Carnet de bord de Décembre 2014 | Partager sur Facebook |
Hier j'ai roulé jusqu'à Nîmes Margueritte, une aire que j'adule tellement que j'y passerais presque mes weekends. 2h20 sous le déluge, pour bien me faire regretter d'avoir lavé ; puis en arrivant je me suis mis sur le grand parking du fond, comme d'habitude.
Il est 5h20 ce matin, je me fais violence pour sortir de la couchette. J'ai du boulot : prendre une douche (située à 2 km du parking) histoire d'avoir une tronche un tantinet potable sur papier glacé, puis préparer la cabine pour montrer aux quelques milliers de lecteurs qu'on n'est pas chez les porcs, on est chez Ray.
Alors que je m'active un chauffeur de chez Tps Antoine vient me voir, il s'est fait siphonner cette nuit, là, à quelques dizaines de mètres de moi.
6h50, mes photographes sont arrivés. Ils sont deux, Olivier et Victor, jeunes, sympa, décontract... comme la plupart des photographes ; en effet dans ce milieu on n'imagine mal des brutes de décoffrage agressives, brutales et violentes.
Après un café pour faire connaissance nous allons sur le parking pour la première séance shooting du jour. Objectif : prendre le camion de face, avec moi dedans, devant le levé du soleil... c'est ce que veut Télérama pour sa couverture. Nous installons donc le camion, le matériel, et moi au volant, devant quelques chauffeurs qui passent, l'œil curieux.
Le temps du tout installer le soleil s'est déjà levé... C'est raté pour la mise en scène, mais quelques photos ressortent très bien, malgré cette tête si peu naturelle que la mienne derrière le pare-brise.
En effet j'ai beau faire des efforts, s'il y a une chose pour laquelle je suis vraiment nul, c'est pour la photogénie.
Le shooting prend beaucoup plus de temps que je ne l'imaginais. Pour une photo il y a cinquante tentatives. Alors je "bouge mon corps dans l'espace", je "fais l'amour à l'objectif", je prends des poses lancinantes telle une starlette au festival de Cannes. Je découvre la vie de top model, c'est tout à fait passionnant.
Vers 8h45 je me rappelle finalement que je ne suis qu'un simple routier, on remballe tout et je vais livrer mon premier client, à Nîmes.
10h, c'est fait, nous partons maintenant pour l'Espagne : trois autres livraisons, j'espère au moins faire la première près de Barcelone, pour les autres je ne me fais guère d'illusion, il sera trop tard.
Olivier et Victor ont installé des projecteurs dans la cabine, ces derniers me flashent lorsqu'on me prend en photo depuis l'extérieur. Nous partons ainsi sur l'A9, quelle drôle d'embardée, avec un photographe à moitié sorti par le toit ouvrant d'une voiture, sur l'autoroute, devant un camion dont le chauffeur se prend des flashs dans la tronche alors qu'il ne s'y attend pas. J'imagine l'interrogation des chauffeurs des autres camions, j''imagine les conversations à table au resto routier ce soir...
De cette manière nous descendons à Barcelone.
Je ne peux arriver à destination en moins de 4h30, nous nous arrêtons donc manger sur l'autoroute, l'occasion de faire la seconde mise en scène shooting du jour : Avec son œil affuté d'artiste, Olivier à repéré le cadre idéal pour prendre une photo de moi en train de boire un café... Ce qui parait tout simple sur le papier va nous prendre une demi-heure, toujours parce que j'ai vraiment du mal à m'afficher naturel, tranquille, pris sur le vif... Je n'y arrive définitivement pas, c'est tellement ridicule dans mon for intérieur, j'ai du mal à assumer et apparemment ça se voit sur ma tronche, dans mes yeux, sur ma bouche... partout, je ne sais pas poser.
N'est pas Claudia Schiffer qui veut.
Les gens de la station doivent se demander qui est cette mystérieuse stars qui boit son café devant les projecteurs, certains s'imaginent peut-être qu'il s'agit de la dernière pub Nespresso... on aurait même entendu un routier crier aux autres routiers du parking : "Georges Clooney is inside !"
Du calme les filles, ce n'est pas Georges, c'est mieux, c'est Ray.
Et le boulot dans tout ça ? J'arrive à 15h50 chez mon deuxième client à Les Franqueses del Valles, pour décharger mes plaques de tôle... Le réceptionnaire me dit qu'il est trop tard. J'ai une monté d'adrénaline, je joue la carte "hey, regardez, je suis accompagné de journalistes, on ne peut pas planter là, on a un reportage à faire !" Et ça marche... les mecs ont même l'air content de se faire prendre en photo lorsque nous déchargeons. Ben voyons...
Certes nous aurions pu arriver avant car nous avons perdu du temps, mais la réception c'est jusqu'à 13h30... et dans tous les cas c'était impossible.
Il sera quoiqu'il en soit trop tard pour vider aujourd'jui le troisième à Tarragone. Alors, voyant le soleil décliner dans une effusion de couleurs pastelles, l'urgence est de trouver un cadre pour une nouvelle mise en scène shooting.
Je ne sais pas où aller, je ne connais que des zones industrielles glauques dans les environs ; et c'est complètement par hasard, après avoir écumé les perspectives de la zone Can Salvatella (choisie parce qu'elle est en hauteur), que je découvre un immense terrain vague près de Ripollet, accessible et désert, l'endroit parfait pour ce que nous avons à faire.
Victor et Olivier s'en donnent à cœur joie. ça Mitraille dans tous les sens, le ciel est idéal pour l'idée de couverture souhaitée, les photos sont superbes, c'est parfait.
Nous roulons ensuite tranquillement jusqu'à Tarragone, près de l'endroit où je décharge demain. Eux vont à l'hôtel, moi je retrouve l'espace d'une soirée ma vie de vieux routman solitaire, fatigué d'avoir tenté d'être naturel toute la journée, alors que le contexte était tout sauf normal. Néanmoins content de l'avancée du projet, et puis Mes deux photographes sont sympas.