| Carnet de bord de Février 2013 | Partager sur Facebook |
Café-douche en route. Je finis par couper la radio, après la sur-médiatisation de l'affaire Cassez, maintenant on nous beurre la raie avec Beckham. Il parait que Serge Blanco et Jean-Pierre Garuet vont signer au Racing...
Je voulais passer laver mais il tombe des cordes, là ça ne sert vraiment à rien j’abandonne. Je vais au dépôt faire le plein et rendre les papiers. Je pensais charger des ramasses pour les autres, mais d’autres camions sont mieux placés que moi. Le boulot est cadré, bon ben, retour maison. Il est 10h !!! J’ai largement de temps pour enfiler le costume à paillettes et les souliers vernis, ce soir je fais mon Travolta à la soirée Waterair. En plus les chauffeurs nous sommes invités au repas, on nous épargne les discours et les remises de médailles…
Pour changer, ce matin en ouvrant les volets, c’est tout blanc ! Putain cette année on en aura soupé de la schnee. Heureusement il se met à pleuvoir et quand on roule les pneus touchent le goudron. Ce qui n’empêche pas les bagnoleurs de se traîner, c’est bien pénible. A 8h30 j’arrive quand même à Seppois. Ça pinaille un peu, il faut plus d’une heure pour vider mes escaliers. Marc et Sevket sont au chargement, on en profite pour aller boire un café. Coup de fil à l’exploit’ : retour Besac’.
Sur les coups de 11h je fais une grosse ramasse pour ramener à quai chez nous. Je pensais garder un lot mais que nenni, je vide tout. Je dois charger pour moi mais ce ne sera prêt que dans l’après midi, j’ai le temps d’aller à Châteaufarine pour ramasser une vingtaine de palettes que je remonte poser à quai. Il est 16h je peux aller charger pour moi. Pas de bol, j’ai deux quais à faire. Au premier ça va, mais au second bâtiment manifestement vu le nombre de palettes sur le quai, va falloir rallonger le plancher. On gerbe ce qu’on peut, charge, décharge, tourne des palettes. Après une heure de Tétris, je suis chargé au ras des portes.
Je monte gentiment jusqu’à Troyes, il est 21h, ça suffit, c’est bien pour un lundi.
Comme d’hab’ je fais Troyes Sens Courtenay par la nationale, on ne perd pas trop de temps par rapport à l’autoroute et c’est encore gratuit…j’en profite. Ça me mine cette histoire d’éco-taxe sur les routes, est ce qu’un jour je vais devoir rester sur le grand ruban tel un pauvre malheureux qui fait du Rungis en frigo ? Bouffer des sandwichs triangles, et boire des cafés-gobelets à 1€50 ? Putain si c’est ça la vie de routier, je n’ai pas fini de pleurer !
A 10h je suis à Montargis. Pile poil pour le rendez-vous. Les palettes allant jusqu’aux portes, j’en chie un peu pour déplier la lèvre du quai. En bloquant le quai avec l’arrêt de sécurité et en reculant mollo je m’en sors. C’est un peu long à vider, à 11h30 c’est bon. Vu que c’est cramé pour recharger ce matin je vais faire une ou deux courses à l’Inter à côté et je vais glander chez les transports SMTRT. Je recharge à 5km d’où j’ai vidé, trop fort !
A 13h30 la fille revient au bureau, elle me dit que j’ai rendez-vous à 14h15. Punaise c’est précis ! Eh bien à 14h15 précises j’ai une place à quai, balaises les mecs… A 15h mon petit camion s’est alourdi de 25t. Pause café à Courtenay en passant, normal et j’enquille la N6 à Villeneuve sur Yonne. Sauf qu’à Auxerre il commence à neiger… Ma gamine me textote que chez nous c’est tout blanc. Le Morvan par la N6 sous la neige ça m’inspire moyen. J’ai beau ne pas aimer l’autoroute, parfois c’est un mal nécessaire.
La circulation est bien pénible, ça se traîne, ça pinaille. Il faut dire que la météo est bizarre, par endroits la route est sèche puis enneigée puis il tombe du grésil sur la neige ! Donc je double, je me fais parfois copieusement engueuler y compris par des routiers. Routiers qui se chient dessus dès que la route n’est plus noire. Moi ça m’éclate tous ces glandus qui se traînent à 60 en se collant au cul bien sûr. Vers Pouilly la nuit est tombée et je vois des gyrophares bleus dans le talus. Putain c’est encore un chasse-neige au fossé ! Je n’en ai jamais vu de ma vie et là ça fait deux cet hiver, faut qu’ils arrêtent la gnôle les gars.
A 20h je me pose à Morey St Denis, non pas pour le décolleté de la grand-mère mais plutôt pour son Chardonnay. Il claque, un régal. J’ai déjà parlé ici du rouge à table, je n’y reviens pas…enfin si justement ! Il a un goût de « reviens-y », à Gevrey-Chambertin ce serait malheureux que le rouge soit dégueulasse. Bonaparte le coupait avec de l’eau, sacrilège. Après le pont d’Arcole et Austerlitz, Bacchus s’est aperçu de ce crime et l’a puni à Waterloo…La vie de Napoléon résumée en dix mots, le pinard ça m’inspire.
Décollage à 7h sous la neige fondue. Je passe en vitesse à Auxonne chez un de nos clients où une palette a été lâchement abandonnée. Puisque je vais à Dôle, je vais essayer de la vider s’ils sont décidés. J’ai rendez-vous à 10h, ce sera 10h. Bon la palette ils ne la veulent pas, inutile d’insister. Je la ramène à quai chez nous. J’apprends que le fournisseur exige qu’on la représente à nouveau demain, putain dans le transport on tolère de ces trucs ! Bref.
Pour 13h30 je vais faire une ramasse dans la Haute-Saône profonde, c’est pas très loin de Besac’ mais bien paumé. A l’allée ça va, mais au retour la neige a recouvert la route. J’ai une tonne dans la caravane, je ne fais pas trop le malin. Je reviens à quai pour poser ça. On discute un peu avec l’exploit’. Vendredi matin je vais aux piscines et on n’a que des tours qui feront que je ne serai jamais rentré. Verdict : il y a du boulot en régional, je reste là. Donc je charge un complet à quai pour St Vit. Le rendez-vous est à 18h mais on me prend à 17h après la pause. Je me vide, il n’y a que deux réf’ le contrôle est vite fait et je remonte au dépôt. Je recharge un complet pour le 68. Purée aujourd’hui j’aurai fait plus de km à marcher derrière les tires-pal électriques que de km en camion ! C’est bon pour ma ligne… A 20h je suis au bled, vu la neige je ne décroche pas. Je me gare en bas du pays et je rentre à pied, prudence prudence.
Il a un peu neigeotté et ça a gelé par-dessus, ça brille par endroit, méfiance. Aux infos il parait que le Sénat a retoqué la loi sur l’éco-taxe. Ça me rassure un peu, il ne manque plus que les députés en fassent autant et on aura la paix avec cette merde laissée par les amis de l’ancien gouvernement.
A 7h pétantes je suis à Cernay chez les marchands de bordel chinois pour bébé. Le réceptionnaire trouve 23 palettes alors que j'en livre 22. Il appelle son chef, ils recomptent ensemble et en trouve 22. L'autre se barre en marmonnant, le chef me dit:"eh bien voilà, il est énervé, il va me faire chier toute la journée." Je les laisse régler leurs affaires et je file à Ottmarsheim. J'y suis à 8h et demi, tout content, mais c'est pas prêt. La machine déconne, il faut attendre. Le client intervient et ils font un mix de deux commandes pas prêtes... Une grosse heure plus tard, j'ai 6 palettes et 25t dans la cabane. Le collègue qui va venir derrière va être content, il va devoir poireauter sur 2 demis commandes pas prêtes, génial! A Besançon il y a un peu de monde, dont un polonais qui ne peut pas vider. Le cariste m'explique qu'à l'usine de départ ils ont un protocole où ils doivent serrer les bobines sauf qu'ici ils n'arrivent pas à les sortir si elles sont collées. Si on rajoute la barrière de la langue... Du coup je passe devant lui. Je remballe mes sangles, donne un coup de balai dans la caravane et j'appelle l'exploit'. Réponse: attends je réfléchis! Ouhla! Cinq minutes plus tard je descends faire une ramasse de l'autre côté de Besançon. Je dois me payer ce put' de boulevard et ses 10 000 feux.La ramasse se passe plutôt bien. Je la ramène fissa à quai, un affrété attend dessus. On transvase direct dans sa semi et je peux enfin aller charger pour moi.
La poisse, aux bobines la cour est pleine de camions. On a le temps de boire 15 cafés. Il y en a qui vident et rechargent, ça va assez vite par camion mais il y a du monde… Je finis par charger quand même, je me magne le plus possible, l’heure tourne. Ça va être chaud pour rentrer, j’enquille l’autoroute jusqu’à Baume les Dames, pour une fois tant pis. Je suis de retour à mon parking avec 14h57 d’amplitude, il était grand temps !
A 6h et des boulettes je m’en vais de la maison. Une heure plus tard je suis au-dessus de Pont de Roide au pied de la montagne, il neige dru. Quand j’arrive l’équipe du matin part en pause pour vingt minutes, si j’avais su je serais parti un peu plus tard. Boaff j’ai le temps d’ouvrir et de ranger mes sangles. Avec 25t de moins ça roule moins bien sur la neige. La sortie de l’usine est en montée, je vais prendre de l’élan au fond de la cour et je sors en priant qu’il n’y ait pas de bagnoles.
A 9h30 je suis chez Waterair. Un Buffa termine, enfin Buffa non, puisqu’il faut dire Perrenot Belfort désormais…je ne m’y fais pas. Ça va assez bien à charger. Ensuite j’ai une petite réunion pour mettre en place un protocole de livraison. En plus des autres piscines j’ai chargé un nouveau modèle avec un concept innovant comme ils disent dans les pubs de rasoirs à 12 lames. La petite réunion s’éternise comme toute réunion. Je pensais aller bouffer à côté, mais ça se termine par un casse-dalle au distributeur. Bon je fais un effort pour une piscine exceptionnelle mais n’y revenez pas. Je vais la livrer 10km plus loin chez un responsable de chez Waterair. C’est lui qui essuie les plâtres. Avec le gars de ce matin et un monteur on valide la livraison point par point, c’est hyper long mais j’avais été prévenu.
A 17h je suis de retour dans mes foyers, bon week à tous.
Bon c’est à la mode en ce moment, il a neigé dans la nuit. Pour sortir de ma cour et aller sous ma remorque ça va, c’est après que ça se gâte. Déjà ma sellette ne claque pas… Quand j’accroche j’ai l’habitude d’ouvrir la fenêtre et d’écouter le verrou de sellette, là rien. Je suis un peu parano avec ça. Je ravance, avec un bâton j’enlève la neige de la sellette et là elle se verrouille. Entre le parking et la route il y a une petite marche de rien du tout mais avec la neige et sans élan… Retour à pied à la maison pour aller chercher une pelle et du sel. Un peu de sel, un peu de blocage de différentiel et je m’en sors. Il est quand même 9h30, heureusement que je ne suis pas pressé. Sur la 4 voies de Lure, une file de 4 camions suit un Air Liquide à 60 à l’heure. La file de gauche est blanche, cligno et en avant. Je remonte la file, je vois dans mes rétros que les autres m’imitent. Il s’est passé quoi dans leurs têtes ? Ils attendaient qu’un donne le feu vert pour doubler ? Et si j’étais un gros inconscient ? Ça me laisse toujours perplexe ces histoires.
A 13h je suis à St Dié des Vosges chez une infirmière qui rénove sa piscine. La route est vachement étroite un peu plus loin, quand je m’en rends compte c’est trop tard j’ai déjà tourné. Putain je recule sur la nationale, il y a une haie je ne vois rien, pas bon. Super dangereux pour les bagnoles ce que je fais. La maison est à 1 km, j’y vais en 2 fois parce qu’il y a pas mal de bazar. La cliente profite de la rénovation pour modifier la piscine et mettre un escalier à la place de l’échelle, comme beaucoup d’ailleurs.
A 16h je suis à Metz, sur la route de Verdun c’est interdit aux 3t5, ma foi tant pis, faut bien y aller. C’est aussi une rénovation mais bien plus simple. Le client est absent, il y a bien un ouvrier qui bricole là, mais il s’en fout de ma piscine. En plus je dois récupérer un contre-remboursement, mais au téléphone le client me dit qu’il a fait un virement. Je me renseigne à l’usine pour confirmer, il a fait effectivement un virement entre-temps. Je suis couvert, je lui dépose son matos.
A 19h je me gare sur l’énorme parking de la Veuve. Je comptais monter à Reims, mais à cette heure-là, il n’y aura plus de place. Ça ne change pas grand’ chose pour demain. Dans mes souvenirs ce resto n’était pas terrible, bonne surprise j’ai bien mangé et les sanitaires sont toujours aussi nickels.
A 8h et demi je suis à Château-Thierry. Le commercial a une écriture indéchiffrable, j’appelle la cliente qui me fait un radioguidage au téléphone jusqu’à son hameau paumé. Le monteur est là, il me demande si je peux faire le tour par le champ à côté. J’avance de deux mètres et le chariot s’enfonce dans la terre détrempée. Rapide marche arrière pour regagner la terre ferme, j’abandonne l’idée. La cour est goudronnée c’est mieux. Je fais l’effort de déposer les éléments au plus près en faisant une pile de palettes vides, qui de toute façon me feront chier pour recharger. Ce sont des palettes perdues, autant les abandonner là.
La suite est dans le 77, tout près du parc Disney. Le monteur de ce matin m’a expliqué que c’est un client à lui aussi : « vous verrez, le client est un peu rustre au premier abord, mais après un moment ça va mieux. » Je n’ai rendez-vous qu’à 13h, mais ça m’avancerait de le vider ce matin, je l’appelle, il est chez lui. Effectivement il est comme on me l’a décrit…mais bon ça va encore. Quand j’ai fini un type s’arrête à côté de mon camion : « ça va la Franche-Comté ? Je suis de Besançon, patati patata… » Si on se voyait au milieu du désert de Gobi, je veux bien qu’on entame la conversation mais là… Sa caisse a des plaques en 25, il me dit : « ben ouais des plaques en 77 c’est la honte ! » Bref, je suis tomber sur le gros lourd du coin. Il est midi et demi, et je n’ai plus qu’à rouler aujourd’hui. La suivante est vers Clisson dans le 44. Je me tâte, par Le Mans ou Orléans ? En km ça semble kif kif, mais il y a moins d’autoroute à péage par Orléans. Vu que j’ai largement le temps je descends par la RN20 jusqu’à Artenay puis Orléans Blois par la nationale. Je n’ai du coup que le péage d’Artenay à Orléans Sud. Je termine gentiment mes heures à Doué la Fontaine. Ça fait un moment que je ne me suis pas arrêté ici, c’est toujours bien. J’évite la viande hachée pur bœuf, non pas que je n’aime pas la viande de cheval, mais l’hippophagie blesse une cavalière chère à mon cœur. A ce propos, comment cette viande qui a changé de mains 5 ou 6 fois entre les différents grossistes, où chacun a pris sa com’, dans toute l’Europe peut être moins chère que la viande de vieilles vaches de réformes qui broutent autour des usines françaises ? L’organisation du commerce mondial ne cesse de nous surprendre…
A 9h je suis un paysagiste vers Clisson. Je lui dépose la piscine d’un de ces clients. Il a un gros Maniscopique, il préfère me vider et ranger le matériel dans son hangar. Moi ça me va. Pour bien faire, ça devrait même toujours être comme ça. A 14h je pose la dernière de la semaine à Pornic. Dans un lotissement facile, client facile, tout facile. J’appelle l’exploit’, je recharge demain sur la route de Rennes. Waterair envoie les programmes entre-temps. Du coup comme j’ai le temps je m’arrête à une station et je fais marcher mon pauvre crâne. La tournée est bien bordélique mais c’est pour dans quinze jours, j’ai le temps de me faire à l’idée.
Quand je passe devant le relais de Derval, il est un peu trop tôt, je trouverai bien plus loin… Ben mon cul Paul ! Je me retrouve devant la grille de l’usine fermée, comme un con ! Ce soir c’est gamelle chez MAN. Ça fait deux fois en quelques semaines que ça m’arrive, je merde complètement en ce moment.
Je me présente à 7h mais c’est 7h et demi. J’ai le temps d’ouvrir et de boire le café en attendant le cariste. Une heure plus tard c’est chargé. J’ai repéré qu’il y a des douches mais elles sont fermées. Je demande au gars, elles sont fermées pour cause de dégradations, comme d’hab’. Je remplis une feuille et on me donne la clef. Parait-il que depuis que c’est comme ça, les gars de l’Est ne se douchent plus, mais il n’y a plus de casse. Ce n’est pas très politiquement correct…pensez-en ce que vous voulez…
Demain il y a réunion chez Waterair à 10h, je ne pourrai jamais vider trois paysans et être à l'heure.Il faut que j'en vide un ou deux ce soir, allez mon petit Pierre, mets la godasse au fond. En 4h30 pétantes je suis à la Shell après Orléans, 46' et vent du cul dans la plaine. Je commence à appeler les clients: chez le premier c'est bon pour ce soir, chez le deuxième c'est bon mais pas sûr et chez le troisième je tombe sur sa mère:" ah mais vous comprenez, c'est pas ici et pis les veaux y sont pas à nous, y sont à un autre mais dans le hangar chez mon fils mais patati et patata..." La mamy m'explique en long et en large la difficile organisation des culto' de la Bresse jurassienne ou du Jura bressan, au choix.… En 4h25 je suis chez le premier. Il n’a pas de Maniscopic, mais deux pauvres fourches sur le relevage. Première palette, il crève un sac et menace de benner la palette. J’ai compris, je descends mon chariot et j’approche les palettes. On les pose sous un abri, je referme, embarque le chariot et appelle le suivant. Il me dit : « J’ai encore beaucoup de vaches à traire, si vous voulez, videz les là, je viendrai les chercher demain matin avec un plateau, je suis à un km, mon collègue vous signera les papiers on est bien copains… » Punaise, moi ça me va bien tu penses ! Si j’avais su je n’aurais pas refermé, pas grave. Une cinquantaine de minutes plus tard je m’en vais. J’appelle le troisième mais il est 20h30, il me dit qu’il doit garder ses gamins, sa femme est je ne sais où… On prend rendez-vous pour demain matin 7h. Franchement ça me convient. J’ai chargé ce matin en Bretagne, plus 10h de route, plus vidé, le blouson trempé les godasses pleines de merde…ça va bien je suis naze.
Je suis à quelques km de Beauchemin, mon adresse du jeudi soir, j’écris ces quelques lignes en attendant le Titi et son chouette R620 6X4. On soupe avec un de ses collègues qui roule avec un superbe R560, il faisait nuit, les photos sont nazes, désolé pour les amateurs.
Comme prévu après mes café-douche je suis à 7h pétantes devant la ferme. Je ne suis pas certain que soit la bonne, j’appelle le gars. Je lui explique que je suis devant un distributeur automatique d’œufs. On en voit de plus en plus de ces machins, pour les œufs le lait… Ça permet aux culto’ de vendre leurs produits en circuit court sans engraisser la grande distrib’. Je suis au bon endroit. Il a une fourche à fumier devant un malheureux Renault qui a quelques saisons au compteur. Idem, je me vide, ça va largement mieux.
A 8h30 je suis au dépôt. Avec le boss on saute dans la Fiat. On n’a pas pris son Audi, il ne faut pas aller chez un client avec une bagnole bling bling, après on n’est pas crédible pour demander une augmentation des tarifs…non en fait sa caisse est au garage et puis ça nous a fait rire les deux gros dans le Cubo tôlé. On y est presque tous: les chauffeurs des quatres transporteurs, les exploitants pour Buffa et les patrons pour les autres. La cheftaine nous présente le bilan 2012 et les objectifs pour cette année ensuite on évoque les problèmes qu’on rencontre en livraisons. Bon les problèmes on en parle c’est tout…faut pas rêver non plus. Ensuite Waterair nous paie à bouffer au resto du bled à côté. Bonne ambiance, sympa, c’est classe.
A 15h30 on est de retour à Devecey. Je fais le plein, redonne les papiers et je descends aux bobines. Il n’y a qu’un seul camion devant moi, rare pour un vendredi. Je charge mes trois clients habituels qui me font rentrer à la maison. A 18h je décroche au bled, journée nickel, semaine nickel, tout nickel.
Pour ne pas changer je pars de la maison à 7h et je vais à Pont de Roide. Comme d’hab’ je me mets en place, j’ouvre un côté et je vais chercher le cariste. Ça traîne un peu et arrive un autre ATS, tient c’est bizarre … On discute deux minutes, je marche le long de ma semi et je lis l’étiquette sur une bobine… Putain je ne suis pas à la bonne usine ! Heureusement je vide chez leurs collègues à cent mètres de là, pas trop grave comme connerie. Petit moment de solitude, tu m’étonnes qu’on était deux de chez nous. Le boulet ! Je vide donc mes trois clients dans l’ordre, à 9h30 c’est réglé.
J’arrive aux piscines avec un petit quart d’heure de retard, ça va. Chargement facile, faut dire que j’ai une piscine reportée, le client est absent. Il a prévenu à la dernière minute, heureusement sans quoi j’étais bon pour me faire chier avec sa baignoire toute la semaine.
A 14h30 je passe par le dépôt pour récupérer mon chariot, il avait contrôle technique. Petit crochet chez Jeantet pour décrasser mon pauvre camion, l’arrière de la semi est couvert de sable. Faut dire que la météo ne nous a pas épargné… Vers Montceau les Mines la RCEA est fermée, on se balade dans les collines du charollais, je n’ai pas regardé précisément mais on perd pas mal de temps et la route est particulièrement pénible. Ça monte, ça descend, ça secoue…chiant.
Je termine la journée à Deux-Chaises, le parking est bien plein, il était temps d’arriver.
Un petit déj’, une douche en piste. Ça pèle, ça glisse, il y a une espèce de brouillard givrant super dangereux, une bétaillère italienne avec un joli Scania est en portefeuille dans le fossé juste avant Montmarault…prudence. A 8h et demi je suis chez un couple de pharmaciens dans un bled vers Guéret. Le gars est bien sympa, pour je ne sais quelle raison il ne peut pas porter, je lui range son bazar sous un abri. On va boire un café au bistro d’en face, il m’a l’air d’être la vedette du village. Je prends « mon » chèque et je file.
La suite est vers St Maixent, entre Poitiers et Niort. J’ai voulu couper au travers mais un patelin est interdit aux plus de 12m de long…là je touche pas. Les interdictions pour le poids je m’en fous un peu mais la longueur c’est juste bon à rester coincé entre deux murs… C’est d’autant plus con, que je suis déjà passé par là il y a une paire d’années, j’ai reconnu le coin au panneau…Alzheimer est mon ami. Je me fais un peu chier pour rattraper la grande route, ça m’aidera à m’en rappeler. Je finis par arriver à proximité du client, le GPS me fait tourner à gauche mais la route est barrée puis de suite à droite…Ouhlaa c’est quoi ce délire ? Maps me fait prendre plus loin à gauche, rien n’est cohérent et le plan Mappy fournit par le commercial n’est pas assez zoomé, je vois rien ! J’appelle la cliente : « C’est normal que vous ne trouviez pas, c’est spécial ici. » En fait il faut prendre un chemin de terre à contre-main mais comme je l’ai loupé je suis allé faire demi-tour et je me retrouve à ma main pour manœuvrer…à toute chose malheur est bon. Le chemin est vachement étroit je ne peux pas vider en latéral… Technique habituelle : trouver un chemin sur le côté, mettre le chariot dans le chemin et déplacer le camion à chaque passage. C’est chiant mais bon ! J’y passe du temps mais il fait super beau c’est déjà pas mal.
Je descends à Angoulême chez « monseigneur va bien ? » Je suis à vingt bornes de mon client de demain, le top.
Je décolle en douceur à 8h moins le quart, pour faire vingt bornes ça va. Ça va, ça va pas du tout…la route pour accéder au patelin est barrée. Je sors mon atlas, je trouve une autre route, j’enquille. Plus j’avance plus ça se rétrécit, et ça se finit en chemin de terre. J’abandonne, à un mauvais carrefour je fais demi-tour. Je trouve une autre route, barrée pour élagage… Putain c’est quoi ce délire ? Ras le cul, je fais une grande boucle pour arriver par l’autre côté. Je serre le frein de parc devant chez le client avec 1h02 de volant ! Affreux ! La suite est plus simple, juste avant midi je vais redonner une pile de palettes EUR que je dois du côté de Guitres dans le grand Nord Est …de la Gironde. C’est une petite usine, pas besoin de faire quinze guichets pour restituer les vides.
De là j’appelle le commercial avec qui je dois vider en début d’après midi. On prend rendez-vous pour 14h. Ce sont des gens du Nord qui font construire dans la banlieue de Bordeaux. Bien sûr le chantier est en retard, donc on dépose l’ossature dans le garage et les colis qui ont un peu de valeur on les dépose chez le commercial qui habite le bled à côté.
La dernière piscine de la semaine est à Mérignac de l’autre côté de Bdx. C’est dans un vieux quartier résidentiel avec des maisons des années 1930 me semble-t-il. Les rues sont taillées à angle droit mais étroites et des bagnoles stationnent dans chaque carrefour. Dans la rue où je dois tourner il y a une voiture au coin, pas grave je tournerai à la prochaine. La prochaine, sens interdit, la suivante a des bites en ferraille, impossible de tourner… Je fais le tour du pâté de maisons pour revenir sur mes pas et je stationne à l’arrache sur l’avenue. Le client me dit que j’ai bien fait, il ne voit pas de stationnement plus proche. Le gars est bien sympa, son jardin est derrière la maison avec un petit passage étroit entre deux murs. J’ai le temps, je lui file un bon coup de main pour passer les trucs les plus chiants…tout quoi, en fait ! Pour me remercier il m’offre une bouteille de Floc de Gascogne…que je me boirai avec peu de modération.
Il est 17h30, j’enquille la rocade…je suis un fou moi ! Rien que dans la bretelle d’accès je suis resté arrêté un quart d’heure…l’enfer ! Jusqu’à Bordeaux Lac c’est un gigantesque parking. J’ai eu le temps de faire mon programme Waterair, remplir mes papiers et commencer ce carnet de bord. Terrible. Je me pose au troquet sous le pont d’Aquitaine à 19h45. 2h15 pour faire environ 15 bornes… La patronne du bistrot m’explique qu’il y a eu plusieurs accidents dans l’après midi et que le bouchon ne s’est pas résorbé avant le rush… Putain quand tu penses que des gens habitent là…
Je démarre un peu avant 7h, histoire de ne pas recommencer le chemin de croix d’hier soir. Je charge au MIN vers la gare St Jean. J’y suis bien trop tôt, le cariste embauche à 8h30. Pas grave je préfère faire un Sudoku que m’énerver dans la circulation. A l’heure dite ça bouge. Une petite heure et je me sauve. La rocade roule tranquille, même pas un casse-couille qui roule à 80 sur la N10, je me retrouve à Angoulême sans avoir mordu le volant. Après je m’en fous avec mes amis de l’Est, on prend direction Limoges en laissant le flot de camions prendre Poitiers et Paris. La déviation de St Claud est ouverte mais je passe encore dans le pays pour la boulangerie et son pain de campagne. Les gens devaient être contents de ne plus voir de camions dans le bled, mais j’ai mes habitudes, tant pis pour eux… Casse croûte puis gas-oil puis café à Montmarault, je me fais une remontée bien classique.
A Digoin j’hésite : la branche Nord de la RCEA est fermée, la déviation nous fait descendre à Mâcon. Je joue au plus fin, je passe par Gueugnon, Toulon. Non ce n’est pas le Toulon des palmiers, la rade, les bateaux de guerre, le pilou-pilou, Wilkinson, Karl Hayman et Simon Shaw. Là c’est Toulon sur Arroux. Tout de suite j’ai moins d’idées…à moins qu’un de ces jours Toulon sur Arroux soit leader du Top 14, mais d’ici là j’ai un peu de temps pour réfléchir… Arrivé à St Eusèbe, je vois les camions qui passent sur la nationale. Merde la déviation est finie ! Je me suis tapé le cul sur la route de merde pour rien. J’ai joué, j’ai perdu. Pas grave.
On est jeudi soir, je coupe donc à Beauchemin. Mais ce soir pas le moindre copain n’est là… Je retrouve finalement un vosgien de chez Grossi qui roule avec un joli Daf peinture perso. On fréquente les mêmes endroits entre le Sud Ouest et ici.
Je démarre péniblement à 8h. J’ai rendez-vous à 14h, ça me fait 6h pour faire 60 bornes, j’espère que ça va aller. Dans le doute je m’arrête à la boul’ prendre un bout de pain pour midi. La chef réceptionniste de St Vit est généralement assez désagréable, ce matin elle serait limite gracieuse. Elle me dit de patienter le temps de faire de la place sur le quai. Les camions arrivent à la queue leu leu, je ne me fais pas d’illusions, de la place sur le quai, il n’y en aura jamais ! A midi elle m’appelle. Le temps que je me vide et que je récupère les « Europe », l’équipe de l’après-midi arrive. Le jeune contrôle la cam’ en vitesse et j’appelle l’exploit’ : retour dépôt.
Plein, papiers, palabres…la règle des 3 P du vendredi. Lundi je charge aux piscines à 8h, je n’aurai pas le temps de vider quoi que ce soit avant, donc je rentre à vide à la maison. 17h j’ai fini cette (à peine) demi-journée. Bon week’ à tous.
Comme tous les lundis, il a neigé dans la nuit. Bon ici on est dans l’Est, un cm de neige ça ne nous affole pas. Avec un peu d’élan je sors de mon parking, tranquille. Après ça monte un peu, à vide avec le chariot au cul ça ne le fait pas. Je le laisse en bas, je monte garer le camion devant l’école maternelle et je redescends à pieds récupérer l’engin, facile. Du coup j’arrive à 8h10 à Seppois, Fabrice n’a même pas sorti mon fourbi. No stress. Cette semaine je suis en régional, je fais deux tours, mais le premier est bien plein. Il faut cadrer, gerber pour que tout rentre.
Le Sundgau est d’habitude un sale coin pour la neige, bizarrement aujourd’hui il n’y a rien. Je quitte l’usine à 10h et une demi-heure plus tard je commence avant St Louis. Client facile, normal. Je casse une graine et pour 14h je suis dans le plus beau département de France, le département qui a écrit les pages les plus glorieuses de l’histoire militaire de ce pays, département qui m’a vu naître (en toute modestie…), j’ai nommé le Territoire de Belfort ! (roulement de tambour) Bon je me suis bien fait chier…j’ai voulu faire demi-tour devant une église d’un bled à la con, mauvaise pioche. Comme on est dans le pays sous-vosgien, il y a de gros tas de neige, à un moment j’ai cru que j’allais rester là jusqu’au printemps.
La dernière de la journée est à Thann, dans une rue qui monte en lacets. Pas facile. J’apprends que le gars est boulanger. J’en profite pour lui demander quelques conseils, mon pain de campagne dimanche était assez moyen.
Je termine la journée chez le Pascal à Pouxeux entre Remiremont et Epinal. Très bonne adresse. Pour les amateurs je vous conseille d’oublier le plateau de fromages ordinaires. Sur une grande assiette vous trouverez un Munster Géromé entier, là on touche au sublime…à la limite de l’orgasme.
Ça meule ce matin, -6 devant le resto puis -10 par endroits dans la montagne. Je commence dans un lotissement près de Gérardmer. Avec des montagnes de neige sur les accotements ce n’est pas facile de se garer. Je reste sur une place à l’entrée du pays. Le froid est vif, le vent me fait pleurer en amenant les palettes avec mon cabriolet, c’est tellement triste la livraison de piscines. Quand on a fini j’accepte bien volontiers un café.
En passant devant le lac de Gérardmer je vois des gens qui se promènent sur la flotte gelée. Ici en été c’est le paradis des motos et des belles balades pour faire frotter les repose-pieds. Bon là je ne suis pas en bécane mais en semi, donc j’évite le col de la Schlucht et je fais le petit crochet par Fraize pour passer par le Bonhomme. En fin de matinée je suis à Colmar pour une énorme piscine, full options. Le gars a oublié son chéquier je ne sais où… je le laisse aller le chercher pendant que je commence à décharger.
En début d’après midi je fais deux rénovations dans des bleds entre Sélestat et Strasbourg. Chez le premier client la bonne dame ne parle pas un mot de français, ça me fait travailler mon allemand. C’est une femme d’un âge certain, étrange d’habiter un pays sans faire l’effort de baragouiner un peu.
Ma dernière piscine est dans la banlieue Nord de Strass. A partir de la Vigie l’autoroute est complètement bouchée jusqu’à Cronenbourg, infernal. D’autant plus bizarre qu’il n’y a pas de raison apparente et qu’on n’est pas aux heures de pointe. Le temps de vider il est presque 18h, donc je me pète le bouchon dans l’autre sens, normal… 19h40 je suis au Pont d’Aspach, les parkings des restos sont blindés, je me pose devant le Super U. J’ai chopé la crève, ça caille, je bouffe vite fait et aux plumes, ras le cul.
Ce qui est intéressant dans ce job c’est de rouler. L’inconvénient c’est de charger et vider. En régional, on ne roule pas mais on ne fait que vider et charger, cherchez l’erreur. A 7h30 je quitte le Pont des Apaches et je vais charger, bon aujourd’hui je n’ai pas à me plaindre je vais rouler. Pour ce deuxième tour je n’ai que quatre clients, ça va vite à charger. A 9h je file. Le GPS me fait monter par Belfort, Lure, Epinal donc par la maison. Je m’arrête juste un quart d’heure pour ramener du pain à ma gamine. Je finis ma coupure à l’aire de Vincey pour casser une croute.
Je commence à Nancy Pompey. La pelle est en train de faire le trou, il faut escalader les tas de terres, je pourris mes groles et mon froc avec une terre bien collante, un régal ! Exceptionnellement j’ai pris un tire-pal à cause de mon prochain client qui me semble être un sacré casse-couilles. J’en profite pour ranger la palette de margelles dans le garage. Mais n’y revenez plus. Depuis un moment je n’ai plus de tire-pal avec moi, les gens en profitent pour nous demander des trucs impossibles, genre rouler dans les graviers. Et ensuite on est emmerdé pour recharger, avec un complet on ne sait plus quoi faire du trans-pal. Basta.
Sur les coups de 17h je suis à Longuyon, « riante » bourgade du nord du 54. Je m’étais fait une idée fausse du gars, en fait de casse-couilles il est super sympa. Il s’est fait prêté un tire-pal, avec le mien on chope la palette de panneaux par les deux côtés et en avant. On dévisse l’escalier pour le passer dans la porte, on se fait un peu chier mais ça va. On signe les papiers, le client est super content et en partant il me file une bouteille de Champ’…la classe !
Je coupe au travers pour descendre au resto de Pagny. Je me retrouve à table avec deux mecs bien intéressants. Inévitablement on parle de Stéphane Hessel puisque les hommages se multiplient. Tout le monde semble d’accord pour dire que cet humaniste avait raison, que le monde va droit dans le mur… Et alors on fait quoi ? Ben rien bien sûr ! Ne vous tracassez pas aux prochaines élections les européens revoteront pour les ultralibéraux, pour accélérer la marche…
Je commence entre Nancy et Lunéville dans un lotissement exigu. La rue est en sens unique et je ne peux pas tourner à cause de plots en béton comme on en voit partout. Je fais le tour du pâté de maison et j’entre dans la rue en marche arrière. Le client trouve bizarre que je fasse comme ça, t’inquiète papy je sais ce que je fais. A peine posé une conasse sort de chez elle et me demande si j’en ai pour longtemps. –Parce que je vais bientôt sortir et patati et patata… Purée, je ne suis pas devant son portail, la rue est en sens unique avec aucune circulation…c’est juste que ça lui déplait que je sois là. Eh ben tu vas te faire teindre ma belle, je ne bouge pas.
Retour en Alsace en début d’après-midi. Pendant que je casse la graine, arrive une fille au volant d’un car avec le rétro gauche qui pendouille. Visiblement elle est dans la panade. Bon prince, je vole à son secours avec mon rouleau de scotch Waterair. Je remboite le miroir au mieux, deux tours de scotch magique et la gamine repart finir sa journée avant d’affronter son chef. Pour la rassurer je lui dis que niquer un rétro en croisant un mec qui ne veut pas se serrer, ça n’arrive pas qu’aux débutants…
Je vide ma dernière piscine à nouveau vers Thann dans un lotissement tout neuf. Lotissement en zig-zag et en cul de sac ! Merde ! Blocage de l’auto-vireur et manœuvrage et reculage et ravançage et descendage pour voir et fait chier age … Le client est cool, il ne veut pas que je m’aventure sur le terrain détrempé, on met tout dans le garage. Fin de cette mini journée au Pont d’Aspach encore une fois. J’en ai fini de cette semaine pas franchement bandante. Le seul qui est content c’est mon boss : le régional chez Waterair, c’est un bon chiffre et peu de km… !