Carnet de bord de Décembre 2014 | Partager sur Facebook |
Rien dormi de la nuit : chaud, froid, glaireux, renifleux, malade.
Je me réveille en même temps que mon voisin d'en face, un Belge de chez Essers (du moins en ce qui concerne le camion), nous avons passé la soirée à nous observer malgré nous, garé l'un en face de l'autre... je l'ai vu regarder la télé pendant des heures, il m'a vu manger ma soupe de poireau, je l'ai vu téléphoner en rigolant, il ma vu me brosser les dents, je l'ai vu pisser contre sa roue, il m'a vu pisser contre le buisson. Voisins de camping le temps d'une coupure.
Le jour se lève, je quitte la zone portuaire de Grand-Couronne par les routes souillées d'une bouillasse noirâtre. Je vais charger à La-Croix-Saint-Leufroy, petit patelin de la vallée de l'Eure. RDV à l'ancienne gare SNCF, le mec m'explique l'accès au téléphone. J'y suis pour 8h30.
Mon message de chargement parlait de 22 pal pour 14 tonnes. Il s'agit lorsque j'arrive de 21 pal pour à peine 2 tonnes. Parfois on se demande comment en arrive-t-on à de telles divergences ? Qui est à l'origine d'autant d'imagination ? Pourquoi ? Comment ?
21 pal, c'est pile de quoi remplir la remorque, j'hésite toutefois en mettre quelques unes dans le porteur pour garder de la charge utile, au cas où les autres ramasses soient du genre pondéreuses. (je peux mettre beaucoup plus de poids dans la remorque). Mais comme toujours c'est difficile d'anticiper sans connaitre le programme.
Je charge tout dans la remorque, on verra bien.
Malgré moi je prends la bonne décision. Pur coup de chance. Ma deuxième mission du jour consiste à aller charger deux lots de peinture à Vémars, pour des livraisons au hayon à Villeurbanne-centre et Lyon-centre. Donc à mettre impérativement dans le porteur...
J'arrive juste avant midi pour charger, et je suis assez surpris qu'on m'indique le quai pour chargement là, tout de suite, maintenant.
Je décroche, mets le porteur au 49... Problème : il y a un système de cale avec capteur, et je ne peux pas mettre cette dernière pour cause de grosse bordure en béton qui empêche l'accès à l'essieu arrière.
"Y'a qu'à la mettre sur la roue avant" me dit le cariste.
Problème encore, la cale ne passe pas entre le pare-chocs et le pneu...
Le cariste vient voir, prend la cale la positionne devant le pneu (et donc contre le coin du pare-choc) et s'apprête tout naturellement à envoyer un grand coup de semelle pour faire entrer la cale en force. J'ai jeté mon propre pied pour m'interposer, j'ai eu le réflexe, en gueulant un truc du genre :
"Non mais wooohhh, ça va pas non ????"
On aura tout vu dans ces bases logistique...
J'ai finalement mis cette fichue cale en biais, elle ne servait donc à rien, mais la procédure était respectée et tout le monde était content dans le monde merveilleux des abrutis.
Le camion est complet, je roule en direction de Lyon.
Depuis la 104 je constate que l'usine PSA d'Aulnay est devenu un immense terrain vague, c'est fou la vitesse à laquelle on a tout démolis, comme s'il était urgent de faire disparaitre les preuves, reste à peine un bout de bâtiment cerné par les pelles.
N104, puis A5, puis A6... pour une descente tranquille jusqu'à la maison. 8h30 de volant.