Carnet de bord de Octobre 2025 | Partager sur Facebook |
C'est vraiment un super plans parking ici, sauf que j'avais pas vu venir un truc. Il faisait chaud, j'ai dormi les carreaux ouverts, de plus, peu de chauffeurs dorment au camion, la plupart garent et rentrent dormir dans leur plumard. Donc, quelque soit l'heure ou ils décollent, il klaxonnent à la barrière pour réveiller le vigile. Et par la même occasion, me réveiller moi. Je sais pas combien de fois je me suis fait réveiller du coup, mais un sacré paquet. A 8h je suis quand même sorti du lit pour dejeuner, la douche ici, c'est de 4 étoiles, vraiment un bon plan.
J'ai poireauté encore jusqu'à 10h, y a que dalle, je remonte tranquille, sans me presser, sur une A5 aussi vide que mon cerveau. C'est plus que le pied de rouler comme ça, tout seul à 80, t'as le temps de compter les vaches dans les champs. Je me suis encore garé une heure et couper en même temps en attendant au cas ou. A un moment donné, il faut bien revenir à la réalité, après Talavera le trafic reprend des couleurs, et plus je m'approche de Madrid plus ça roule, forcement à 17h... J'ai même eu des bouchons avant d'arriver au M50. Mais bon, Madrid, c'est pas Londres ou Milan, ça avance quand même, je suis un peu après 18h au circuit de Jarama, ici, pas de prise de tête, il y a de la place au large, avec un peu de chance personne ne klaxonnera cette nuit pour dormir !
Conforme à mes prévisions, la nuit a été archi calme, et avec la vie que je mène parfois, ça fait plus que du bien ! C'est ma semaine glandouille, j'en profite. Avec le lever du jour, j'attaque à vider mes bidons au sol, je supporte largement le blouson, il caille bien ce matin. Quand je sens que les paddoks commencent à sortir du lit, je peux distribuer tranquille, sans courrir, aucune pression. Avoir le temps, ça fait du bien. Café ici, petit gâteau là, non c'est plus du boulot, c'est une activité de l'EPAD. Bon, fait quand même bouger les fûts à la main. A 11h j'ai livré pratiquement tout le monde, sauf 2 retardataires habituels, je peux largement aller me prélasser sous la douche.
J'ai plus qu'à récupérer un peu des fûts vides, et préparer mes itinéraires, Franck m'a sorti 2 ramasses autour de Valladolid en pinard. La team Lion arrive à 18h, les français toujours à la bourre. Les Portugais vont arriver dans la nuit. Je me sauve à 19h, prêt à faire 160km non stop, je suis un fou. Somosierra c'est pas du repos, mais avec 200kg dans la remorque c'est ue promenade de santé, quand à ceux qui roulent en Range T avec double remorque, ils montent moins vite qu'avec un Pegaso. Au début des doubles remorques la plupart avaient des camions avec des cv, maintenant n'importe quelle poubelle fait l'affaire. Il y avait une éternité que j'avais pas pris la 122 entre Aranda et Valladolid, c'est toujours pareil, en 2x1 voie ave des tracteurs qui roulent même de nuit et encore pas mal de trafic, c'est chaud !! A 21h30 je me gare dans le Poligono à Penafel, j'ai pas courru le risque d'aller me garer au plus près de la cave ou je charge ne sachant pas trop si on peut se garer.
C'est l'heure d'embauche dans le petit poligono industrial de Penafel, au fur et à mesure que ça se remplit de bagnoles, les camioneros dont je fais parti lèvent le camp. Devant moi, alors qu'il y a plein de terrains vague, un chauffeur descend et pisse de bon cœur sur sa roue, la grande classe. Il y a encore de sacrés porcasses dans la profession. Je me tire donc un peu avant 8h, le jour a bien du mal à se lever, j'ai 5km à faire pour trouver le chemin de la Bodega, et en plein ligne droite sur la 122, il y a plutôt interêt à surveiller son arrière train. Par chance, pile à mon chemin, un rond point tout tordu et provisoire, il faut escalader une ancienne voie ferrée, le coffre à palette pourtant haut sur la Cargobull passe tout juste. Au bout d'un km de chemin de terre au milieu des vignes, j'arrive à bon port, finalement c'était suffisamment large pour y dormir, mais si on savait tout… Au bureau, la fille est super rigolote, et ils étaient avertis de mon passage, les 7 palettes sont prêtes, on charge.
En partant, le cariste m'indique un autre chemin, plus plat pour rejoindre la nationale, mais par contre gross stress comme on dit en Espagnol pour sortir. Le complément est à 70km de là dans une immense bodega à Cigales. J'avais hésité un peu après Valladolid, et finalement j'ai quand même tenté de passer par le centre du pueblo, c'est pas hyper large mais ça le fait. Le domaine est gigantesque, propre, j'y connais rien en vin du Duero, mais ça sent grave le pognon ici. 19 palettes à prendre ici, le cariste est pas super causant, mais diablement efficace. En 30 minutes c'est chargé, il est 11h, 1200km encore et c'est la maison. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, un arrêt s'impose, il est l'heure de déjeuner et se faire couler un bain. Je fais ça au Zamorano juste avant Palencia, typique et bondé de vieux, de jeunes, de touristes, de paumés, toute une faune bruyante. Encore une grosse demi heure le tout, les compteurs sont remis à 0, je peux maintenant chausser mes semelles de plomb. Presque pas de trafic, encore moins de camions, ça file, du moins jusqu'à Burgos, après au plus je monte vers Irun, au plus ça roule. Pour garder la couleur locale pour une fois que je suis pas en ADR, j'ai pris l'Echegarate. Si on se fie à Map, ça fait 8km de plus mais c'est tellement plus sportif. Passé la frontière je fais un stop à Bidard, c'est moins drôle.
Reste plus qu'à finir mes heures et monter au plus haut avec une légère complication due au championnats d'Europe de la pédale qui squatte 3 jours sur mon secteur. Pour rentrer à ma maison personnelle, il y a pas 50 routes, il y en a qu'une et je pourrais pas la prendre. J'ai bien cherché d'autres alternatives, rien à faire. L'usine au dessus de chez moi à pas reçu le moindre camion, la STEF a envoyé des porteurs à Vernoux plutôt que des semis, et l'Intermarché de Vernoux est livré après 80km de détour via Tournon Lamastre. Ah je me suis renseigné !!! Même Mich07 voyait pas comment faire ! Du coup, je me suis décidé, ça sera Albi Mende Le Puy demain, je vais perdre 1 ou 2h sur le temps de repos, mais voilà, le sport, les loisirs c'est la priorité en 2025. La preuve, le trafic qui sort de Toulouse direction le pays Basque est juste incroyable, c'est plein, archi plein. Je me suis posé à L'Isle sur le Tarn enfin côté industrie au calme, il était déjà 21h30, 9h50 de volant basta cosi.
Il faut pas déconner, 6h30, la coupure est bonne, je me taille. Un coup de balai sur le pare brise quand même histoire d'y voir clair, mais il fait nuit. Albi le samedi matin, ça passe crème et dès les premiers kilomètres sur la 88, j'attrape un sévère brouillard. Rodez s'anime tout juste et les seuls camions que je croise sont immatriculés LT. Les Toulousains sont déjà tous rentrés. Juste à la sortie de Rodez justement j'en rattrape un avec le combo gagnant baché Schmitz Mercedes, il m'a rendu fou, mais je l'ai vite doublé. Ma moyenne et ma conso s'écroulent rapidement dès Séverac, ça va être long. Après Mende, j'ai le temps de regarder le paysage bien que la Pierre Plantée soit noyée dans un épais brouillard. Je prends pas risques, le plein de vendredi passé est loin, par prudence je fais un complément de gasoil à la Total à Châteauneuf de Randon. Merde, les pompes sont éteintes, la borne marche pas, mais d'un coup je vois la porte de la station s'ouvrir, et une mamy en robe de chambre qui me dit de loin "on se reveille on met en route". Marrant les anciens, ils remplacent leur fils en vacances. Un café et je me sauve.
Le soleil finit par sortir d'un coup, j'étais bien. Surgit de nulle part, un motard de la gendarmerie nationale me double, son pote reste derrière, le premier debout sur ses cales pieds comme au 14 juillet me regarde, l'autre derrière double pas, y a les gyros, c'est pour ma gueule. Je réfléchis, j'ai rien fait. Bon ça a été répide, j'avais pas la ceinture, ils en ont profité pour tout éplucher, sauf la carte. FCOS, tout le merdier, mais ils m'ont pas fait souffler ni contrôle de drogue, j'ai insisté, j'avais le temps fallait que je coupe 30. Et puis ils se sont tirés me soulageant de 90 balles.
En passant à Langogne je les ai vu se garer, dure journée. Passé Le Puy, j'attaque le gros du dossier. Je déteste la route qui rejoint St Peray, mais j'ai pas le choix, toutes les routes pour rentrer à ma maison sont fermées à cause du championnat d'Europe de vélo. C'est pas tant que je sois chargé lourd, mais c'est surtout que j'ai pas envie que mes palettes bougent, alors j'y vais archi molo, Mars, St Agrève, Lamastre. A partir de là, il y a vraiment plus personne. J'étais tranquille, pas besoin de se mettre la pression, jusqu'au croisement de Leyrisse à 10km de la maison. Il y a 2 gendarmes qui expliquent aux gens de passage par ou se diriger, honnète, j'ai ralenti et ils ont courru vers moi. C'est interdit de descendre plus bas, et encore plus au 7T5, alors que rien n'est marqué et que la mairie nous a donné l'itinéraire à suivre. J'explique que j'habite sur le seule route ouverte, et que je passe bien loin des évènements. Très vite on se prend la tête, le jeune particulièrement pénible, la petite jeune beaucoup plus compréhensive. Ils voulaient que je me gare jusqu'à 18h, j'ai menacé de me tirer, bref, j'étais à deux doigts de prendre un outrage et une gav. Il voulait pas me passer son chef au téléphone, et puis j'ai fini par me garer en paquet de merde, prêt à descendre à pinces. Puis sont arrivés 2 autres voitures ventre à terre, je me suis dit, cette fois je vais déguster quand j'ai vu arriver des types habillés comme ceux du GIGN, plus le chef. J'ai réexpliqué mon cas, montré sur map, et ils ont bien vu du ridicule de la situation. C'est donc escorté par les gendarmes que je suis enfin rentré à la maison, il était 14h30, ras le cul.