FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Novembre 2014 Partager sur Facebook
  • Photos
  • forges de Commentry
    Auchan Domerat
    pont de l'île d'Oléron
    tempête
  • Lundi 3 Novembre 2014
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    5h10, c'est parti, vers l'ouest, 4 clients : Commentry, Montluçon, St-Maixent-l'Ecole et enfin, cerise sur le gâteau : Boyardville - île d'Oléron. Voici un début de semaine qui me plait, non pas à l'idée de visiter le Bourbonnais ou le Poitou, mais bien pour cette ultime livraison qui me permettra, si tout se passe bien, de faire ma coupure devant le fort Boyard, bercé par le vent du large.

    Comme si tout se déroulait comme prévu d'ordinaire... Mon dieu que je suis naïf.

    Je commence donc sur la RCEA et sous un ciel maussade. Le jour se lève, j'arrive à Commentry. D'un côté il y a l'énorme usine chimique qui diffuse son odeur de pourriture, de l'autre il y l'emblématique forge, au centre de la ville, tel un vieux cœur fatigué qui bat encore, pour le moment, et qui donne du travail à ses ouvriers, ainsi qu'aux prestataires qui gravitent autour dont GN Transport et moi-même ce matin, 8h, posé sur la bascule et prêt à peser.

    Je livre ici un lot de ferraille à recycler.

    Deuxième étape : centre commercial Auchan à Domerat. Il s'agit d'un chantier et j'essaie en vain de joindre le contact du CMR pour savoir où, quand et comment ça se passe. Je roule, personne ne répond, je finis par arriver sur place : faute de mieux et ne voyant pas de chantier je me pose sur le parking voiture, m'allongeant de tout mon long sur 9 ou 10 places.

    Il est 9h et les petits vieux affluent de toute part pour venir acheter la portion de tripes pour midi ainsi que le paquet de croquettes pour Kiki le chien.
    Je me retrouve là au milieu, et à ce rythme je vais finir par ne plus pouvoir sortir du parking, pris au piège tissé méticuleusement par les AX, les 205, les C15 et leurs conducteurs machiavéliques.
    Je trouve d'autres numéros sur internet ; après 3 coups de fil j'ai enfin un des ouvriers en ligne qui m'annonce : "bah on est encore sur l'autoroute... on arrive dans une bonne demi-heure".
    Génial.
    Une heure plus tard ils débarquent, je me suis rongé tous les ongles.
    J'ai eu la bonne idée, ou plutôt le sacré coup de chance,  de charger leur marchandise dans le porteur. Car il faut vider dans un trou de souris avec accès en marche arrière.
    La caisse du porteur fait 6m50 de long, les fardeaux que nous déchargeons font 6m40. Avec les rebords de chaque côté, plus le poteau, l'opération s'avère très compliquée mais surtout très périlleuse pour la carrosserie... sachant que le conducteur du télescopique n'est pas des plus précis. Transpiration garantie.

    Comme prévu je ressors du parking au millimètre. Il est plus de 11h, ça n'avance pas aujourd'hui.

    Je roule en direction de Poitiers, puis de Niort. Le temps est venteux, triste, sombre, et pluvieux. Un délice.
    J'ai un conteneur de produit chimique à livrer dans une petite boite située au centre de Saint-Maixent. J'arrive à 15h30, il y a une toute petite cour où je peux me retourner pour me mettre en place. Drôle d'endroit : "entreprise Intel, spécialiste fioul-carburant-charbon-vin-bière-spiritueux".  Laissent-ils vieillir le gazole en fût de chêne ? Servent-ils le Château Margaux à la pompe ? Drôle d'endroit.

    Reste mon ultime livraison : un chantier dans un camping de l'Ile d'Oléron. J'appelle le contact, ils m'attendent, ils ont besoin de la marchandise au plus tôt.
    Je roule, le temps se gâte.

    1984 ou 1985 (je ne sais plus), petit Ray vient faire des pâtés de sable pour les vacances d'été sur l'Ile d'Oléron.
    1993, jeune et tendre Ray vient en voyage scolaire à l'Ile d'Oléron.
    2014, Inquièt39 se présente avec son camion devant le pont qui va le conduire à nouveau sur l'Ile d'Oléron.

    Le temps vire à la tempête. Je m'engage sur le pont, préoccupé. Dans mon rétro, je vois la remorque qui se balance de gauche à droite au rythme des bourrasques. J'arrive au bout du pont, j'arrive sur l'île, quand soudain les voitures d'en face me font de grands appels de phares : la bâche de la remorque vient de se décrocher par l'arrière, elle s'est complètement rabattue au tablier et flotte de toute part. Et merde.

    Par chance dans mon malheur, je peux me garer de suite à l'arrivée du pont, il y a un restaurant sur la droite.
    Tel un Kersauson de gouttière je sors dans la tempête pour réparer mon embarcation : avec ma barre de toit je réussis à ramener la grosse traverse vers l'arrière, mais les roulettes sont sorties, je ne peux les remettre dans le rail avec ce vent de folie et cette pluie horizontale. Système D : je sangle mon toit de l'intérieur, au plancher. J'ai bien tenté d'en passer quelques-unes à l'extérieur mais c'est impossible, elles s'envolent direct.

    Le jour décline et je laisse ma remorque au restaurant pour aller décharger le porteur.
    Moi qui voulais faire de belles photos sur l'île c'est raté. Il ne cesse de pleuvoir.
    Quelle joie néanmoins de reconnaitre, juste avant Boyardville, les bâtiments du centre de loisir où nous séjournâmes avec ma classe de 6ème. Je ne m'y attendais pas.

    Je voulais voir le fort, les tigres, les nains, Olivier Mine et le père Fouras... je ne verrai finalement que le camping, sous le déluge. Au terme de cette livraison chaotique il me reste 25 minutes de volant, tout juste de quoi retourner atteler la remorque.

    Je coupe sur le parking du restaurant, sous des trombes d'eau et bercé par le vent. Voyage à l'île d'Oléron gâché.