Une semaine en’Ostalgie, la virée Berlinoise de Samu

Samedi,18h sur la place de mon village, je charge le sac dans la cabine, rempli le frigo de petits plats et desserts préparés par ma chérie. 

C’est raide, encore plus qu’un lundi,  je n’ai plus l’habitude de partir le week end, le truc que j’avais pas pensé en acceptant d’emblée le voyage suggéré via sms par Steph jeudi soir. Mais comme c’est pour traverser le Rhin voire un peu plus, je ne me suis montré guère hésitant. 

A la sortie de ma place, à gauche c’est via Gérardmer, à droite via la Bresse. Aller pour la  2éme solution, j’ai à peine 3t dans la semi, plus montagneux, mais pas Gérardmer à traverser, où j’imagine que nombres d’automobilistes qui criaient pénurie tout au long de la semaine, sont quand même venus en week end.

La Bresse, c’est plus tranquille, presque mort comme chaque fois entre saison touristique, hormis le coup de trompes que je balance au niveau de chez papa maman. 

Go la Schlucht, le col pour passer dans le Haut Rhin. Si on traine par là un samedi soir en général, c’est qu’on monte sur la route des crêtes pour aller manger sur les chaumes en terminant le repas par du fromage blanc au kirsch sans le fromage blanc.

 Ce soir c’est ni l’un ni sans l’autre, et d’ailleurs elles ont dû presque toutes fermer pour redescendre leurs troupeaux dans les vallées haut rhinoises, automne et hiver approchant oblige.

Une fois dans la descente, les radios fm allemandes balançant du hit eighty comme ninety entre flash de circulation, inondent déjà la radio, SWR3, Regenbogen. 

Cette fois ça y est, je suis dans le bain, la boule au ventre du samedi soir se passe tout doucement. La forêt vosgienne a des allures de cathédrales multicolores à cette époque. ça permet de faire l’impasse sur la sécheresse, et autre maladie type scolyte qui se remarquent tant en plein été. 

Je passe à Munster pour la 1ere fois avec ce tracteur, un peu vite à mon avis sur les pavés, merci la suspension intégrale qui fait faire parfois n’importe quoi. 

Pavés de Munster sans l’odeur
Pavés de Munster sans l’odeur

Papa m’appelle, il m’a vu passer tout à l’heure, il pense que je devrais arriver vers Karlsruhe, exactement ce que je vise, mais craignant quand même que je me fasse arrêter..Il n’a jamais été un grand fan de la Polizei.. Et il me rappelle qu’il trouve joli mon ensemble. Ce n’est que la 2éme ou 3éme fois qu’il le voyait vu que je me gare plus souvent à l ‘ouest vosgien.

Malgré qu’il est 19h30 passé, ça circule grave sur Colmar, les brasseries de chaîne des rocades se remplissent. Que c’est triste, est là que l’on trouve de l’eau de vie de mirabelles ou d’alisier comme sur nos hauteurs? 

Colmar, ville de Bartholdi
Colmar, ville de Bartholdi

La N83 nord est également bien blindée, de camions aussi. Je reste à 80, j’ai complètement zappé l’emplacement des radars dans ce quartier.

A Sélestat, je garde l’A35, la N83 via Erstein est désormais interdite nuit et jour, ça fait chier, mais je m’en fous je ne viens plus ici toutes les semaines comme dans le passé, le lundi matin aux aurores, ce tronçon permettait de se maintenir éveillé contrairement à la soporifique A35 qui de nuit n’offre pas pas le magnifique panorama du piémont vosgien. 

Je vais un peu arrêter de vendre les Vosges qui vont s’éloigner dans le rétro, mais vu ce qui est marqué dans l’enseigne du FH, je me dois d’en vanter une partie du texte car cette semaine n’aura plus rien à voir avec la choucroute, enfin si, un peu!

Je découvre le CGO, qui je suppose signifie Contournement Grand Ouest. Une sorte de A432 alsacien, dans 10  15  ans même pas, ce sera bordé de bases logistiques. 

Je croyais que ce tronçon ne verrait jamais le jour, mais oublié les espèces rares qui étaient protégées, le lobby du bitume a gagné, surtout qu’il n’ont pas oublié le péage. Merci le quinquennat Hollande. 

 Il y a une aire de repos, l’aire de la Bruche, une Leclerc, et le prix du go y est affiché. Je m’y arrête et il y en a bien. Je mets les 200 litres consommés depuis Beaune vendredi matin en redescendant d’Ecosse. 2.050€/l.

 Enfin peu importe, depuis peu, on apprend à ne plus regarder le prix, qui plus est quand il n’y a pas de files.

L’aire est fameuse. Il reste des places, ah non, c’est clôturé, il s’agit d’une aire de contrôle. C’est bien fait, mais ça reste riquiqui à côté de ce que j’ai eu à faire mercredi sur le M74  en Ecosse où les contrôleurs sont à l’abri pour inspecter nos véhicules dans les règles de l’art. Tout ça en portant la cravate sous les combinaisons de travail, l’élégance s(c)o british quoi. 

Ici, malgré cette aire de contrôle, le parking est archi blindée de camions qui passent le week end. Bref, on a beau mettre le paquet, la mobilité à de beaux jours devant elle.

A35 jusque Lauterbourg, où mon tachy sonne la quatorzaine, 89h45, c’est bien fait, mais ce serait encore mieux si on pouvait avoir l’info en tout temps sur l’odb. C’est un des rares défauts de ce camion, mais pas des moindres. J’espère que mon garage trouvera la solution car c’est un peu énervant. 

Ici, au vieux poste frontière de Scheibenhardt, rien a bougé depuis 6 ans passés, toujours un peu de lumière dans les vieux bâtiments de la PAF et il reste un peu de place. J’avais un autre plan pour passer mon dimanche. Et puis j’ai réservé et payé déjà mon trajet avant de partir tout à l’heure via l’appli toll collect. Il me reste 40 kms à faire.  J’arrive à l’autohof de Schwegenheim, sur la B9 au sud de Speyer vers 22h10.

Autohof Schwegenheim, toujours une bonne adresse visiblement
Autohof Schwegenheim, toujours une bonne adresse visiblement

 C’est bien rempli aussi, mais reste quelques places, pas les plus simples, à l’équerre à contre main. Il pleut toujours bien, je m’aide de la caméra pour la manœuvre mais descends voir sans arrêt si ça passe. Un collègue garé 3 ou 4 camions plus loin descend pour venir m’aider, et me dit trés bien en français avec un fort accent germanique. 

C’est soit un un Planzer CH ou un Vogel autrichien, j’essaierai de creuser demain. 

Je file  à la station payer le parking, et honnêtement 2 nuits, vu que je ne repars que lundi matin. 15€ par nuit incluant 10€ de repas. 30 pour le tout donc, on a même plus une seule nuit pour ce prix là quelque soit l’endroit en GB.

Ici, ça a toujours l’air aussi top. La station , le resto, les sanitaires..

23h, au lit, et sans le réveil.

Dimanche 16/10/2022

La place à vacante à côté s’est comblé hier soir, par 2 MP que l’on dirait neufs, avec l’étiquette de fabrication au pare brise et roue de secours sur le châssis,  certainement sortis de l’usine proche de Wörth, mais déjà immatriculés dans la région de Suceava en Roumanie. 

Ou c’est plutôt du MP reconditionné
Ou c’est plutôt du MP reconditionné

C’est un dimanche sur route classique qui va se dérouler, entre petit dej, ménage, et peut être bricolage si la tendance du beau temps se confirme.

Après un repas au coffre comme les vrais, je fais un tour dans la zi. Ce qui change radicalement de la GB, c’est la plupart des cours des boîtes qui ne sont pas clôturés. 2 3 photos de matos qui traine, puis un tour de parking. Un peu de tout, mais un Iranien quand même, quelques allemands ou hollandais authentiques, mais si on enlève les Hegelmann pour la plupart immat D, ça libérerait un tiers du parking au moins. On est pas loin de Karlsruhe. 

Comme il ne pleut toujours pas, j’attaque un chantier qui me titille depuis que j’ai la semi, redresser le hayon. Il a été livré un poil de travers, je n’avais même pas remarqué à la livraison. C’est Nicolas qui a remarqué ça, ainsi que José un jour à Jarcieu, 2 gars minutieux quoi.. C’était des cales qui n’étaient pas dans le même sens en étant coincées sous le longeron du châssis sur un côté. Un problème au montage à Zaragoza sans doute, mais la cause était la traverse qui tient les tampons qui n’était pas non plus dans le bon sens. Une bonne douille de 24, avec une clé puis du cliquet et le tour est joué en une bonne heure. Les voisins roumains de Suceava viennent regarder ce que je bricole. 

Eux avec les MP qui sont bien neufs d’hier, ont des soucis aussi. L’un a déjà ses batteries nazes, je comprends mieux pourquoi il laissait tourner son moteur. Je croyais que c’était que les Volvo qui avaient des soucis de batteries, et que ça faisait rire tout le gotha du transport en général, et parfois même des lobbyistes du béton.. Et l’autre a trouvé un rat dans sa cabine, il me montre la photo. Charmant le made in germany.

Pour finir cette journée finalement vite passée, je file à la douche, toujours aussi nickelle ici. On est carrément dans un autre monde. Depuis la dernière fois que j’ai pu prendre une telle douche douillette en route il y a quand même eu le oui au référendum pour le Brexit,  l’élection de Trump, la victoire de la france à la coupe du monde, les gilets jaunes, une pandémie mondiale, le brexit dans les faits, l’invasion de Poutine en Ukraine, une grève sans précédent dans les raffineries françaises et j’en oublie certainement…Ah oui dans tout, un voyage en famille à Berlin en 2018, ça rapproche du thème.

Je passe au resto utiliser les vouchers, enfin appelés ici gutschein. Y a toujours l’escalope du tessin sur la carte, ça fera l’affaire, arrosée d’une bonne weizen, j’ai transpiré cet aprem. 

Lundi 17/10/2022

Je mets en route à 5h, il faut être lève-tôt dans les pays qui sont du matin. J’ai 120 bornes jusque ma livraison à côté de Mayence. ça roule bien, encore possible de doubler un peu jusque 6h. J’arrive au client d’industrie agroalimentaire à Hochheim à 6h30. C’est déjà ouvert. J’avais 7h sur mes papiers. ça vide tranquille, le temps de remballer les sangles, j’ai les 45 minutes, perfekt. 

J’ai 570 kms à faire pour aller recharger, go Berlin!

La circulation s’est un peu intensifiée mais rien de méchant, l’arrivée sur l’A5 à Frankfurt par l’A66 passe bien. Cette ville n’a jamais été la plus pénible d’Allemagne niveau circulation. 

Frankfurter Skyline
Frankfurter Skyline

Nach nord ost pour la suite, l’A5 jusque Kircheim et le début des côtes toujours aussi raides une fois l’A4 qui file à l’est. A vide ça va plutôt bien, et de bons tronçons en 3 voies ont vu le jour depuis mes derniers passages il y a plus de 6 ans.

Au loin, avant Eisenach, on aperçoit les montagne de potasse ou quelque chose comme ça, je les avais aperçues depuis le hublot de l’avion quand on était allé à Berlin en famille. 

Eisenach, c’est l’ancienne frontière RFA DDR  sur cet axe. 

Après c’est franchement bucolique, à part un méga bouchon dont ils ont le savoir faire même en pleine pampa vers Erfurt qui me fait perdre 30 minutes. Je préviens le client que ce sera plutôt 16h bien sonnés sur le chantier Berlinois

Je fais la pause à Jena (Iéna) où j’avais repéré un Dekra à une sortie afin d’aller acheter une umwelte plakette pour être en règle dans Berlin, c’est la vignette crit’air du pays. Le truc qui ne reservira peut être jamais, mais ça fait un souvenir typique à 5€ sur le pare-brise.

Umwelte Plakette
Umwelte Plakette

Je casse la graine pour achever les 45 minutes et enregistre la rue qui est à retenir comme plan de stationnement, toujours pareil, au cas où je reviendrais un jour dans le quartier.  

Une fois l’A9 qui file au nord, c’est du billard malgré toujours quelques zones de travaux. 

Niveau matériel croisé, on se régale moins qu’en GB. Beaucoup de polonais ou d’allemands sauce bien kitsche.  Je double une remorque immatriculée à Lö (Lörrach), ça m’attire l’oeil, et oui, le porteur est immatriculé dans le F68. Ce sera le seul français vu ce jour. 

J’arrive sur Berlin par Potsdam et l’A115, où on voit encore le poste frontière qui quitte la DDR pour rentrer dans Berlin ouest. Plus loin les vieilles tribunes du vieux  circuit Avus et c’est le ring 100.

 ça bouchonne un peu pour faire les 10 dernières bornes, et autant en ville où encore une zone de travaux fait perdre du temps. 

Je préviens encore le client de mon arrivée imminente. Ils m’attendent dans une petite rue qui donne au sud de la Potsdamer Platz. Le p’tit jeune de la maison, Baloo a essuyé les plâtres il y a 2 semaines. 

François et ses 2 collègues me font signe pour m’indiquer le square où reculer avec leur aide. On déballe le hayon, et le chargement de luminaires prend à peine une demi heure. Toujours efficace cette équipe.

Me reste à sortir de la ville pour boucler la journée. Pour mon plus grand bonheur, maps me fait traverser toute la place de Potsdam, puis aller au nord en passant devant le mémorial de l’holocauste, la porte de Brandebourg où je file vers l’ouest pour retrouver le ring via l’avenue du 17 juin, mon boulevard en quelque sorte. Impossible de garer dans les parages pour the photo, je me contenterai plus loin d’une photo juste après le rond point de l’Etoile (Grosser Stern) .

Grosser Stern
Grosser Stern

Aussitôt sur le ring, aussitôt sur le rasthof de Avus, à côté du circuit dit plus haut. Testé il y a peu par notre Bleu Range Lyonnais du Pilat préféré!

C’est vaste pour se garer ici, en plus je peux valider une 11. Mais pas plus, Franck, la saucisse de Toulouse m’ a envoyé un complément sur le chemin du retour.  

Ben quoi, il nous appelle toujours par des noms de salaisons locales, butifarra, salsicha, frikadelle…. Aujourd’hui j’ai quand même eu droit à un “salut tête de wurst!”

Mardi 18/10/2022

La 11h terminée, je file à 4h30. Toujours pas de public dans les tribunes de Avus pour ovationner ma performance de lever tôt.

les places doivent être chères, y a jamais personne

 Il se met à pleuvoir, c’est peut être plus logique à cette époque dans la région que les 26 degrés d’hier.  Je recharge sur le D99 qui est vaste, c’est à la limite nord de la Thuringe et de la Basse Saxe. Je descends bien au sud de Halle pour filer par full A38 qui est terminée maintenant de Leipzig à Göttingen. J’y traînais aussi pas mal dans ce quartier qu’est le Harz à l’époque Gefco, c’est un massif à cheval sur plusieurs länders. J’aurais pu marquer sur l’enseigne, Vogesen Harz. 

Je stoppe à un autohof au pif vers Sangerhausen pour une douche et un petit dej. 

Pas du grand standing allemand mais nickel. Une petite heure plus loin j’arrive au bled paumé de Ellrich après des routes étroites avec de forts dénivelés genre 8% . Je me demandais si j’étais repassé à l’ouest car ça frôle le sud de la basse-saxe mais un vieux Kolkhoze qui traîne encore par là vient rappeler le contraire. 

C’est une usine de plâtre, ça va assez vite, par un côté, pratique pour sangler. Juste un hic, le poids, un peu lourd par rapport à la 1 ere partie de la semi. Mais ça ne dépasse pas trop les essieux. 

Une heure plus tard, je fais vite le test sur le tronçon de mauvaises routes pleines de feuilles, ça accroche, mais j’y vais mollo et bloque la bv en manuel. 

Il vaut mieux car je redescends par l’A7 plus loin avec les côtes de Kassel à passer. 

C’est toujours aussi stressant ici, ces côtes, le monde, les travaux. Quand j ‘y passais toutes les semaines, j’en avais marre de l’allemagne par moment, je le conçois. 

Mais pas de perte de temps, ça roule aujourd’hui. 

Pause repas vers Alsfeld et file vers Francfort qui passe aussi à la régule, c’est milieu d’après midi.

la skyline de plus près

 Sur l’A5 jusque Darmstadt, il y a des caténaires, un truc expérimental encore qui a été pensé avant les crises énergétiques. 

où est ce qu’on se branche ?

Je bifurque côté A67, où il y a toujours des petits rasthofs tranquilles Je choisis celui de Lorsch avec 8h45 de volant. Sinon le prochain était à 45 kms et ça cassait une 10h. 

Franck m’envoie un complément sur Strasbourg demain, vu l’adresse je descendrai pas full A5 jusque Offenburg. Bravo ,Franckéfort quand même!

Mercredi 19/10/2022

Lever à 4h, pour une douche à l’allemande même de rasthof, ça se passe toujours bien.

 Café et croissant déjà dispo à la station je démarre à 5h15 sur l’A67 süd déjà mouvementée. A5 jusque Offenburg parsemée de quelques zones de travaux par ci par là, je passe le Rhin vers 7h et arrive au client peu de temps après. C’est la grosse usine de boîtes de vitesses à droite avant le centre routier. J’attends un peu avant de rentrer. Je vais au parc à vides pour charger 4 piles qui finalement passe sur 3 grâce à la hauteur en levant la traverse arrière, ça fait une petite place vacante de 1.20mx1.20m. Rapide et sympa, rare dans l’industrie automobile, encore plus de nos jours car c’est devenu un monde infernal que cette industrie.

on continue la plongée dans le passé

 Je repars à 8h15, rien à rajouter pour le moment, Franck n’a pas trouvé une palette de knacks qui trainait dans le quartier. Je file au sud par la 83 cette fois. C’est interdit, mais je déroge grâce à la Total à Fegersheim, accessible désormais dans les 2 sens avec une rond point au feux. Pas de file aux PL, je vais compléter mes réservoirs en bon français que je suis. C’est limité à 300l, à 1.878, c’est toujours bon à prendre. Je fais l’Adblue en prenant mon temps histoire de valider 30 minutes quasi sous les pompes, j’avance pour les 10 dernières minutes car du monde arrive. 

Une journée de route se profile, pas de douane, pas de ferry, c’est cool quoi. 

Je quitte l’A36 à Besançon, rien ne va mal pour arriver à Jarcieu ce jour, et histoire de trouver du pain. Pas de bol, c’est fermé à Buvilly. 

Tant pis, je me rabat sur l’inter de Poligny. Au départ j’y vais pour du pain, mais je ressors avec une salade et un morceau de Morbier, et donc valide 15 minutes. Je continue full natio, et casse la graine à Beaufort sur l’immense parking de l’usine tredi. 

Je retrouve l’autoroute à Bourg, Lyon par A46 et j’arrive à Jarcieu vers 17h. 

Jose me file un coup de main à dessangler et à vider les lots espagnols. 

Jose jefe de muelle

18h, les sangles sont rangées, le camion aussi. Je fais un peu office de tourisme berlinois autour d’une bière auprès de Moriaud du prénom Philippe, Christophe et Lucas. Cette ville attire. 

Demain fin déjà de ce beau périple.  

Je suis allé au lit tôt, et j’ai bien fait. Tout comme de me garer à côté du mulet à Christophe. On est sûr que ça ne va pas se mettre en route à 4h du matin. Du coup bien dormi. 

la bonne nuit assurée

Démarrage à 6h30. Il commence à pleuvoir. Je suis content de ne pas avoir pris la décision de laver hier soir ou ce matin. 

Déjà du monde dans le boeuf, je monte tranquille à la file avec mes 3t, ce serait dommage de finir ce tour exceptionnel par une touche négative. 

La pluie s’arrête une fois passé Valence en enquillant vers Crest.

Ici c’est toujours plaisant niveau paysages, même par un temps gris aux aurores. 

de beaux paysages de bonne Eurre le matin

Les berlinois de Eurre sont déjà rentrés au bercail, on pose le hayon sur la quai, et c’est vide en 30 minutes, matos, sangles et gommes remballées. 

FERTIG !

Voilà, fin de carnet de bord exceptionnel car voyage exceptionnel qui me tenait à coeur de raconter. Que du plaisir de revoir ce pays qui m’a donné du taf pendant une vingtaine d’années. Mais aussi de prendre conscience que finalement en GB tout ne va pas mal, notamment surtout au niveau de la circulation qui est bien moins stressante.

Bref, il faudrait pouvoir aller partout de temps en temps, et le monde du transport serait un idéal d’épanouissement. 

Au plaisir

Oui n’allons pas plus loin

Destination La Crète avec Laurent

Après avoir passé plus de 20 ans dans la même entreprise en Isère, Laurent a intégré les transports Pierre de Beaupréau-en-Mauges.

Un peu lassé de rouler entre Rhône Alpes et Paris, avec l’envie de faire de beaux voyages.

Specialisés sur la Corse, l’Italie, les transports Pierre font parfois de jolis voyages un eu exotiques. C’est comme celà qu’en avril 2019, il se voit proposer un voyage vers Corinthe, bien sûr il ne s’est pas fait prier.

Une fois le point fait pour l’itinéraire, plus possible de faire marche arrière, quand on a connu seulement l’Allemagne et le Benelux, c’est un peu le grand frisson !

L’embarquement pour la Grèce se fait à Ancone, direction ensuite Patras

Après 24h de traversée, enfin, la terre promise !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lieu de passage incontournable pour tout routier de passage qui se respecte chez Chez Harris à Aspropyrgos, simple, super sympa. C’est aussi l’occasion de croiser d’autres routiers venus de partout.

Enfin, un dernier ferry en Grèce, direction la Crète pour achever ce magnifique voyage mémorable !

La Tournée de livraisons GroovyYurts été 2020

Charger le Groovy truck de yourtes pour une tournée de livraison prend toujours quelques jours. Un triple contrôle vaut la peine, car il est toujours gênant de découvrir qu’on a oublié une pièce maitresse arrivé à l’autre bout du pays.

Lundi 22  juin :  Peio, copilote pour l’occasion, jette ses sacs et son béret de basque dans la cabine à notre ferme / dépôt d’Alexandria, en Ontario à mi-chemin de Montréal et d’Ottawa la capitale. Nous partons dans l’après-midi en direction nord-est et roulons une partie de la nuit. On arrête à Cochrane à 1h du matin sous la pluie et sommes forcés de faire halte dans un truck stop. Les truck stops je les évite, car nos chers collègues ont encore l’habitude bien ancrée de faire tourner leur moulin toute la nuit, par -40 comme par un parfait 18degrés.

23 : Nous partons à 6h du mat et faisons halte vers midi chez Renée et Mike. Un couple de nos clients que j’adore et qui ont tout laissé tomber pour vivre dans une yourte au milieu de cette forêt du nord de l’Ontario. Pour une fois nous pouvons parler plus de 20 minutes et c’est un réel plaisir de causer avec ces gens rayonnants. Nous parlons entre autres de la force de l’intention qui permet de tout réaliser. Imagine quelque chose, et ça arrive, immanquablement.

En fin d’après-midi nous livrons à Thunderbay chez une adorable retraitée d’origine estonienne. La madame nous avait annoncé « en passant » et sur le ton de l’anecdote et que monsieur aurait adoré voir le camion et la yourte mais que malheureusement il avait cassé sa pipe dimanche dernier. Bon… Pas de montage prévu et nous laissons madame à une peine qu’elle dissimule plus ou moins bien. Nous parquons en pleine forêt 15 kilomètres plus loin et mangeons protéines moustiques et pâtes Groovy à l’hôtel du même nom.

24 : le plan pour la journée est de remonter la yourte de Kim. C’est la tournée des veuves. Kim et son mari rêvaient de finir leurs jours à cet endroit dans une grosse yourte que nous leur avons livrée deux ans auparavant. Son mari n’en aura profité que quelques semaines… la frêle retraitée n’a pas eu la force d’y retourner et la yourte s’est effondrée sous la neige faute d’attention. Nous décidons d’un commun accord d’effectuer les réparations, mais de stocker la yourte dans un conteneur voisin en attendant une hypothétique vente du terrain. Une yourte ça dure longtemps, pour autant qu’on l’utilise.

Nous partons avec un jour d’avance au programme et faisons halte au bord d’un lac isolé. Nage super rafraîchissante en guise de douche, sansue, camion cuisine pour la fin de soirée. On est déjà au paradis.

25 : contrôle volant du MTO (ministère du transport). La tête rasée de GI de l’inspecteur ne laissait rien présager de bon et pourtant le type est adorable et nous laisse filer avec des bons vœux pour la route.

À Fort Frances nous décrochons la semi et sortons le nouveau pont dépliable de conception maison rangé dans un des coffres de ma nouvelle remorque. Ça s’installe sur le châssis du tracteur, par-dessus la sellette et offre une belle surface de chargement sans avoir à tirer les 53 pieds de la remorque. Personne ne sait si c’est légal, mais en tout cas ça fonctionne bien. On y charge 2 petites yourtes et abordons la frontière US du Minnesota en solo. Le rhume ambiant a cela de bon qu’il a débarrassé la frontière de tout trafic non commercial. Cependant, ça laisse tout le temps du monde à des douaniers désœuvrés d’inspecter le camion de ces deux hurluberlus (nous…). ‘Faut dire que le nom de la compagnie « Groovy » yurts, rappelle tout ce que le mouvement hippie peut évoquer à un douanier qui garde la frontière d’un pays voisin  légalement consommateur et producteur de cannabis. Nous avons droit – mais avec le sourire – à une fouille complète de la cabine.  L’inspecteur revient avec 2 avocats (le fruit) et une plante verte décorative. J’accepte sans sourciller la confiscation des fruits, mais fait tout de même remarquer que la nature toute plastique de la plante verte synthétique devrait à mon sens l’autoriser à passer la frontière avec nous dans le porte-gobelet où elle reste depuis que ma conjointe l’y a placée sous ma garde 5 ans auparavant.  L’officier obtempère non sans subir quelques railleries de ses collègues. Je prends encore le soin à la sortie de remercier la douanière pour son sourire magnifique. Ils ont fait leur boulot avec courtoisie et sans zèle excessif. Pour moi ça marche.

Premier arrêt dans un restaurant depuis le mois de mars. Ça fait plaisir. Un plein de 980 litres à prix cassé plus tard et nous couvrons les 250 kms qui nous séparent de la ferme de notre client. On sort le grill sous un ciel menaçant dans une carrière abandonnée et y passons la nuit, non sans l’approbation du proprio sympathique venu jeter un œil à l’appel d’un voisin.

26 : La cliente élève des moutons et avec son amie passionnée de feutre, trouve toutes sortes de solutions pour valoriser la laine. Elles acquièrent ces deux yourtes pour faire des ateliers de feutrage. Nous effectuons un atelier de montage sous l’œil du caméraman de la télévision locale.  Ces américains sont merveilleux, simples et formidablement reconnaissant et accommodants. Après la tournée des veuves ça donne du baume au cœur.

Nous reprenons la route du Canada que nous rejoignons sans autre forme de procès. Démontage du pont provisoire en 5 minutes chronos et départ pour de nouvelles aventures. C’est un nouveau lac qui nous servira de bain. Nage idyllique dans un cadre sauvage si typiquement canadien. C’est tout frais que nous rallions encore la bourgade de Kenora en début de soirée. Cette ville touristique au milieu des lacs et des sapins est vide de ses visiteurs, nous laissant stationner l’ensemble en plein centre, au bord de l’eau. Mais c’est pas tout! Il y a un pub ouvert avec une terrasse au bord de l’eau !!!! On nous sert une bière en attendant, mais la serveuse se révèle tellement désagréable que nous lui rendons son menu et quittons. Ce sera pizza ce soir… et nous reprenons la route pour entrer dans la province du Manitoba.

27 : Nous nous pointons à l’heure exacte chez notre premier client qui a accepté de nous recevoir 2 jours à l’avance. L’immense allée qui mène à son ranch est entretenue méticuleusement. Et là, on découvre le gaillard. Mais quel phénomène !!! Daniel se tient juste à côté d’un Kenworth W900 qu’il a transformé en pick-up. Nous apprendrons au cours de la journée de que notre homme est Mennonite (église chrétienne évangélique). Il a la soixantaine bedonnante mais robuste et imposante. Il a commencé sa carrière comme chauffeur de camion. Métier qu’il pratique toujours l’hiver sur les routes de glace du Manitoba, souvent accompagné par son épouse. Son camion était parqué à côté. Daniel est aussi un pilote accompli (sa passion avec la chasse), il a élevé des porcs et des bisons, possédé une production de meubles en rondins, construit un camp de loisirs, est pasteur de sa communauté et trouve encore le temps de faire du travail d’aide et de missionnaire dans le monde près d’un moins par année… notamment en Mongolie.

Sa plateforme était prête et il y avait travaillé presque toute la nuit. Deux de ses enfants, de solides gaillards sympas et souriants, étaient présents avec leurs épouses. Toutes les dames en robes et chapeaux. Une famille absolument extraordinaire, vivant sa foi de la façon la plus positive qui soit, par l’exemple. Reconnaissant d’avoir encore été invité à leur table ce soir-là. Expérience d’un autre temps – merci!!

Retour au petit truck stop indépendant du soir d’avant, trop tard pour la bière, mais pas pour écouter les voisins laisser tourner leur briquet.

28 : la dénomination des routes dans les Prairies n’est pas toujours facile à assimiler. Même pour Google. Nous faisons près d’une heure de route pour trouver le client qui se trouve… à 10 minutes de notre point de départ.

Comme tous les routiers, on a déjà entendu « mais oui, il y a la place chez nous, il y en a des plus grands que vous qui sont venus ». Alors on se méfie. La manœuvre d’accès aura quelque influence sur le design du fossé, mais on parvient malgré tout à destination dans une sorte de clairière merveilleuse au milieu de toutes sortes de jardins. Le couple qui nous y attend a lui aussi tout préparé à merveille. Il s’agit d’un gros montage de yourte, en hauteur, avec  une fenêtre et double isolation de feutre. La chaleur n’arrange rien et quand on termine on est secs. Heureusement les clients n’ont pas que des jardins, mais aussi un étang à l’eau claire qui l’était certainement un peu moins après notre trempette.

Retour au relais routier cette fois à temps pour douche, steak et bière. On refait la politique du transport avec un collègue du coin jusqu’à plus soif et dormons à moitié entre chaleur, moustiques et ralenti moteur des collègues.

29 : réveil aussi frais que peut pour 3 heures de route jusqu’au client suivant au milieu de ces interminables champs des prairies canadiennes. Montage simple dans une chaleur accablante près d’un chêne millénaire. La yourte sera utilisée par une « forest school » un programme scolaire qui ramène les enfants à la nature. Génial!

Génial aussi la carrière qu’on nous indique à quelques kilomètres pour aller faire une saucée dans un bassin turquoise. Adresse d’initié. Décidément ont doit aux lacs et autres gouilles canadiens d’avoir pu conserver un brin d’hygiène durant ce voyage.

On roule en plein bonheur sur ces routes vides et immenses. Yaaaaaaaaaaaa!!!! On trouve le stationnement idéal au bord d’un énième lac à distance raisonnable de la route pour être tranquilles. De toutes façons il ne passe personne…. Cuisine Groovy.

30 : enfin une nouvelle journée de route au complet. J’en profites pour rattraper le courrier en retard pendant que le Basque s’en donne à cœur joie, pied au plancher. Manitoba, Saskatchewan, Alberta et dodo sur un parking de super marché à Medicine Hat.

1er juillet : c’est la fête du Canada et j’accroche le drapeau à l’érable à l’antenne de la CB. Même si je me considère plus Suisse que Canadien, je suis reconnaissant à mon pays d’adoption pour les opportunités, une excellente qualité de vie et des bonnes valeurs.

On récupère une mini yourte chez un client de Calgary qui avait eu les yeux plus grands que le ventre, puis déposons des pièces de rechange chez un autre. Comme il est assez tôt. Nous décidons d’aller voir l’emplacement du montage du lendemain, pensant y laisser la remorque et aller fêter dignement le Canada dans quelque pub de la région. Je m’engage dans un chemin de terre à travers champs et part repérer le terrain à pieds avec le client. Je pense pouvoir amener le camion jusqu’à une courbe boueuse et reculer sur une place bien damée. La manœuvre échoue et je patine dans la boue, risquant basculer ma semi dans le petit étang voisin. Seule solution : aller de l’avant en passant à fond les coins les plus boueux et aller tourner dans un champ. C’est du pur rodéo. Je suis heureux de pouvoir relever les suspensions de la semi, sans quoi il y aurait eu des dégâts.

C’est donc dans un champ au milieu des prairies canadiennes que nous organisons un bbq pour la fête du Canada après avoir aidé le client à finir sa plateforme. Bonheur sous les étoiles. Au loin le hurlement de quelques coyotes.

2 juillet : rodéo dans l’autre sens pour amener le camion à la hauteur de la yourte. La cliente francophone est une ancienne Mountie (gendarmerie royale canadienne), mais a troqué le chapeau pour des dreadlocks. Elle compte vivre dans sa yourte. Son conjoint est un super chic et solide gaillard du coin et nous sommes rejoints par Matt, un barbu rouquin qui vient apprendre à monter une yourte. Matt a récupéré 2 yourtes dans lesquelles il a vécu les 4 dernières années et aimerait nous aider à installer des yourtes dans son coin. Il est rejoint par Peter à qui nous amenons une yourte le lendemain. Peter vient aussi pour apprendre. L’équipe est complètement hétéroclite et les discussions partent dans tous les sens, dans des domaines aussi variés que les traditions mongoles et la mécanique quantique. Fabuleux moment, bien que nous ayons à lutter avec le puissant Chinook, le vent qui descend des montagnes Rocheuses toutes proches.

C’est un peu surpris que je découvre soudain Peter assis en tailleur en train de méditer alors que nous battons contre les éléments. Décidément, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre….

On finit dans le milieu de l’après-midi, assez tôt pour rouler à notre prochaine destination à une heure de route. Là en plein milieu des champs nous tombons sur une sorte de village médiéval entouré d’un mur d’enceinte en bois et de tours de garde. Daniel a créé ce village de tentes où les touristes de Calgary ou d’Edmonton viennent retrouver des scènes du moyen âge, tirer à l’arc, festoyer autour d’un banquet ou se battre à l’épée. Le bonhomme est passionné et a fait du bon travail. Son épouse le suit sur un tricycle électrique qui détonne un peu avec l’ambiance, mais tout est normal. Nous laissons à Daniel sa yourte et quelques instructions. Elle deviendra la tente nomade de cette attraction médiévale.

Nous poursuivons la route dans l’espoir de trouver un bistrot ouvert. C’est finalement à pied que nous devrons passer commande de deux Big Macs au drive-in de l’Arche d’Or, qu’on rince quand même avec une super bonne bouteille de Chianti du Liquor Store voisin.

3 juillet : nous rendons visite à une connaissance de Peio – un type passionné de machines de chantier – et passionnant. Puis nous prenons la route d’Edmonton où nous allons déposer la yourte de Peter sur le terrain de Matt, rencontrés hier. Matt est un super chic type qui a bien bourlingué. On ne penserait pas de ce géant à la barbe rousse ait pu être un moniteur de yoga. Il nous montre la yourte dans laquelle il a passé 4 hivers. Elle est occupée par un jeune homme pas très enclin à l’entretien ménager. La yourte a piètre allure et mériterait d’être remontée… et surtout aérée… Puis nous visitons l’autre yourte que Matt a réinstallée ave 3 grandes fenêtres faites maison. Celle-ci est occupée par un jeune couple de musiciens. La yourte est magnifique, lumineuse et superbement aménagée… avec même une batterie au complet et un gong énorme que son propriétaire arrive à faire « parler ». Matt accueille sur son sol des gens qui souhaitent vivre différemment et tentent de vivre en petite communauté.  Matt tient à nous montrer son nouveau logement. Il y a sur son terrain plusieurs bâtisses qui semblent n’avoir jamais été finies. Celle où il vit semble avoir été le théâtre d’une explosion nucléaire. Le petit suisse que je suis peine à discerner la beauté sous cet amoncellement d’ordures. Matt a un problème avec les déchets. Il pense que l’homme en produit trop et ne devrait pas les enfouir sous la terre ou s’en débarrasser dans les pays pauvres. Même si je suis entièrement d’accord avec lui, c’est sur sa méthode que je diffère un peu : il cherche à ne produire que zéro déchet et ne veut pas se débarrasser de ceux qu’il a accumulé avant de leur avoir trouvé une utilité ou une issue plus propre. Comme disait mon cher copain Séb : « C’est très joli… allez on s’casse! ».

Nous laissons Matt et sa commune pour rejoindre Edmonton et passer le camion au lavage. Les Sikhs qui le rincent utilisent un produit si corrosif, que ma peinture en est ternie. J’y retourne furieux, mais le mal est fait. Tant pis, on repolishera un jour… Je rumine ma peine assis sur le trottoir. Je lève les yeux et découvre mon obus sur le fond bleu infini du ciel des Prairies. Même un peu plus terne, il a de l’allure et je vis un rêve. J’arrête de pleurnicher.

Nous quittons Edmonton, musique Tzigane à fond dans la cabine : les routiers les plus heureux au monde. Dodo à 20 min du client suivant, à côté d’une immense rivière en crue.

4 juillet : Les clients du jour je les connais pour leur avoir livré leur yourte 8 ans auparavant. Mary Lynn et Richard vont sur leurs 80ans. Richard avait fui les USA pendant la guerre du Vietnam. À eux deux ils ont construit un petit paradis où ils élevaient moutons et chiens de berger. Le coin est magique. On a envie d’enlever ses souliers pour marcher dans l’herbe.

On leur amène une toile de remplacement pour leur yourte et je demande à Richard si on peut les aider à la changer. Il accepte volontiers, mais travaille fort. Il est solide le gaillard et ne veut pas entendre parler de charité. Pour moi c’est une excellente expérience de voir une yourte vieille de 8 ans. Si la toile devait être changée, le reste de la structure est en parfait état.

Quand on a terminé il nous fait une démonstration de rassemblage de moutons avec son chien. Impressionnant. Pendant ce temps Mary Lynn nous a pondu un repas dans la maison en bois rond et on fait bombance avec quelques bouteilles de vin de framboises de leur production. Ces musiciens nous offrent encore une petite aubade avec des instruments magnifiques de leur fabrication. Tout est simple ici et très beau. Ça respire un bonheur tranquille construit en musique sur des années de boulot acharné. On lance encore quelque haches sur une souche, entraînés par Richard et finalement à reculons prenons la direction du camion.

Privilège de routier que de pouvoir rencontrer même brièvement des gens aussi extraordinaires avant de reprendre la route pour de nouvelles aventures. Est-ce qu’on aura la chance de se revoir? Est-ce qu’à leur âge je pourrai voir ma vie en arrière aussi calmement qu’eux et avoir l’impression d’avoir construit quelque chose d’à peu près juste?

5 juillet : temps splendide pour faire l’Alaska highway. Yahoooooo!!!

Paysages incroyables de montagnes, de lacs turquoises, un ours par-ci, chèvres de montagnes par là et des vrais solides camions comme j’aime construits pour ces régions de sauvages. Cette année la route est désertée par les habituels camping-cars. On s’enfile dans un petit chemin et parquons museau sur un méandre la furieuse rivière Liard, gigantesque cours dont la force emporterait notre véhicule comme un bout de paille.

6 juillet : on commence par étudier une famille de grizzlis en bord de route. Les deux oursons sont d’abord intrigués par ce gros camion rouge puis continuent à se battre à 10 mètres de nous. Même si ce n’est pas forcément l’outil idéal pour étudier la faune et la flore, le camion a quand même parfois du bon dans ce domaine. La mère ne semble pas inquiétée le moins du monde. Il semblerait que le plantigrade ne reconnaisse pas l’humain comme une menace ou même comme un être vivant tant qu’il est dans son véhicule.

5 kilomètres plus loin c’est un troupeau de bisons que nous dérangeons au milieu de la route.

En rentrant au Yukon un barrage routier est établi pour traquer le virus. L’agent s’excuse de devoir nous interroger nous aussi et nous remercie de notre boulot. Plusieurs panneaux sur la route en font autant. Les habitants de ce territoire reculé reconnaissent l’importance du transport routier pour leur approvisionnement.

À Teslin, au Yukon motel, nous retrouvons Jean-Michel qui descend sur l’Alberta. Jean-Mi est un routier français qui s’est établi au Yukon. Il gère également une excellente page Facebook : les transporteurs européens au long cours. Super chouette de faire le point avec un copain croisé en route. C’est rare ici!

Avant d’arriver à Whitehorse nous nous arrêtons chez un autre couple de clients. Eva et Beat sont suisses et se sont complètement reconstruit une vie ici au Yukon. La ferme qu’ils ont établie est extraordinaire. Encore le résultat d’un travail de fous, mais ces gens-là semblent malgré tout prendre le temps de vivre et de profiter des merveilles du Yukon. Nous sommes invités à manger et ne nous faisons pas prier.

7 juillet : « mais oui vous pouvez venir avec le camion, il y en a des plus gros que vous qui sont venus… ». Cette phrase ou une équivalente si un routier ne l’entend pas 3 fois par année, c’est qu’il est sourd. En général le client bien intentionné pense que vous venez avec un pick-up ou une charrette à cheval et les histoires cuisantes de camions bloqués dans une allée ne sont pas rares. Nous avons pris l’habitude d’envoyer une photo de l’ensemble à l’avance pour donner une idée de la taille.

Ce matin c’est l’inverse : Michael qui attend sa yourte a déjà organisé un espace pour la transférer pensant que son chemin d’accès est trop étroit. Il me semble que je devrais pouvoir y reculer et après quelques manœuvres je parviens à amener le camion à quelques pas de la plateforme. C’est probablement 2 heures de gagnées en transferts et autres voyages pour un outil oublié. Michael a travaillé toute la nuit pour finir son plancher. À 8h pile, trois de ses amis se sont libérés pour venir prêter main forte. À part Eliane qui est suissesse, les autres sont français. Venus au Yukon pour toutes sortes de raisons, mais surtout pour un peu d’aventure, d’espace et de nature sauvage. Michael et son épouse ont des jumeaux de quelques mois. Ils espéraient construire une maison sur leur terrain nouvellement acquis, mais le virus en a décidé autrement et c’est dans une yourte qu’ils passeront l’hiver. Ça ne les effraie pas, eux qui ont vécu dans un camping-car les 3 dernières années pour économiser afin d’acheter leur terrain. Ces deux-là constituent une autre preuve que tout est possible avec des intentions positives. Michael a trouvé le job de ses rêves d’enfants alors que c’était « impossible ». Il travaille sur la Chilkoot trail, un sentier qu’empruntaient les chercheurs d’or. L’immobilier à Whitehorse est hors de prix. Alors qu’ils allaient devoir quitter le Yukon faute de terrain à acheter, ils ont finalement bénéficié d’une aubaine incroyable. Une dame âgée qui a vu en eux les voisins idéals et leur a offert un terrain à prix cassé.

On s’est bien marré sur ce montage-là. C’est rare d’avoir une équipe francophone au complet et facilite les petites vannes et autres franches déconnades. Après avoir fini d’installer la yourte juste avant le déluge, on se paie un bon repas dans le camping-car de nos nouveaux amis. Qui a eu la bonne idée de la topette de Ricard? Le soleil ne se couche que passé minuit et les hurlements de coyote rajoutent encore une fois une petite touche sonore sur le parfait tableau canadien.

8 juillet : on dépose quelques pièces de rechange chez une cliente et allons nous parquer à l’incontournable Airport Chalet, le relais routier du coin sur l’Alaska Highway. Petit déj avec Jean-Michel qui est remonté d’Alberta. On décroche et descendons en ville pour trouver une bonne connexion internet. Tournée des pubs à Whitehorse ce soir. Cette ville a quelque chose qui respire la liberté du nord canadien. On y revient toujours avec plaisir.

9 juillet : petit footing santé et rattrapage d’emails. Visite d’un client dont la yourte est installée sur une falaise au-devant d’une vue absolument époustouflante, puis route jusqu’à notre dernier client au Yukon chez qui nous ne faisons que changer une toile… et prendre un sauna devant le lac Cragg, turquoise et isolé entre montagnes et sapins. Cette yourte a 10 ans et la toile était au bout, mais le test de qualité est passé pour la structure et le reste des éléments. C’est une excellente nouvelle.

Suzanne et Rob nous invitent à diner dans leur serre jardin en respectant la distance sociale. C’est les premiers depuis longtemps qui paraissent s’inquiéter. Il semble que les régions que nous avons traversées ces derniers jours aient été préservées du rhume pandémique.

10 juillet : On décolle à 6 heures du mat, arrêtons pour un café à Teslin. Les 3 tables du motel sont occupées par une famille de routiers mennonites. Curieuse fratrie où les filles portent les cheveux couverts et la jupe. Leur convoi est stationné dehors. Deux Volvo un peu décrépis et deux voitures pilotes. Ils ont probablement livré des maisons préfabriquées plus haut sur la route. Ils parlent une langue qui rappelle le flamand et semblent sortis d’un autre temps. L’Amérique est plus divrersifiée qu’on ne le croit.

On quitte l’Alaska Highway pour prendre la Cassiar Highway qui nous mènera sur le sud de la Colombie Britannique. Bye Yukon. On reviendra! On avale la Cassiar jusqu’en bas. On sort le grill ce soir là à côté d’un profond canyon et dans un endroit bien tranquille. À force, on commence à connaître quelques coins.

11 juillet : Je rattrape une voiture qui tracte une remorque. Je vois que les feux de la remorque ne fonctionnent pas vraiment et le pilote peine à conserver une vitesse stable et slalome un peu. Alors que la route s’élargit je m’approche pour le dépasser. Notre génie du volant accélère soudain, baisse sa vitre et m’adresse un doigt qui laisse assez peu de doute sur son niveau intellectuel. Il aurait certainement agi un peu différemment s’il avait su que la circulation était arrêtée 3 kilomètres plus loin pour des travaux. Je tire le frein à main derrière sa trapanelle, descends du camion, bombe le torse et élargit mes épaules pour donner à Gaston l’impression du gros routier furax. Mesurer près de 2 mètres ça aide des fois. Quand je lui demande la raison de son salut de l’index, il répond par sa fenêtre entrouverte et sous l’œil de la caméra de son épouse qui attend un scandale que j’ai essayé de l’agresser avec mon camion. Je n’ai pas le temps de lui rétorquer avec le sourire que d’un point de vue sécurité il constituait une référence, car le feu a passé au vert et le bonhomme  décampe.

Nous arrivons vers midi à Prince Georges où je dépose une yourte chez une cliente qui l’installera plus tard. La femme est formidable et s’occupe de traiter les problèmes « fœtal alcohol syndrom » particulièrement présents dans les communautés autochtones et qu’elle prétend pouvoir traiter. Je la crois volontiers.

Petite douche au truck stop et nous reprenons la route. Arrivés à notre destination suivante, force est de constater que la météo n’est pas très favorable et qu’on annonce des pluies torrentielles pour le lendemain. Je vais voir le terrain où doit être installée la yourte et me rends compte qu’il faut passer sur un sentier qui sera complètement inondé le lendemain. Décision est prise d’attendre un jour.

12 juillet : il pleut des trombes et c’est un vrai bonheur de pouvoir rester au lit, rattraper le courrier en retard et prendre le temps de quelques jeux en ligne avec ma fille.

13 juillet : on a rudement bien fait de rester au lit hier. Le soleil est au beau fixe et nous installons cette yourte en une demi-journée à peine alors que ça nous aurait pris infiniment plus d’efforts le jour d’avant. Ce couple avec un nouveau-né est radieux et toute la famille est venue pour les aider. Ils vont vivre dans leur yourte eux aussi.

Une splendide journée de route en Colombie Britannique qui se termine au bord d’un lac. J’ai décliné l’invitation piscine de la famille de notre collègue Peter qui vit dans ce coin, car je n’avais vraiment pas le courage d’entretenir une conversation ce soir-là.

14 juillet : évidemment la journée commence par le selfie du père de mon collègue Peter qui s’est pris en photo à côté du camion alors qu’il passait là tout par hasard durant la nuit. Petit bain dans le lac pour commencer la journée. Les Shadocks dansent la Carmagnolle aujourd’hui et c’est aussi les ¾ de siècle de ma chère maman que j’appelle depuis ce camion qu’elle a conduit il y 2 ans à peine au Texas et au Nouveau Mexique lors d’un autre voyage mémorable.

La région de Kamloops, Vernon et la Okanagan Valley en Colombie Britannique est absolument splendide. Le climat sec et ensoleillé contraste avec la côte toujours humide. On s’en donne à cœur joie sur les routes sinueuses et splendides qui slaloment entre lacs et sapins. Des vrais sapins. Des arbres gigantesques qui pètent la santé.

Nous prenons un ferry pour traverser un de ces lacs et reprenons notre rallye. Peio demande à s’arrêter pour prendre une photo; ce que je fais à la première occasion : une petite place de parc dans un virage avec un point de vue magnifique sur un lac quelques centaines de mètres en contrebas. Je dis à Peio de prendre garde car j’ai aperçu un prêtre en soutane. Le temps pour moi de remplir mon log book et de mettre mes chaussures, je sors moi aussi. Et là je trouve mon basque presque bras-dessus, bras-dessous avec un père Breton équipé toutes options de l’habit et d’un bréviaire. L’homme de foi s’est arrêté là, inspiré par cette vue divine. Et bing lui tombent dessus un Basque à béret et un Suisse en camion. Il avait étudié en Suisse et connaissait tous nos vins, collectant du coup toute ma sympathie. La situation est surréaliste. Et les deux français (qui ne se disent pas français!) sont surexcités, penchés l’un vers l’autre comme pour pouvoir s’en dire plus à la foi, le tout sur fond de lac scintillant.

Je demande au prêtre si sa paroisse est francophone. Il répond que non, qu’il parle anglais, et latin et breton. Sur quoi il demande à Peio s’il parle le Basque.

Mon Pedro répond qu’il le « baragouine ».

Le père tout enthousiaste à Peio : «savez-vous d’où vient le mot barragouine »  ?

Mon Peio tout aussi excité est persuadé d’avoir la réponse  et rétorque, «  oui, bien sûr : bar   –   à    –     gouines!!! »

silence gêné du côté du curé – le soufflé se dégonfle quand il dit enfin «  pas du tout… Baragouiner vient du breton bar – pain et gouina  – vin et de nous expliquer l’étymologie de ce mot.

Si seulement nous avions un peu plus de temps et peut-être une bouteille de blanc du pays.… Ce petit monde improbable se quitte peu après reconnaissant tout plein à nos Dieux respectifs d’avoir orchestré une telle rencontre.

Nous arrivons à Nelson, magnifique petite bourgade peuplée de vieux hippies, juste à temps pour se taper la cloche à l’hôtel au bord du lac.

15 juillet : Pas super frais, mais à l’heure pour notre dernier rendez-vous de cette partie du tour. Nous transférons la yourte sur un pick-up et installons tout ça au soleil. Le jeune couple qui va l’habiter n’aurait jamais pu rêver acheter une maison à leur âge. Ils sont heureux!

Baignade sur un banc de sable au milieu du lac et dodo pas trop tôt, car on fait bombance pour fêter le dernier client de l’étape.

16 juillet : route jusqu’à Vancouver. On arrive en milieu d’après-midi, le temps de ranger la semi et faire nos bagages. Le conteneur que j’attends de Mongolie pour recharger le camion est retardé de 3 semaines. Peio et moi rentrons en avion demain matin. Voilà presque 4 semaines qu’on est en route, il est temps d’aller passer un peu de temps en famille. Quand à Peio il doit retourner au Burkina Faso où il forme des conducteurs de machines Caterpillar dans une mine.

11 août : je retrouve mon cher camion seul après 3 semaines d’attente d’un conteneur en retard. Le conteneur arrive à 11h seulement et débute un des exercices physiques que je redoute le plus. Les gars de chez Pacific Coast Distribution sont supers arrangeants et prêts à tout pour aider. Il faut d’abord former les 6 gaillards tout en commençant à décharger 18 yourtes chargées en couches, pièces par pièces pour gagner de la placer. C’est lourd et on bouffe des fibres de laine de mouton. Il faut trier pour reformer les 18 yourtes et les recharger dans le camion en fonction de mes livraisons. Je réalise que mes chers amis en Mongolie n’ont pas pu charger 3 sets d’isolation de feutre, ce qui va poser problème en route et me force à tout complètement décharger le conteneur avant de pouvoir recharger le camion.

Les gars font des heures sup et je peux quitter le dépôt à presque 20h, vanné. Le camion est archi plein. Petite douche bien méritée quand même et hop, départ pour la douane de Sumas distante de 30 minutes. Je passe d’abord chez les Canadiens faire viser mon carnet ATA et ils décident de venir inspecter. Ils sont très impressionnés par nos histoires et me laissent aller avec la bénédiction nécessaire. Les Américains me signifient que mes papiers ne sont pas prêts. Coup de fil au transitaire qui n’arrange rien et c’est finalement un des douaniers de l’oncle Sam qui effectue les modifications nécessaires et m’expédie ainsi libre dans la capitale mondiale du COVID.

Le client que j’appelle à 22h m’indique où stationner à Seattle et sera présent à 8h. Cette nuit, presque impossible de fermer l’œil pour cause de fatigue extrême et de crampes un peu partout. Vivent es déchargements de conteneur !!

12 août : le client est là avec sa conjointe à 8h tapante. J’ai à peine eu le temps de sortir leur yourte et de m’assurer d’aucun dommage durant le transport. Ils sont absolument adorables. Ils vivent sur une ile au large de Seattle dans un coin magique. Pour des gens comme eux, je prendrais le triple de temps si nécessaire. À 9h je reprends la route et fais halte pour le plein en Oregon, non sans avoir pris la taxe de traversée de l’état par téléphone avant d’arriver. Je prends 250 gallons, soit 950 litres… j’étais très proche du fond. Je me rends compte que j’ai un pneu plat et en fait changer deux aussi sec au truck stop. L’opération prend 3 heures car il se trouvent d’autres candidats avant moi.

Traversée de l’Oregon. Stop au super marché pour une petite pause et faire le plein du frigo et hop, direction côte pacifique en Californie par les petites routes. Il est près de minuit quand je traverse la Red Wood Forest. Je m’arrête en plein milieu pour aller embrasser l’un de ces géants qui mesurent plus de 60 mètres de haut et aux troncs beaucoup plus larges que mon camion. Dans le noir absolu, je vois une étoile filante entre les cimes. Le silence est total et ça vous recharge à bloc n’importe quel être humain. Dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pas pu imaginer des moments pareils…

Je m’arrête à 1h du mat sur une longue plage au bord du Pacifique. Petit rince pied rapide et au lit pour quelques heures.

13 août : rendez-vous sur une aire de repos dans la montagne du nord de la Californie. On décharge une yourte sur une petite remorque. Je trouvais que ça sentait beaucoup la moufette (le putois) sur ces routes et me rend compte en arrivant chez Chris qu’il s’agit bien en fait de l’odeur caractéristique du cannabis. Sa ferme en produit des quantités industrielles. Entre cette odeur, la chaleur, la poussière et la fumée feux de forêts, on cuit totalement et tout le monde est heureux de terminer en milieu d’après-midi. L’étoupe n’a certainement pas l’heur de donner beaucoup d’énergie à mes collègues de travail du jour…. Payement du solde en billets de 20$. Bienvenue au « Humboldt county » qu’on me dit, sous-entendant que seul le cash a cours dans cette région de planteurs de pot. J’en pose une partie chez un autre Chris, un de nos clients et ex-représentant qui nous a drôlement dépanné en louant sa yourte au cultivateur que le retard du conteneur n’arrangeait vraiment pas.

À Crescent City j’avise un bouiboui qui fume et semble offrir un BBQ authentique. J’embarque le menu dégustation au complet et me tape carrément la cloche au volant, heureux d’être en route dans ce pays magnifique.

Je veux passer San Francisco de nuit pour éviter le trafic et aperçoit le Golden Gate bridge illuminé dans le lointain. Dire que j’avais ce pont mythique en poster dans ma chambre d’adolescent.

Je me trouve un petit coin tranquille à 15 minutes du client suivant dans une zone industrielle d’Oakland. Je parage le coin avec plusieurs immigrés qui dorment dans leurs voitures. Tout le monde ne vit pas le même rêve américain.

14 août : je laisse gooogle map pour un GPS camion histoire de trouver une route entre les interdictions de camion. Malgré tout, je m’enfile dans une rue dont les arbres sont beaucoup trop bas pour que je force le passage. Reculée de 500m sur une route étroite et très achalandée… Finalement je dois pour arriver chez mon client reculer à angle droit et en pente dans sa rue.  Manœuvre effectuée avec brio, merci, jusqu’à ce que je me rende compte que les ouvriers mexicains d’à côté ne m’applaudissent pas, mais me font signe d’arrêter… Trop tard! J’emporte le câble internet d’un voisin. Celui-ci sort furax de chez lui et me dit qu’enfin ses enfants avaient recommencé l’école en ligne le jour même, lui offrant un peu de paix pour son propre travail et hop, voilà qu’un camion couleur yourtes mongoles lui arrache sa ligne de vie dans sa ruelle pourtant si reculée… il comprend pas.

On décharge la petite yourte de Hanna. Cette yourte porte le numéro 666. Sur cette tournée, nous avons refusé d’effectuer les assistances au montage pour cause de COVID. Je leur donne quand même un coup de main pour m’assurer qu’ils soient sur la bonne voie et me rend vite compte que cette yourte-là est tordue. J’arrive à rectifier le tir et à les décourager de prendre une baie vitrée qui dans leur cas serait inutile. Je prends encore soin de m’enfiler une longue écharde juste sous l’ongle et prends la poudre d’escampette direction le client suivant. La chaleur est épouvantable.

Nous déchargeons la yourte suivante dans une Subaru qui effectue 3 voyages jusqu’à sa destination finale que je ne peux rejoindre en camion. Les clients sont deux très sympathiques et jeunes médecins et leurs conjointes. Je les quitte après avoir descendu 4 litres d’eau en 2 heures qu’ont pris la livraison et les explications.

Je prends la direction du centre de la Californie et m’arrête pour une petite rincée dans un réservoir d’eau gigantesque, mais presque vide. La Californie est à sec, mais continue d’irriguer tout ce qu’elle peut pour faire pousser fruits et légumes dans le désert.

J’avise un élevage de vaches parquées par centaines dans une puanteur abominable et serrées comme des sardines. Les californiens viennent ensuite nous donner des leçons sur l’environnement et sur la consommation du foie gras…

Il est 22h quand je stationne chez les clients suivants à quelques encablures du Séquoia National Park.

15 août : à 6 :30 je vais au bord de la petite rivière toute proche et découvre un paradis. Je plonge dans mon plus simple appareil dans une eau à température de rêve et me laisse rincer avec seulement le nez dehors pendant presque une demi-heure. Ce moment vaut absolument toutes les petites peines endurées et fait de ce job sans le moindre doute le plus beau métier du monde.

À 8 heure l’avocat qui reçoit ses deux yourtes dans sa nouvelle propriété me fait visiter sont hacienda. Il s’agit d’un vignoble et de ses dépendances dans un cadre grandiose. Lui est tellement gentil qu’il me fait peur. Petit café, petit sourire, petit copain-copain. Bien que je lui aie dit que mon temps était compté car attendu plus loin, il insiste pour que je lui dessine son plan architectural et me présente à toute sa famille tout en me laissant décharger seul. J’arrive finalement à décoller à 11 heures pour prendre le chemin de Los Angeles.

J’y livre à 16h une autre yourte à une femme extraordinaire qui l’utilisera comme studio de musique. Son bonheur de recevoir sa yourte tant attendue est communicatif et j’en rajoute bien sûr un peu sur les traditions et autres explications pour qu’elle en ait vraiment pour son argent.

Je roule encore jusqu’à San Diego où j’espère trouver un motel car la chaleur est telle qu’il sera difficile de dormir cette nuit et que j’ai accumulé assez de fatigue. San Diego est telle qu’il est à peu près impossible de stationner un camion tellement la ville est dense. Je roule encore une demi-heure en direction de la montagne où il fait un peu plus frais et squatte le parking d’un super marché. L’hôtel Groovy ça ira aussi…

16 août : je suis stationné à côté d’une laverie et profites d’y faire ma lessive pendant que je répare les feux de la remorque qui font des leurs.

À midi je recule chez ma cliente en plein centre-ville… et ô bonheur, la place est immense. La fille est adorable et veut vivre dans sa yourte pour fuir son logement moisi qui lui cause des problèmes de santé à elle et son fils. Une fois la yourte déchargée, la douche extérieure dans le jardin sous le soleil de Californie et entre les palmiers prend un goût de vacances balnéaires.

Je remonte à Los Angeles et stationne cette fois dans un motel qui a de la place pour les camions. Deuxième repas chaud depuis le début du voyage avec un excellent take-out indien que j’arrose de deux bières fraîches dans cette zone industrielle. Zone industrielle ou pas, le vent chaud et les palmiers prolongent le goût de vacances. Cette nuit je dors bien à l’air conditionné de la chambre bon marché et me paie le luxe d’une séance de yoga au matin.

17 août : j’ai attendu ce lundi car je dois livrer dans une entreprise de produits métalliques qui n’ouvre qu’à 9 heures. Je dois vider dans un conteneur de produits d’aciers qui s’en va à Hawaii. Le client à Hawaii m’a promis que j’aurai de l’aide. Lorsque je m’adresse au contact qu’on m’a donné, le gars me répond qu’il n’a jamais entendu parler de ça… Et hop de réveiller le client à Hawaii qui débrouille l’affaire… mais pas l’aide promise.

Je décroche ma remorque pour avancer leur conteneur afin de pouvoir ensuite reculer contre celui-ci. Je débarque ensuite une énorme yourte de 7 murs (8mètres). Il s’agit d’un monstre dont certaines parties pèsent 80 kgs et plus. Les feutres sont lourds et super volumineux. La chaleur est telle que ça me prend 2h et demie pour tout transférer. J’ai descendu 8 litres d’eau…

Je me bricole 2 sandwichs et prends la direction de l’est, au Utah. Le désert est splendide. La chaleur est si intense que l’air conditionné du camion n’arrive pas à suivre. On est à 46degrés Celsius. La vitre côté conducteur est brulante. Je passe Las Vegas sans m’arrêter et arrive vers 22h proche de ma destination. J’avise un parc régional au bord d‘un lac de montagne. L’accès est interdit de nuit, mais je me faufile quand même  entre les cônes et dors après une température raisonnable.

18 août : réveil, yoga au bord du lac et baignade parfaite avant de reprendre la route. Je veux payer mon accès à la gardienne qui a repris son poste, mais elle me signifie qu’elle ne m’a « pas vu ». Thanks Mad’m!!

Rendez-vous est pris dans un truck stop où je fais le plein. Le client arrive en retard. Sa conjointe sort de la voiture pour dire bonjour et y retourne pour toute la durée du transfert, soit près de deux heures. Le type est sympa… mais un peu bizarre. Je peine à le dérider. Son pick-up est plein de gravier et de bidons. Il me dit qu’il peut faire deux voyages si nécessaire – il est à seulement 20 kilomètres de là… franchement! Évidemment je parviens à lui charger une yourte, une deuxième couche de feutres et 3 fenêtres et fout le camp. Sa voiture ressemble à un chameau, mais je ne peux pas me permettre d’attendre copain deux ou trois dheures de plus.

Je me dirige sur le Nouveau Mexique, via le Colorado, traversant des paysages de calendriers époustouflants. Dodo sur une aire au bord d’une falaise couvrant une vue que je découvrirai au petit matin.

19 août : je découvre une vue merveilleuse et une grosse fuite d’huile qui salit tout le côté du camion. Je roule à travers un décors cowboy – indiens et vais poser une baie vitrée chez une cliente tout en récupérant une veste oubliée en automne. Je m’attends à voir des indiens à plumes déballer à cheval des montagnes environnantes.

Dans le bled d’à côté je stationne au super marché et lève le capot. C’est d’abord une fuite d’eau que je découvre. Derrière moi s’élève une voix avec un accent américain du coin prononcé : « on dirait que t’as un problème? » «Le nom est Ed, je suis routier et j’habite à côté ». Ed, bien que super red neck, est adorable et me donne un sacré coup de main. Je répare la fuite d’eau et me rends compte que ma pompe de direction est desserrée, libérant assez d’huile pour redécorer ma semi. Je songe déjà à ce que je pourrais donner à Ed pour le remercier : une paire de pantoufles mongoles, un plaque de choc suisse, un billet de banque. Celui-ci me dit qu’il ne veut rien. Que je n’ai qu’à passer la faveur au suivant. D’ailleurs il rayonne d’avoir pu se rendre utile à la façon des vrais routiers. Je suis très reconnaissant et c’est une leçon pour moi d’apprendre à accepter. Ça me donne aussi l’occasion de refaire les niveaux du moteur… et de mon garde-manger au Wal-Mart dont je pollue le stationnement.

J’arrive chez le client suivant par une route super sinueuse et en passant par de petits villages à l’allure très mexicaine. Nous sommes forcés de transférer cette grosse yourte avec sa plateforme en deux voyages sur une plus petite remorque. Nous installons la plateforme après un bref orage et je suis invité à manger chez ces gens extraordinaires. Elle est prof d’école un peu hippie et gère cette petite ferme bio. Lui est scientifique, ingénieur nucléaire à la retraite. Une femme noire de Chicago fait également partie de l’équipe. Elle est « woofer ». Elle aide bénévolement dans des exploitations organiques en échange du gite et du couvert, un mouvement qui prend de l’ampleur aux USA »

20 août : on installe cette yourte sur une plateforme surélevée, ce qui rend les choses plus difficiles, mais l’équipe est excellente : enthousiastes, travailleurs et avec un bon sens pratique. Je les quitte presque la larme à l’œil après une douche au tuyau d’arrosage et une crème glacée à l’ombre d’un vœux chêne.

Direction Texas.

21 août : mon tour du camion au matin révèle un nouveau pneu crevé. Je roule comme ça presque une heure avant de trouver un atelier qui me le change en 15 minutes avec le sourire. À Fredericksburg, je livre une toile à un ancien vice-ambassadeur des USA en Mongolie et file pour une dernière livraison : une autre grosse yourte au milieu d’un champ. Tout est sec et sa passe assez bien malgré la faible garde au sol de ma remorque. Alors que nous déchargeons, commence un violent orage. Je pense d’abord que ça va ne durer que quelques minutes. Mais force est de constater que ça se prolonge et que si j’en fais de même je ne pourrai pas ressortir. J’arrive tout juste à faire demi-tour et à revenir sur mes pas en glissant dans tous les sens et en ayant bien soin d’appliquer le couple minimum pour patiner le moins possible. C’est moi une que je ne doive attendre deux jours que le terrain ne sèche.

Le soir arrivée à Wimberley chez un client fidèle et gastro dans l’excellente pizzeria du coin. Il fait trop chaud pour dormir jusqu’à ce qu’un nouvel orage se lève au petit matin. Je danse un moment sous la pluie pour me rafraichir et retourne au lit.

22 août : aujourd’hui congé! Rattrapage d’email en retard, réorganisation de la semi et rédaction de ces quelques lignes. Ça me prend la journée, mais j’ai encore le temps d’aller me baigner dans la rivière magique avant d’être invité à souper par mes clients. COVID oblige, nous mangeons dehors. Je suis entouré d’une famille de Texans sortant de l’ordinaire.

23 août : Il faut attendre que les clients qui occupent le terrain de mes hôtes débarrassent le plancher. À 375$ la nuit dans ces yourtes de location magnifiques, ils ont le droit à la tranquillité. Brian et sa conjointe ont créé ce camp touristique de leur propres mains et en misant tout ce qu’ils avaient. En une année ils ont généré un tel succès qu’ils achètent leur 7ème yourte et m’en commande 3 autres… et envisagent d’aller passer 3 mois avec leurs filles adolescentes sur un voilier dans l’océan indien.

Je les invite dans un BBQ texan local et prend la route en milieu d’après-midi pour traverser le Texas direction Est. A minuit alors que j’ai les yeux qui se croisent et que je cherche un endroit pour passer la nuit, je rentre en Arkansas et bénéficie de l’hospitalité de la balance qui est ouverte. La jolie blonde qui inspecte le camion et les papiers pendant une heure renonce à me mettre une bûche après que je lui joue une petite ronde de séduction tirée des dernières forces de la journée. La liste des erreurs est longue et j’ai deux semaines pour envoyer la preuve des corrections. L’Arkansas doit encore me prouver qu’il a du bon…

24 août : café léger dans un des relais routiers les plus pouraves du pays. On est loin du clinquant de la Californie.

Arkansas – Tenessee en évitant le Kentucky où l’on fait du Whisky avec du mais où l’on paie une taxe de plus, je passe de chez Elvis Presley à Memphis à Dolly Parton à Nashville sans même leur faire la bise. Je roule non-stop et dans ma rêverie je m’étonne que toutes les jonctions de pont du Tenessee soit aussi mal faites. Je me réveille quelques centaines de kms plus tard en me disant que ce n’est pas possible qu’on se tape ainsi le cul au pays du country et un coup d’œil à la jauge de pression de suspension me confirme que c’est bien moi l’imbécile : elle est à zéro et c’est pas étonnant que je m’explose les lombaires. Je crains d’avoir explosé un boudin d’air, mais bretelle de sortie d’autoroute suivante me révèle que seule une goupille de la valve de suspension s’est faite la malle et je répare avec une épingle à cheveux.

Dodo le soir en Virginie après 1300kms de route et des sushis chez Shogun.

25 août : j’ai un peu forcé le pas dans l’espoir de pouvoir faire halte chez un ami suisse de mon père en Pennsylvanie. J’arrive encore à trouver un lavage camion à l’heure du lunch doublé d’un chrome shop, unique magasinage autorisé pour chauffeur routier. Pendant qu’on fait les ongles du camion et de la semi, je nous dégote quelques accessoires beauté indispensables.

J’arrive non loin de chez Michel à une heure buvable et me stationne au truck stop local. Le presque nonagénaire vient me cueillir dans sa Prius et me ramène chez lui pied dedans dans un décors d’anciennes petites maisons américaines charmantes et de banderolles pro-Trump qui font rudement tousser mon hôte. L’endroit est idyllique. Michel a quitté la Suisse il y a bien longtemps alors qu’il réalisait que sur le plan sentimental il était plutôt attiré par l’autre équipe. Le Canada et puis ensuite les USA lui ont semblé plus ouverts et il les a traversés au temps des révolutions identitaires. Lui et son conjoint ont créé un petit havre de paix en Pennsylvanie, petite ferme merveilleuse avec son jardin qui révèle que quand on laisse les gens vivre leur vie, aussi peu commune soit-elle, la beauté en surgit.

Nous mangeons la fondue au jardin, au mépris de toute pandémie. Je m’émerveille qu’un gars de 88 ans soit en fait bien plus jeune d’esprit que l’auteur de ces lignes.

26 août : Je livre une des dernières parties de mon chargement chez une shamane hongroise dans l’état de New York. Le coin est magnifique. La dame, adorable, son fils et son conjoint sont hébergés par des amis à eux en attendant l’érection de leur nouveau logis que j’amène aujourd’hui même. Pour l’aquiérir et aller vovre aui milieu de la forêt, ma cliente a vendu sa maison. C’est le résultat d’une vision qu’elle a eue en transe et retransmise en peinture sur une toile saisissante exposée dans la maison de leurs hôtes. Même si l’histoire paraît énorme, les acteurs semblent avoir les pieds sur terre et le regard de la madame en dit long sur sa capacité à lire son environnement.

C’est ici que devrait me rejoindre mon collègue Peter qui, venu de la ferme en Ontario aurait dû amener le solde de la commande. Mais Peter a été retardé en route et en fin de journée je décide d’aller le rejoindre à une heure de route et de réorganiser la suite des événements. Peter voyage avec le pick-up Ford de notre petite entreprise et une remorque fermée aux couleurs.

C’est sur le parking du Wal-Mart de Kingston NY que nous nous retrouvons et c’est le premier rendez-vous international de deux véhicules de la maison. Ça a de l’allure et on n’est pas peu fiers. On va fêter ça au Steak House du coin. Retour au parking pour prendre toutes sortes de clichés artistiques de nos 2 véhicules illuminés. On a peut-être aussi profité d’appeler l’u ou l’autre d’entre vous au téléphone ce soir-là…

27 août : On n’est pas particulièrement frais en ce joli matin et le ciel est tout pareil : très gris. On arrrive à sationner nos deux véhicules chez Yuri, notre dernier client. Cet Ukrainien loue cette propriété sur AirBNB et nous sommes sensé avoir tout terminé avant 16h, l’heure d’arrivées de ses prochains clients. On y est presque lorsqu’une véritable tornade s’abat sur l’endroit et inonde la yourte pas tout à fait finie. J’en profites pour une douche au camion, mais nous n’avons pas assez de temps pour tout corriger et décision est prise de revenir le lendemain.

Temps pour nous d’aller livrer le solde des pièces de la Shaman que Peter amenait dans sa remorque puis de s’arrêter dans un petit bled pour une soupe… tibétaine. Quand on repart, nous décidons d’éviter le NY Thruway, autoroute payante. Grand bien nous fait : nous sommes projeté sur les bords de l’Hudson à la tombée de la nuit dans un décors surréaliste. Dans cette étroite vallée, de vieux rafiots sont à l’abandon ou en attende d’hypothétiques réparations. La route pourave et coincé entre la rivière et une falaise de forêt humide et impénétrable.  Toutes sortes de maison à étages pierre ou en brique sont sorties d’un autre siècle, au bord de la Tamise du temps de Peter Pan. On est projeté ailleurs dans le temps l’histoire de quelques miles. On cherche la gargote à demi éclairée emplie de bateliers déchirés et chantant, mais ne la trouvons pas et finissons au camion heureux de rattraper quelques heures de sommeil.

28 août : ça nous prend toute la matinée à réparer les dégâts et finir notre installation. À midi on décolle en convoi pour traverser l’état de New York en direction du fleuve St-Laurent que nous traversons à Alexandria Bay, ainsi que la frontière du Canada. Je débarque une heure plus tard à la maison à 20’200 kms du départ, heureux et conscient d’avoir le cul bordé de nouilles.

Yves Ballenegger

GroovyYurts Inc.

20845 McCormick Rd.

Alexandria, ON, Canada, K0C 1A0

www.groovyyurts.com

 

 

 

 

Direction Stockholm avec Tophe69 des transports Thevenon

Régulièrement, les transports Thevenon effectuent de jolis voyages à travers l’europe. Tophe69 y mène une paisible carrière à bord de son Volvo Fh, il nous raconte ici son fabuleux voyage avec de jolies photos qui en feront rêver plus d’un !!!

Embarquement immédiat ici : https://www.fierdetreroutier.com/phpbb3/viewtopic.php?f=19&t=13148&start=940

 

Une journée en convoi exceptionnel

Aujourd’hui j’ai testé les convois exceptionnels en première catégorie pour le transport de postes de transfo électriques d’Orange au port autonome de Marseille.

Et donc je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de faire un mini reportage pour FDR en presque direct live.

Donc voila le récit de ma journée:

Aujourd’hui 15/12/06 à 3h00, je me lève pour une journée de nouveautés personnelles, mon premier convoi exceptionnel entre Orange et Marseille. Le but, partir d’Alès à 4h00 pour récupérer la remorque à col de cygne chargée d’un poste de transformation électrique chez le client à Orange et vider à Marseille à 7H30 au port autonome.
Le voyage se fait sans encombre, hormis lors de l’arrivée au port et de l’accueil pourri des gars chargés de la sécurité pour le plan vigipirate.

Ensuite un poste de 30t ne se décharge donc pas à la main, il faut attendre le grutier qui doit être là en même temps que nous…
Bon il n’arrive qu’à 9h. On vide notre poste, je vais essayer de faire bref car l’arrimage et le déchargement d’un poste pourrait êre long à raconter et en endormir certains. Une chose amusante à noter, un batiment de 30t pendu au bout d’une grue peut être manipulé d’un seul bras par un gars frêle comme un briquet. La mise en place avec les mesures sur l’espace réservé se fait aussi à la main et le mètre dans l’autre pour mesurer.

Une fois le poste déchargé, retour chez le client à Orange pour le chargement d’un deuxième poste à décharger près du terminal d’embarquement pour l’Afrique sur le port toujours.
Au chargement, nous y sommes aux alentours de 11H30 tout va bien… le bitume qui sert d’étanchéité à la partie du poste à enterrer, est encore tout frais (merci pour mes gants neufs mdr), ainsi que le crépi sur la partie « haute » du batiment. D’après le gars qui nous charge, le poste a été fini en hâte et à l’arrache totale comme on dit (manque de joints de plafonds, mauvais perçages, etc…).

On redescend sur Marseille, en arrivant au port, on apprend qu’un des postes déchargé durant notre absence a fait une chute de 5cm car une élingue aurait glissé à cause d’un mauvais arrimage, m’enfin 5 cm pour une cabane de béton de 30t faîte dans des coffrages, ça a fait quelques dégâts, notamment des fissures et déplacement du toit du batiment.( le client final devait être content du travail de ces messieurs les pros du levage).

Ensuite on décharge, j’en profite une fois de plus pour mitrailler avec mon appareil photo et on range notre matos pour rentrer à la maison. C’est fini, plus de plaques convoi et autres gyrophares, ça faisait bien joli. (Guillaume30)

Une journée en porte verre

Anthony roulait en porte verre, découvrons un peu à quoi ressemblait son boulot …

Je monte vider dans le nord de la hollande. jeudi matin, je rechargerais à Tiel pour Méry sur seine où je viderais vendredi matin. Je rechargerais à Athus (belgique, à la frontière avec Longwy) l’après-midi, pour rentrer après 21h00 à la maison. (Sweden 2007)

Une journée de sciure et copeaux

Lors de mes petites vacances, j’en ai profité pour découvrir un secteur du transport que je ne connaissais pas. Le transport de sciure et de copeaux depuis les scieries aux usines de fabrication de panneaux de bois.

L’industrie du bois est comme ça, les billes de bois sont amenées dans une scierie, là elles sont découpées, lors de la découpe, les copeaux et sciure sont amenés dans un silo. Lors des périodes ou ça scie beaucoup, 1 fois par semaine, un camion vient chercher ces déchets. Car les usines de fabrication de panneaux en ont besoin pour faire des contreplaqués et toute la gamme qui va avec.

Pour charger cette sciure, il y a 2 systèmes, le premier est qu’on vient avec une semi a fond mouvant et le chargement se fait avec un trax, simple et pas salissant. Le 2eme système, c’est un camion muni d’un aspirateur et c’est avec ça que l’on charge. Mais c’est beaucoup plus long, dangereux et aussi plus salissant et endurant, c’est assez physique. C’est pour ça, qu’il y a que des jeunes qui font ce boulot.

Je suis allé voir le 2ème système comment ça allait. J’ai fait un tour de 400kms avec mon copain Pierre andré. C’est un jeune chauffeur, il a passé son permis en même temps que moi, mais a commencé a rouler depuis septembre de cette année. Il a reçu un camion attitré, c’est un vieux FH12 380ch camion remorque, avec petite cabine, mais généralement, il dort très peu dans son camion, 3 fois dans le mois.

Pour charger un camion, le temps moyen est d’environ 2h, mais dès fois c’est 3h de temps, avec pelle et fourche. Il faut faire bien attention, de ne pas se recevoir un tas de sciure qui dégringole, car on voit rien la dedans, a cause de la poussière que ça fait. Mais aussi, dans les silos, car il y a une vis sans fin, pour alimenter le chauffage de la scierie.

C’est pour cela, que l’hiver ces chauffeurs ont moins de boulot, ils sont très tôt a la maison, a raison de 1 tour par jour, voir 1 tour en 2 jour. Pour pouvoir charger, faut savoir manier la fourche et la pelle et aimer bouffer de la sciure.

On voit que c’est chargé aux sacs au dessus qui sont tous levés, car l’air passe par là pour sortir, sinon le camion exploserait et des spansets (sangles d’arrimage sont aussi tendues en large.) – (par Nico/2006)

Pour le déchargement, il faut lever les portes de côté, c’est à air car trop lourd sinon. Ensuite un trax vient pousser la sciure avec une lame.

Ensuite le chauffeur doit peller le reste que le trax n’a pas pris, généralement très peu. S’il doit recharger des panneaux ou des palettes, il faut souffler a l’air comprimé le reste de marchandise.

Puis balance pour poids à vide, et lavage, même les jantes sont brillantes maintenant.

Voila, une spécialité du transport, un boulot où il faut vraiment avoir la passion. Ce n’est pas de tout repos, mais il y en a qui aime.

Chauffeur de citerne à bitume

Il est 5hoo du mat je me lève et me prépare à partir.
6h30 départ du dépot. Après 30 minutes de route, j’arrive au chargement.

Je me positionne sous le poste de chargement, il me faut 45 minutes environ j’en profite pour aller boire le café.

Apres avoir chargé je passe en bascule et je fais les papiers pour le transport. Après un bon repas et un contrôle routier (eh oui nous aussi on y passe), Direction Brioudes (43).

Et voila  nous sommes partis pour 45 à 50 minutes de dépotage, après tout cela il nous reste plus qu’a reprendre la route pour d’autres aventures. Mais cela ne m’empêche pas de faire une petite sieste (en bas du col de la chavade). Voila donc à quoi ressemble l’une de mes journées.

Fred (soafre)

Une journée parmi les poulets

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le ramassage des volailles s’effectue de plus en plus souvent par machine, les entreprises ayant beaucoup de mal à recruter du personnel pour le ramassage à la main. Ces machines sont équipées de rouleaux avec des doigts en latex très souples qui les attrapent et les envoient dans le tapis. Avec ce procédé, il y a moins d’hématomes, d’os cassés, de déhanchements etc… Bref, moins de blessures mais aussi moins de stress. Il faut compter en moyenne 1h15 pour charger et selon le type de containers, nous transportons environ 11 000 poulets par camion. Voici donc le déroulement d’une de mes journées… (par Greg85/2008)