| Carnet de bord de Avril 2014 | Partager sur Facebook |
Ici il y a plusieurs douches et plusieurs chiottes on n’a pas à attendre, je décolle à l’heure prévue pour passer Lyon avant le babazar comme disait mon gamin quand il était petit. Il est comme moi, il a toujours été un peu con. Je commence donc à Albon, pas dans le bled mais dans un hameau des environs. Facile. C’est le beau- père qui réceptionne, pas chiant le gars. Sauf que le hameau est sur une petite route et que j’en chie pour trouver un coin pour faire demi-tour. Je repasse devant la maison avec 12 minutes de volant ! La seconde piscine est à Arras, pas la préfecture du Pas de Calais, Arras sur Rhône, un patelin à la con au bord de la flotte. La maison est dans le pays donc inaccessible en camion, je trouve une rue adjacente qui mène au Rhône justement, pour me poser potablement sans boucher la circulation. Quand je reviens chercher l’escalier, les gendarmes passent au même moment et me demandent si je suis en panne…avec le rideau ouvert et le chariot à côté la réponse est non.
Je mange un morceau et je saute de l’autre côté du fleuve (comme les journalistes sportifs, j’évite les répétitions pour ne pas dire Rhône 15 fois). Le bled s’appelle Ponsas. Ne me dites pas que vous y êtes allé en camion, c’est impossible. Ou en camionnette ! Pour y aller il faut passer sous la voie ferrée, c’est tout petit, étroit, et ma cliente habite une impasse ! L’escalier ne passe pas entre les murs de l’impasse, je dois le prendre en long ! Un café à la Mule Blanche et je me retrouve à Etoile de l’autre côté de Valence. La maison est à 250m de l’entrée de l’impasse, je laisse le camion au carrefour. Le client est sympa mais il attaque direct :
«- Boh ça passe, moi quand je roulais je venais ici avec ma savoyarde, venez, ça passe tranquille !
Moi- Et les thuyas ? Il date de quand ? 25 ans ? Bah ouais il y a 25 ans ça passait, aujourd’hui si je viens soit ça ne tourne pas, soit je nique ma bâche. »
Sa femme l’a regardé puis moi, elle a fait un rictus, dans ses yeux j’ai lu un truc du genre : le chauffeur il t’a fait fermer ta grande gueule. Il n’y a pas de crime de lèse- majesté sur ma petite personne, je veux bien qu’on me chambre, mais quand c’est justifié.
Pour aujourd’hui il me reste une rénovation à poser à Venterol, patelin paumé du sud Drôme vers l’enclave de Valréas. Le commercial a écrit sur le plan : demi-tour et stationnement au cimetière. Bon. Sauf que le cimetière est de l’autre côté du village ! C’est un joli village historique, impossible à traverser en semi. La rue où je suis s’appelle : rue du bout du monde. T’as tout compris ! Je dois reculer sur je ne sais quelle distance, en virages, avec un pont de pierres dans une courbe, pas bon de chez pas bon. Je tente un demi- tour au niveau de l’arrêt de bus scolaire. Je descends le chariot pour gagner un peu de longueur. En y allant mollo, en descendant voir 15 fois, en montant les suspensions pour ne pas arracher le coffre à batteries, en tendant les cordons, en faisant presque toucher le déflecteur dans la bâche, et en me chiant dessus pour parler clairement, j’y arrive. Putain la sueur froide ! Je balance ses trois colis à la citoyenne anglaise, je prends mon chèque français, et je file de ce bled de merde. Fin de journée à Donzère, j’ai mérité mon Kir.