Carnet de bord de Décembre 2014 | Partager sur Facebook |
Je me suis garé dans une zone industrielle, en face d'un bar, pour avoir le café au réveil. Ce matin je fais l'ouverture, il est d'ailleurs un peu trop tôt : le café que me sert la grosse dame pas trop causante derrière le comptoir est froid. Un peu intimidé je n'ose rien dire.
Mes deux acolytes débarquent, et voyant ce cadre typique, ce décor de d'Espagne industrielle, ils sortent tout le matos pour une nouvelle séance de pose façon Nespresso what else...
8h, je me présente à l'usine chimique, seul, pas d'appareil photo ici c'est interdit. On me demande d'attendre, il y a déjà deux camions à décharger.
J'en ressors plus d'une heure plus tard. Avant de partir direction Peniscola, je fais une nouvelle séance de mannequina devant le camion et les cuves du port pétrolier en arrière plan. Toujours avec autant de savoir-pas-faire.
Je presse un peu Oliver et Victor, nous avons un dernier client à livrer, et surtout un rechargement à prévoir, quelque part, je ne sais pas encore où, quand et comment.
C'est en route que le sms tombe : Deux ramasses à Franqueses del Vallès, la première avant 16h, la seconde avant 17h30. Il y a le feu au lac... J'ai pris la N340 afin d'obtenir quelques beaux points de vue pour les photos... mais nous n'avons pas le temps de flâner. Un arrêt de 2 minutes au resto du Km148 sera la seule satisfaction, et tout le reste ne sera que frustration.
Car en plus le quai est pris lorsque j'arrive chez le client, et ce temps d'attente va raboter un plus la marge pour aller à Franqueses, jusqu'à la réduire à 5 minutes.
Il faut courir, comme d'habitude. J'ai néanmoins une coupure obligatoire à faire, pour une fois merci la RSE. Le cadre étant plutôt intéressant nous nous ré arrêtons au Km148, pour manger sur le pouce tout en faisant quelques clichés. Au début la vue des appareils photo a déclenchée une vive opposition d'une serveuse, et finalement avec beaucoup d'explication, et l'aval de la gérante, Olivier à pu immortaliser mon passage à table. Ainsi on me verra peut-être en train de manger mes croquettes au thon dans Télérama. J'ai hâte. Ma mère risque d'être tellement fière de son fils.
Pas une minute à perdre, je saute dans le camion tandis que mes paparazzis n'ont pas fini de ranger leur matériel.
Je reprends l'autoroute après être passé devant des palmiers, devant un parking avec la mer en fond, devant des stations typiques... devant autant de décors potentiels pour attiser l'immense frustration de mes suiveurs. Désolé les gars nous n'avons vraiment plus le temps...
Plus le temps jusqu'à Barcelone... et ce sms du chef : "chargement Franqueses annulé", suivi de "moment merci". Bingo... génial... parfait... Je me pose sur l'aire de Porta Barcelona, un décor insignifiant, moche, pour une totale frustration.
16h arrivent et je me demande si je ne vais pas passer le week-end ici...
Finalement non : deux ramasses prévues à Barbera et La Llagosta. La première sur une grande plateforme avec pas mal d'attente et un cariste mauvais au point de laisser 20 cm d'espace entre les palettes, je dois le reprendre à chaque passage.
Je me présente à 17h50 à La Llagosta, on m'annonce "pas avant 20h". Nous utilisons ce créneau pour faire quelques nouvelles mises en scène : Régis qui conduit, Régis qui charge, Régis qui regarde là-bas, Régis qui parle à la cibi (alors qu'elle est en panne), Régis qui prépare des pâtes (sans eau dans la casserole), Régis qui lit sa carte (celle du nord de l'Allemagne) et même... Régis en train de dormir. On connaissait la collection 'Martine à la plage', Régis arrive en force.
Quand-même est-ce bien raisonnable tout ça ? Je ne m'attendais pas à devoir faire l'acteur, j'aurais préféré faire plus simple : des photos prises sur le vif, sans éclairage, sans cinéma... mais il est trop tard, je ne peux pas remettre en question le travail de mes photographes.
Nous retournons charger à 20h, dans une petite boite dont le cariste est des plus sympas... et heureusement, car pour faire entrer toute les palettes il va falloir être patient, j'ai tout juste assez de place en tassant au maximum... ça se joue au millimètre, je peine à fermer les portes du porteur ET de la remorque. Nous terminons à 22h... pas mangé, pas douché, rien... et je repars vite car il faut avancer un peu pour être tranquille demain.
La voilà la réalité de mon quotidien, voilà ce qu'il faut prendre en photo les mecs, il ne s'agit pas des palmiers, des restaurants et des arrières plans avec la mer : il s'agit de l'urgence, des zones industrielles pouraves et des plans foireux. Finalement c'est peut-être mieux d'avoir évité les beaux décors de la N340...
Je roule jusqu'à Maçanet de la Selva, plus d'amplitude. Olivier et Victor se trouvent un hôtel dans le coin.