Carnet de bord de Novembre 2022 | Partager sur Facebook |
A 6h15 il n'y a déjà plus de viennoiseries, je suis obligé de me rabattre sur un pain-beurre, c'est incroyable ce qu'il m'arrive. Je commence les livraisons à Saturargues, bled à la con vers Lunel. La rue des clients est toute petite, je reste à une centaine de mètres sur une avenue. Une voiture s'arrête, la fenêtre s'ouvre : « bonjour c'est chez moi que vous venez, mais c'est pas ici. » Merci madame de me prendre pour un débile, je le porte sur ma tête, faut que je me fasse une raison. Son mari est bien cool, il me demande de tout déposer dans l'allée, il va devoir tout passer derrière, plus tard... Bon moi ça me va bien. Un café et je file.
La suite est moins marrante, il me faut aller dans Montpellier centre. C'est pas la bonne heure du tout, le bouz commence sur l'ancienne A9, en plus il tombe des cordes par moment. Dans une rue je tombe sur un camion de meunier qui ravitaille une boulangerie évidemment, pas une quincaillerie, il me faut attendre pas le choix, bien sûr les bagnoleurs s'agacent, normal. Je finis quand même par arriver au coin de ma rue, je trouve à me garer, les gens du voisinage sont partis au boulot. Je dépose une rénovation dans un garage. Pendant que le gars va chercher son carnet de chèques j'ai le temps de détailler le garage : un foutoir représentatif de la société de consommation, les anciens meubles de cuisine fixés au mur pour recevoir encore plus de bordel, dont on ne se resservira de toutes façons plus. Le pack de lait est par terre puisque les meubles sont pleins, une famille normale.
Après ça je vais à Frontignan, là je me suis bien fait chier. Déjà j'entre dans la rue du mauvais côté, elle fait un virage à l'équerre, bloqué ! Un type avec un gros scooter a vu le truc, il me fait la circulation sans rien demander, je ressors à contre-main, à l'aveugle, merci à lui. Je fais le tour du pâté de maisons mais il y a des pins, je casse des branches, la rue est étroite, j'aurais jamais dû essayer. Je n'ai rien cassé sur le camion, les pins repousseront. Je recule, j'abandonne, je me gare à un point de retournement des bus. C'est interdit, si les flics passent j'expliquerai mon cas. Je tombe sur une mémé peu aimable, elle voudrait que je range tout dans la cuisine d'été. Les colis je veux bien mais les margelles c'est niet. Il doit y avoir 5 ou 600kg de béton, costaud Lulu mais mais quand même. Je me fais l'escalier tout seul. Elle me dit que c'est un Eric quelque chose qui va venir modifier sa vieille piscine. Madame, je vois très bien qui c'est, Eric va venir avec Philippe, ils prendront les margelles avec une élingue et la pelle, sans se faire chier, moi c'est hors de question. Elles sont posées au bout de l'allée, serrées au mieux sous un buisson, sans rien gêner, basta. Elle n'est pas très contente mais c'est pas grave.
Il est midi, je mange un bout avant Mèze. En tout début d'après-midi je suis à Clermont l'Hérault, ce bled n'est pas facile mais je connais un peu le coin j'arrive à me garer pas bien loin d'un collège. Je dépose la structure dehors, normal, les colis d'accessoires dans le garage, la cliente enceinte jusqu'aux yeux s'excuse de ne pas m'aider. Surtout pas malheureuse ! Je ne suis pas obstétricien, il n'y a que dans les films que les gens se débrouillent avec des serviettes et coupent le cordon avec une Opinelle, on va éviter les conneries.
Je prends le temps de refaire ma bavette Scania côté passager, je l'ai croûté en faisant du camion-cross je ne sais plus quand, je la démonte, recoupe proprement, perce 4 trous pour la décaler, ni vu ni connu.
Je me fais une dernière rénovation à Servian, facile. Je finis avant que le jour descende, les livraisons 17-19h c'est fini pour quelques mois. Narbonne c'est la misère pour manger désormais, je m'arrête à l'Oppidum à Béziers, bonne adresse.