Hommage aux anciens, Marius Chauzal

Le grand-père d’Adrien26, Marius a été chauffeur chez Ladreyt, il a pu retrouver certaines de ses photos.

Les transports Ladreyt ont été crée en 1902 par Célestin LADREYT. Cette société plus que centenaire n’a cessé de se developper dans des domaines variés du transport tels: le déménagement, le stockage, la location des boxes, et le garde-meuble.

Détails techniques : Philippe Derruder

Photo du mois

Un grand bravo à Nico de chez Gamba Rota qui remporte le concours de la photo du mois ! Cliquez-ici !!

Essai 143-500 SCANIA Streamline

UN BOUFFEUR DE COTE HORS PAIR

Touché en Août 1996, je l’ai gardé jusqu’en Novembre 1998.

Mécanique :

Comment définir ce tracteur, si ce n’est que c’est un bouffeur de côte hors pair ? Un avaleur de bitume qui n’a cure du poids transporté. Pour ceux qui connaissent, le « Grand Boeuf », avec 40 tonnes, c’était 100 en bas, et 95 en haut. De la puissance à revendre… Et avec le « pot ouvert », c’était un plaisir inégalable pour les oreilles.

Certes, on ne sent pas les montées avec lui, mais les descentes, si ! Pas de retarder, papillon sur échappement inefficace, seulement les garnitures. Ca fait un peu juste, et en Savoie (Col de Ceignes par ex) , ça se sent …

Cabine :

Un intérieur très bien conçu, un tableau de bord parfaitement agencé qui n’a pas à palir devant certains actuels. Le poste de conduite me plaisait particulièrement, la position de conduite d’un Scania est unanimement reconnue.

De la place et de l’aisance sur le siège, avec des réglages pneumatiques partout, et dans tous les sens.

Mais pour passer dans la couchette, il fallait faire un peu de gymnastique : une grosse « malle » en plastique (destinée à faire office de range-tout) sur le capot moteur gênait particulièrement tout déplacement.

Dans la couchette (dure juste ce qu’il faut), pas mal de place, on pouvait s’étendre en long et en large sans gêne aucune. De quoi faire de beaux rêves !

La mise en route et le réglage du Webasto se faisait de là, juste au-dessus de la tête (et donc aussi accessible depuis le siège).

Assez d’éclairage, bien répartis et de bonne puissance.

Point noir : les capacités de rangement. 3 placards au-dessus du pare-brise, une petite console sous le tableau de bord, et la « grosse bécane » au-dessus du moteur étaient de trop faible capacité.

Toutefois, d’astucieux espaces sur le tableau de bord permettaient d’avoir à portée de main cartes d’autoroutes ou briquet.

A regretter aussi, le manque d’espace en hauteur. Impossible de se tenir debout, position courbée obligatoire pour s’habiller.

Eclairage :

Particulièrement bien pourvu de ce côté avec toutes ses lumières, ce 143 – 500 était un parfait oiseau de nuit. En plein phares, on y voyait presque comme en plein jour.

Equipement :

V8 14 litres, pot ouvert.

Suspensions pneumatiques.

ABS.

2 réservoirs à gasoil (contenance un poil juste).

De la lumière et des phares à tous les étages.

Webasto programmable avec réchauffage du moteur.

Clim.

Trompes TGV.

Les pannes :

Durite alimentation gasoil.

Pompe direction.

Compresseur HS.

Durite circuit de refroidissement.

 

Essai MAN TGX 18 460 efficientline 3 XXL

Une prise en main signée Ludo25

La première semaine d’avril 2017 j’ai eu le plaisir d’avoir un tracteur de démonstration, en l’occurrence le « nouveau »TGX 2017, je vais vous faire part de mon ressenti à travers cette essai.

Le véhicule d’essai est un MAN TGX 18 460 efficientline 3 en cabine XLX.

La plus grosse évolution du millésime 2017 du TGX c’est la boite de vitesse d’origine Scania, l’opticruise doté de 14 rapports avant et d’une marche arrière. Pour ceux qui connaissent la ZF As tronic, oubliez-la, et bienvenue dans un monde de douceur et de cohérence, on n’est encore pas au niveau d’une I shift Volvo, mais il est clair qu’elle fonctionne beaucoup mieux que la ZF.

Y’a encore certaine fois où elle tricote, et ou elle semble perdue en redémarrant en sortie de rond point par exemple, mais les rapports s’enchaînent plus rapidement et en douceur.

Pour ce qui a été de la consommation, je ne peux vraiment pas donner de chiffres significatifs n’ayant pas fait de lourd, à part la première demi journée. Je n’ai pris en compte le tracteur qu’en millieu d’après midi, et chargé avec 28 tonnes, la conso a été de 36,9L pour 269 kms. Le reste de la semaine s’est fait avec des chargements dont le poids n’excédait pas les 5 à 6 tonnes.

En conclusion,c’est un véhicule très agréable à conduire et à vivre, on retrouve toujours la couchette avec son célèbre sommier à lattes.

L’efficientcruise est efficace, et ont se fait vite à son fonctionnement et il s’avère très bénéfique pour la consommation de carburant.

Essai Turbostar 190-48 SPECIAL

Pour ecouler son stock de Turbostar, avant le lancement de la série Eurotech, IVECO lance en 1992, une série spéciale nommée de manière très originale  » SPECIAL « , avec sellerie cuir bleue, jantes alu Alcoa, carrenages latéraux. La cabine est soit blanche soit noire, disponible en 380 ou 480cv.

L’essai grandeur nature a lieu de mai 1992 à septembre 1994, sur près de 500 000 kms……

On m’a attribué un 190-48 de 480cv doté du fameux V8 FIAT. Une vraie bombe. Esthétiquement réussi, le SPECIAL, accuse déjà le poids des ans. Cependant, il révèle de nombreuses qualités. Je n’ai pas à ce jour, trouvé l’équivalent en comportement routier, un tracteur à la fois souple avec pourtant seulement deux coussins d’air arrière et doté d’une tenue de route exemplaire. En revanche, lors des manoeuvres difficiles et avec du poids, il fallait de sérieux biceps pour tourner le volant. Sur routes sinueuses au revetements incertains, il était toujours facile de tenir le cap; la cabine bien que suspendue en quatre points, reflétait bien l’assiette du véhicule. Quelques coups de raquettes étaient toutefois à déplorer. Mécaniquement simple, tout pouvait s’arranger avec du fil de fer, notamment la pompe à injection…

Avec une conso flirtant souvent avec le 50 litres au 100, il obtenait toutefois une moyenne horaire inégalable à ce jour. Qui dit IVECO, dit forcemment soucis electriques, il aura fallu pas moins de 5 kg de fusibles neufs pour réaliser cet essai. ( j’exagère….. à peine ) Quelques soucis ont émaillé cet essai : la tringlerie de la pédale d’accélérateur à 30 000 kms, l’embrayage à 300 000 kms, un coussin d’air éclaté, par deux fois le retour du gazoil percé et bien sur les inévitables fuites d’air, mais rien de bien méchant.

Coté habitacle, la cabine est petite mais ce n’est pas une révélation, elle avait de fait, un coté  » cocon » home sweet home. Difficile donc de caser les cartes, les documents, affaires perso et caisse à provision. Pour peu que l’on roule seul, les bagages tiennent sur la couchette du haut, les cartes, atlas et autres, derrière le siège passager. Un petit coffre situé sur le capot moteur, permet le rangement des papiers du transport mais pas plus.

Attentionés, les ingénieurs de chez IVECO avaient mis au point un système de chauffage autonome qui rechauffait l’eau du moteur; ingenieux systeme qui exigeait des nuits courtes car, au delà de 4 heures de fonctionnement, les batteries se retrouvaient à plat. Les bouches d’aération de la cabine étaient fort efficaces mais mal situées, juste au niveau du cou et des reins, idéal pour attraper froid. Avec une peinture noire, il se doit d’avoir une clim efficace: un bon point pour la clim. De plus, une fine douche glacée venait vous lecher les pieds puisque le degivrage coulait au pied du conducteur….

La visibilité n’était pas le point fort de ce véhicule, la taille des rétros degivrants et orientables à souhait, palliaient à ce défaut, un grand store évitait l’éblouissement. Une belle tablette escamotable permettait de manger ou d’écrire. Au final, même s’il a beaucoup vieilli, je ne saurais pas encore aujourd’hui resister à la sonorité du V8 FIAT à condition de ne pas avoir toutefois cette bête ZF à 16 rapports, trop court sur la gamme basse et bien trop long sur les hautes. Pour info, en solo, un 48 IVECO, c’est 16 secondes de 0 à 100 kms heure et dernière précision, en 8e grande à 2200t/min, ça fait du 160, hum hum, merci le fil de fer.

 

CDB Samu88 #18

Petite semaine pour Samu88 mais il a été au quand même au charbon
Et ça se passe sur 2 mois mine de rien !! Vous saurez tout en cliquant là !

 

Champion de drift

Impressionant !!! Et quel coup de chance !!

Transports Allemand – Rumilly (74)

L’histoire des transports Allemand remonte au début du siècle dernier.

Etroitement liée au developpement économique de la haute Savoie, cette société sera revendue dans les années 90 à Bourgey-Montreuil. Une fois n’est pas coutume nous vous presentons d’abord les photos les plus anciennes, qui ont été recueillies grâce à André Chevrier et Jean-Loup Ferlay, superbes images que nous avons plaisir à vous faire partager. Merci à Luc, pour son coup de main !

Nous esperons vivement que bientôt, nous pourrons étoffer ce dossier, n’hésitez pas à nous contacter !

Christhain CATHELIN par l’intemediaire d’André Chevrier nous a fait parvenir sa collection de photos concernant la maison Allemand, et nous le remercions vivement!

Les photos du Julien

Léo Le Mongol – Portrait

Léo Alain JEAN-JACQUES dit MONGOL 34 sur la CB à l’époque du Moyen Orient, est né le 10 Avril 1948 à Paris 14eme.

1976 CAP de conducteur routier au centre FPA de Rivesaltes 66.

Premiers débuts dans le transport, avec Koch Favéro (région Avignon) et premier tour, seul avec 18 tonnes de raviolis (Buitoni je précise), direction Liverpool chez les GB. Permis tout frais, conduite à gauche, traversée de Londres et KK dans la culotte. Mais à cette époque l’entraide était au top.

Après quelques mois d’Angleterre, je tombe sur un patron encore plus fou que le premier. Premier tour, Bassorah, sud Iraq, c’est-à-dire Italie, Yougoslavie, Bulgarie, Turquie, Iraq et reKK dans la culotte. Après, on s’y fait, on met des couches.

Voici donc mes débuts dans le transport, avec quelques entractes, puisque j’ai passé entre temps un cap de mécanique, un cap de déclarant en douanes et un bep d’électronique sur les automatismes. Je suis toujours revenu au transport avec lequel je suis toujours marié.

Ma période Moyen Orient totalise environ 12 ans de conduite.

Donc : 1er fou, Koch Favéro, 2eme Camperi Ginestet de Vendargues 34, 3eme Courty Jean Paul de St Gély du Fesc 34, petit intermède avec Miraglia de Cuges les pins 13 et enfin pour Tati, autrement dit la mère Iochum de Marignane 13. Je rends hommage à tous ces transporteurs qui m’ont fait confiance, grace à qui j’ai vécu des aventures extraordinaires et que je salue.

J’ai aussi travaillé pour les transports RDT 13 à Arles, Sur l’Europe, Sicile comprise. Grâce aux Trps Iochum, j’ai eu la chance de livrer plusieurs fois en Grèce sur l’île de Samos, île de Pitagorion où est né Mr Pytagore qui m’a un peu gonflé au lycée avec son théorème.

Puis j’ai travaillé pour les transports Pivet de Balanod, actuellement TeamPivet, où j’ai là également, de très bon souvenirs même si quelque fois, ce n’était pas rose. Il est vrai qu’à l’époque j’avais une copine Roumaine… Nous tractions les remorques de textile pour DIM et autres spécialistes de la confection à l’étranger. Lieu du transport: Besancon. Remorques SNTO. j’ai roulé pendant 2 ans, pratiquement non stop, entre Besançon (Doubs) et la Roumanie et la Bulgarie avec du textile. Mon record: 9 mois et demi sans rentrer chez moi. Domicile de l’époque Montouliers 34, mais une belle Roumaine à destination. Par contre une petite culotte en soie et dentelle de chez DIM devait côuter en France, le salaire d’une ouvrière Roumaine.

Mais comme dirait notre ami François de Montouliers, nous avons mangé notre pain blanc.

Voici la carte d’Europe ou figurent les endroits les plus éloignés de chez moi ou je me suis rendu en camion:

Vu que j’ai souvent déménagé, entre l’est l’ouest le nord et le sud , je prendrais Nevers comme point de départ. Il parait qu’on ne meurt ni de faim ni de soif à Nevers. Il parait.

Pour le Nord, disons une livraison sur Moscou ou j’ai planté 5 jours pour les transports Iochum de Marignane, vu que le destinataire n’avait pas les cautions pour dédouaner sa marchandise. Ce qui m’a permis de connaître le marché aux chiens de Moscou. Les connaisseurs apprécieront. Puis, rechargement à St Pétersbourg de 21 tonnes d’assiettes chargées cartons par cartons, par des femmes moscovites d’un certain âge. Le tout à livrer dans un magasin de la région parisienne, genre foire fouille.

Pour le Sud, disons un séjour d’un an en Algérie avec des rotations entre Gazahouet, port d’Algérie (près de la frontière du Maroc) et le grand sud Algérien : Reggane, Tamanrasset, Timimoun…en passant par El Goléa, Ghardaïa, Ouargla…

Pour l’est, ou plutôt le Moyen Orient avec Dammam en Arabie Saoudite avec tous les pays de transit. Léo ne connaît pas l’Iran anciennement la Perse.

Pour l’Ouest, mon premier tour en temps que chauffeur puçeau, disons Liverpool GB, pour les transports Koch Favéro de la région d’Avignon. Koch (décédé) faisait du transport et Favéro avait une entrprise de palettes euros.

Mais le rêve de ma vie, voir Nevers et mourir. Y en a c’est Venise, et bien moi c’est Nevers, ses restaurants, ses débits de boissons, ses routiers et ses routières huummm !

Quelques photos prises au cours de ma carrière :

Londra Camping : Je n’ai pas la mémoire des noms, surtout que certains n’ont pas roulé très longtemps sur la ligne. Mais ça leur fera toujours plaisir de se retrouver sur le Net. A moins que leur femme ou le percepteur les recherche…

Amis, famille

Quelques aventures….

Avant de vous parler de mon premier tour folklorique sur le Moyen Orient, j’aimerai vous parler d’une galère, concernant mon premier contact avec Phil26. Parking d’autoroute de l’Isle d’ Abeau , 2h du matin, passerelle fermée la nuit et moi debout la veille depuis 6h du matin, je « précise ».

1/ Traversée de l’autoroute à pied, allé et retour pour se faire la bise.

2/ Je me suis ouvert le genou.

3/ J’ai cassé mon portable.

4/ J’ai failli me faire castrer par le rail de sécurité.

Bon, je n’ai rien dit, vu qu’il est plus grand que moi, mais quand même… En bref, mieux vaut traverser la Turquie que de rencontrer Phil26. Peut être que je rencontrerai Bibi07, mais le plus tard possible SVP…

PREMIER TOUR SUR LE MOYEN ORIENT

(Transports Camperi Ginestet 34 Vendargues, AL BASRAH terminus Sud Iraq)

Déjà, au départ de Paris, parti en solo avec un tracteur tout neuf, Volvo 88 à l’époque, afin de récupérer une remorque, je perçois de sournois à coups vers le pont ou la boite de vitesse. Direction Volvo Paris, essais, contrôles, essais, recontrôles. Défilé des mécanos, arrivé des techniciens, consultation au sommet… ??? Et là, le miracle, l’ange Gabrielle de la mécanique est apparu. Le Mongol (ce n’était pas encore mon surnom à l’époque), en freinant brutalement en solo, avait fait un léger plat sur un jumelage. D’où les petits à coups repérés en roulant. Les mécanos sont repartis discrètement à leurs occupations, les techniciens aussi, très discrètement, la queue entre les jambes, avec peut être les félicitations de leur grand Gourou. Une journée de perdue, facturée à l’œil, mais à l’époque on était pas à 1 jour près pour des voyages qui duraient quelquefois plus d’un mois.

Je passerai sur les détails du chargement, les préparatifs, les courses au « super conserves » du coin, les douanes, et le futur Mongol, fier comme un Bar Tabac. YALLAH ! Italie, Yougoslavie, Bulgarie, Turquie et pas le temps de faire 10L d’huile avec une olive puisque « Inconscient » Et là, à l’entrée de Bagdad au Check point (point de contrôle militaire à l’entrée et sortie de chaque ville )j’arrive avec une rage de dent à me faire sauter le caisson. Et là je suis sérieux. Explications avec les militaires, en Anglais, et direction je ne sais où, dans une grosse voiture noire, les pieds callés sur 2 Kalachnikovs. Arrivée à l’Hôpital, de nuit, et réveil d’un pauvre bougre qui dormait sur un carton, avec sûrement fonction d’infirmier de garde. Reexplications et prise de cachets. Lesquels ? Je m’en fous, je suis preneur, j’avale tout, j’ai trop mal. Retour au camion, atténuation de la douleur et stationnement sur place. Bagdad by night, Shereazade and Co, les milles et une nuit, ce sera pour plus tard. Echangerai danse du ventre contre dentiste.

Entre parenthèses, chaleur lourde, air difficilement respirable, pays inconnu, panneaux directionnels inexistants, certain écrits en arabe, stress, sommeil agité et pour couronner le tout de très nombreux ronds points, comme en Angleterre, avec plusieurs avenues…LE PIED. Comme fait exprès, mes quelques collègues du moment m’avaient largué pour d’autres destinations douanières, mais aucun en direction du sud.

Vers 7h du matin, réveil de la douleur, retour au Check point, explications avec la relève, retour à l’Hôpital et là arrivée d’un médecin. Piqûre dans le cul, debout dans une salle austère, pantalon baissé. Grosse prise de risque si vous voyez ce que je veux dire. Un certain PLANTADE, chauffeur de son état a failli, au sujet d’une piqûre de vaccin obligatoire, se prendre une très grosse piqûre en Iraq, par contre, si pour moi c’était sur la fesse, lui s’était entre. C’est tout nouveau, ça vient de sortir. Si un jour il vous raconte son histoire, avec l’accent « d’Agen, » les dames se feront pipi dans la culotte. Par contre, lui, sur le coup, était plutôt crispé (de partout).

Je poursuis donc, retour d’un infirmier, avec un cornet en papier journal dans lequel, différents cachets inconnus prirent place. Retour au camion et vite, vite direction le chantier français d’Al Basrah où je devais livrer. Mais voilà, plein de ronds points, pas de panneaux, une ville immense, la piqûre et les cachets qui commencent à faire effet…T’en VEUUUUUUUUX !

Je tourne en rond, je demande plusieurs fois ma route dans un état second, encore quelques ronds points, et je parle Iraquien couramment. Puis je me colle comme un morpion, sur 2 camions étrangers, « puisque moi je suis français, » qui semblent avoir une immatriculation bulgare. Je suis euphorique je me suis trouvé 2 copains. Apparemment ils viennent du Nord et se dirigent vers…l’est, l’ouest, ou le sud. INCH ALLAH. Drogué comme je suis j’irai même faire une belote avec Saddam Hussein.

Je sors de Bagdad, toujours collé à mes 2 « amis », vu qu’on fait la route ensemble, et j’aperçois le premier panneau m’indiquant Al Basrah. Je suis sauvé, la route principale va me conduire à destination. J’arrive sur le chantier français, je leur explique mes aventures style Burt Lancaster dans « La dernière caravane », je joue un peu les héros, les dames se pâment, leur petit cœur palpite d’émotion… non, là j’exagère, trouvez moi vite un dentiste. THE DENTISTE.

Quand j’ai vu l’installation du cabinet dentaire, j’ai regretté. Des fois on se dit qu’il ne faut pas remettre au lendemain, ce que l’on peut faire le jour même. Je pensais à mon testament. La roulette, avec ses courroies style western des années 40 avec en prime, les flèches des indiens en anesthésie. C’est psychologique, « a pu mal ».

Enfin de compte, ce chirurgien iraquien, qui avait fait ses études aux Etats-Unis, mais qui possédait un très beau matériel de musée, de l’époque de l’inquisition, à la vue de l’état de ma gencive, m’a rédigé une ordonnance en arabe, direction la pharmacie avec mon cady d’antibiotiques. Si on arrache vous êtes mort m’a-t-il fait comprendre, en Anglais, alors que j’aurai très bien pu parler iraquien au premier tour de roulette.

Je vous passe le retour sous antibiotiques, vu que j’allais mieux et que j’ai pu regagner la France. Chose curieuse et inoubliable, passé Vintimille, côté français, passé la douane, je me suis mis à trembler ?? Le choc du retour, la joie d’avoir réussi « MON PREMIER TOUR » ?? Aussitôt les effusions familiales consommées, les cadeaux et souvenirs distribués, les coups de téléphones donnés, direction……et oui le dentiste.

Je lui explique le pourquoi du comment, la souffrance endurée, le confrère iraquien, l’abcès, l’hôpital, la pharmacie etc etc…Bon assez parlé, on pique, on arrache, et on se casse. La steppe attend le Mongol pour de nouvelles aventures. Et non mon bon monsieur Mongol, on continue les antibiotiques pendant une semaine, sinon DANGER. Une semaine après, et après une dizaine de piqûres, tout était anesthésié : le nez, la bouche, les oreilles, les yeux, les agmydales, sauf la dent. THE DENT en iraquien.

Et bien croyez le si vous voulez, mais le Mongol a fini sous anesthésie générale, en clinique. Et il est reparti, un croc en moins, mais déjà accro d’aventure, de grands espaces, de découverte, de vie tout simplement.

Un peu moins douloureux, les dysenteries dont je vous parlerais plus tard, à l’heure du repas.

Bon appétit à tous.

CHIMIE

Votre serviteur, Léo dit « Le Mongol » a inventé il y a quelques années, un nouveau produit chimique « inoffensif et dangereux à la fois », dont il n’a pas encore déposé le brevet.

A l’époque, il n’y avait qu’un grand pont à Istambul, reliant la partie occidentale de la Turquie, à la partie orientale.(Depuis, un 2éme pont a été construit afin de désengorger les flux abominables de circulation automobile)

Pendant quelques temps, il fut possible de traverser ce pont en PL, sans problème. Mais transports dangereux aidant, les autorités turques décidèrent de stocker les dits camions, de les faire « payer » et de les « convoyer » pour la traversée.

UNE VRAI GALERE .

Pour les transports Iochum nous transportions en fûts, du scuranate, produit toxique employé à la fabrication des mousses (matelas et autre), chargés dans une usine de la région de Grenoble. Destination, la partie orientale d’Istambul.

Une guérite de contrôle, nous obligeait à stopper (tous les PL), et présenter les papiers de la marchandise. Au début, il fut aisé d’échapper par toutes sortes de stratagèmes, aux contrôleurs, qui nous attendaient de pied ferme.(l’esprit gaulois).

CONTROLE=PAIEMENT=CONVOI=NUIT BLANCHE

Voici donc le contrôle qu’a subit, avec succès, Léo l’inventeur :

Léo : bjr (en français)

Le contrôleur : Salam. Marchandise ?

Léo : des fûts

Le C : ?? marchandise ?

Léo : des fûts

Le C : chimikal ?

Léo : non, liquide.

Le C : chimikal ?

Léo : non, des bidons.

Le C : (en turque) quel genre de marchandise ?

Léo : des bidons de liquide, comme l’eau.

Je vous passe les minutes interminables de notre échange, sans que je ne reconnaisse que je transportais des produits chimiques.

A la fin, un peu impatient, car le contrôleur sûr de lui, flairait l’arnaque.

Je lui déclarais donc, la main sur le cœur que je transportais des BIDONS DE FUTS.

Hé Hé, je suis passé, mais j’ai très honte. Ce n’est pas bien de mentir.

Plus tard, les contrôles se sont renforcés et une voiture de police stationnait en permanence, afin d’intercepter les fraudeurs et les chargements de « bidons de fûts ».

Vous pouvez voir sur quelques photos d’Herold notre collègue de chez Iochum, le déchargement de ces fûts qui étaient jetés de la remorque et réceptionnés sur de vieux pneus.

Sécurité oblige.

Mais c’était le bon temps.

Je suis certain que d’autres chauffeurs ont des tas d’anecdotes à raconter sur les transports de produits dangereux qui transitaient l’eldorado, pardon, la Turquie.

Christine

Léo n’oublie pas celle qui a sû lui donner un serieux coup de main en Iraq alors qu’il était au plus mal. Rouler en double dans ces pays là, peut déboucher sur des quiproquos, mais Léo saura mieux vous raconter ça que nous….

Christine, dont on ne connaît que le prénom et qui de toute façon, a changé de nom de famille (aux dernières nouvelles qui datent de mathusalem), qui a épousé un chauffeur (trps Frédéricci peut être), qui habiterait probablement en Alsace, a fait des enfants, je suppose, a effectué quelques tours sur le moyen orient, d’où quelques souvenirs bons et moins bons.

Mais je ne les connais pas tous. Au tout début, elle voyageait en compagnie de son chien loup, afin je pense d’avoir une certaine sécurité.

Ce qui a généré des allusions douteuses de chauffeurs jaloux et zoophiles, genre : elle doit se faire m….. par son chien. Tout dans la dentelle. C’est un peu le côté obscure de la force, (Dark Vador), comme dirait mon ami le Jedi, Obi-Wan Kenobi.

Plus tard, constatant que cela lui attirait plus de problèmes que de confort, elle s’est séparé de son chien, au grand désespoir des mauvaises langues…avec de grandes gueules.

Un jour, en frontière Turque/Iraq, côté iraquien, accompagnée de trois ou quatre chauffeurs français, alors que nous faisions la queue, de nuit, à une station service, un cri retentit. Christine s’était fait mettre la main dans son décolleté, pourtant sobre et sage, par un militaire iraquien en chaleur, porte fermée, mais vitre baissée à cause de la chaleur. Trop tard, la prude Christine, s’était fait mettre la main au balcon. Ce qui bien sûr n’est pas aussi intéressant que la main au panier. Question de goût ou d’opportunité.

Quelques temps plus tard, à Bagdad, alors que votre serviteur « Le Mongol » se payait une crise de coliques frénétiques, comme dirait Coluche, soigné par le médecin d’un chantier bulgare, vu que le médecin FRANÇAIS, n‘avait pas daigné se déplacer, (Même dans les médecins il y en a…si si ), dame Christine arrive seule à Bagdad, direction Bassorah.

Elle me trouve dans un état lamentable (les connaisseurs apprécieront), tant et si bien que je l’envoyais balader, n’acceptant pas qu’elle me voit dans cet état. Quelques heures plus tard et une piqûre de cheval dans mon postérieur de colibri, nous décidâmes d’un commun accord, qu’il serait préférable que je l’accompagnasse (c’est de l’iraquien des quartiers chics) destination le sud. Nous partîmes donc tous les deux, bras dessus bras dessous, amoureux et heureux, la tête et le cœur pleins de projets… En réalité, elle avait caché ses cheveux longs et dissimulé au mieux sa poitrine, afin de passer pour un chauffeur mâle et viril. Je pouffe… Léo, lui, le Mongol de la steppe, s’était transformé en carpette de couchette vu son état. Le Rambo bo bo. Mais prêt pour l’aventure.

Iraq= guerre contre l’Iran = convois militaires en permanence, contrôles etc…LA GALERE.

Plusieurs fois donc, Christine, en doublant des camions militaires, s’était faite repérer par des chauffeurs iraquiens, la prenant tour à tour j’imagine pour un travelo, un mignon ou une femme tout simplement. Et que je te double, que je te ralentisse, que je te fasse des signes amicaux, genre : viens donc goûter à mon narguilé et que je te redouble etc… Bref ! elle arrive tant bien que mal sur le chantier iraquien de Bassorah où elle devait livrer, accompagnée de son garde du corps et agent secret Léo. Mon nom est Bond « Léo Bond ».

Pendant le déchargement, alors que l’iraquien responsable lui proposait de se rafraîchir par une bonne douche, elle partit confiante, trousse de toilette à la main afin de se décrasser de la sueur, des vents de sable etc…

Mais voilà que Christine réapparait deux minutes après.

Il n’y a pas d’eau demandais je intrigué ?

Non me dit elle, il n’y a pas de porte.

Hé Hé ! nue sous la douche, seule femme au milieu d’un groupe de saints hommes, refoulés sexuels*,prêts à lui frotter le dos, je pose la question : où est le problème ? Même se payer Léo, pourquoi pas vu que , quand il y en a pour un, il y en a pour deux .

Quelques centaines de kilomètres plus tard, sur un chantier bien français, elle pu se faire belle et propre.

Depuis ce jour, on peu trouver dans le nord de l’Iraq, des mouches du sud. Elles avaient suivi notre camion. Document Géo. Mais le pire dans tout ça, est que le bruit couru, que Le mongol s’était payé Christine, ou que Christine s’était payé Léo. La parité il parait… Pensez donc, un allé retour en double…Et bien non, bien que…Mais c’est une autre histoire.

Je garde d’elle le souvenir d’une femme de caractère, sympathique, douce et gentille.

On s’est perdu de vue. Dommage, mais le monde est petit. Qui sait.

* Refoulés sexuels parce que dans ces pays, beaucoup d’hommes n’ont pas les moyens de se payer une femme.

Pas d’argent = pas de femme = célibat forcé avec tout ce que cela entraîne.

 

COUP de GUEULE

J’ai jeté un oeil sur les coups de gueule de nos collègues du bitume. Rien à ajouter. Je suis tout à fait d’accord avec ceux qui intelligemment, essaient de changer les choses car nous sommes très mal.

Liberté Egalité Fraternité sont remplaçés par Lois contrôles Répression. Bientôt, petit à petit, on fiche, on trace, on espionne, on surveille… La nouvelle boîte noire pour VL a vu le jour. Pas obligatoire. Pour le moment… Une civilisation de numéros qui marchent au pas, encadrée par des cerveaux manipulés et conditionnés… Mais tout ceci bien sûr pour notre SECURITE.

Et bien moi, ça fait 2 années de suite que je passe au tribunal de Bressuire, suite à des contrôles de Percepteurs du gouvernement pour de petites infractions à la règlementation.

Par contre j’aurai été curieux de voir le comportement de certains T du C dans l’Iraq en temps de guerre par ex.

J’ai été une fois en Russie pour les transport Iochum. Déchargement à Moscou et rechargement à St Petersbourg. 500kms d’une traite, non stop, because gros risques à l’époque de se faire détrousser. 6h de conduite d’affilée. J’ai honte. Demain j’irai me constituer prisonnier.

(je préfère les pommes aux oranges)

Actuellement, je suis toujours en activité dans le frigo, mais sans commentaires. Le transport est entrain de rendre l’âme. Fini l’inter, du moins pour les Français. Aujourd’hui, pour faire de la route, il faut travailler pour les Irlandais, les Anglais, les Hollandais…

Gendarme=Percepteur. Gendarmerie= Perception.

Plus le droit de boire, plus le droit de fumer, plus le droit de rouler… Alors, interdisons les fabriquants de boissons, alcoolisées « ou sucrées », les fabriquants de tabac, les véhicules dépassant les 130 kms /h… Mais ils n’ont pas les couilles pour ça.

J’ai décidé de ne plus baiser. Résultat de tout ça, je vais devenir IMMORTEL.

Poèmes écrits par Léo :

Dans le mauvais alcool qui empeste à plein nez

Et dans l’odeur âcre du tabac qui m’enfume,

Je suis là comme un con près d’une putain fanée

Qui pour se faire sauter sensuellement se parfume.

Et ça sent la matrone, le touriste et la bière,

Ca pue par vagues fades le fric et le mégot,

De derrière le comptoir sous sa gueule de gruyère,

Il y a le caissier qui ramone ses naseaux.

Ca grouille de madame, de messieurs distingués,

De filles à la hauteur qui parlent avec leurs fesses,

De jeunes demoiselles sans nul doute bien nées,

Qui pour se cultiver acceptent des caresses.

Dans le fond de la salle, un pauvre type souriant,

Glisse un œil abruti sous les jupes d’une voisine,

Et il bave comme un porc dans son verre de vin blanc,

Avec la face de cul du mec qu’on assassine.

Sous l’effet du gros rouge, vautré sur une table,

Affalé dans un plat où trône un cassoulet,

Un gros monsieur ventru à l’allure convenable,

Chatouille en rotant, une vieille desséchée.

La voila en chaleur dans un prompt retour d’âge,

Comme un vieux camembert elle coule vers son amant.

Elle lui tend sans façon le vide de son corsage

Et lorgne instamment, l’intime de l’inconscient.

Dans la lumière blafarde d’un néon tamisé,

Un couple de poivrots, un couple de cochons,

Sur un divan crasseux et cent fois retraité,

Essaient ce que souvent, ils font à la maison.

Alors dans ce décor d’un brillant avenir,

Où se corrompent la vierge et le digne bourgeois,

De tout sage conseil je préfère m’abstenir,

Et je laisse à chacun la liberté du choix.

 

Le corsaire du roi

Il était grand capitaine

Il était corsaire du roi

Et en lui quoiqu’il advienne

Tous ses hommes avaient la foi

Sur les mers, les continents

Ne résonnait que son nom

Sa justice, ses châtiments

Et la voix de ses canons

Lorsqu’au loin vers le levant

Se dessinait son galion

Et que flottait dans le vent

L’invincible pavillon

Le silence s’installait

L’angoisse était à son faîte

Pour ceux qui déjà savaient

Que proche était leur défaite.

Pour ceux qui avaient osé

Sur l’océan le défier

Et ceux qui n’avaient osé

Dans un combat s’édifier.

Jusqu’où irait son audace ?

Quand prendraient fin ses exploits ?

Jusqu’à quand fera-t-il face

Aux ruses que l’ennemi déploie ?

Puis un jour vers les tropiques,

Quatre navires apparurent.

Quatre équipages fanatiques

Et payés pour sa capture.

Il comprit que le destin

Ne lui laissait aucune chance,

Que ne servirait à rien,

Une ultime résistance.

Mais fidèle serviteur

De son roi, maître après dieu,

Nul ne dira que la peur

Fut inscrite dans ses yeux.

Il rassembla ses marins,

Demanda des volontaires

Et tous levèrent la main,

Ils finiraient tous en frères.

Aujourd’hui au bout d’une chaîne

Il se souvient qu’une fois,

Il était grand capitaine,

Il était corsaire du roi.

 

L’Auberge du grand Dédé

Dans un quartier mal fréquenté

Se tient l’auberge du grand dédé

Et c’est dans la salle enfumée

Que se retrouvent les mals aimés.

Pour être admis, faut être grossier

Sale puant et mal rasé

Savoir jurer, savoir cracher

Et du couteau savoir jouer.

Ici vous êtes en société,

Pas besoin de vous présenter

Démocratie et liberté

Choucroute , saucisses et cassoulet.

En mille et une spécialité :

L’coup de rein sur canapé

L’coup d’surin improvisé

Celle du passant dépouillé

Du poulagat éventré

Et l’coup d’sang du curé.

Pas de pucelles éploréees,

De clients non balafrés

De travelos de poules mouillées

De cols durs amidonnés.

A l’auberge du grand dédé,

Venez tous vous amuser,

C’est l’endroit tout indiqué

Pour passer une bonne soirée.

———–

A la table d’une auberge, un homme se restaure,

Son esprit semble lié au journal qu’il lit,

Que de tristes nouvelles, que de drames que de morts,

L’anxiété sur son front visiblement s’inscrit.

Pense-t-il au Vietnam, à Cuba ou ailleurs,

S’est il transporté aux Indes ou en Afrique,

Il partage sans doute le poids de ces malheurs,

Peut être qu’il se transpose noir, en Amérique ?

Que fait il brusquement, il s’agite, vocifère,

Va-t-il mettre un terme au monde qui s’enlise,

Peut être a-t-il trouvé solution à la guerre ?

Une goutte de sauce a taché sa chemise…

Proverbes : Petites pensées philosophique de votre serviteur:

LORSQUE LES HOMMES SE SERONT EMANCIPE DE LEUR RELIGION PAR LA CONNAISSANCE, LA SAGESSE ET LE RESPECT D’AUTRUI , L’HUMANITE AURA FAIT UN PAS DE GEANT.

Comme dirait Coluche : on est pas arrivé.

Plus rigolo :

Dans la vie, il y a des hauts et des bas, j’aime bien les bas, même sans porte jarretelle. (ça commence bien)

Même si le bonbon est délicieux, il ne faut pas négliger l’emballage. (un peu coquin ce Léo)

Afin de sauver une commère inanimée, il faut lui faire le bouche à … oreille (ça cogite dur au volant)

Pour finir du sérieux:

La terre est une cellule vivante de l’univers, attaquée de toutes parts par un virus appelé « Homme », lui-même atteint du cancer de l’argent.

 

 

En Allemagne avec Juju42

Je vous invite à partager quelques jours de mon quotidien entre Rhône Alpes et l’Ouest de l’Allemagne. Rien d’exotique, de la distribution en petit international.
Soyez les bienvenus à bord !!

Dimanche 8 février 2015
Il est environ 22h30, j’arrive au dépôt à Villars 42, proche banlieue stéphanoise.
Moi aussi, comme Ray ici ou d’autres encore, j’ai l’habitude depuis de nombreuses années de rejoindre le camion en soirée le dimanche, partant tôt chaque lundi (entre 1h et 1h45), afin de ranger mes affaires sans courir, ma bouffe dans le frigo, étudier ma tournée et chercher via Google le ou les clients inconnus sur ce tour…

J’ai 9 livraisons cette semaine, semi pleine comme un oeuf, la première près de Baden-Baden, et le dernier client à Bochum au coeur de la Ruhr. J’en connais 7 sur les 9. Demain lundi je devrais pouvoir en vider 3 … Je m’allonge pour une sieste vers 23h30, réveil à 1h00.

Lundi 9 Février 2015
Toilette à l’eau fraîche et claques dans la tronche, bouteille de jus d’orange, brioche et tablette de chocolat à portée de main, je démarre à 1h20 et met le cap sur Lyon. L’unique avantage de cette heure très matinale (ou tardive, au choix !!) est de passer l’A47 à la régule… Poste branché sur Culture, souvent de bons reportages la nuit, puis à 3h sur Inter, j’enquille l’ultra soporifique A39 après Bourg en Bresse. Je déjeune en roulant, mate un peu FDR, rien d’autre à faire, un CD bien fort des Smashing Pumpkins vers Dôle m’aide à dépasser Besançon et je m’écroule pour 50 min de sieste vers Montbéliard.

À 8h30 je suis à l’ouverture du… Leclerc de Sélestat-Nord, avec les papies et mamies du cru déjà fin prêts pour remplir leur caddie !! Je ressors quelques minutes plus tard avec du pain et 2 ou 3 bricoles, casse la croûte pour valider ma deuxième 45′ presque 55′ et j’enquille de nouveau l’A35 richtung Nord.

À 10h45 j’arrive à Sinzheim, Baden-Baden, chez le premier client, petite cour, mais en 16′ j’ai vidé mes 3 palettes de papier. Je garde le rythme, arrive 30 minutes plus tard chez Mercedes à Gaggenau, au pied de la Forêt Noire (Schwarzwald) encore enneigée.
Enregistrement, puis 20′ d’attente débâché, toujours un peu mous les gonzes ici… On me décharge enfin mes 3 box de pièces auto et je file pas bien loin, à Rastatt, chez la marque à l’étoile là aussi, j’ai 4 bacs seulement… Procédure contraignante chez eux, car je dois venir ici uniquement pour m’enregistrer, ils me rendent mes documents 15 minutes plus tard et m’envoient comme la fois précédente vider 7 kms plus haut à Bietigheim chez un transporteur, Schmitt, qui leur assurera ensuite la relivraison des pièces en flux tendu ultérieurement… et bien sûr impossible de monter directement chez ce transporteur, il faut d’abord aller perdre du temps à l’usine… J’ai essayé une fois…
En plus ils chargent d’abord leurs camions chez Schmitt… Je vais y rester 55 minutes, alors qu’en 30 secondes et deux coups de fourche le cariste me délestera des 2500 kgs de pièces acier. Malgré tout j’ai vidé les 3 impératifs du jour, mais ça me semble tendu pour arriver au quatrième à Landau… D’ailleurs je n’y arriverai pas, me manque 15’… et il serait fermé à 15h. J’échoue donc en 9h52 dans « l’industriegebiet Ost » sortie Landau-Zentrum, une z.i. au calme, à 1 km de l’autobahn, vers 15h30.

J’ai à peine rempli mes papiers, clôt ma journée et commencé de nettoyer mes vitres et rétros qu’un FH 4 bleu nuit familier vient à ma rencontre… vous l’avez reconnu…. Samu natürlich !! 1h30 de discut’ toujours enrichissante avec un passionné pur jus.Finalement Sam s’en va vers des contrées lointaines et riantes, la Hesse et le Holstein, moi je mange un bout vers 18h30 et m’écroule définitivement peu après… Fin des opérations…. Zzzzz…

Mardi 10 Février 2015
5h45 je quitte ma z.i. pour rejoindre le quatrième client, j’y suis à 6h05, pas un camion, à quai direct et j’en sors 16′ plus tard allégé de 6 palettes. L’efficacité germanique dès l’aube, j’aime !! Je file sous la douche, puis enfin réveillé je continue mon chemin tout en avalant mon p’tit déj, des Granola… you know ??!…

J’arrive à Raunheim, banlieue de Frankfurt/Main sans avoir coincé dans les « stau » (embouteillages) habituels. Il est 9h. La cour est immense chez DPD, un des leaders du petit colis en Allemagne. Des nuées de fourgons 20 mètres cube surchargés quittent la ruche en saturant la barrière de sortie, s’en allant livrer à Birgit, Karl-Heinz ou Dieter une commande internet, aux 4 coins de la métropole germanique. Moi j’ai une heure d’attente, je m’en doutais, étant déjà venu une fois l’an dernier ici, ils ne vident l’Import qu’à partir de 10h.

10h15, les 7 palettes sont sur le quai, ma CMR signée/tamponnée, je reprend l’A3, ses zones de chantier, ses interdictions de doubler, et son trafic poids-lourds dense direction Koblenz/Köln, prochaine livraison à Neuwied 56566 où je me pointe à 11h30, et y a de l’attente, 1h environ finalement. J’aurais le temps de discuter avec Emil, un tchèque de 48 ans qui roule chez Ritter, boutique familiale autrichienne, beau matos, très bon boulot, mais question salaire : 2300 €/mois max frais inclus pour de l’inter. Bref, je refais 6 palettes chargées volontairement en vrac sur les 11 au total, des colis légers de pansements, car il y avait 18,50 mètres linéaires à faire rentrer pour cette tournée et tout n’est pas gerbable ni dépalettisable. Chaque semaine j’ai des palettes à refaire. Heureusement ce client régulier n’est pas regardant, et les gars du quai, débordés, me foutent toujours la paix.

13h30 je décampe en pensant déjà me faire refouler au prochain, à Cologne, qui ferme tôt selon mes souvenirs. Arrivé à 14h50, on me prend in-extrémis, à 15h j’étais bon pour végéter jusqu’au lendemain 7h. Mes 4 palettes sont vidées, me reste donc plus que 2 clients pour demain mercredi, 4 palettes à Wülfrath près de Düsseldorf, et 1 caisse de 1200 kgs pour Bochum. Je monte d’ailleurs directement à Wülfrath, où je termine ma journée dans une zone industrielle que je connais près du client, il est 17h15.

Mercredi 11 Février 2015
À 7h je suis en warning devant la boutique, on m’indique à quelle entrée s’adresser, et 15 minutes après les portes de la Schmitz se referment direction Bochum. À cette heure matinale de migration forte de l’employé allemand moyen, la Ruhr s’allume en orange bien mûr, voir en rouge sur certains axes. Malgré tout, je ne perds que peu de temps sur l’A40 vers Essen, coeur névralgique du « Ruhrpott » comme ils disent.

À 9h j’arrive à Bochum, chez ce client régulier lui aussi, peu de camions heureusement, la caisse est rapidement vidée. Ma patronne m’avait annoncé hier 3 ramasses pour la descente, et la première ici même, sur place, mais elle attendait confirmation. Les filles du bureau me confirment les 8 palettes et la caisse pour St Étienne, 6 500 kgs. J’en charge quelques unes sur place, et les autres de l’autre côté de la rue, à 30m, leur nouveau et vaste dépôt, et tant mieux car l’ancienne usine est galère et super étroite pour tourner. Je pousse mes caisses au tire-pal’, ça fait de l’exercice, et c’est plus rapide que le débâchage latérale de ma Schmitz, très bon matériel certes, mais en version ridelles et sandows comme la mienne c’est plus chiant qu’une rideaux coulissants traditionnelle. J’aurais du poids devant, impeccable, 6 500 kgs sur 3,50m, et en plus du St Étienne, certainement le dernier client, pour une fois je serai peut être chargé dans l’ordre, c’est pas souvent en travaillant en multi-lots !!

La seconde ramasse est à Dortmund, à 15 kms, on m’annonce 8800kgs pour 14 palettes soit 7mpl pour Villemoirieu dans le 38. J’y arrive pendant leur pause vers 13h, j’en fais autant et casse la figure à deux tranches de jambon et une assiette de salade verte dans cette région de grisaille, du vert fait toujours du bien ! C’est un supporter de l’ASSE qui le dit…

Retour aux affaires peu après, ces cons m’obligent à débâcher le côté alors que je leur ai demandé un trans pal’ pour gagner du temps et me faciliter la vie je vous rappelle ! Ma troisième et dernière ramasse fermant assez tôt apparemment, Ils refusent de me charger par l’arrière,donc j’ouvre un côté, et là le cariste super maladroit et pas rassuré pose les 2 premières à l’arrache, pas serrées, des 100×100 de 700kgs pièce… là ça me gonfle sévère, je leur demande le trans-palette pour les placer correctement, je sécurise avec des patins en caoutchouc dessous pour faire plaisir aux fonctionnaires de la BAG ou POLIZEI en cas de contrôles, et je tirerai les 12 autres une par une toujours au tire-pal afin de bien les serrer entre elles au milieu. Ils m’ont bien fait ouvrir le côté pour rien.

C’est pas tout à fait fini, je leur demande (gentiment) 14 palettes perdues vides pour sangler par dessus, y en a un grand tas à côté du bâtiment. Parce que sangler des rouleaux d’inox debouts sur palettes sans palettes vides dessus c’est pas efficace, ni homologué par la Gestapo. Refus catégorique, sinon il faudra les payer. Pas de chance, je suis tombé sur des cons, c’est vraiment rare en Allemagne ou les expéditeurs sont bien formés aux techniques et responsabilités d’arrimage !! On m’en donne toujours autant que j’en veux des palettes. Donc je sangle en coinçant mes équerres plastic, pas top du tout mais j’ai pas mieux comme opportunité.

Cons jusqu’au bout, ils refuseront même de signer ma CMR, prétextant que la marchandise n’est pas la leur (vrai) et qu’ils n’en sont que les stockeurs… No comment.

À 14h15 je me sauve direction Hattingen, toujours dans la Ruhr, à 30 kms au Sud direction Wuppertal. Reste 3m derrière, ma patronne m’annonce 6 palettes 80×120 et 2800 kgs pour Andrézieux 42, tout bien. 15h pétantes je recule devant le portail, on charge les 6 palettes, le responsable des expéditions vient discuter 5 minutes, étant surpris de voir un camion français et un conducteur de l’Hexagone parlant allemand charger pour la France… Ben voyons !

Portes refermées, je me pose dans un coin de cette ancienne friche industrielle reconvertie en zone d’activités moderne et décide de faire 45′ au soleil enfin sorti, afin de prendre ma douche, de goûter, et accessoirement pouvoir repartir à 16h pour une dernière tranche de 4h30 !! Le goûter s’est bien passé, et c’est ensuite que ça a « merdé ». Passé Remscheid sur l’A1 direction Cologne, trafic ralenti…. puis à l’arrêt complet entre Burscheid et l’autobahnkreuz Leverkusen… puis au pas… Bref comme souvent ici ça coince fort… 1h45 pour les 30 kms autour de Köln, pied dedans dès mon retour sur l’A1 vers Euskirchen, mais le mal est fait, et je me pose en 4h25 de guidon et « seulement » 190 kms dans la paisible et toujours déserte Industriegebiet de Prüm-Dausfeld, à 500m de la B51, il est 20h30 et ça caille dans le nord de l’Eifel. Je me fais une bonne bouffe à base de paupiettes de veau et ratatouille, réchaud posé sur la passerelle derrière la cabine, écoutant les rugissements lointains des frigorificos bulgaro-roumain cavalant sur la 51 en contrebas… Et je capte Culture et Classic21 en FM… Le bonheur tient à si peu de choses.

Jeudi 12 Février 2015
Je repars à 7h30 de mon havre de paix germanique, m’arrête 1h plus tard en frontière D/L à Wasserbillig pour m’acquitter de mon Eurovignette et jeter un oeil en boutique, 20′ plus tard je file à 90 km/h direction Luxembourg et la France, où je rentre peu après.

Si je veux pouvoir vider mon Villemoirieu 38 aujourd’hui, avant 17h30 selon ma patronne, faut pas chômer.

Je rejoins en 4h25 l’aire de Langres-Perrogney sur A31, mange en 32 minutes et repars aussitôt m’infliger pour la deuxième fois cette semaine l’A39 Dijon > Bourg en Bresse en intraveineuse. Quelle purge cet axe !

Je prend quand même le temps d’une douche à l’aire du Poulet de Bresse, ne sachant pas à quelle sauce je serai mangé ce soir, puis je sors à Ambérieu, et via les Départementales du Bugey puis du 38 j’échoue devant chez le client à 17h10… Les gars sont partis, mais le boss, que j’ai eu dans l’après midi au téléphone, me vide sans problèmes mes 14 palettes (le lot du milieu) par le côté et au trans-palettes ça se fait bien, avec des interlocuteurs intelligents et compréhensifs !!

À 18h j’appelle la Kommandantur, bien marché cette affaire. Avant d’aller vider demain mes 2 derniers lots pour le 42, ce qui serait trop facile apparemment, je dois charger EN TABLIER demain à 7h à Lentilly 69, 9 cylindres acier, 5500 kgs et 4 mpl pour Bochum semaine prochaine. C’est un client « direct », donc compréhensif et sympathique, pas de problème pour refaire mon chargement chez eux. J’ai juste les heures pour y monter normalement, via l’A432 et l’A46 Nord, je sors à Genay et coupe par les Monts d’Or, Lissieu, passant devant chez TFRO ou TFMO, on ne sait plus…!!!

Je me pose enfin avec 9h48 de guidon et 765 kms à Lentilly 69, il est presque 20h, dans la ZA de Charpenay déserte. Une assiette de pâtes fraîches au parmesan, une compote, un peu de chocolat parce que faut pas se laisser abattre, vaisselle, ménage, FDR et dodo.

Vendredi 13 Février 2015
Comme prévu, à 7h10 je recule dans le hall étroit de cette petite boutique à Lentilly, pour charger au pont et en tablier mes cylindres. Première chose, me faire passer le trans-pal, et je recule donc mes 2 lots de l’avant vers les essieux de la semi, dégageant 4,50m devant (le plus long des 9 rouleaux mesurant 3, 95m). Je fais gaffe à laisser 2m vides derrière, par sécurité, car il y a encore 10 tonnes sur 6m avec les 2 lots pour le .Y a pas à dire, ça réveille de brasser des caisses de 800 kgs à 7h30…

Une fois le chargement refait, j’ouvre mon toit par l’avant en grimpant sur le porte-flexibles de la Schmitz, et les pieds sur les extincteurs, je dégraffe les oeillets de maintien. Puis je positionne les bandes de « gummi » ou patins, sous les 3 bois de calage, en ayant mesuré avec le pontier l’intervalle nécessaire entre chaque bois, car il y a plusieurs longueurs différentes de cylindres. On fait ça bien propre, arrimage et fermeture, papiers, douche.

A 9h30 je repars et file vider le Andrézieux via l’Arbresle et la RN 89, puis Chazelles/Lyon, et je débarque à 10h45 chez mon client. 10 minutes plus tard je remet en route pour aller chez le troisième et dernier, à St Étienne, à 5 kms du dépôt où je suis officiellement vide à 11h50 (Sauf les cylindres devant si vous suivez les copains …!! ).

Ma patronne m’envoie ramasser 9 palettes pour l’Allemagne à 6 kms de là, arrivé à midi… et bien on charge ! 8 palettes pour Neuwied et 1 palette 100 kgs pour Hanovre, palette qu’il faudra aller poser chez Heppner 4. Hélas mon boss ne veut quasiment plus monter sur Hanovre et préfère la vendre. 2 ans en arrière j’y montais tous les mois, Shit !

Après je descend chez Dimotrans St Étienne, je coupe 45 minutes dans leur cour pendant qu’un régional de chez Duarig charge de l’…. bref charge… Un bel ensemble que j’observe de près en cassant la croûte au soleil. Y a de la Durabright qui scintille !
13h30 je ramasse 6 palettes pour la Suisse, j’attends 14h15 une douane d’un lot chargé ce matin par un collègue, et je vais poser ma palette pour Hanovre avec regret chez Heppner, à 500m d’ici.

« Reviens au dépôt » …
Dans notre cour à 15h, c’est pas encore l’effervescence, alors j’en profite pour faire mon Gasoil et l’AD Blue avant que ce soit le Bronx, et on vide ensuite toutes les palettes de Suisse et d’Allemagne que j’ai ramassé. Je commence de charger ce qui est déjà à nos quais, mais il m’en manque pas mal. Alors on s’ aide entre nous à vider les ramasses, et à les recharger dans la bonne semi pour les départs Suisse de lundi. Je redescend vers 17h au volant du Partner de la boîte chercher une douzaine de douanes Export Suisse chez un transitaire connu rue Necker.
Puis de retour au dépôt on boucle les camions au gré de l’arrivée des collègues.

À 19h j’ai refermé mes portes, cabine rangée, parfumée et nettoyée, semaine terminée, je jette mon sac dans ma voiture et gagne le droit de retrouver ma famille.

J’espère ne pas avoir été trop pénible dans cette narration, et je remercie tous ceux qui sont arrivés jusque ici !!! Comme le dit si bien notre Pierre 70 « Bon week end, et que le ciel vous tienne en joie !!! »