FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Septembre 2014 Partager sur Facebook
  • Photos
  • Monsieur Ludovic Joie
    sur les murs de Vaulx en Velin
    routier barman
  • Mercredi 17 Septembre 2014
  •  


    6h09 premier tour de roue. J'ai trainassé 20 minutes en plus des 9h initialement prévues, mais peu importe. Je me cale sur l'A6 et je regarde le soleil se lever en écoutant la pénombre, à savoir Nick Cave et ses Bad Seeds.
    Quelque part dans le Morvan je croise Monsieur Ludovic Joie qui n'a jamais aussi bien porté son nom : le chanceux s'en va vers la Suède. En ce qui me concerne je vais à Vaulx-en-Velin, toujours avec  Nick Cave... on pourrait presque m'appeler Régis Tristesse.

    Stop à "l'aire de la Forêt" pour les toilettes, la douche et le café : le tiercé gagnant du routier chanceux. J'entends déjà les mauvaises langues dire "il s'arrête à l'aire de la forêt parce que la douche est gratuite, cet individu est une véritable pince", et je réponds : oui.

    11h, Vaulx-en-Velin. Je cherche un dépôt Kéolis, il doit s'agir d'une plateforme TCL (Transports en Commun Lyonnais) si je ne m'abuse, et je ne m'abuse pas souvent. Il y en a deux dans la même rue : une pour les bus, une pour les métros. Je choisis celle des bus... erreur c'était l'autre. Le temps de tourner là dedans, de retraverser la rue avec ses feux rouges, et de m'annoncer au gardien qui ne pige pas grand chose, il est déjà 11h20. Je jette un œil sur ma droite : il y a une affiche sur le poste de garde qui précise "livraison jusqu'à 11h30". Sachant qu'un employé TCL est une sorte de dérivé d'agent SNCF, peut-être légèrement plus motivé, quoique... je vois l'avenir pas très radieux.
    On me laisse pourtant entrer, et je peux vider juste avant la pause. Ray la mauvaise langue.

    Seconde livraison du jour : une plateforme chimique à St Clair du Rhône. Lorsque j'arrive, à 12h45, je trouve la barrière fermée avec un camion immatriculé au Danemark devant. Je me pose comme je peux, à côté, pour ne pas rester sur la route. Le chauffeur est un authentique Danois des environs de Varsovie, je ne comprends pas pourquoi il squatte ici, devant la barrière.
    Réponse du gardien : il est dorénavant interdit de stationner à l'intérieur du site pendant la période de pause. C'est nouveau, ça vient de sortir. Et moi qui pensais me poser pénard pour casser la croute, là, sur l'espèce de place devant le poste de garde... Et bien non ! Le gardien me demande de sortir en marche arrière. Je refuse : comme ça, à contre main, sans aucune visibilité, sur la route, hors de question : soit il m'ouvre pour que je fasse demi-tour, soit je reste devant la barrière. Le protocole est tellement obnubilant qu'il préfère me laisser derrière la barrière...

    Encore une fois : mais pourquoi autant d'acharnement contre nous ? Il y a des mecs très imaginatifs dont le métier consiste à inventer des procédures à la cons, ils sont de plus en plus nombreux ; il y a des mecs qui s'en battent royalement - quasiment tout le monde ; et enfin il y a des mecs qui en subissent les conséquences au quotidien - les chauffeurs routiers.
    Viens livrer, pile dans le créneau horaire, pas avant, pas après, met ton gilet, tes chaussures de sécu, donne tes clés, lorsque c'est vide ne reste pas, ne demande rien, ne touche à rien, prend tes papiers, ferme ta gueule et casse toi. Quel beau métier que le nôtre.

    Une fois vide je rentre à Jarcieu. Je décharge le dernier lot et récupère deux clients pour L'Espagne, du moins la Catalogne, du moins la Catalogne du nord... bon Ok à une demi-heure de la frontière, du travail de baroudeur.
    Toujours à Jarcieu je rencontre un type de chez Volvo, sans doute de passage à des fins commerciales et avec qui le contact va s'avérer plutôt tendu... Concrètement j'ai devant moi quelqu'un me prend pour un gros con de routier et qui ne fait aucun effort pour s'en cacher un minimum. Il m'explique qu'une une journée avec un formateur Volvo est prévue, parce que "les routiers, en insistant on arrive à leur apprendre quelque chose, ça rentre par là et ça ressort par là, mais y'a toujours moyen de leur apprendre quelque chose".
    Trop sympa ce type. Même pas la peine de me foutre un formateur dans la cabine, c'est hors de question. Et puis ça rime à quoi après 15000Km ? Si formation il devait y avoir, c'était avant la remise des clés.

    Je repars, énervé contre tous ces types et leurs procédures de merde, énervé contre la terre entière.
    Pour me calmer le temps vire à l'orage, je me prends une grosse averse à Mornas.

    Je roule jusqu'à Nîmes Margueritte, je me pose sur le grand parking du fond, je fais péter la gamelle.