Carnet de bord de Novembre 2014 | Partager sur Facebook |
La nuit fût courte. Il s'agirait mettre notre journaliste directement en conditions. Hier soir nous avons fait présentations en lavant le camion, en faisant les pleins ; le temps à passé et au moment de se coucher il a fallu programmer le réveil pour trois heures plus tard.
Marc débarque avec la volonté de vivre en totale immersion dans la vie d'un routier, afin de produire son reportage. Cette démarche est pour le moins courageuse, et je ne peux que l'approuver. En effet malgré mes multiples mises en garde concernant la forte probabilité de se doucher dans des endroits infects, de faire ses besoins en apnée, et de se nourrir de maquereaux tiède... bref la vraie vie quoi... malgré tout cela il débarque avec un enthousiasme plaisant à voir et je ne doute pas que le fruit de son travail sera de qualité.
Les médias s'intéressent à notre triste destinée, ne ratons pas le coche.
4h, nous nous réveillons, car oui, Marc tient aussi à dormir dans le camion. Certes ce n'est pas très confortable de se retrouver à deux là dedans, qui plus est lorsqu'on ne se connait pas, mais l'investigation n'en sera que d'autant plus riche. Inutile de préciser, à l'attention des plaisantins et autres railleurs, qu'il inaugure la couchette du haut, tandis que je squatte ma tanière en bas.
4h15 café, 4h30 on se casse. Direction l'Espagne, 4 livraisons entre Figuérès et Peniscola.
Toujours pour le mettre dans le bain direct, je commence par une période de 4h28 de conduite continue qui nous amène sur l'aire de La Palme où une coupure d'eau générale nous prive et de café, et de toilettes. Bien joué Régis, c'est toujours le bon plan de partir avec toi !
Par chance l'eau revient avant que nous partions, de quoi satisfaire autant d'envies plus ou moins pressantes.
45 minutes après notre arrivée, c'est reparti.
Mon premier client est une coopérative fruitière des environs de Figuérès. Facile à trouver, facile pour se mettre à quai, je tente une route différente pour en repartir et retourner vers l'AP7. Malheur, sur cet itinéraire il y a le village de Vilamacolum, et malgré aucune signalisation en amont - hormis un panneau qui interdit de tourner à gauche -, ça ne passe pas en camion, ni à gauche, ni tout droit. Je recule sur une centaine de mètres pour vite désencombrer la rue avant que d'autres véhicules n'arrivent ; j'aperçois un vieux sur le bas côté, je pars consulter son avis sur "comment se sortir de cette merde", il m'indique de prendre à droite et de faire demi tour plus loin pour repartir par où je suis arrivé.
Bénit soit ce vieux. Je parlais justement des vidéos de camions en difficultés qui inondent les réseaux sociaux... j'aurais pu moi même en faire l'objet aujourd'hui.
Nous partons vers Paret del Vallès. Sur les conseils avisés de mes deux mentors en "conduite de camion sur route espagnole", à savoir Phil et Alain26, je trouve mon client sans peine. Nous cassons la croute en attendant la place à quai, pas de temps à perdre, nous sommes bien en conditions réelles.
Le troisième client se situe au sud de Manresa, à Castellgali. J'y arrive avec 8h55... le temps de rouler dans l'usine, de me mettre à quai, de sortir du quai, de décrocher, de me remettre à quai, d'en ressortir, de raccrocher et d'aller jusqu'au parking à l'entrée de la zone... je clos ma session avec 9h15. Dommage.
Cependant on nous a autorisés à prendre une douche à l'usine, "en 5 minutes maxi" parce qu'ils fermaient. Nous voici en coupure, dans la boue du parking, à côté d'un camion Bulgare : une aubaine pour notre reporter qui réussit à établir la discussion en anglais.
Après une séance de travail sur nos PC respectifs, lui a décrypter ses enregistrements, moi à écrire mes aventures, après cela donc nous partons à la recherche d'un restaurant. Nous marchons un bon moment dans les environs de Castellgali pour finir dans un troquet vieillot, au bar, avec une bière et un sandwich à l'omelette, content d'avoir tout simplement trouvé quelque chose.