FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Avril 2021 Partager sur Facebook
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  • les Français font du zèle à Irun
    Corrèze
  • Jeudi 15 Avril 2021
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    Réveil 6h je vais déjeuner, pour la douche c'est tôt, pas avant 7h, c'est nul ! Je paye le parking à la borne mais ça déconne, mon ticket ressort. J'en parle au gardien, il me dit de venir avec le camion. Bon. A la fenêtre il me dit : « tiqué de ración, tienes ? » Je n'ai plus de cheveux mais je ne suis pas si vieux, ma grand-mère a connu les tickets de rationnement, pas moi. C'est quand ses cheveux repoussaient. Nan je déconne, elle n'a pas été tondue à la libération ou couché avec les boches, au contraire, la légende familiale dit qu'ils se sont bien comportés, en bons bourgeois catholiques pratiquants, c'était inadmissible de s'en prendre à des innocents. Bref, ración n'a pas vraiment le même sens chez nous, ici c'est plutôt repas. Le gardien prend mon ticket, bricole sur l'ordinateur, visiblement ça déconne, ça le saoule, il m'ouvre la barrière et me dit de sortir. Du coup j'ai eu le parking sécurisé gratuit, venga !

    A 8h et demi je suis à Hendaye, j'ai voulu couper en passant dans Irun mais les flics français font du zèle à la frontière, j'aurais mieux fait de faire le tour, pas grave. Le transporteur chez qui je charge est à 1 km de là. Je reconnais, j'y suis déjà venu il y a un moment, ça avait bien marché dans mon souvenir... Au bureau on me dit d'aller à l'autre dépôt un peu plus loin, un cariste va arriver. Il y a déjà un Polonais avec une semi danoise qui attend. On vient de recevoir les programmes, j'ai le temps je m'installe. En premier je regarde toujours où la tournée se termine, ce sera au sud de Valencia, lovely travel.

    Bon c'est bien beau mais on n'en est pas là, ça n'avance guère l'affaire. Le Polonais charge des palettes, il a ouvert les deux côtés, il est efficace faut reconnaître. Je prends sa place pour charger des big-bags de sel. C'est du sel brut qui vient d'Espagne, pas loin d'où j'ai vidé d'ailleurs. Ça fait des cailloux qui sont lécher directement par les vaches. C'est chiant à charger, il y a 40 sacs de 600kg, soit 24 tonnes, bravo vous savez compter. Les 40 ne tiennent pas au sol, faut donc en gerber pas mal, le mât du Fen arrive dans mon toit, le cariste me demande de rehausser. T'es gentil mais ma semi polono-auxerroise ne se réhausse pas. Et encore heureux ! Déjà que sous les platanes dans le midi je me chie dessus, avec une semi réhaussée tu la décapites. On se fait un peu chier mais ça passe. A midi moins dix je me casse. L'affreteur qui nous a filé le boulot m'a quand même demandé si ça irait pour demain matin. Bé oui, j'ai passé 3h et demi ici, maintenant faut que je coure.

    En début de semaine j'ai appelé Scania, le tacot réclame l'entretien. A 225000km c'est une grosse vidange paraît-il, ils veulent le camion demain en début d'après-midi sinon on reporte. C'est plus que fin l'histoire et ça me fait chier de reporter au vu des semaines à venir. Ça se tient à peu de choses mais Viamichelin dit que le plus rapide c'est par l'autoroute, Périgueux Brive Clermond-Ferrand. C'est tellement tendu que j'ai pas le choix. Pauline m'appelle, si je laisse le tracteur chez Scania, Rabasse va me prêter un taxi pour aller charger mes piscines. Le plan est vraiment tendu, j'y crois à peine mais les miracles ça existe. Faire tout ça dans une matinée, marcher sur l'eau, multiplier les pains, ça existe.

    Je finis mes 30 à Périgueux à l'aire de chaipluquoi. Je vais enfin me doucher. Je demande la clé au pompiste, derrière moi il y a une jolie trentenaire, toute apprêtée, elle doit être commerciale vu la dégaine, elle vient ronchonner à la caisse comme quoi sa carte pro ne fonctionne pas à l'automate. Le mec lui demande ce qu'elle a comme carte carburant, elle lui dit une Total bien sûr, et le gars lui répond qu'ici on est chez Esso... Oh la pauvre ! Le moment de solitude ! Comment passer pour une cruche devant tout le monde. En fait je crois que ça a changé d'enseigne il n'y a pas bien longtemps, d'ailleurs l'AS 24 a été démontée, le logo AS24 by Total ça devait faire tache chez Esso.

    Je me douche au plus vite, trente minutes de coupure et je file. C'est là qu'un gars vient m'aborder, c'est un FDR mais j'ai oublié son prénom, Alexis peut-être, copain de Maxime 26. Je suis navré d'avoir oublié, c'est méprisant. En temps normal on aurait bu le café mais là faut vraiment que je me taille. Inutile de dire que je combine et recombine mille fois les heures dans mon pauvre cerveau. Je visais Digoin dans le meilleur des cas mais ça n'ira pas, ça ferait 10h20 de volant, pas toutes les semaines... J'échoue à la sortie de Vichy à Creuzier le Neuf, petit resto, menu unique mais c'est pas mal, il est 20h25, le chronomètre est déclenché.