Dario, routier au long cours sur Radio canada

Conscients et respectueux du travail des « camionneurs » Radio Canada, prend le temps chaque dimanche matin de prendre des nouvelles de chauffeurs sur la route. De temps en temps, Franco Nuovo interroge des conducteurs hors des frontières du Canada. Ce dimanche c’est Dario qui a eu droit aux questions bienveillantes de Franco Nuovo. Contrairement aux vagues émissions dédiées au chauffeurs chez nous, ils n’ont rien à vendre et c’est à ne pas manquer ici avec Dario et son rire inimitable : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/dessine-moi-un-matin/segments/rattrapage/1988105/nouvelles-nos-camionneurs-sur-route

Pierre 70 sur Radio Canada

Rares sont les radios qui rendent un salut amical aux routiers. Au Canada, ils ont une bonne image de leurs camionneurs, et chaque dimanche matin Franco Nuovo, l’animateur de l’émission Dessine-moi un matin. Ils parlent de la pluie, du beau temps. D’ordinaire, ils ont au bout du fil des routiers Canadiens et parfois, ils franchissent les océans.  Pierre70 est passé sur le grill ; 8 minutes de programme ici : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/dessine-moi-un-matin/segments/rattrapage/1915673/nouvelles-nos-camionneurs-pierre-madiot-en-france

Les Routiers et les Vacanciers

Encore un document qui fleure bon les années 60. L’éternel débat entre les vacanciers et les routiers lors du lancement de la campagne « Je roule pour vous ! » On remarque le discours de l’époque qui n’a pas changé depuis des décenies, des politiques bien plus compréhensifs que de nos jours, et surtout on trouvera dans ce court clip, des images de Berliet, Willeme ect, à ne pas zapper !

Olegas, positive attitude

Dans ce monde ou tout le monde voit les choses en noir, je vous présente Olegas.

 

A 50 ans, ce solide Lituanien a déjà une carrière bien remplie. Sur la route depuis 1996, il suit les traces de son père qui ne roulait qu’en national avec des camions d’origine russe, 130 ZIL ou Kamaz.

 

Si beaucoup de chauffeurs de l’est sont derrière un volant parfois par hasard et par nécessité, ce n’est pas son cas.
Il fait ce métier par passion, parce qu’il aime conduire et les camions avant tout, et il n’est pas peu fier de son Scania R450.

Après avoir travaillé pour Rivona, une grande entreprise de conditionnement et distribution alimentaire, il a dû se résoudre à quitter cette société qui a changé sa politique en matière de transport. La ou il parcourait l’ensemble de l’Europe, il aurait dû se concentrer sur du trafic plus local.

 

En Lituanie plus qu’ailleurs, on cherche des chauffeurs à tour de bras, et la concurrence est rude : Le pays compte des transporteurs qui inondent le marché européen avec au volant des chauffeurs Ukrainiens, Bielorusses, souvent très mal payés.

Il a fini par trouver son bonheur voici presque un an, chez les transports Trasida à Šiauliai, au beau milieu du pays. L’entreprise, de taille plus que moyenne comparée aux géants Girteka, compte 8 camions. Olegas est affecté à du trafic entre La France et la Grande Bretagne. Son salaire d’environ 2100€ est plutôt pas mauvais comparativement à ceux pratiqués ailleurs dans le pays. Un chauffeur qui rentre chaque week-end en Lituanie gagne environ 1000€, alors qu’un ouvrier classique tourne autour des 600 à 1000 grand maximum.

Pour Olegas, le compromis de travail est assez correct. Rouler en France, Angleterre, Suisse c’est assez tranquille, sans trop de stress car à force il commence à bien connaitre le secteur, et bien souvent il rencontre des collègues Lituanien partout ou il s’arrête. Malgré tout, pour plus de tranquilité, il privilégie les parkings sécurisés, et bien sûr les coupures de 45h doivent se faire dans des parkings avec tout le confort possible pour pouvoir dormir en dehors du camion, bien que ce ne soit pas toujours facile à trouver.

Malgré la barrière de la langue, il se sent respecté ici, que ce soit par les conducteurs français, ou ouest européens ainsi que pas les clients. Du moment que tu as le sourire, et l’envie de travailler, tout se passe bien.

Olegas roule 6 semaines d’affilée, puis il rentre 3 semaines se reposer en Lituanie. Bien sûr les 3 semaines ne sont pas payées, et le camion continue de rouler. Dans ce système, ils sont 3 chauffeurs pour 2 camions. Dans d’autres sociétés, c’est un peu le même principe, 4 semaines de route, 2 semaines à la maison, ce qui revient à peu près au même.

Sa femme qui est fonctionnaire de police aimerait bien qu’il soit là un peu plus souvent, mais ce n’est pas à l’ordre du jour, car il a encore la foi dans l’international. Quand à sa grande fille, elle travaille comme assistante médicale dans un cabinet dentaire, il ne s’inquiète pas pour elle.

Pour conclure, Olegas souhaite à tous, la bonne prudence et profitez de la vie avec le sourire !

Svetoslan, routier bulgare

Svetoslan, la France à tous prix ! Le low cost, il connait… Trop bien !

C’est sur le tard que Svetoslan est devenu chauffeur routier en Bulgarie.

Voici 5 ans qu’il sillonne les routes d’Europe de l’Ouest bien entendu. Après avoir effectué une carrière de conducteur de taxi, il a dû se reconvertir faute de clients, il a donc passé ses permis PL, ses ADR et l’équivalent de notre FIMO. Même avec une épouse docteur qui plafonne à 600€/mois et 3 enfants, il a fallu se résoudre à quitter le pays voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Bien que la vie soit moins chère en Bulgarie, le travail ne court pas les rues.
A titre de comparaison, le loyer moyen en Bulgarie est de 100€/mois, le litre de gasoil lui plafonne à 1€40.

C’est en Hollande, chez Jan De Rijk que Svetoslan a fait ses premiers tours de roues entre la hollande, l’Allemagne et l’Espagne. La considération n’était pas au rendez-vous, les chauffeurs poussés à bout pour un salaire misérable bien sûr, autour de 1200€/mois. Depuis quelque temps, il a changé de crèmerie pour une société Bulgare, mais là encore, ce n’est pas une grande réussite. Il tourne toujours à 1200€/mois. Son employeur le fait travailler pour TRICOLORE un transporteur Danois implanté à Padborg spécialisé France et Allemagne. Durant 3 mois, il doit effectuer ses rotations. Au bout de ce laps de temps, il prend un avion à Hambourg pour Sofia, le camion, un R420 hors d’age reste au Danemark. Le camion rentre au pays une fois ou deux par an pour faire l’entretien. Après avoir travaillé 3 mois non stop, Svetoslan a un mois de repos en Bulgarie, bien entendu ce mois n’est pas rémunéré, tout au plus son patron paye ses cotisations sociales. De plus, bien souvent la paye n’arrive pas en temps en heure, son employeur prétextant des retards de paiement de la part de Tricolore. Impossible bien entendu pour lui de savoir qui dit vrai !

La plupart du temps, Svetoslan essaie de passer ses coupures de week-end à Padborg, mais les sanitaires ne sont accordés qu’aux chauffeurs et employés dechez Tricolore, les tractionaires Polonais ou Bulgares doivent se débrouiller à la station service voisine. A 51 ans, il est pas évident de se trouver dans ces situations là ! Aujourd’hui, il rêve de travailler pour une société française, prêt à quitter le pays pour s’installer sur Paris d’autant qu’il parle un peu la langue de Molière, mais pas pour y être traité comme un chien. Vu de Sofia, la France représente encore un espace de liberté et de progrès social.

Comme il me l’a demandé, je laisse les coordonnées de Svetoslan : 00359897683536 ou 00359896218667

Ali, routier au Mali

ALY, ROUTIER AU MALI

Passionné depuis toujours par les camions, Aly, d’origine Burkinabé né en Côte d’Ivoire voici déjà 35 ans, est routier depuis ses 15 ans. Il a longtemps roulé en Côte d’Ivoire pour des employeurs Italiens et Français qui ont dû quitter le pays en 2007 pour des raisons politiques. C’est aussi pourquoi Aly est parti vivre en 2007 au Mali, à Bamako, où il loue une maison et s’est installé avec sa femme et ses 3 enfants.

C’est grand l’Afrique, les voyages d’Aly s’articulent autour de Bamako ^^

Fort de son experience de chauffeur qu’il doit aussi à son père, Aly travaille comme routier international.

L’entreprise pour laquelle il travaille compte 12 camions specialisés surtout dans le transport de pommes de terre, d’oignons et de mangues entre le Mali et le Sénégal. Parfois il est aussi amené à aller sur la Mauritanie, la Côte d’Ivoire ou le Togo. La plupart du temps, il quitte son domicile pour 15 jours.

Aly au volant, fier d’être routier !

Son camion est comme la plupart de ceux qu’on croise en Afrique, un modèle d’importation Européen, le sien, un Mercedes ACTROS 4148 de 1999 est particulièrement apprecié pour sa robustesse. Ici, la surcharge est un sport national puisque souvent il roule à 60T… Les plus connaisseurs auront remarqué que son tracteur est un 6*4, en fait à la base c’était un 8*4 qui a été transformé par l’industrie locale…

Les routes sont souvent en mauvais état, et sur certaines portions, il faut 6 à 8h pour faire 200km, il faut s’armer de patience !! Mais quand on aime son metier, on ne compte pas. Alors avec le peu de moyens pour boucler le tour, Aly y va molo sur la pédale d’accélerateur, le litre de gasoil coute quand même 0,95€ ici.

 

Le salaire d’Aly, n’est pas trés elevé quand on le compare aux notres, puisqu’il dispose de 70000F CFA, ce qui correspond à 152€.

Sur la route, la brigade mobile senegalaise est aussi là pour ponctionner leur maigre salaire, à chaque fois, ce sont 1000 à 3000 F CFA, soit 1,52 à 3€ qui s’envolent. Il faut bien donner le billet caché dans un papier, les policiers apprecient le geste !!!

Dans le cadre du transport International que pratique Aly, il se trouve souvent avec 4 containers 20 pieds dans son chargement, mais le client ne declare pas tout, si bien que lorsqu’il arrive à destination, le chargement est souvent bloqué. Mais d’un autre côté, ça permet à Aly d’attendre tranquillement chez lui à Bamako.

Pour Aly et son aide conducteur, pas question de dormir dans la cabine qui de toutes façons, est trop petite, alors le soir venu, ils sortent la tente pour dormir. Pour manger, il faut faire soi-même sa popotte… Et entre Dakar et Bamako il n’y a aucune douche donc, la toilette se fait au seau.

Ici, pas question de disques ou de carte de chronotachygraphe et encore moins de code du travail, Aly étale des journées longues, de 7 à 23h, il s’arrête manger quand il a faim, son but est de boucler son voyage le plus radidement possible, il peut même rouler 7 jours par semaine.

Comme de partout, les jalousies entre les differents pays ne font pas forcement bon menage avec la solidarité, Aly en a déjà fait les frais. Sur ses épaules, il a une veritable pression, il est responsable de tout ce qui peut arriver sur son trajet, en cas de panne, ou de vol, c’est à lui de payer sur son déjà maigre salaire, d’autant plus que l’on ne lui donne pas assez pour payer le carburant et boucler un voyage, il faut donc rouler à l’économie et surtout faire trés attention aux vols de gasoil qui sont courants ici.

Il faut aussi être vigilent contre « les coupeurs de route », des bandes de voleurs, armés, qui pour arrêter les camions, mettent des grosses pierres au milieu des routes, obligeant ainsi les chauffeurs à s’arrêter et en profitent pour les racketter. A celà, il faut ajouter les risques d’accidents, qui sont malheureusement trés fréquents.

Le poids des chargements, la route difficile et le manque de puissance des camions ne permettent pas des vitesse elevées, mais la nuit, avec le manque d’éclairage, et des véhicules parfois arrétés n’importe où, le danger guette. Le plus grand danger vient des chauffeurs de bus, qui sont payés au voyageur et roulent comme des fous.

Quand il y a accident au milieu de nulle part, il ne faut surtout pas compter sur les pompiers, les blessés sont évacués par les véhicules les plus rapides, les blessés les plus graves decèdent bien souvent faute de soins et parce que les postes de secours peuvent se trouver parfois à plusieurs centaines de kilomètres. Le manque d’experience, la drogue, n’arrangent pas la situation sur la route.
Mais tout ça n’empêche pas Aly de retourner chaque jour sur la route, en hommage à son père qui lui a donné le virus, l’envie de toujours en découvrir un peu plus, voir de nouveaux paysages, en apprendre chaque jour davantage sur la mecanique lui donne toujours un peu d’espoir en l’avenir.

Il ira loin Aly !!!

Andrew, routier slovaque

Ce samedi soir là, il n’y avait pas grand monde pour traverser sur le freteur Zeebrugge-Purfleet, juste Andrew et moi. Nous avons eu tout le temps de discuter et faire connaissance dans la sinistre salle chauffeur de ce ferry. C’est avec mon anglais approximatif que nous avons pu mieux nous connaitre. Voici 10 ans qu’Andrew traine ses roues un peu partout en Europe. Le rêve d’Andrew, c’était le sport, l’activité physique. Mais comme voyager lui plaisait bien aussi, il est devenu conducteur routier. Comme son prénom ne l’indique pas, Andrew est Slovaque. Il est originaire d’un village près de Bratislava, et habite maintenant avec sa petite amie à Poprad. La Slovaquie est comme la plupart des pays de l’est, bien pauvre. La séparation de l’ex Tchécoslovaquie n’a rien arrangé; en Slovaquie on ne produit pas grand chose, et celui qui veut s’en sortir est bien obligé de s’expatrier. Avec l’Euro, les prix des produits de consommation courante sont à peu près équivalents aux notres, seul la construction reste moins onéreuse.

Bien que très attaché à ses racines, Andrew a travaillé en premier lieu pour des maisons Italiennes, la demande il y a 10 ans était trés forte, il a pu ainsi gagner jusqu’à plus de 3500€ mensuels à ses débuts, mais bien entendu les heures étaient nombreuses, le travail épuisant. Petit à petit, les risques comparés aux salaires ne valaient plus le coup. Il a enchainé les postes, et s’est même payé le luxe de pratiquer la Turquie, la Syrie, pour un salaire misereux, mais avec beaucoup d’avantages « en nature ». Jusqu’à ce qu’il trouve une place stable ici en Belgique. Son travail est simple, presque routinier. Il reste 6 semaines durant, entre la Belgique et le sud de l’Angleterre, il s’ennuie un peu à vrai dire. Par contre aucun stress au niveau de la réglementation sociale. Le problème aujourd’hui vient essentielement du fait que son patron Belge ne fait encore pas assez d’économies sur les salaires. Depuis quelques temps, il embauche des roumains à tour de bras. Il y a peu, ils étaient 100 Slovaques dans la société, ils ne sont plus que 23, et le salaire baisse inoxérablement. L’autre problème vient aussi du fait qu’il n’a pas de camion attitré, quand il revient en Belgique, il doit souvent passer plusieurs heures à nettoyer le camion dans lequel il va camper 6 semaines durant. Quand il fait ses comptes, entre le train pour rejoindre Bruxelles et l’avion pour arriver à la maison, le compte n’y est plus… Avec moins de 2000€/mois, il voit le jour ou il va devoir payer pour travailler.

Quand on lui demande alors, pourquoi ne pas bosser « à domicile » en Slovaquie, il répond que c’est encore pire! Les rares transporteurs à ne faire que de la Slovaquie-Europe, embauchent des chauffeurs encore moins chers que les nationaux, de plus ils sont payés au chiffre d’affaire et aux kilomètres. Un organisme équivalent à notre « DRIRE » existe, mais dès qu’ils viennent en entreprise, le patron leur glisse une enveloppe et le problème est résolu dans l’heure. Trés récemment, un conducteur Slovaque d’une grosse société, s’est fait pincer en Europe roulant en coupure. Après avoir payé le procès, l’entreprise a fait savoir au chauffeur que les 5000€ seraient retenus sur son salaire, on a retrouvé peu de temps plus tard le pauvre homme pendu dans sa remorque. « Tout cela est désolant, autant pour les routiers Slovaques que pour la Slovaquie en général » se lamente Andrew qui a la rage contre son gouvernement qui ne fait absolument rien pour les habitants. Et c’est trés fierement qu’Andrew me montre les photos de sa maison, de sa région, à laquelle il est attaché. Patiemment, il cherche encore le bon plan, en Autriche ou en Allemagne, car il parle parfaitement aussi la langue de Goethe… On ne peut que lui souhaiter bonne chance, car, il le mérite!

Ahmet, routier turc

C’est sur le parking du Port Pétrolier de Givors que j’ai rencontré Ahmet, et un de ses collègues… Un Bulgare, forcement.

Ahmet roule avec un des derniers FH13 de la gamme, à peine sorti des chaines de Goteborg, un 460, surbaissé au ras du sol, ce qui en dit long sur la qualité du reseau routier Turc de 2010.

Ahmet vit dans la banlieue d’Istambul à Gazi Antep, routier depuis 1988, il est un peu dégouté de la tournure que prennent les choses, et lui aussi, fustige la concurrence « déloyale »!! Le travail d’Ahmet est finalement assez classique, et l’aventure n’est pas au rendez-vous tous les matins.

Son travail consiste à prendre l’avion depuis la Turquie pour rejoindre Marseille. Là, il récupère son attelage, et durant une quarantaine de jours, il récupère des remorques au ferry à Toulon, les vide et les recharge en France, plus généralement en région lyonnaise ou parisienne pour les ramener au port de Toulon… Après ces 40 jours, il rentre enfin chez lui par avion pour 10 jours à la maison.

Son entreprise, GOK BORA est à l’image de son pays: en plein développement. A ce jour, GOK BORA, aligne 1140 attelages, sur l’Europe et l’Asie, ils vont encore vers l’Arabie et l’Iran. Ahmet, lui, préfère la France. Quand il est à sec de provisions de bouche, les LIDL et ALDI lui vont à merveille pour remplir le coffre et se nourrir le temps de son séjour. Les pleins de gasoil se font chez AS24, contrairement à ce qu’on peut penser, les carburants sont assez chers en Turquie.

Avec ses 23 ans passés sur la route, Ahmet, ne se plaint pas trop de son sort, il arrive à gagner 1000€ à la fin du mois, c’est assez peu chez nous, mais c’est trois fois le smic chez eux. Son loyer au pays tourne autour de 250€. En moyenne, il parcourt 14/15.000km par mois pour environ 200h de volant, un routier dans la norme… De toutes façons, quand il se fait contrôler par la police ici, il n’a pas droit à l’erreur! : « La police contrôle la carte, et le CMR, ils ne cherchent pas à en savoir plus sur le fait que je reste 40 jours à circuler en France… Je roule avec un ensemble Turc, je suis chargé pour la Turquie, ou en provenance du Pays, ils ignorent que je ne fais que des rotations entre Lyon et Marseille »

Pour Ahmet, le problème, vient justement du developpement de son pays, qui a cruellement besoin de main d’oeuvre. Les industriels, les entrepreneurs, et bien entendu les transporteurs turcs ont fait appel à de la main d’oeuvre étrangère, principalement des Ukrainiens, et Bulgares, et là, problème!!! Le Bulgare travaille pour 300€!!! 300€!!! qui dit mieux?? Le Bulgare est si peu gourmand, que les Turcs font appels à des tractionnaires bulgares, on voit souvent des PIMK tracter des semis de chez MARS, deux chauffeurs qui roulent beaucoup et à 20 centimes du kilomètre… Même Ahmet est largué! Ahmet a bien noté que les Espagnols sont aussi envahis, et que cela n’est bon pour personne! La Bulgarie selon Ahmet est un pays à l’abandon, livré à lui même, dont la population part en masse bosser ailleurs, entrainant vols et delinquance dans le pays d’Ahmet. Il en conclut que la Bulgarie n’est pas digne de l’Europe car elle n’est pas sur le chemin de l’évolution… Alors que la Turquie se developpe industriellement! Mais en Turquie, on a bien compris que Sarkozy ne veut pas des Turcs, et oui, on des musulmans! Mais des musulmans travailleurs!!!

Ahmet salue les routiers français! Les routiers turcs ne sont pas des sauvages, d’ailleurs, se garer au milieu des camions turcs, c’est même un gage de sécurité.

Bjorn, un routier heureux.

A 54 ans, Bjorn coule des jours heureux en Norvège, à tel point qu’il a même donné à son fils de 20 ans l’envie de faire lui aussi la route..

Au début des années 2000, comme beaucoup, il a dû abandonner les lignes internationales avec le developpement des transporteurs Low Cost. Comme chez nous, Girteka, Kreiss, Vlantana ont pris la plupart des marchés, laissant les chauffeurs locaux se rabattre vers les lignes nationales.

Vu de chez nous, il est quand même interessant de connaitre un peu mieux les conditions de vie d’un routier Norvegien.

Bjorn travaille depuis un peu moins d’un an pour une petite entreprise qui compte 2 attelages dont le sien, un Mercedes Giga Space camion remorque en carrosserie nordique, seulement équipé de chauffage dans la caisse pour affronter les hivers. Chaque mois, il parcourt entre 11 et 12.000km sur les routes Norvegiennes. Ici, hormis autour d’Oslo, il y a très peu d’autoroutes bien que quelques chantiers soient en cours.

Son rayon d’action se situe entre le sud du pays, proche de la frontière Suédoise, ainsi que l’Ouest. La Norvège s’étend très au nord, mais Bjorn ne veut pas y mettre les pieds, il a une sainte horreur de l’hiver et c’est pas simple quand on est Norvegien. Son travail en groupage lui convient. Avec un salaire autour de 5800€ mensuels il est satisfait, mais attention, ici la vie est chère, à titre d’exemple le moindre repas dans un restaurant c’est entre 20 et 25€.

Chaque mois, il abat en moyenne 270h de travail et conduite cumulées, toutes les heures sont payées. Les conditions d’accueil et de travail sont plutôt bons, les horaires de receptions en général sont de 7h à 17h, et de 6h à 22h dans la plupart des bases logistiques.

Comme chez nous, ils connaissent une recrudescence de vols en tous genre, gasoil, accesoires, marchandises. Comme chez nous, la police ne fait pas grand chose.

Il existe assez peu de truckstops en Norvège, la plupart du temps, il faut stationner sur des stations ouvertes H24, elles sont toutes équipées de douches pour un minimum de confort.

Avec une carrière déjà bien remplie, Bjorn a encore la foi dans ce métier, et rêve toujours de nouveaux horizons, et surtout de decrocher le gros lot au loto pour pouvoir partir et s’installer en Espagne ou en Thailande !!! On croise les doigts pour toi Bjorn.

Regards d’ailleurs : Robert, frigo du sud… polonais

Si rouler pour 2000€ vous inspire, chez Equus on recrute, c’est écrit sur les portes du frigo!

Ce matin-là, Robert attendait patiemment derrière la fenêtre d’une secretaire acariâtre qui ne daignait pas lui prêter attention. A bout de patience, l’infortuné s’est dirigé vers la machine à café, mais il n’avait pas assez de monnaie, mon bon coeur me perdra, puisque je me suis fendu de 35 centimes d’Euros. Tout de suite la conversation s’est engagé par un « vous français? », « la France, trés bon… » Curieux comme je suis, j’ai bien entendu voulu en savoir plus ce ce très sympathique polonais, bien plus flegmatique que n’importe quel membre de la perfide Albion.

A 27 ans, Robert travaille depuis 4 ans pour une des plus grandes firmes Polonaise : Equus (prononcez Cheval en français), basée à Krakow en Pologne. Bien que créée en 1994, la société a connu une fulgurante ascension, puisque le parc se compose de 450 attelages, des frigos principalement, tirés par des MAN ou des Renault Premium.

Le travail de Robert est on ne peut plus régulier, et il ne s’en plaint pas. Il charge du groupage ou des marchandises diverses en Pologne pour la France. De là, il rallie à vide l’Espagne pour y recharger soit du congelé ou des produits frais, parfois des légumes. Ainsi, il est de retour à son domicile un week end sur deux. Robert aura bientôt un tracteur neuf étant donné que les tracteurs sont changés tous les 4 ans, et que le sien commence à s’user. Lors de ses voyages, il préfère rouler seul, car, il sait que bien souvent, en groupe il y a des problèmes. Les week end sont parfois chauds sur les parkings. De plus Robert prête une attention toute particulière au respect strict de la RSE, car les PV coutent horriblement chers, et sont à sa charge.

Après avoir vécu quelques années à Bruxelles, Robert a rejoint la ville de Lodz, au sud du pays, à 150km de Varsovie. Marié et père de deux petites filles, Robert est plutôt content de son sort. Tout d’abord, il fait le métier dont il rêvait étant petit, passionné de Volvo qu’il était. De plus, avec 2000€ mensuels, il gagne environ 4 fois le smic de son pays. Ce qui lui permet de vivre correctement, le montant de son logement, charges comprises s’élevant à 500€. Seul regret pour lui, les vacances très courtes qui lui sont accordées, une semaine l’an passé, ce qui est peu. Même s’il s’arrête quelques jours, le camion continue de rouler, le materiel ne doit pas moisir sur le parc.

Robert est donc un père de famille heureux, qui est plein d’espoir, pour lui, l’Europe c’est que du bonheur. D’autant que pour le moment chez lui en Pologne, il n’y a pas trop de concurrence avec les Roumains ou les Bulgares qui ont envahi plutôt le sud de l’Europe. Quand on lui demande s’il ne préfèrerait pas faire du national en Pologne, il répond non sans hésiter puisque le salaire plafonne à 800€. Il reste donc à espérer que cette situation perdure longtemps pour lui et ses collègues…

J’ai donc dû souhaiter une bonne route à Robert, car pris de remords, la secrétaire a fini par ouvrir sa fenêtre, ça a été rapide, une heure!!!