FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Novembre 2014 Partager sur Facebook
  • Photos
  • go Tilbury
    une grue géante dans le port
    A406, London
  • Mercredi 12 Novembre 2014
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    Cette route de nuit s'annonce pénible aux premiers abords : à peine passé Langres je me mets les premières claques dans la tronche. Mon chargement ADR me fait opter pour l'autoroute, je ne sors pas à Chaumont comme d'habitude, je roule laborieusement jusqu'à l'aire de Troyes, 45 minutes d'arrêt.
    45 minutes dont 30 de sieste, je pars reboosté après un petit café et un gros pipi.

    Sur l'A26 il ne se passe strictement rien, les lumières rouges des éoliennes clignotent dans l'espace, presque en  rythme avec la batterie des "Cure" et de "seventeen seconds", pas de doute nous sommes sur une autre planète, il est 2h du matin et il faut être routier pour vivre pareille sensation de vide intersidéral.

    Pour ma deuxième coupure je choisis Rumaucourt, aire de service où l'on trouve l'eurovignette, mais surtout aire de service infestée de rats. En arrivant sur le parking PL j'en vois un courir ; ça arrive. En sortant du camion il y en a un autre qui me fait sursauter - tel le gros routier bien viril que je suis - en courant là, juste devant moi, à un mètre de mes baskets. En repartant, avec les pleins-phares, c'est 8 ou 9 bestioles qui s'agitent devant mon camion, entre les poubelles, les bordures, et les autres camions garés.

    Je passe Lille avant 7h, j'arrive en Belgique, le 12 novembre se lève petit à petit et j'entrevois le port de Zeebrugge.
    J'ai déjà pris Cobelfret, mais aujourd'hui je m'apprête à voyager sur P&O. Pas le même port, mais le même principe : un vieux rafiot qui n'embarque que des semies décrochées, et aujourd'hui 3 clampins en ADR, dont moi.  La procédure d'enregistrement est plus facile que chez Cobel, je peux aller me poster directement en attente devant le bateau.

    Merci à toi concepteur du nouveau FH pour cette trappe merdique derrière laquelle se cache le filetage du crochet d'attelage ! D'après la notice un simple tournevis suffit à la déboiter pour l'ouvrir... concrètement aucun de mes tournevis n'entre dans le trop petit interstice, et lorsque qu'enfin j'arrive à faire levier, le petit bout de calandre me reste dans les doigts... Super.
    Lorsque j'avais demandé "comment ça s'ouvre" chez Volvo Valence, on m'avait répondu, "ça ? T'as pas besoin d'y ouvrir..." à la rigolade.

    J'entre sur le bateau en marche avant, en passant tout doucement le vertigineux dévers de la rampe, je fais demi-tour à l'étage pour m'aligner bien droit devant les ouvriers qui me regardent faire. J'appréhendais, je m'en sors bien, il faut dire qu'il y a de la place : nous ne sommes que 3 chauffeurs ADR.
    Moi ; un Irlandais de chez Dixon ; un Roumain qui bosse pour un Hollandais avec tracteur Polonais et semie Allemande (diversité européenne dit-il en rigolant). Car nous nous retrouvons à bord pour partager une soupe, du poulet et des frites. Bonne ambiance : tous les deux sont bien sympathiques, nous discutons un bon moment, jusqu'à ce que les vagues commencent à faire tanguer sérieusement le bateau, et le mal de mer me donne le teint tout pâle, signe avant-coureur d'un grabeul imminent. (grabeul = vomis).
    Je ne suis qu'un Kersauson de gouttière, vers 14h je vais siester pour oublier que j'ai la tête qui tourne.

    Je me réveille à 16h30, la mer est plus calme, je vais prendre quelques photos sur le pont, affrontant le vent du large iodé avec ma capuche jaune fluo. Les mecs de l'équipage - apparemment Philippins -, ne sont pas courtois du tout : pas un mot sympa, pas un sourire, rien... on a l'impression de les faire chier. Les Russes de chez Cobel vous accueillent mieux que ça...
    Nous arrivons non pas à Purfleet, mais à Tilbury. La rampe de descente est encore plus vertigineuse et j'implore une fois de plus ma suspension pneumatique : quelle merveille !

    Me voici en bordure de Londres, j'entame une nouvelle période de conduite pour me rapprocher au plus prêt de l'endroit où je décharge demain : Kew Gardens, le jardin botanique royal, à l'ouest de la city. D'après François l'organisateur de ce transport, je peux m'y rendre dès ce soir, une très bonne nouvelle.
    M25, A1, A406, voici ma route pour ne pas traverser Londres-centre. 1h30 de conduite stressante : j'ai du sel plein les vitres, du coup avec l'éclairage urbain ça devient opaque et je dois redoubler de vigilance au milieu de la meute d'excités qui rentrent au bercail.
    Je trouve facilement l'entrée du Kew Garden, comme dans un rêve je peux me garer devant, sans gêner personne. Du coup, comme dans un rêve je peux manger mon chou-fleur en toute quiétude (j'ai des rêves bizarres). Et enfin comme dans un rêve 1h30 après avoir fermé ma cession, le gardien (un sympathique personnage) me fait bouger de 15 mètres car il y a une partie de la route qui est publique et une autre partie privée, m'explique-t-il. Même si je ne gêne pas il faut que je squatte la privée sous peine d'amende. Vive l'Angleterre.