FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Octobre 2014 Partager sur Facebook
  • Photos
  • Fontenay Sous Bois, 8h
    Domaine de Courson Monteloup
    Château de Courson Monteloup
  • Lundi 20 Octobre 2014
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    Plus la peine de me chercher le dimanche vers minuit : je m'endors dans le camion, sur le parking des Routiers Bretons, pour me réveiller une heure plus tard. Chaque semaine commence de la même manière, avec un déficit de sommeil, le temps de week end disponible n'étant manifestement pas suffisant pour mener de front mes carrières respectives de rédacteur de carnet de bord, glandeur assidu, musicien hypothétique et bon père de famille... bien que je n'ai pas d'enfant connu à ce jour.

    1h20, il faut y aller, il faut bel et bien y aller, il faut malgré tout y aller... mon programme s'apparentant à un véritable cauchemar prémonitoire.
    Il s'agit d'une mission bien connue d'Alain26, une mission qui abime deux fois par an son camion : aller charger des arbres dans un château au sud de Paris, avec comme principal inconvénient d'autres arbres qui s'occupent de rayer la carrosserie sur toute la traversée du domaine.
    Je ne pouvais y échapper, l'accès ne se faisant qu'en porteur et le chargement le plus tôt possible ce lundi matin. Avec ce que m'a raconté Alain, j'ai cherché tout le weekend une éventuelle solution pour ne pas subir les griffures : filmer des morceaux de carton sur le haut du camion ? Recouvrir les parois avec une espèce de bâche ? Acheter du matériel d'élagage et s'occuper personnellement du parc du château ?  Finalement rien de tout cela : je monte fataliste en direction de Paris.

    Avant toute chose, j'ai une livraison à faire à Fontenay sous Bois. Ça a l'air de rien, mais cette livraison n'est pas un cadeau : Déjà Fontenay sous Bois, proche banlieue est de la capitale, un lundi matin en heures de pointe, c'est la galère. Comme prévu : un client tout sauf accessible, en plein lotissement, à vider à même la route. Mais surtout, le plus gros problème est encore ailleurs : comment aller à Fontenay au plus tôt, tout en respectant l'interdiction d'accès à Paris de 6h à 10h, tout en gardant de l'amplitude pour aller faire du 4x4 au château, tout en sachant que je ne peux stationner devant mon client ou même dans les alentours, tout en prenant en compte les temps de bouchons de l'A86 ? Comment faire ? C'est un véritable casse tête. Et je ne parle même pas du gros point d'interrogation sur l'accessibilité en camion remorque... ça on verra au moment venu.

    Je pars donc de Mâcon à 1h20. Je monte laborieusement en direction de Paris : coupure de 45 à Courtenay, une demi-heure de perdue dans les embouteillages, serrage de fesses devant la plateforme de contrôle vers Chilly-Mazarin - (heureusement les flics ont déjà trouvé leurs proies) -, j'arrive à destination à 7h30, pile pour l'ouverture, à 8h15 je suis vide.

    Voici pour la partie "facile" de ce lundi. Je roule maintenant en direction de Courson-Monteloup. Alain me fait du radioguidage jusqu'au portail du château, puis me souhaite bon courage. C'est gentil.
    Il pleuviote, les chemins de terre sont humides mais pas trop. J'embarque avec moi le fils de l'expéditeur qui me sert de copilote jusqu'au point de chargement. Quelques passages, étroits, quelques frottages d'arbres, quelques arrêts pour écarter le balisage... mais dans l'ensemble rien de terrible.

    Et moi naïvement je pense avoir fait le plus dur.

    Nous chargeons un premier voyage de plantes dans le porteur. Il faut aller le transvaser dans la remorque sur le parking d'entrée. Pour y retourner, je suis obligé de suivre l'itinéraire balisé, je ne peux revenir sur mes pas.
    L'itinéraire en question est une sorte de parcours du combattant : boue, arbres, passages étroits, buissons, rubalise avec piquets en ferraille...
    Au début j'y vais à tâtons, je descends enlever les piquets pour les replanter un peu plus loin, je prends garde à ne pas trop rouler sur les pelouses... et puis très vite mon niveau d'agacement vire au rouge : je balance les piquets au loin, je coupe dans l'herbe pour éviter les branches. On n'a pas idée de venir ici avec un camion de danseuse tout carrossé, tout propret... un tracteur agricole serait plus adapté.

    Le premier voyage dans la remorque, il faut y retourner. Ne boudons pas notre plaisir.

    Je charge cette fois-ci un lot de d'arbres taillés au millimètre, véritable sculpture végétale, hyper fragile. Voir photo ci-contre. En les regardant bien on a l'impression de voir des caniches géants qui sortent de chez le toiletteur.

    Hyper fragile, mais pas le temps de sangler : si je veux faire mes 11h de coupure il faut que je dégage au plus vite pour ne pas dépasser 13h d'amplitude. Pas le temps de bouffer bien sûr, jamais le temps.

    Départ Mâcon 1h20, arrivée Nemours 14h20. Tendu d'un bout à l'autre.
    Je m'endors en rêvant que je conduis une bonne grosse élagueuse et que je fais un carnage à Courson Monteloup.