Carnet de bord de Octobre 2014 | Partager sur Facebook |
Un mystérieux taxi m'a déposé au dépôt ce dimanche soir. J'y ai retrouvé mon camion en train de se faire autocoller les fesses par de grands stickers "DUARIG TRANSPORT" : on travaille même le dimanche à Jarcieu.
Après une courte nuit dans la couchette me voici d'attaque ce lundi matin, 0h30, devant la machine à café, regardant couler le précieux breuvage sensé stimuler mes neurones pour la nuit.
Castagnette est là, lui va se coucher avant d'amener à son tour 20 tonnes de tournesol pour les petits oiseaux de Bourg en Bresse qui ont déjà fini leur gamelle de la dernière fois.
Je décolle effectivement à 1h17. Direction le Sud, l'Espagne, c'est d'ordinaire du boulot d'Alain26 ou de Phil26, aujourd'hui c'est pour Ray26.
La descente est tranquille, je suis seul sur la majeure partie du voyage qui m'amène, pour commencer, sur l'aire de La Palme - une heure de sieste.
Le café est bien crade, je repars avec ce gout de chaussette amère, le jour se lève tout doucement et j'entrevois déjà la frontière.
Les choses sérieuses commencent : il faut faire 3 passages en douane à La Jonquera. Concrètement : donner 3 CMR à une employée administrative et attendre qu'elle les rende. J'arrive pile pour l'ouverture, je peine à me garer, la rue étant squattée par des copains de l'est garés partout, avec linge qui pend au rétro et restes du barbeuc devant la calandre.
8h30, je repars. Je transpire une demi-seconde lorsque j'aperçois un flic au milieu de la route qui rabat tous les camions sur l'aire d'autoroute de La Jonquière : il s'agit simplement d'un contrôle d'alcoolémie. Je souffle bien fort dans le machin... et le petit verre de crémant d'hier après-midi ne laisse pas même la moindre trace. Je poursuis ma route.
J'ai cinq livraisons à faire, dont deux dans la zona Franca.
La première est chez un dégroupeur. Je sors une magnifique manœuvre malgré la pression de tous les mecs qui passent dans la rue comme des sauvages ; mais le problème est de voir mon camion à quai beaucoup trop gros, ça dépasse, et j'appréhende de me faire balayer la cabine par ceux qui manœuvrent autour...
Aussi je suis content de quitter les lieux, pour ma deuxième livraison chez Nissan, juste à côté.
Je sais où aller dans l'usine (grâce à GPS26) mais la gardienne me dit d'attendre au portail. J'attends. Et ça traine sérieusement. Je m'impatiente, elle continue à me faire attendre. Dans ce genre de situation je regrette de ne pas parler plus de trois mots d'Espagnol. Le fait est qu'en voyant "carburant" sur mon CMR, la gardienne a cru qu'il fallait faire appel à l'escorte de pompiers pour aller livrer. Lorsque l'escorte en question est arrivée, le mec m'a dit un truc du genre "bah pourquoi tu nous appelles ? Y'a pas besoin de nous ?"
Personnellement je n'ai appelé personne, et voici 40 minutes que je perds mon temps.
On frise le drame lorsqu'enfin je peux entrer : Il est 12h50 et le mec qui décharge termine à 13h. En me voyant arriver il gueule, je ne comprends pas grand chose hormis qu'il parle de "corones"... je suis perspicace, j'en déduis qu'il en a "plein les couilles", mais il décharge.
Me faire engueuler parce que j'arrive tard, qu'il finit dans 10 minutes, que cela va lui en prendre 5, que j'attends depuis des lustres au portail, qu'il a fini sa journée et moi pas, alors que je suis dessus depuis 0h30... il faut avoir la foi.
A l'instar de la très distinguée Ophélie Winter, Dieu m'a donné la foi.
Je fonce à Santa Oliva, pour livrer le troisième, un centre d'essai où l'on me fait encore attendre 3 plombes pour une palette. Peu importe, j'ai 9h30 de volant, je me trouve une place dans l'immense zone de l'Albonar et j'essaie de rattraper le sommeil en retard.
Rude épreuve, il fait chaud, il fait moite, il y a du bruit.