Carnet de bord de Novembre 2014 | Partager sur Facebook |
L'anecdote qui tue : hier soir, à peine remis de tous ces évènements, je reçois mon ordre de chargement de Stéphane, via SMS.
"Chargement Yvrac... blablabla.... blablabla.... blablabla.... pour compte Passepartout". C'est une blague ? Non. Je reviens du Fort Boyard et je me fais affréter par Transport Passepartout. On frôle le sublime.
A moins que ce ne soit le vrai Passepartout qui ait passé un coup de fil à Stéphane pour nous affréter ?
Je quitte Oléron avec ma remorque rafistolée, le vent est tombé, il est 6h ce matin. Je vais donc charger à Yvrac, une grosse machine.
Je me présente à 8h chez le client, personne ne sait de quoi il s'agit. On passe des coups de fils, on me dit d'aller voir untel, qui me dit d'aller voir untel, qui me dit "je ne sais pas de quoi il s'agit". Jusqu'à l'arrivée du responsable, enfin, qui lui m'annonce "bah j'avais dit pas avant fin de de matinée".
En effet la machine n'est pas là, elle est dans une autre usine toute proche et difficilement accessible en camion. Le responsable m'y emmène en voiture pour étudier le problème. En porteur je peux venir, mais avec le hayon je ne peux pas charger, la machine est trop encombrante et lourde.
Nous partons donc à la recherche d'un chariot élévateur dans le voisinage, et nous trouvons notre bonheur chez un marchand de radiateur. Un bon vieux Clark qui a fait la guerre. Je me retrouve au volant de l'engin, le responsable étant de type cravateux pas trop dégourdi de ses 10 doigts.
Me voici donc maitre des opérations : après avoir reculé le camion au plus près je m'occupe du chargement de la machine... pas hyper à l'aise mais très motivé à l'idée qu'on me laisse gérer, qu'on me laisse bosser comme bon me semble.
Tout se passe bien. Je pourrais presque viser une belle carrière de cariste...
Deuxième chargement chez un grossiste en matériaux, à Villenave-d'Ornon. Pas trop de place dans la cour, entre les bricoleurs du mardi, les artisans pressés, et les caristes : je gène. Je gène d'autant plus que la personne sensée s'occuper de mon cas n'arrive pas. J'attends.
Au bout d'un quart d'heure arrive un jeune dandy, genre diplômé de grandes écoles raté qui a fini au rayon carrelage chez Gedimat, et ce jeune dandy ne comprend pas grand chose de la situation : Je viens charger un retour de marchandise non conforme, à ramener chez le fabricant, et lui me prend pour le fabricant en question, il ne pige pas que je ne suis qu'un prestataire de transport, qui plus est affrété, simple chauffeur et donc 17ème roue du carrosse de toute cette pyramide décisionnelle qui m'indiffère autant que je l'indiffère. Bref, il persiste à me dire "bah faut reprendre votre produit parce que ça va pas, et puis y'a ça qui n'est pas bon, et puis y'a ça en plus faut le reprendre aussi etc."
Pour charger trois pauvres palettes il me demande d'aller au fond du parc en marche arrière, entre les étals de matériaux. Je lui dis non. Il me soûle tellement que je pense avoir l'air méchant. Nous chargeons sur place et je me sauve.
Rien d'autre m'annonce le SMS du chef, ainsi que "roule direction Clermont".
Je quitte Bordeaux et roule donc vers l'Auvergne.
Le vent à balayé les nuages, il fait maintenant un grand beau temps. Je profite d'une coupure pour réparer complètement le toit de la remorque. Je repasse les roulettes dans l'axe du rail, tout fonctionne désormais comme s'il ne s'était rien passé, seules quelques traces de frottement sur la traverse arrière me rappelleront au souvenir de ce beau voyage sur l'île d'Oléron.
La Dordogne, la Creuse, le Puy de Dôme, autant de paysages sublimes sous les couleurs rouille de l'automne.
Après 8h40 de volant je m'arrête au milieu de nulle part, au calme, au frais, entre Thiers et Noirétable.