reprocher. Contrôle des papiers, des disques, RAS. L'inspecteur me demande s'il peut monter voir le mouchard. N'ayant rien à me reprocher, je lui dis: oui. Je le vois trifouiller avec un stylo et quelques instants plus tard, il redescend avec le plomb dans les mains. Aussitôt, il appelle les gendarmes, soi-disant que j'avais fait sauter le plomb pour trafiquer l'appareil, alors qu'il en était rien. Aussitôt, camion immobilisé, voyage sous escorte à la gendarmerie et appel au procureur de Nantes pour passer au tribunal en flagrant délit. N'importe quoi. Toujours est il que vers 16 heures, sur ordre du procureur, j'ai conduis le camion, sous escorte à un centre de montage des chrono tachygraphes, à Montaigu, afin d'expertiser l'appareil. Celui-ci n'avait rien du tout et ils ont du me laisser repartir. Seulement, j'y avais passé la journée. Par la suite, j'avais envoyé plusieurs lettres de protestations à la DRE et au Ministère des transports, qui avaient donc fait des enquêtes, mais les réponses ont été banales et l'affaire en était restée là. Mais là, où c'est marrant, c'est que ce contrôleur là, je ne l'ai jamais revu depuis, pourtant j'ai été contrôlé plusieurs fois après.