Carnet de bord de Septembre 2014 | Partager sur Facebook |
La journée s'annonce une fois de plus radieuse. J'escalade le pont de Tancarville tout en regardant la Seine aux aurores, nappée d'un léger brouillard et bordée de falaises de pierre blanche. Après avoir vu le jour dans les environs de Langres, après avoir sillonnée la Champagne-Ardenne, après avoir traversée tous les bleds qui s'accaparent fièrement son nom (Bar-sur-Seine, Méry-sur-Seine, Nogent-sur-Seine, Bray-sur-Seine... mais pas Chalon-sur-Saône...), après être passée sous le Pont des Arts, le Pont Neuf, le Pont de l'Alma et j'en passe, voici donc la Seine à Tancarville, large, calme, prête à faire le grand sot dans la Manche pour y diluer ses souvenirs de voyage : les eaux usées de la papèterie de Nogent, les clés de cadenas du Pont des Arts, et les couleurs éphémères de Paris numérisées par quelques millions d'appareils photos.
Au loin, on aperçoit déjà Le Havre, du moins les sites industriels du Havre : l'usine Renault, les raffineries, les grues... Le tout numérisé par un peu moins d'appareils photos.
Je vais livrer chez Buffard Logistique, J'arrive à 8h, il est trop tôt, il faut attendre une demi-heure. La marchandise est à destination du Japon, mais une fois de plus je suis contraint de décharger ici, chez un commissionnaire : bon sang y'a plus moyen de faire de l'inter...
Je recharge des produits toxiques à Gonfreville.
"T'as regardé "l'Amour est dans le pré" hier ? " demande la secrétaire à sa collègue alors que je viens faire les papiers.
"non j'ai pas eu le temps, et toi ? C'était bien ?"
Avant de répondre à cette question existentielle, la secrétaire me donne les documents et apporte une précision qui n'est pas sans me surprendre :
"Comme c'est des produits hautement toxiques, il y a un itinéraire de sureté à respecter... vous trouverez tous les détails avec vos papiers". Puis elle enchaine avec sa collègue "ouai c'était pas mal et blablabla et blablabla..."
Tiens donc ? On m'impose un itinéraire ? Je vais étudier ça dans le camion...
Je dis tout simplement bravo ! Bravo à toi le préposé à la sécurité pour avoir si bien travaillé :
J'ai un document officiel entre les mains, siglé du donneur d'ordre, tamponné, signé, daté et tout et tout... ce document précise à mon endroit, que pour acheminer les produits hautement toxiques du Havre au sud de Lyon, il faut prendre le périphérique à Paris (porte de St Cloud - porte d'Orléans) et le tunnel de Fourvière à Lyon. Deux portions qui, à l'attention des lecteurs qui ne seraient pas au courant, sont fortement déconseillées en ADR sauf si on est très joueur.
Pour résumer, mon "itinéraire de sureté" n'est rien d'autre qu'un itinéraire obtenu à la vas-vite sur google map. Il y a la carte, et l'itinéraire détaillé derrière : c'est écrit noir sur blanc "périphérique" et "Fourvière". Ça se la joue protocole, carré, réglementation... mais derrière la forme, pas grand chose.
Tiens je les prendrais bien au mot : on m'impose de passer par là, pourquoi je m'en priverais ?
Surement parce que je ne cautionne pas la connerie...
Quel homme loyal ce Ray.
Quitte à ne pas respecter leur itinéraire aberrant, autant compléter le camion. Noël me dégote une première ramasse à Villeneuve-la-Garenne, 3 palettes alors que je n'ai la place que pour une... ce qui me vaut un véritable casse tête pour dépoter et empiler la marchandise. Puis je vais chercher un colis chez Gefco Gennevilliers, chez Pascal.
Une fois le porteur et la remorque pleins à ras bord, je peux enfin boire le jus avec notre Affréteur. Petit quart d'heure de répits dans une journée bien tendue. Pascal est vraiment cool, et je ne dis pas ça parce qu'il offre aujourd'hui un cadeau qui se mange avec du pain... mais chut ! Les prochains Duarig à charger ici vont être jaloux...
Je repars à 18h via la D7 et les quais de Seine, cette fameuse Seine qui vient de quelque part et qui charrie des trucs jusqu'à la mer, enfin je sais plus trop quoi là, l'espèce de discours pourri...
Je roule dans les embouteillages, je perds du temps, et du coup j'arrive à court d'amplitude à hauteur de Courtenay. Je coupe sur l'aire éponyme où je découvre un grand parking, dans le fond, avec plein de places vacantes. Content.