Les affaires, comme je l'écrivais, marchaient bien. Pour faire plaisir à mon épouse, qui n'aimait pas l'immatriculation de la voiture, je l'ai vendue pour en racheter une autre en France. J'avais donc pris la toute nouvelle BMW 730D, qui venait de sortir. Elle avait le nouveau moteur trois litres diesel. Un peu plus chère, même beaucoup plus chère que ma 525 du Luxembourg. Bon vous, les curieux qui lisez mon livre, vous voulez un prix, 420 000 FRF, toutes options, TV, GPS, autoradio avec système DSP douze haut-parleurs, etc.

En 1997, j'étais décidé à faire du négoce sur le Maroc, pour le compte de ma Société au Luxembourg. Au début de l'année 1999, j'étais parti avec la BMW 730, contre l'avis de mon épouse, pour l'Afrique du Nord. Le soir, me trouvant au niveau de Bayonne, et ayant quand même des remords, suite à notre engueulade du matin, au sujet de ce voyage, j'appelle Jeanne. Cédant, une fois de plus à ses caprices, je renonce donc à ce déplacement. Par contre j'avais besoin de voir un de mes gros clients Français qui était basé en Auvergne. Je fais donc demi-tour, je trouve une chambre d'hôtel à Bordeaux et le lendemain après midi, je suis à mon rendez-vous à Issoire. De cette rencontre, il en était sorti un contact avec un éventuel futur client dans le nord de l'Italie. Là, je savais avoir l'autorisation de Jeanne, pour aller en Italie. Rendez-vous fut pris là aussi pour le lendemain après-midi. Ma visite en Auvergne se finissant relativement tard, je dors à l'hôtel en route. Le soir, au calme de ma chambre, je fais mes calculs sur les frais de transports, et les éventuels tarifs que je pourrais fixer, sur mes futurs voyages en Italie. J'en déduis, que l'opération n'est pas si intéressante que cela, et bizarrement, en partant le matin je prends la route de la maison, au lieu de celle de l'Italie. Dans le courant de l'après-midi j'entends à la radio, l'annonce d'une catastrophe au tunnel du Mt Blanc. C'était l'incendie du camion Belge, qui avait fait plusieurs dizaines de morts. Je m'arrête aussitôt. Non pas pour voir où était le tunnel, je le savais trop bien, mais pour calculer, le temps de trajet qu'il m'aurait fallu entre mon hôtel du matin, et le tunnel. A quelque chose près, j'aurais pu y être dedans moi aussi. J'aurais du passer en milieu de journée, peut-être un peu avant, peut-être un peu après, peut-être pendant. Et alors, je ne serais plus là. Cela aussi est à mettre sur le compte de mes aventures bizarres, tout comme mes accidents.

Puis, nous arrivons au Printemps de l'année 1999. En revenant d'Espagne, je reçois un appel téléphonique de Jeanne: « Il y a une lettre recommandée, tu as un contrôle fiscal ». Hou là, là, mauvais ça. Il y a de quoi s'inquiéter, car tout en restant relativement honnête, il y avait quand même comme dans toutes les entreprises, quelques vilaines choses à cacher. Avec le montage que j'avais fait, je n'étais pas tranquille, tranquille. De toutes les façons, je n'avais plus le choix.

Le contrôleur était donc arrivé. Il avait une dégaine bizarre, ressemblant plus à un pilier de comptoir, qu'à un fonctionnaire, que j'aurais plutôt vu en costume trois pièces et cravate. Son contrôle avait duré plusieurs semaines, entrecoupées par la prise de ses vacances, pour ce terminer fin août. Entre temps, j'avais acheté une remorque neuve, une Schmitz, que j'avais été chercher en Allemagne à l'usine. C'était une savoyarde avec rideaux coulissants. Le coût ? Décidemment vous êtes des curieux, 185 000 FRF HT.

Début septembre, rendez-vous avec le contrôleur et l'expert comptable à la maison, afin d'officialiser la fin du contrôle fiscal. Alors, le résultat ? « Je fais le point et je vous tiens au courant ». Manifestement, il y avait déjà connivence avec le comptable, car lui ne m'avait rien dit, et je n'ai jamais pu le revoir par la suite.

Quelques jours plus tard, je faisais un tour dans le sud ouest de la France, avec ma savoyarde. J'avais remonté du bois dans le Finistère. A partir de là, mon téléphone ne fonctionnait plus, ou très mal. Bizarre. J'ai donc rechargé comme prévu, à Mellac pour le sud-ouest. Tout le long de la route, pas de téléphone. Ensuite j'avais donc rechargé des ardoises pour revenir en Bretagne. Ardoises que j'ai vidées le lendemain à Messac. Puis je suis rentré à la maison manger pour midi, avant de repartir à Mellac recharger un deuxième tour. A peine arrivé à la maison, la sonnette de la porte d'entrée retentit. Sébastien va voir, et revient en me disant, qu'il y a quatre hommes qui me demandent. Là je sens que cela se passe vraiment mal pour moi. Je sens le coup fourré et je comprends le brouillage de mon téléphone. Les quatre lascars étaient de la PJ financière de Rennes. Une plainte avait été déposée par les services fiscaux, pour fausses factures, escroquerie à la TVA et tout ce qui va avec, la totale quoi. Sébastien est donc allé chercher sa mère au salon de coiffure. Elle, elle est tombée des nues, la pauvre, elle avait blanchie d'un coup. Moi aussi d'ailleurs, Ensuite perquisition dans le bureau, dans la voiture, dans le garage, et dans le camion. Ils ont été corrects, il n'y avait rien à redire, surtout devant Sébastien, qui était jeune. Puis ils ont embarqués tous les papiers comptables dans deux voitures banalisées, et moi avec. Ce qui n'avait pas empêché certains Noyalais de m'avoir vu embarqué dans un fourgon de la gendarmerie. Ben tiens !!!

 

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