FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Septembre 2014 Partager sur Facebook
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  • un troupeau de Van Strenbergen
    Berry
    livraison hayon
    décharge d'amiante
  • Mardi 2 Septembre 2014
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    J'ai eu la présence d'esprit de me mettre dans un coin et en sens opposé au vent. Car ce matin, certains traversent le parking à une telle vitesse que ce ne n'est pas possible, ils le font forcément exprès pour faire chier le monde.

    N'ayant pas mangé au restaurant hier soir, je justifie ma présence ce matin avec un grand café et son pain au chocolat. Je décolle à 7h, tout doucement.
    Le levé du soleil sur le Berry est presque aussi chatoyant que le couché d'hier sur le Bourbonnais. Avec autant de pastel à l'horizon, on a de violentes pulsions romantiques : si je n'étais pas pressé je m'arrêterais direct lire des poèmes de Lamartine en écoutant Chérie FM, mais faut pas déconner quand-même...

    J'arrive à Blois à 9h30, et faute de pouvoir décrocher la remorque devant chez mon client, je vais la poser un peu plus loin, là-où je trouve de la place. Je livre au hayon et en transpirant comme un porc, il n'est plus du tout question de romantisme.
    Une petite heure plus tard me revoici attelé, et en direction de Laval.
    Je découvre le contournement ouest de Vendôme, j'ai d'ailleurs failli prendre l'ancienne route, croyant qu'on avait simplement interdit la traversée de la ville avec obligation de redescendre prendre l'autoroute... mais non, j'ai suivi la signalisation et je n'ai pas fait n'importe quoi.

    Pour Saint Calais toujours pas de déviation, les deux feux régulant le passage dans les deux mauvais virages ne fonctionnent même plus... on dirait qu'on a laissé tombé ici. Résultat : ça passe encore moins bien qu'avant.

    Je me présente en tout début d'après-midi dans l'immense déchèterie de Changé, chez Séché. Devant moi, un camion des transports Peigné. Séché, Peigné, Changé... tout propre en quelque sorte ? Tant pis...
    Quelle bonne surprise que cet endroit ?! Non seulement j'apprends dès l'accueil à la bascule qu'il va falloir vider en deux fois car mon chargement comporte deux références, mais en plus je découvre avec joie qu'il me faut aller tout au fond, dans la boue, au milieu des pelles et des bulldozers... et dire qu'hier j'ai lavé dans les moindres recoins.
    Je passe donc 2h la dedans, à tourner, attendre, retourner... je laisse mes sacs d'amiante qui viendront compléter l'édifice toxique sur lequel nous reposons. Concernant le protocole de sécurité je suis assez surpris : ailleurs on nous fait porter des casques pour charger des croquettes, on nous fait mettre des chaussures de sécurité pour rester dans le camion, on nous fait dételer puis on nous prend les clés etc. etc. etc. mais ici on gambade joyeusement dans la poussière, sachant que celle-ci est peu propice à l'inhalation. Inquiet39 en mode hypocondriaque39.

    C'est Castagnette à l'affrètement aujourd'hui, et il me dégotte un rechargement tout près d'ici, toujours à Changé.
    Prévu 17h, j'arrive à 16h30. On me confirme : "prévu 17h, mais demain". Sur le coup je pense à une erreur de Castagnette et je n'ose même pas annoncer la nouvelle, l'imaginant déjà attaché au lampadaire du dépôt, avec du goudron et des plumes. Mais l'erreur ne vient pas de lui ! Le donneur d'ordre n'a pas annoncé ma venue à l'expéditeur, si bien qu'on m'annonce "bah on va peut-être charger, tout dépend si le cariste veut bien..."
    Il est des boites où c'est le cariste qui décide.
    Lorsque je vais voir ce dernier, il me fait la blague du "bah, ça dépend, je peux charger, combien tu me donnes ? ". Célèbre blague pas très drôle, mais semblant de réponse positive. Erreur Régis : le mec ne veut apparemment pas charger, son chef est obligé d'argumenter, et j'en viens à penser que si je lui filais réellement de l'argent il le ferait. Sait-il seulement que je suis Bressan ?

    Le chef négocie, et négocie encore... marre de me faire prier je leur demande de me dire simplement "oui" ou "non", car après tout je m'en fous pas mal, si ce n'est pas ici ce sera ailleurs.
    Verdict : "allez mets-toi à quai..."
    Bon sang quelle bande de bras cassés... et le pire reste à venir. Tout d'abord, ni le cariste, ni le chef ne comprennent le principe du camion remorque : en voyant la dimension de la remorque ils s'inquiètent, et lorsque je dis qu'il y a encore 6m50 devant je vois le vide dans leurs yeux... ils ne comprennent rien, pour la simple raison qu'ils n'en ont jamais vu, qu'ils chargent toujours les mêmes semis, de la même boite, de la même manière. Aussi il s'avère encore plus difficile de faire comprendre qu'on ne peut charger les palettes d'une tonnes toutes à la suite, trois par trois, mais qu'il faut répartir la charge.
    Le cariste charge, gueule, et je suis obligé de m'interposer pour qu'il s'arrête. Du coup il va chercher son chef et j'explique une nouvelle fois que je ne peux partir d'ici avec 20 tonnes sur 1 essieu...
    Des cons comme ça j'en ai rarement vu, et heureusement.
    Bien évidemment, le cariste contrarié part en pause alors qu'il reste une seule palette à mettre dans la remorque... il ignore sans doute que j'en ai strictement rien foutre, contrairement à son chef qui aimerait bien que ça se termine pour pouvoir faire les papiers et partir. Du coup ce dernier m'amène la palette lui même. Alors je décroche, mets le porteur à quai, et renonce à réexpliquer le principe de la répartition des charges : "y'a qu'à charger comme ça vient, je les rebougerai au transpalette moi-même, on ne va pas passer la journée là-dessus".
    Au moment de faire les papiers avec le chef, ce dernier me dit : "vous savez mon cariste est un peu énervé, il faut dire qu'il finit à 21h ce soir, il faut le comprendre...". Je réponds simplement "A 21h quand il aura fini je serai encore en train de rouler..."

    Incompétents, cons, et il faudrait encore les plaindre ?

    Le seul truc de bien dans cette boite, c'est la douche : j'en ressors propre et un peu désamianté.
    Reste 2h à rouler. Je profite comme hier d'un beau couché de soleil, sur la nationale entre Laval et Le Mans. J'échoue à Saint Calais, la ville qui semble d'autant plus abandonnée la nuit qu'elle n'est presque pas éclairée.