J'ai le droit de me lever à 3h ce matin. C'est tout à fait légal. Nous sommes le 2 aout 2014, et à ce jour, le routier moyen n'a toujours pas le droit de regagner son domicile car il faut ceder la place aux touristes qui sont une manne financière. Pas moi. J'avale ma barre de cereales et ma banane et fuego, à 3h34 je decolle de Gimont. La nuit porte conseil, et les copains de FDR aussi ; je suis bien décidé à remonter par l'A9 et sortir à Bollène, c'est ferme et definitif, y a pas à discuter. Sur la N124 ça roule pas mal, des tas de jeunes qui rentrent de discothèque tous plus excités les uns que les autres. Moi aussi je suis pressé. Rocade de Toulouse au taquet sous une pluie fine. Après c'est pénible jusqu'à Narbonne, l'A61 est pleine sur 2 files, ensuite tout le monde bifurque vers l'Espagne. Je passe le péage de St Jean de Vedas à 6h40, je suis toujours en règle... Dans l'autre sens ça roule beaucoup comme prévu. Je debarque à Tavel avec une envie de café, mais le parking est plein comme un oeuf, du coup pas de café je vais me garer la bas derrière sous les arbres au calme ou il y a jamais personne et je m'ecroule 1h au lit.

Au reveil, je vais nettement mieux, mais il fait toujours aussi moche. Comme prévu, je sors à Bollène pour choper la N7 deserte dans mon sens jusqu'à Montelimar ou l'envie de boire le café à disparu quand j'ai vu que les gendarmes squattaient la station. Le café à 90€ c'est cher. Je retrouve mon bon vieux 07 à Rochemaure et je remonte tranquille par la 86. Je finis enfin par debarquer à St Peray un peu avant 11h, j'en avait ras le casque, il était temps que j'arrive.

Pour une fois je suis pas parti trop de bonne heure ce lundi matin , il était 14h du matin, juste après mangé et les infos et la météo toujours aussi sinistre, elle est assez raccord avec le reste finalement. Les bigs bags sont toujours aussi lourds que samedi et je ne bats pas des records pour rejoindre la base du DUARIG LOGISTICS. J'ose pas me plaindre car à la descente, c'est un long long long bouchon, un peu comme les samedis, sauf que là, on est lundi et que les camions ont le droit de circuler par contre. Es-ce normal ? Je dis non. Pour votre sécurité on devrait aussi interdire les camions en semaine de 14h à 22h, principe de précaution.

J'ai une chance inespérée arrivé à la kommandantur, je largue la taut au suédois et je récupère mon frigo. Pas le temps de trainer, on transvase un complet avec Philippe qui revient de Pierre Benite à livrer foulée à Cany Barville dans le 76. Inutile de raconter de salades, c'est chaud. Par chance, le CMR ayant pour origine Pierre Benite, je peux passer le Fourvière Tunnel sans crainte après que ça ait un peu ralenti, mais pas trop. Le pire étant la météo, il tombe des cordes affreux. Je garde mes distances, du coup, je compte pas le nombre de 69 qui font des queues de poisson pour sortir au dernier moment de l'A6. Bande de nazes. Je me detends enfin après Villefranche, et ça roule tellement bien que j'arrive en 4h25 bien après Auxerre histoire de casser la gueule à une tomate.

Reste l'épineux problème de la traversée de la capitale, deserte certes, mais avec quand même quelques travaux et fermetures. Courageux, mais pas téméraire je passe par l'A86. Je rejoins l'A13 vite fait bien fait avec l'envie terrible d'un café, parce que j'ai un coup de mou. Je sais que Monrainvilliers, c'est fermé la nuit, Mantes aussi, mais la 3e ??? Fermée aussi ! La fille me reclame 1€70 pour en plus boire la café dehors !! De la merde ! Du coup, je finis la dernière heure enervé comme un pou, remonté comme un coucou. A 2h je deboule "Place de la Gare" à Cany Barville, IMPEC, le tout en 9h56. Marche bien mon 500, bien sage.

11h, pas une seule seconde à perdre. J'emboite le pas de la Baule Trucking International Power, Matis me raconte son Lopik pendant que Patrick court dans tous les sens parce que le cariste il traine pas. Le soleil sans doute. Matis et moi on a pris une engueulée parce qu'on avait pas les pompes de sécu au pieds. Au cariste je lui ai dit que j'étais partisant d'une vielle tradition désuette qui commençait par "Bonjour". Du coup ça l'a calmé. Quoi qu'il en soit à midi j'étais vide, et la suite de mon programme est tendue, et bien sûr irréalisable, car je conduis un véhicule articulé de +7t5, qui ne ressemble pas du tout à un avion. Première ramasse à Etainhuis dans des entrepôts le long de l'A29. Après une traversée sympathique mais virile de la Normandie qui est jolie, j'aime bien le coin.

Arrivé donc à Etainhuis, je suis devenu blanc car en fait à Cany Barville j'avais posé le gros cadenas sur le hayon, et je l'ai oublié en partant, par chance il a pas bougé. Ici, je charge de grosses machines de fitness, pas celles qu'on voit en promo à LIDL ou Intermarché, non de la machine balaise et qui coute la peau du cul. Le chargement est pas ultra rapide, le cariste doit aller chercher les colis un peu partout et il faut bien arrimer au fur et à mesure. De là, je file à Sandouville, charger une dernière machine, ça rentre pile poil. Il est 16h, j'ai RDV demain à 10h à Montpellier. Je passe un moment à expliquer à l'affreteur Marseillaise, qui heureusement à le sens de la dérision quand même. Je sais que je pourrais pas y être avant midi, alors j'annonce midi en mettant le pied dedans.

Bien sûr, mettre le pied dedans est une chose, mais le passage de St Remy sur la N12 n'arrange pas les choses. Pour suivant qu'on est en aout, il y a encore pas mal de monde. C'est qu'une fois sur l'A10 que je peux enfin tirer de vrais plans sur la comète. Je m'arrête quand même manger une platrée de Tortelinis à Salbris, car c'est la spécialité du coin, et j'ai ensuite été au bout du bout du bout de mes dernières 4h30, au taquet parce que j'ai que 6t dans la semi et que le 500 il rigole. ça m'a fait debarquer à 1h du matin vers Marvejols. J'avais visé la ferme de Bonsecours, tant pis, la loi c'est la loi, et moi je badine pas avec la loi.

Après avoir longuement respiré l'air de Marvejols, je decolle avec 9h01 de coupure. J'ai exactement 7 minutes pour rejoindre Montpellier pour être à l'heure à mon RDV à 10h. Bien sûr, c'est même pas la peine d'y penser. Je me suis annoncé pour midi, je vaus faire en sorte d'y être. Avec 6t c'est facile, même si le trafic est nettement plus dense que cette nuit, je me paye même le luxe de doubler quelques camping cars et caravanes dans certaines côtes. Désolé les mecs mais je roule en Volvo !!! Le logo est rond, mais on voit quand même bien qu'il y a pas une étoile au milieu OHHH !!!! Si la température est raisonnable sur la Larzac, une fois passé l'Escalette, il fait 30, direct. Je debarque après avoir été réveillé par Ferrol sur l'A750, un peu avant midi comme prévu au stade de rugby de la ville. Je comprends pas comment acceder au stade, ça m'enerve. En fait, il faut au beau milieu du carrefour, passer entre un poteau et un feu tricolore par une petite rampe, genre pour fauteuil roulant, ça passe finot, mais ça passe, le tout à midi au moment ou les mecs sont les plus fous vu que c'est l'heure de la bouffe. Vous me croirez ou pas, pas un coup de klaxon. Ils ont plus la niaque les Montpellierains et pi c'est tout.

Il y a une équipe de 4 monteurs et 2 rugbymens pour decarguer tout le bordel, tous sont jeunes et muslés, ça tombe super bien vu que moi je suis vieux et pas costaud. Surtout, ils sont hyper motivés, car l'ensemble de la salle de muscu doit être montée pour vendredi matin. Autant dire que ça traine pas, en moins de 2h c'est vidé. Donc, comme je fais comme je veux, je décide de rester une heure de plus pour faire 3h. En plus qui dit stade, dit douche, donc faudrait être un peu inquiet pour s'en priver. Je ne suis pas inquiet.

La suite de mon programme est facile, ce qui m'arrange ar j'ai pas super envie de me creuser le neuronne. La seule chose qu'on me demande c'est d'être avant 17h hemin du Barret à Chateaurenard. Il y a plus que un bail que j'ai pas trainé mes roues dans le coin, et pas grand chose à changé, il y a toujours ce bête portique à 2m de haut qui a dû enerver plus d'un routmanfrigo à la bourre. Je charge donc une spécialité locale de Chateaurenard, un complet d'annanas, facile. 15 minutes pour charger, CMR compris. Les gars tirent le portail juste derrière moi, ceci explique celà. Je dois monter directos à Chaponnay, charmant village au sud de Lyon ou il y a un Volvo Truck Center, mais surtout l'immense plate forme Prosol. Avec un peu de chances ça doit passer en moins de 4h30 depuis Montepellier, car je suis joueur. Au fond de moi, je me dis, au pire je coupe 30 à Montélimar, et puis j'ai tracé, tracé, tracé, tracé et quand j'ai coupé le moteur une fois au quai N°9 j'avais 4h33. Bon, c'est pas non plud dramatique, d'autant qu'à la fin de la semaine je suis en vacances.... Maintenant j'ai super le temps. J'en profite pour marcher un bout vu que la machine à café est à l'exact opposé de mon quai, de chaper un peu avec des legumiers du quartier et puis j'ai fini par repartir au bout d'une heure, soulagé de 21T, pour rejoindre Limonest ou je dois recharger demain. La zone est magnifique, arborée à souhait, mais il y a pas de places pour se garer en camion, c'est balot.

Finalement à 9h, ma commande est sortie et je peux me mettre en place à quai. Je charge des aspirateurs. 16 palettes en tout, et une seule référence. Plein de petits aspirateurs qui feront la joie des femmes espagnoles pour leur Noel, j'imagine, ici les reflexions "ah mon connard de mec m'a acheté un aspirateur pour Noel" Le tout étant bien entendu fabriqué en Chine, un mythe s'ecroule, encore une belle marque qui a delocalisé, un peu comme si Giovanni Rana delocalisait en Russie pour faire ses si bon raviolis avec plein de trucs dedans. De là, je file à Genas de l'autre côté de Lyon. Le tunnel passe finger in the nose. Prise de courge par contre à Genas. Je me mets toujours au même quai depuis le temps que je viens ici, mais aujourd'hui, le chef de quai m'a pris la tête, parce que j'ai rien demandé avant. Mais bon, ici, ils sont même pas foutus de mettre une echelle ou un escalier pour monter sur les quais. On est obligés de se frotter contre leurs semis cradingues, alors moins je dois monter sur le quai, mieux je me porte. Nanméoh ! C'est pas le tout de sponsoriser la F1, être au top de la sécurité et tout, et de faire prendre le risque aux petits chaufaillons que nous sommes de se pêter une jambe....

Il me reste 3 petits mètres de plancher, le chef me fait rentrer, impec. Dans la descente de Roussillon, je suis le dernier d'une colonne de 5 ou 6 camions, le premier, un FRA, descends à moins de 70. Derrière, les caisseux arrivent au taquet, j'ai peur. J'ai pas doublé comme un con, c'est interdit, mais le type devant c'est un tocard. Arrivé sur le plat, il accelère comme un malade, les autres derrière deboitent mais n'arrivent pas à le doubler, pathétique... Comme de juste, il sort à Chanas, 30km/h dans la bretelle, on risque pas de verser au moins... Finalement, plutôt que de rentrer, j'ai justement 3M à prendre à Beaurepaire. Bon, donc je file direct et je charge avant midi au CAT. Le seul problème, c'est que les palettes depassent un peu et que je peux pas fermer les portes du tout. Merde. Elles sortent même un peu du cadre. C'est des cartons pliés, ça pèse pas... Finalement tant pis, je me décide à sangler le tout comme il faut, le dépôt est pas loin, je roulerai porte ouvertes, ça aerera. Je rentre à Jarcieu en faisant pas le malin et je me pose soulagé quai 3.

Finalement, pour terminer mon année scolaire 2013/2014, il me faut descendre en Catalogne. 3 clients, facile, de velour. Comme je suis pas en retard, je prends le temps de laver comme il faut mon si beau camion, et puis j'en profite aussi pour me laver moi aussi, et je ripe à 14h et des boulettes. Carton à Valence, bouchons, je sors par la N7 je recupère l'autopista à Montelo Nord. Cassage de croute à Nimes ou il fait une chaleur à crever. La traversée de Montpellier est ultra chiante, ensuite ça roule nickel. Une fois passé la frontera, il y a des orages qui finiront demain chez nous. En attendant la route est trempe... Je termine mon jeudi sur le parking sécurisé à Montseny, pile poil pour caler une 11. Deux Polonais bricolent une durit d'eau sur leur camion, c'est un sacré bordel pour basculer une cabine avec un porte voiture. Ils ont du mérite les mecs !

Le parking TRUCK PARK ressemble à tous les parkings du monde, sauf qu'il fait déjà quasi 30 à 9h du matin, ce qui me fait dire que je suis pas en Bretagne. D'autant qu'il y a plein de vieux SOLO CAMION qui trainent dans la salle de repos. Dont un assez recent sur Marcotrans, c'est plein de photos, mais on ne voit aucun camion aux immatriculation exotiques. J'y ai apppris qu'un équipage en double pouvait faire un Murcia-Moscou en moins de 4 jours... Tu manges à Murcia, tu chies à Moscou en fait. Même pas le temps de faire la sieste. Qu'à celà ne tienne, chacun ses problèmes, moi je dois livrer à Barbera Del Vallès, en étant certain que mon adresse est foireuse. Je me rends donc Ronda Santa Maria, ou il existe bel et bien un atelier portant le nom de mon client, mais il est bien trop petit pour y contenir les 6 grosses palettes, on m'envoie à 4km d'ici dans leur établissement principal. J'y avait déjà livré il y a quelques temps, j'en étais sûr et j'ai perdu 20 bonnes minutes. Pour decharger, ça va super vite, c'est déjà ça. De là, je file cheveux au vent et clim à fond à la Zona Franca. J'ai 8 GRV pour Burgos à poser. Bien qu'il soit 10h, le pire moment de l'heure de rush ici, ça passe comme un dimanche matin, personne. D'ordinaire chez notre correspondant, il faut attendre pour se mettre à quai, là, non, pas la queue d'un camion, limite si le cariste était content d'avoir de quoi s'occuper, en 5 minutes papiers signés, bonnes vacances à plus. 

Il me reste le dernier à Sant Boï, à faire avant 13H imperatif sous peine de tanquer le week-end ici. Je decouvre un batiment logistique high tech. Un leger devers pour rentrer, mais rien de mechant gardien efficace : "muelle vingt et deux monsieur Philippe !" La classe quand même !!! Rien que des quais normalisés, je me dis au fond de moi, quel bol pour cette dernière livraison avant les vacances, un vrai boulot facile. Sauf que le quai 22, c'est le vieux batiment historique qui a été conservé, les beaux batiment autour ont été rajoutés plus tard... Du coup, grosse transpirée, manoeuvre shortasse à contre main et des gros branleurs qui s'approchent surtout pas pour guider on sait jamais. Il m'aura fallu 10 bonnes minutes pour tirer le frein de parc et souffler. J'imaginais, le mec bien naif, bien niais avec un camion remorque tout neuf ici... D'ailleurs, je sais pas pourquoi je me suis imaginé ça "et comment j'aurai fait en camion remorque ici" Du reste, sur les forums et sur facebook, il y a des mecs pour rêver de rouler dans des attelages de 25,50m, qu'ils y viennent ici que je rigole ! A propos, de facebook, je fais une nouvelle overdose, à lire c'est terrible !!!

Une fois enfin vide, je peux deguerpir et rejoindre Grouik City, au nord de Girona. Pour sortir de Barcelone ça bouchonne, il y a une voiture en panne, branle bas le combat. La température finit par atteindre les 35, on se croirait en été... Un coup de lavage, et au bureau j'apprends que j'ai deux ramasses. Je calcule mes heures, pas la peine de s'affoler le sboub, j'ai pas les heures disponibles pour monter et vider ce soir. Pourtant le bon Franck m'a dit, on monte ensemble, je t'ouvres tu vides et basta t'es en vacances. C'était vraiment gentil et tentant, mais bon, la loi, la loi.. Du coup, j'ai pris mon temps, je suis allé saluer Santi, fournisseur officiel de tabac, en vacances mais qui vient ouvrir aux plus fidèles quand même ! Incroyable ce type, au boulot 7/7 !... Je me suis aussi arreté chez Padrosa manger un horrible chorizo à la braise, mais c'est comme ça, on se refait pas. Une bonne douche, et one again, poussé par un horrible vent du sud, le frigo s'epoumone, un SL200 c'est un peu light avec des chaleurs pareilles.... Je termine ce charmant vendredi à Montélimar, il m'aurait manqué 1h pour faire "un foulée" ce soir. Je suis pas à ça près de toutes façons.

Je me suis pas oublié ce matin, c'est incroyable ! Cette nuit, il a fait de gros orages et ce matin, c'est fini, presque beau, normal, je suis en vacances très bientôt. Après un bon café à la station Shell toute neuve, bon le café est toujours moisi par contre, je décolle. Dans l'autre sens ça roule fort, ça fait même la queue pour rentrer sur la station, c'est la crise. Mais je m'en fous completement, à la montée, il y a personne. Chez TDV, on balance mon complet en 22 minutes à 2 dans la semi d'à côté. Un coup de lavage, et enfin, ça y est plus que 25 minutes de route zen pour rejoindre St Peray, que je vais élire capitale du farniente pendant 3 bonnes semaines ! AAAAAHHHHH il était grand temps !

Mais quand même, ça fait bizarre de pas avoir de projets pro pour lundi, on se sent presque inutile... Mais je sais que c'est un sentiment qui ne va pas durer... Allez, bonnes vacances, bonne reprise, bon week-end, hasta luego !