Au niveau scolaire, cela ne se passait pas trop mal. Il y avait parmi les profs, pépé et mémé Le Toux, tous deux profs de maths. Ils venaient chacun avec leur 504 Peugeot. Madame Martin Daguet, prof de français, qui au bureau, croisait les jambes bien haut, si bien que l'on voyait qu'elle portait des bas. De temps en temps, c'était un bout de jarretelle que l'on voyait. Ha ! Heureuse période où les collants n'existaient pas encore. Monsieur Provost, prof de Français et histoire géo. Il était célibataire, environ la cinquantaine. Il s'est marié durant cette période là d'ailleurs, personne n'en revenait. Une fois, en rentrant dans une salle de classe, il dit tout fort, s'adressant aux élèves « ouvrez donc les fenêtres, ça sent le fauve ici ». Ces paroles ont eu le don de provoquer l'hilarité générale. C'était tellement inattendu et comique de sa part que cela restera toujours encré dans ma mémoire. Une nuit, nous avons été réveillés par les pompiers. Dans une salle, un poste de télévision avait implosé, mettant le feu à la salle.
Il y avait dans ma classe, un certain Philippe Bonnec, et deux classes en dessous, son petit frère. Ce Philippe était très calme extérieurement, voire même un peu coincé, mais hyper nerveux intérieurement. Un jour dans la cour, pour une raison bête évidemment, j'ai donné une claque à son frère. En retour, le grand m'a donné un coup de poing dans le nez. Je n'avais rien vu venir, mais alors rien.
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A Vannes, je haïssais les récrés. Alors que pratiquement tous les autres jeunes jouaient au foot, je restais assis sur un banc à bouquiner. J'étais déjà un peu solitaire, cela n'a pas beaucoup changé aujourd'hui. Je préfère être tout seul dans mon coin, car dès qu'il y a un peu de foule, la panique et l'angoisse s'empare de moi.
Nous avions obligatoirement des blouses grises ou bleues, et les filles des roses.
Les cours de physique chimie, avaient lieu dans une salle spéciale avec une estrade. Il y avait plein d'éprouvettes, de flacons et autres tubes à essai. Cette salle donnait dans une petite cour à l'arrière du lycée. Il y avait un escalier extérieur en colimaçon, qui existe toujours. De ce coté des bâtiments, nous avions une vue privilégiée sur la maison d'arrêt. Si j'avais su que trente cinq années plus tard, j'aurais eu l'occasion d'y faire un tour, je ne l'aurais pas cru.
La route nationale, passait là aussi. La RN 165 Nantes Brest. La circulation n'avait alors rien avoir avec celle d'aujourd'hui. Dans la côte, nous entendions les camions monter lentement, les vitres vibraient, je rêvais. Il y avait des Bernard orange de la STP de Nantes, Société des Transports Pétroliers. 180 chevaux, des Berliet, et certainement, des véhicules d'autres marques, que je ne connaissais pas encore.
Les jeudi, je faisais du judo au JCM de Ménimur. J'aimais bien, j'avais été jusqu'à la ceinture verte, mais c'est bien loin maintenant.
Comme je devenais fort et puissant, rançon du succès oblige, pendant les vacances, il fallait aller aux huîtres. A Pénestin, ou Cromenac'h, avec ma mère et ma grand-mère. Non seulement, il fallait monter mes sacs, environ 30 à 40 KG chacun, mais aussi ceux de mes deux parents. Dans la vase de Cromenac'h et sur les falaises de Pénestin, ce n'était pas une sinécure. Ils étaient loin les deux litres de bigorneaux que je pêchais avant. En saison, une ou deux fois par semaine, un marchand d'huîtres venait de La Tour du Parc en camion, un Hotchkiss, les chercher. Je prenais plaisir dans la caisse à ranger les sacs, ou à emmerder l'ostréiculteur, car je pense que c'était lui qui faisait tout le boulot. Mais je m'y croyais déjà.
Puis ce fut la fin de troisième, la période du BEPC. La hantise de redoubler, ou de ne pas avoir l'examen. Déjà ma voie était tracée depuis longtemps, je voulais être routier.
BEPC reçu haut la main, et passage dans une école de routiers, accepté. La consécration, quoi ! |