FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Septembre 2014 Partager sur Facebook
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    y'a pénurie de chauffeurs à Mâcon...
    Badalona
    on va prendre les rond-points doucement...
  • Jeudi 18 Septembre 2014
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    Il a beaucoup plu cette nuit. Je me lève à 5h40, j'ouvre la porte, je mets le pied gauche dans ma chaussure... et bime : elle est trempée ! J'avais presque oublié, ce nouveau camion a des marches-pieds qui prennent l'eau à l'arrêt. Je ne comprends pas vraiment le principe, sans doute une espèce de gouttière le long du joint de porte, le fait est que c'est la deuxième fois que je retrouve mes pompes en mode éponge. Et la chaussette dedans, de bon matin, ça irrite. De l'autre côté mes chaussures de sécurité son sèches ; Heureusement. Au pire j'avais bien encore une paire de botte dans le coffre, mais je suis bien assez fashion comme ça.

    Je décolle à 6h, direction Girone, RDV 10h.
    Hier à la radio on a parlé du concours du meilleur routier de France. C'est drôle : après Miss France, après Masterchef, après "la maison préférée des Français" de Stéphane Burne, voici le meilleur routier de France. Je ne connaissais même pas l'existence de ce concours et là, comme ça, les questions se bousculent dans mon esprit :
    _ Le vainqueur représente-t-il la France au concours du meilleur routier du Monde ?
    _ Le vainqueur a-t-il droit à la bise baveuse d'Alain Delon ?
    _ Le vainqueur est-il contraint de faire potiche à la fête du boudin de Manziat ?
    _ Le vainqueur bouffe-t-il plus au camion ou à la gamelle ?
    _ Le vainqueur écrit-il un carnet de bord ?
    _ Le vainqueur travaille-t-il chez le "transporteur de l'année" ?

    Oui, je suis tout simplement aigris, comme tout un chacun j'étais persuadé jusqu'à aujourd'hui d'être le meilleur routier du monde, et là j'apprends que non, comme ça, à la radio, entre la cotte de popularité de François Hollande et les températures de demain.

    J'arrive à 9h30 chez le premier client, à Celrà. Il y a pas mal d'attente, même si je suis à l'heure, je mets le porteur à quai à 10h30. Voici ensuite le moment tant attendu de mettre la remorque, à contre-main.
    Disons que j'ai la contre-main chanceuse : je m'aligne quasiment du premier coup, ce qui fait de moi le routier le plus content de France... à défaut d'être le meilleur.
    A ce moment je me dis que peu importe ce qu'il se passe aujourd'hui, c'est une bonne journée.

    La suite va me contredire.

    Je fais ma deuxième livraison en un éclair, dans la même zone, puis je reçois une première ramasse à faire à Badalone.

    Grand beau sur Barcelone. J'arrive à destination avant 13h et je tombe sur les caristes qui partent bouffer.
    "On revient vers 14h30", c'est à peu près ce que l'un d'eux m'annonce.
    "Ok...", c'est exactement ce que je lui réponds, dans un Espagnol impeccable.

    Il s'agit d'une petite boite située dans une sorte de parc d'activité où toutes les enseignes sont entassées les unes sur les autres, j'arrive à trouver un trou de souris pour caser le camion remorque (un trou de grosse souris), et j'attends leur retour en mangeant une tomate avec de la fourme d'Ambert : le meilleur plat du monde vainqueur de Masterchef 2014 catégorie "gamelle du routier".

    14h20, ils reviennent. A ce moment précis commence la grosse galère du jour.
    Je dois charger 9m de plancher, sachant qu'entre temps j'ai reçu deux autres ramasses. On m'annonce 26 palettes format "europe" ; déjà c'est trop... mais je ne suis pas au bout de mes ennuis : Les palettes sont bien des 80x120, mais les cartons dessus dépassent de tous les côtés, ça ne tient ni en long - ni en large, il faut croiser.
    Bordel : 26 palettes à croiser ça fait plus de 12m ! Les caristes n'ont pas l'air inquiet, ils chargent pénard alors que je leur répète qu'il va falloir dépoter des cartons. Je finis par me faire comprendre et forcément ça coince : on me trouve un chef qui parle trois mots d'anglais, je parviens à m'expliquer, il s'en va passer des coups de fil et résultat : plus personne ne charge. Cela dure 30 minutes, pour entendre dire : "oui, on va bien défaire quelques palettes".
    4 au total, et ça crée un sacré bazar avec des cartons de partout à empiler.
    Ce n'est qu'à 16h40 que l'opération se termine. Je suis sale et en sueur, il fait une chaleur à crever, je me descends une bouteille d'eau : moitié dedans, moitié dessus.

    Je fonce à Ripollet, qui n'est pas une enseigne de peinture mais un bled juste au dessus de Barcelone. Ici aussi grosse surprise : d'une part on charge au pont, d'autre part la pièce ne fait pas 0m35x0m80, j'avais mal lu le sms, elle fait 3m50x0m80... c'est une machine d'imprimerie, bien lourde. Et ça change tout : j'aurais dû gerber encore plus de cartons chez le client précédent.
    Pour l'heure je charge la machine, et le démontage du toit made in Jarjat est dans la même veine que la fermeture des portes latérales. C'est à croire que les concepteurs de chez Jarjat sont persuadés qu'un chauffeur routier possède 4 mains, très musclées. Non, un Régis possède deux mains gauches, pleines de pouces. (Expression piquée à mon frère Fredo. Il faut rendre à Fredo ce qui appartient à Fredo)

    Avec tous ces tracas, j'en oublierais presque que je viens de faire une manœuvre de pro pour entrer sous le hangar... genre on en a plus rien à foutre, c'est devenu normal.

    Je tente la dernière ramasse, à Granollers, en sachant qu'il est plus de 18h et que je n'ai pas assez de plancher disponible... Je tente quand-même mais je ne trouve pas le client, je tourne dans les pol industrial des environs sans succès, jusqu'à appeler un ami, à savoir Phil26 qui me remets dans le droit chemin. C'est une véritable mère pour moi.

    Fermé, comme prévu. Il y a un mec qui passe la porte d'entrée, peut-être le patron vu la tenue, il m'annonce "demain 9h". Cool...

    Je coupe devant, demain est un autre jour.