Carnet de bord de Septembre 2014 | Partager sur Facebook |
Direction le sud. 9h se sont écoulées et je repars avec mes produits toxiques. Il y a deux itinéraires possibles : par Firenze, ou par Grosseto. Par défaut je longerais bien la côte via Grosseto, d'autant que c'est de la route nationale. Le problème si je fais cela, c'est que je vais me retrouver sur le Grande Raccordo Annulare (périph de Rome) vers les 8h. Or si je passe via Firenze et l'A1 j'évite le GRA.
Va pour l'A1.
En partant dès 4h40 j'évite une bonne partie des grumeaux quotidiens qui encombrent le réseau italien : les camionnettes surchargées, les vieux, les camions de chantier, etc.
Je gagne du temps sur le GPS, je pourrais presque tenter d'aller chez mon client sans coupure, mais ce serait risqué : du genre posé devant le poste de garde à dire "bah je peux plus bouger..." comme un imbécile.
Je m'arrête donc prendre un café dans les environs de Rome. 90 centimes, avec la tasse en Faïence, la soucoupe et la cuiller ; Dieu qu'il fait bon se retrouver en Italie.
Je déguerpis avant qu'un car de tourisme ne lâche son cheptel de vieux asiatiques dans les étals de confiserie. Pas de temps à perdre.
Il est 10h15 lorsque j'arrive à destination, pas mécontent de me débarrasser des 20t qui me lestent depuis Jarcieu. C'est un cariste "à l'ancienne" qui s'occupe de décharger : un vieux rital, l'air rude et la voix cassée, mais content de voir que je fais l'effort de tenter la conversation avec mes trois mots de vocabulaire dont "grazie", "ciao", et "buon giorno"... ce qui donne dans ma bouche "gratzié", "tchao", et "bonjournô".
11h30, c'est vide. J'ai une première Ramasse à Pomezia. Difficile de couper à travers, il n'y a pas de route potable : je remonte sur Rome, puis redescends sur Pomezia.
Pour définir Pomezia en deux mots : des poubelles, et des putes. Allez disons trois mots : poubelles, putes, usines.
C'est incroyable la saleté ambiante dans les environs : il y a des déchets partout le long de la route, des poubelles éventrées, des papiers d'emballages, des journaux... c'est absolument dégueulasse.
C'est incroyable aussi le nombre de filles les fesses à l'air dans les environs. Il y en a partout, à chaque recoin, à chaque croisement, des jeunes, des vieilles, des grosses, des maigres, des blondes, des noires, des jolies, des vulgaires, des pathétiques... bref, c'est la grande foire à la prostitution, les rayons sont bien garnis, faites votre choix. On a l'impression que les italiens ont un autre rapport à la prostitution que le notre : on dirait qu'ils vont aux putes comme on va à la boulangerie.
Dans ma rue le dimanche
Aussi les autres jours
Des belles filles offrent l'amour
Comme elles feraient la manche
Ne t'inquiète de rien
C'est humain humain humain
...chante Jeanne Cherhal dans mes haut-parleurs.
Phil26 m'a bien expliqué les pièges à éviter pour trouver le client, heureusement, c'était compliqué. Et je bénis l'inventeur de la suspension à coussins d'air : le chemin qui mène à l'entrepôt est miné, il ne s'agit pas de nids de poules mais de véritables cratères. Donc position 4x4, et rien ne frotte.
La boite est au fond d'une impasse, j'attends 1h devant, c'est la pause.
Les mecs reviennent, motivés, on m'indique direct le quai 4. Il y en a un qui m'amène déjà les palettes en chantant hyper fort sur son tire pal autoporté, comme seul les Italiens savent le faire, ce couplet ultra connu et ultra dynamique : "I NEED YOU ! YOU ! YOU !"... "I NEED YOU ! YOU ! YOU !"... "I NEED YOU ! YOU ! YOU !"... truc des blues Brothers si je ne me trompe. Quel entrain ! Quel organe ! Quel répertoire !
Seulement voilà... après une centaine de "I NEED YOU ! YOU ! YOU !"... on commence à penser au meurtre. Si seulement il connaissait la suite des paroles !
Je charge le porteur, et repars en fredonnant "I need you... you... y..." et merde tiens !
Une autre ramasse m'attend à Bergame.
Reste 2h30 à rouler, ou 3h30, au choix. En sortant de chez mon client je suis bêtement l'itinéraire PL obligatoire, ce qui me vaut un sacré détour dans la campagne peuplée de prostituées. J'aurais mieux fait de prendre par là où je suis arrivé, l'infraction en valait la peine.
Je fais un demi-tour de GRA, le temps de renouer un peu avec le "style" de conduite des italiens en général, et des Romains en particulier : souvent agaçant, pénible, stressant, toujours déroutant, et parfois même hallucinant. On voit tout et n'importe quoi sur ce périph de Rome.
Une fois sur l'A1 c'est plus calme. Il ne fait pas très beau et je rate la plupart de mes photos : dommage, il y a du turbostar et du série 4 de sortie.