Ali, routier au Mali

ALY, ROUTIER AU MALI

Passionné depuis toujours par les camions, Aly, d’origine Burkinabé né en Côte d’Ivoire voici déjà 35 ans, est routier depuis ses 15 ans. Il a longtemps roulé en Côte d’Ivoire pour des employeurs Italiens et Français qui ont dû quitter le pays en 2007 pour des raisons politiques. C’est aussi pourquoi Aly est parti vivre en 2007 au Mali, à Bamako, où il loue une maison et s’est installé avec sa femme et ses 3 enfants.

C’est grand l’Afrique, les voyages d’Aly s’articulent autour de Bamako ^^

Fort de son experience de chauffeur qu’il doit aussi à son père, Aly travaille comme routier international.

L’entreprise pour laquelle il travaille compte 12 camions specialisés surtout dans le transport de pommes de terre, d’oignons et de mangues entre le Mali et le Sénégal. Parfois il est aussi amené à aller sur la Mauritanie, la Côte d’Ivoire ou le Togo. La plupart du temps, il quitte son domicile pour 15 jours.

Aly au volant, fier d’être routier !

Son camion est comme la plupart de ceux qu’on croise en Afrique, un modèle d’importation Européen, le sien, un Mercedes ACTROS 4148 de 1999 est particulièrement apprecié pour sa robustesse. Ici, la surcharge est un sport national puisque souvent il roule à 60T… Les plus connaisseurs auront remarqué que son tracteur est un 6*4, en fait à la base c’était un 8*4 qui a été transformé par l’industrie locale…

Les routes sont souvent en mauvais état, et sur certaines portions, il faut 6 à 8h pour faire 200km, il faut s’armer de patience !! Mais quand on aime son metier, on ne compte pas. Alors avec le peu de moyens pour boucler le tour, Aly y va molo sur la pédale d’accélerateur, le litre de gasoil coute quand même 0,95€ ici.

 

Le salaire d’Aly, n’est pas trés elevé quand on le compare aux notres, puisqu’il dispose de 70000F CFA, ce qui correspond à 152€.

Sur la route, la brigade mobile senegalaise est aussi là pour ponctionner leur maigre salaire, à chaque fois, ce sont 1000 à 3000 F CFA, soit 1,52 à 3€ qui s’envolent. Il faut bien donner le billet caché dans un papier, les policiers apprecient le geste !!!

Dans le cadre du transport International que pratique Aly, il se trouve souvent avec 4 containers 20 pieds dans son chargement, mais le client ne declare pas tout, si bien que lorsqu’il arrive à destination, le chargement est souvent bloqué. Mais d’un autre côté, ça permet à Aly d’attendre tranquillement chez lui à Bamako.

Pour Aly et son aide conducteur, pas question de dormir dans la cabine qui de toutes façons, est trop petite, alors le soir venu, ils sortent la tente pour dormir. Pour manger, il faut faire soi-même sa popotte… Et entre Dakar et Bamako il n’y a aucune douche donc, la toilette se fait au seau.

Ici, pas question de disques ou de carte de chronotachygraphe et encore moins de code du travail, Aly étale des journées longues, de 7 à 23h, il s’arrête manger quand il a faim, son but est de boucler son voyage le plus radidement possible, il peut même rouler 7 jours par semaine.

Comme de partout, les jalousies entre les differents pays ne font pas forcement bon menage avec la solidarité, Aly en a déjà fait les frais. Sur ses épaules, il a une veritable pression, il est responsable de tout ce qui peut arriver sur son trajet, en cas de panne, ou de vol, c’est à lui de payer sur son déjà maigre salaire, d’autant plus que l’on ne lui donne pas assez pour payer le carburant et boucler un voyage, il faut donc rouler à l’économie et surtout faire trés attention aux vols de gasoil qui sont courants ici.

Il faut aussi être vigilent contre « les coupeurs de route », des bandes de voleurs, armés, qui pour arrêter les camions, mettent des grosses pierres au milieu des routes, obligeant ainsi les chauffeurs à s’arrêter et en profitent pour les racketter. A celà, il faut ajouter les risques d’accidents, qui sont malheureusement trés fréquents.

Le poids des chargements, la route difficile et le manque de puissance des camions ne permettent pas des vitesse elevées, mais la nuit, avec le manque d’éclairage, et des véhicules parfois arrétés n’importe où, le danger guette. Le plus grand danger vient des chauffeurs de bus, qui sont payés au voyageur et roulent comme des fous.

Quand il y a accident au milieu de nulle part, il ne faut surtout pas compter sur les pompiers, les blessés sont évacués par les véhicules les plus rapides, les blessés les plus graves decèdent bien souvent faute de soins et parce que les postes de secours peuvent se trouver parfois à plusieurs centaines de kilomètres. Le manque d’experience, la drogue, n’arrangent pas la situation sur la route.
Mais tout ça n’empêche pas Aly de retourner chaque jour sur la route, en hommage à son père qui lui a donné le virus, l’envie de toujours en découvrir un peu plus, voir de nouveaux paysages, en apprendre chaque jour davantage sur la mecanique lui donne toujours un peu d’espoir en l’avenir.

Il ira loin Aly !!!