FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Septembre 2014 Partager sur Facebook
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    Love England
  • Mercredi 10 Septembre 2014
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    Dès 7h les premiers employés arrivent, je me présente, on me demande d'attendre 8h. Il s'agit d'une petite boite, je ne vois pas le fond de la cour ; ce n'est qu'en entrant que je découvre qu'il n'y a pas de "fond de la cour" : on entre en marche avant, on tourne à droite, et on se retrouve dans l'impossibilité de faire demi-tour - il faut ressortir en arrière à contre-main. Pour l'heure il faut vider, les soucis on verra plus tard. Je fais une fois de plus l'unanimité avec mes portes latérales ; les anglais sont très friands de belles carrosseries, Kate Middleton en est le parfait exemple (peu inspirée, macho, misogyne, relou et nulle... bref une très bonne blague)

    On manœuvre beaucoup mieux à vide, la direction est moins difficile et le volant n'altère pas l'épiderme  satiné de la paume de ma main... routier oui, mais sensible aussi.
    A tous ceux qui se demandent : "mais qu'est-ce qui lui arrive ? Il est devenu gay ou quoi ?" je réponds non : le fait est que le volant de ce camion est tellement rêche que ça y est, j'ai une cloque dans l'intérieur de la main ! A tous ceux qui se disent : "bah c'est que t'as pas des mains de travailleurs mon gars !" je réponds oui certes, c'est parce que je passe mes semaines à glander en attendant le weekend.

    Je ressors donc en marche arrière, à contre main, en dévers, avec plein de monde qui me regarde et un camion qui attend pour entrer : tout les ingrédients pour faire de la merde.
    Tel le vieux balaise avec ses 20 ans d'expérience, je m'y prends en 3 ou 4 fois, rien de ridicule, je vois même un brin de reconnaissance dans les yeux de l'employé qui me guide.

    Je repars donc fier, fier d'être routier, fier d'être chauffeur de camion remorque.com

    J'ai vidé à Accrington et je recharge à... Accrington. Complet. La fameuse théorie incompréhensible du "plus c'est facile - plus c'est facile" : lorsque je monte avec 5 ou 6 clients, je fais 5 ou 6 ramasses derrière... et lorsque je monte avec 2 clients, je recharge complet.

    Deuxième défi du jour : la mise à quai entre les bordures. Ici aussi je manœuvre devant mon petit public composé d'autres chauffeurs et de cariste. J'y vais doucement certes, mais j'y vais du premier coup ! Il y a des bons jours, aujourd'hui en est un. D'autant que ce quai est une multitude de pièges à lui tout seul - et je ne suis pas tombé dedans : les bordures, les ferrailles à hauteur des portières qui ne demandent qu'à laisser une belle rayure, le cadre étroit dans lequel il faut pile entrer la remorque sous peine de taper le mur et d'y laisser une porte, la hauteur à surveiller... bref un quai tout pourri.

    Je charge des gros rouleaux de plastique.

    Rien d'autre ; il est 11h et j'ai pour mission de descendre direction Douvres. J'y vais tranquille, résigner à bouffer des embouteillages... et le menu s'annonce une fois de plus très copieux : bouchon à Manchester, à Birmingham, pas de place sur une première aire pour faire la coupure de 45, pas de place sur une deuxième... je m'arrête à Cherwell Valley avec 4h29 de conduite, je décompresse sous la douche en me disant : "mais comment peut-on éprouver du plaisir à conduire un camion dans ce pays ?". Je continue, Londres - bouchon, Maidstone - bouchon... du coup et ce n'était pas prévu je prends le tunnel. J'ai bien assez perdu de temps comme ça.

    Lorsque j'arrive à Folkestone toutes les barrières s'ouvrent devant moi, je vais quasi directement dans le train.
    Je suis en France à 20h45, reste une heure à rouler, je finis cette journée avec 8h55 sur le parking de la sortie Béthune.