Carnet de bord de Septembre 2014 | Partager sur Facebook |
5h, Mâcon, nuit noire. Ce lundi je pars en direction de Bourges, Orléans, Le Havre, avec 5 livraisons dont la dernière en ADR.
Pour ne pas me louper je suis venu faire ma courte nuit dans le camion (de 3h à 5h) ; je décolle donc pas frais du tout.
Comme à peu près tous les lundis matins à cette heure-ci je roule, le jour se lève, et j'écoute 15 éditions des informations.
Je commence à me mettre quelques baffes dans la tronche entre Moulins et Bourges, il est temps d'arriver.
Premier client à Saint Germain du Puy exactement : un grossiste en matériaux. Je me fais tout petit en annonçant que l'intégralité de la marchandise est casée en vrac, tout en haut de la remorque, j'ai peur que l'on n'apprécie pas. Mais je tombe sur un sympathique personnage qui s'en fout complètement. Je peux alors m'adonner paisiblement à une séance d'escalade pour déloger les précieuses couronnes de TPC et lui balancer au sol. Je refais les piles en bas, il me dit que ce n'est pas la peine, j'insiste.
La route est coupée entre Bourges et Aubigny-sur-Nère, je vais à Sully-sur-Loire et je me gratte la tête pour savoir par où passer. C'est qu'il y en a de l'interdiction dans les environs. Je passe par Neuvy-sur-Barangeon, je tombe sur des chantiers mobiles toutes les 10 minutes, je rattrape Aubigny, agacé de tout ce temps perdu à zigzaguer dans la forêt Solognote.
J'arrive à Sully à 11h30, je décharge une machine.
La suite, c'est deux livraisons à Orléans.
Je ne m'arrête pas manger, je trace. A 13h je vide un nouveau grossiste en matériaux dans la zone d'Ingré, tout va très vite, reste à décharger chez PUM plastique à deux rues d'ici. J'y suis déjà allé et j'avais failli rester coincé tellement c'est étroit dans la cour. J'ai donc fait en sorte de charger dans le porteur, et je cherche maintenant un endroit où laisser la remorque.
Pas simple. Je l'aurais bien laissé chez le client précédent mais il n'y avait pas de place.
Alors que je tente un bout de trottoir pas terrible... j'aperçois deux paparazzi qui me prennent en photo. Ils viennent me dire bonjour : Pierre et William, futurs chauffeurs et lecteurs de mes aventures carnetdeboristiques. Si je m'attendais ? C'est un honneur d'être reconnu, même en pleine manœuvre pourrie... J'en serais presque gêné ! Bien sympas les jeunes, en espérant les revoir sur la route un de ces quatre.
Finalement j'abandonne mon bout de trottoir, et je décroche devant chez PUM, en mode bourrin. Je n'ai que deux palettes à sortir, je raccroche et je me sauve.
Fini pour aujourd'hui, je n'ai qu'à rouler tranquillement en direction du Havre pour vider demain. J'aimerais justement trouver un havre pour ce soir, un havre de paix pour faire une grosse coupure. Malheur, je termine entre Dreux et Evreux, sur une aire de route nationale qui semblait pas trop mal... jusqu'à ce qu'elle soit envahie par toute la misère du monde : Roumains, Bulgares, Lituaniens et j'en passe, qui se posent comme des merdes à tel point que je me demande comment je vais ressortir demain - et surtout comment mon voisin de gauche va ressortir sans m'emporter la cabine... Je voulais me reposer, je suis au pire endroit. Et lorsque la nuit tombe les lampadaires ne fonctionnent même pas, on est tous entassés dans le noir complet, plus pourri j'aurais eu du mal à trouver...