| Carnet de bord de Juillet 2013 | Partager sur Facebook |
J’hésite je ne sais pas trop à quelle heure partir. A 22h30 j’en ai marre, j’y vais. Premier arrêt à l’AS24 à Vesoul, j’aime pas faire le plein en station ça coule trop fort et avec la crépine antivol ça refoule ça gicle partout, fait chier, alors qu’au dépôt la pompe est fatiguée ça coule gentiment. Ah ! on en a bien des problèmes ma petite dame ! On voit bien que les habitudes ont changé, autrefois le dimanche soir sur la 19 entre Gefco Buffa Bertrand et consorts ça roulait fort, ce soir entre Vesoul et Langres on n’est que deux ou trois. Ce n’est pas pour me déplaire, je peux enquiller les virages à la régule, le pied. Je comptais boire un café à Chaumont mais je n’ai pas sommeil, je pousse jusqu’à Troyes, en plus ici la station est ouverte la nuit c’est moins craignoss. Je dors une heure avant Fontainebleau et pour 6h je suis chez mon premier client dans le 94. D’après le bon de livraison la réception ouvre à 5h… sur la porte c’est écrit 7h, j’adore. En venant j’ai repéré un bistro qui ouvrait son rideau de fer sur le boulevard, j’y vais à pied pour prendre l’air. Un grand crème un croissant ça remet les idées en place, quand je reviens un quart d’heure plus tard je tombe sur un type qui me semble être un chef de l’entreprise qui me dit que la réception va ouvrir de suite. Pour 7h j’ai vidé la moitié de la remorque.
Je passe dans le 77, pas loin du camping de Melun Sud, pour vider le reste. C’est ici que j’ai besoin du Mofett, ils ont juste un pauvre gerbeur électrique. Le gars monte dans la semi avec son tire-pal et m’apporte les palettes au cul, nickel. Une fois vide je file chez les Rouges à Evry. Ici c’est du boulot rôdé, ça marche bien si tu es à l’heure. Moi je suis même un peu en avance…
Rapide calcul de mes heures, je dois pouvoir redescendre jusqu’à Troyes. J’y suis sur les coups de 13h avec encore un peu d’amplitude mais 8h57 de volant. Je me pose au relais à Clérey, ça me permet de redémarrer demain à une heure décente.
Démarrage à 5h, le bistro est encore fermé. Je reprends l’autoroute à Magnant pour la quitter à Langres Sud. Et qu’est- ce qu’il y a à Langres Sud ? Le parking sécurisé à la con, le truc qui m’énerve. Non seulement on paye pour rouler mais il faudrait payer pour s’arrêter…eh bien ce sera sans moi. Ce système m’énerve mais il existe. La première heure étant gratuite, je m’y arrête une demi-heure ric rac pour déjeuner et me doucher. A 8h30 je suis en place à Besac’ pour vider, je n’ai rdv qu’à 9h mais on vide de suite. Je passe au dépôt pour poser mon chariot et je monte aux bobines. J’ai deux tours « de ville » comme ils disent dans leur jargon. Pas franchement exotique comme destinations, mais il faut bien les faire. Premier tour avant midi, casse- croûte, puis second en début d’après m’. Ensuite je retourne au dépôt pour changer de semi. J’accroche une porte bobines et je rereretourne charger. Cette fois j’ai des bobines en fosse et des palettes, bonne suée. Il fait lourd, c’est bien désagréable. Je repasse chez nous pour reprendre une douche, presque froide. Rafraichit je vais enfin rouler un peu. Bon vraiment un peu, je termine mon amplitude juste avant 20h à Bayon. Quand je me gare sur le parking du resto, je vois le Nanar de chez Buffa, enfin de chez Jacky plus exactement. Bonne soirée en perspective.
En route à 6h30, trois quarts d’heure plus tard je suis à Pont à Mousson. L’usine travaille en 2X8, mais pas la réception. C’est 7h30, bon… je patiente. En attendant je me régale à voir travailler les presses. Quand tu vois la force qu’il faut pour tordre une petite cuillère avec les doigts, la presse découpe et tord une pièce de forme complexe toutes les secondes et la fait tomber dans le panier. Le mec me sort de mes rêveries et sort mes bobines dans la foulée. D’abord les 4 en fosse puis celle sur palette avec le pont et une chaîne. Je lui demande pourquoi ils demandent sur palette puisqu’il vide au pont !? Bah, il ne sait pas… De là je file chez l’autre à Sarrebourg en coupant au travers par la riante Moselle, la route traverse des villages plus tristes les uns que les autres, et en plus il pleut youpi ! Là-bas je n’ai jamais vu d’autre camion, une fois de plus je suis seul, tant mieux.
De retour dans la cabine mon frère m’appelle. Un de nos pote avec qui on faisait de la moto quand on avait 20 ans est mort ce matin. La semaine dernière les toubibs de Montpellier l’ont laissé rentrer chez lui. 48 ans c’est bien jeune pour être emporté par le crabe. Putain ça fait chier, Ptitgilles je t’embrasse.
The show must go on. Je prends la direction de Strasbourg avec le cœur lourd. La route qui va de l’A35 au pont de Kehl est désormais interdite aux PL, il faut faire tout le tour par Fegersheim et le centre routier. C’est bien écolo ça comme décision, bravo. Je retombe sur le gardien toujours aussi con à l’usine de ferraille. Il discute avec le mec de la bascule : « oh moi je n’ai pas de cerveau, je suis agent de sécurité. »Il a vu que je le regardais…il te sera beaucoup pardonné pour cet instant de lucidité ! Je n’ai qu’un hall à faire, les trois bobines sont regroupées, que deux camions devant moi. Ça file. Il est 14h, j’ai enfin le temps de manger un morceau. J’attaque la descente.
A hauteur de Colmar l’exploit’ m’appelle, il faut que je passe à Belfort sur le site Alstom, un affrété nous a posé un lapin. Autrefois il n’y avait qu’Alstom ici, les trains et les générateurs électriques. Maintenant il y a plusieurs boutiques et même plus de gardien, on entre là- dedans comme dans un moulin. Je vais aux expé’, problème je dois charger un colis de 6m par 1m et 8t. Le poids à la rigueur je m’en fiche, mais je n’ai pas 6m de plancher. Enfin si, mais devant et derrière la fosse. Je demande à la fille si elle a une scie à métaux…pour couper la pièce en deux. Bon, ça l’a fait rire moyen… Ceci dit, ils ont demandé 6m de plancher sans plus de précisions… ! Ce sera ramassé demain matin et puis voilà. Pauline m’appelle, elle me fait le topo de la journée de demain, pas mal de boulot. Elle me laisse m’organiser. Je me fais le film de la journée…ça doit passer en 10h. 18h30 je décroche au bled, demain il fera jour.
Décollage de la maison à 5h30, en 2 heures pile poil je suis à Vaudrey. Les jurassiens ont un accent bizarre, mais ils braisent. En une grosse demi- heure, bascule, déchargement dans deux halls, bascule. Chapeau. Et maintenant je fais quoi ? Bah je vais recharger des bobines, c’te question ! Content, je suis en avance sur ce que j’avais prévu. Sauf que chez Tillet il y a des camions au large, des collègues et des affrétés. Quand c’est mon tour, Christophe me passe devant. Il a un tour de ville à vider avant midi impératif. Mon avance a bien fondu. Je sors de là à quasi midi put…
A 13h je suis chez le premier client à Pont de Roide, ça n’ouvre qu’à la demi, j’ai le temps d’attaquer un bout de pain. Sauf que le cariste arrive, on vide. J’ai mis les deux palettes aux portes, ce n’est pas que je sois une grosse feignasse mais débâcher je sais faire je n’ai pas besoin de m’entraîner. Je fais les trois autres à la suite. En à peine plus d’une heure j’ai vidé 4 clients, pas mal !
Ensuite je monte à Ottmarsheim charger chez les indiens. Un Jeantet est en train de fermer, je prends sa place en suivant. 7 palettes 25 tonnes et quelques sangles pour décorer, je file direction le dépôt. Ça va quand même être chaud mon affaire, bon j’ai compté que ça passait…j’ai compté, j’ai compté. A 18h30 je suis chez nous, changement de remorque, plein du camion, du chariot, je récupère la rénovation que je n’ai pas livrée la semaine passée et je me casse. De retour à la maison il me reste 20 minutes d’amplitude pour 9h40 de volant, je savais bien que ça irait…
Bizarrement aujourd’hui c’est plus cool. A 9h je suis chez Waterair. Sandrine charge pour Marc qui fait exprès de trainer sur la route. Mon chargement est bien tranquille, ça rentre à l’aise, il me manque une piscine. Je dois la récupérer à Damazan. A cause des inondations dans le Sud-ouest de l’autre semaine, Michel n’a pas pu la livrer et l’a abandonnée au pays des pruneaux (et du Buzet), histoire de ne pas la balader inutilement. Midi et quart je suis de retour au bled, en plus il fait soleil…
Comme souvent le lundi c’est moi qui m’occupe des nains. Je fais au plus vite, ma gamine ne trouve rien de mieux que de renverser le pot de lait chaud sur la table… Putain j’étais prêt à partir. Bon vas-y, nettoie récure, y a du lait partout… Les petites joies du lundi matin.
C’est donc assez peu en avance que je vais accrocher ma caravane. Je voulais laver en passant à Besac’ mais tant pis, ça restera moustiqueux, je n’ai plus le temps. Au village à côté un Gefco me fait signe…qu’est- ce qu’il veut ? Il dit bonjour ? Ah merde je percute trop tard, il a enlevé le capot des batteries. Je retourne, sors mes câbles, encore un peu de retard… En chemin je me passe et repasse la journée de demain, ça n’ira jamais, faut que je vide la première ce soir. La descente sera marquée par les innombrables chantiers de fauchage des accotements, dingue ! A tel point que je dois couper avant Moulins, les parkings sont tellement rares sur la rcea je préfère assurer. Dans l’après-midi je bois un café sur l’autoroute à Limoges, la station est blindée de vacanciers. Va falloir que je change mes habitudes pour quelques temps.
A Périgueux j’appelle mon client. Il est ok pour ce soir, ça l’arrange, demain il bosse. A 19h je suis dans sa rue à Bergerac. Au bout de la rue c’est interdit de tourner à droite mais à gauche ça fait une épingle trop serrée…je remonte le sens interdit. Me suis juste fait engueuler par une vieille, ça va. Je pose la piscine dans l’herbe, le mec est ravi…et moi donc !
Je fais le tour de Bergerac, j’appelle mon pote, le rosé est au frais…j’arrive.
Du coup je commence à Libourne. La cliente est une danseuse professionnelle, un corps musclé, vêtue d’une robe légère, une démarche féline…oufffff ! La suite est à Blaye, prévue à 13h, j’appelle le type. Ça l’arrange que je vienne ce matin, il a du taf. La maison est sur un chemin étroit, je suis garé loin, pas super sécurisé, pas bon du tout. Je mange un bout vite fait et j’appelle le client suivant à Bordeaux. Il a pris sa journée, je peux venir quand je veux.
La rue est en pleine ville devant un square. Impossible de me garer, il y a des bagnoles partout. Je voudrais faire demi-tour mais dans un quartier des années 1900, ce n’est pas adapté aux camions. Je me pose à l’arrache sur un trottoir. Les flics passent et m’ignorent…ils ont raison. Les maisons sont mitoyennes, le gars n’a aucun accès à son jardinet. On passe par chez les voisins. Le client est vraiment sympa, donc je lui file un coup de mains pour tout dépoter. La piscine n’est qu’une baignoire améliorée, mais il y a autant de colis et d’accessoires que pour une grande. Je lui aide à tout ranger, en remerciement il me donne une bouteille de Bordeaux rosé. Production artisanale parait-il, je verrai ça… Je devais avoir fini ici à 17h alors qu’il n’est que 15h, nickel.
Coup de fil à Damazan pour récupérer la piscine abandonnée, Patrick, le chef, m’attend. Il me charge, ensuite je file à la douche en vitesse, j’en ai besoin il fait une chaleur à crever. J’ai encore une rénovation à poser à Plaisance du Gers entre 17 et 19h. Je pinaille dans Plaisance, c’est étroit, je ne trouve la maison qu’à 7h moins 10. Juste juste. Le papy me dit de ne pas m’inquiéter, il est à la retraite. J’échoue entre Pau et Bayonne à Cauneille, my best resto de tout l’univers. Il est 21h passées et j’en ai plein le c.. Heureusement que j’ai vidé le Bergerac hier soir.
Je saute de l’autre côté du Gave à Peyrehorade pour 8h et des bananes. Le gars est bien content de voir enfin arriver sa piscine, même si les inondations font que ce n’est la faute de personne. La balade se poursuit au pays basque. A chaque fois c’est dans des coins incroyables, ça se confirme. Je roule un long moment sur une petite route en suivant les instructions sur l’enveloppe. Ça se rétrécit toujours, il me faut tourner à droite sur une route goudronnée mais minuscule. J’hésite, je m’arrête, je pense y aller en marche arrière mais la manœuvre me semble compliquée . Un voisin vient me voir, on discute, selon lui c’est plus facile au bout pour faire demi-tour. J’hésite, je ne sais pas si je peux lui faire confiance, au pire je reviendrai ici en marche arrière. J’y vais. En m’y reprenant à plusieurs fois, je réussis à me retourner. La livraison n’est plus qu’une formalité.
Direction l’Espagne. Cadix ? Séville ? Madrid ? Burgos ? Vittoria ? Non Saint Sébastien ! Putain Saint Sébastien…difficile d’aller moins loin, si, il y a Irun ! Au fur et à mesure que j’approche je vois que je connais le coin .En fait j’ai livré le voisin il y a un an ou deux. C’est un monteur que je ne connais pas. Il a une vieille ZX immatriculée à Madrid avec l’ancien système de plaques. Punaise, il vient de Madrid pour un chantier, tu m’étonnes que c’est la merde en Espagne. Dans la discussion je lui dis : « ah tu viens de Madrid ? –No, de Bucaresti. » Sans commentaires.
Je trouve un Eroski pas loin de là. Je prends le temps de quelques courses pour refaire mon stock de produits espagnols. Ensuite je remonte côté français. Je recharge des big bags de blocs de sel pour les vaches. Ça va pas trop mal, une bonne heure et je prends le chemin du retour. Je me tâte, je passe Bordeaux ? Je coupe avant ? Il n’y a pas le feu, je vide quand je veux. Boh il fait chaud, je préfère rouler un peu et passer Bordeaux ce soir, sans criser demain matin. Fin de journée à Pierrebrune à 21h, il reste une petite place pour mon petit camion.
La nuit porte conseil. Si je speede bien, je dois pouvoir vider à Lons le Saunier. Il y a de l’attente pour la douche, tant pis je file. Première pause à Barbézieux pour me laver le fion en vitesse, 2€50 le jeton de douche, ça m’énerve. Fatalement je tombe sur un ou deux casses-bonbons qui respectent le 80, mais ça va encore. A ce propos, j’entends que Valls voudrait baisser les vitesses de 10 partout…c’est bien, la France n’a pas d’autre problème à traiter en ce moment. Les peignes-cul qui se traînent sur les routes, ils vont rouler à combien du coup ?
Dans la matinée j’appelle le gars à Lons pour m’annoncer, c’est ok. Je finis mes 30 restantes à Montluçon, puis un casse-dalle café à Montceau les Mines vite fait sur l’gaz. A 16h je suis au pays de la vache qui rit. Le cariste a un pauvre Fen, ça va mettre dix ans je le sens. Je lui prête mes rallonges de fourches, ça va tout de suite bien mieux. Il faudra une bonne heure quand même pour sortir les vingt « gros sacs ». C’est mieux en anglais, big bag, c’est moins insultant. Finalement j’ai bien fait de me magner, ce qui est fait n’est plus à faire. A bas la procrastination.
Je termine mes heures à Mouchard , sans avoir fait une coupure au dernier parking avant le bistro. La loi est ridicule. Je retrouve Sylvain qui est déjà là. C’est un waterairien de chez Pierrat. On a embauché le même jour chez Buffa à l’époque. J’ai bien connu son père chez Begey, maintenant je côtoie le fils, le temps passe. On dit que c’est ce qui nous différencie des poules : quand le soleil se couche elles rentrent d’instinct au poulailler, pour un humain quand le soleil se couche il a conscience qu’une journée de plus est passée.
Je décolle à 7h pour être sur les coups de 8h à Valdahon. J’avais pourtant prévenu mais il n’y a personne. J’appelle au secours, un jeune gars se pointe dans le quart d’heure .On vide les vingt big bags restants, ça a bien marché finalement. Pauline me fait revenir au dépôt pour prendre une porte-bobines. Je profite de mon passage pour faire le plein et rendre les papiers. Ensuite je monte charger mais il y a un peu de monde, j’en ressors à midi.
A la reprise à 13-30 je suis à Luxeuil. Les bobines se vident au Fen en passant une barre dedans, en un quart d’heure, c’est fait. Je ferme la fosse et je retourne à Besançon. C’est déjà bien le binz sur le boulevard… Je ramasse un premier lot aux transports Gavignet. Lot qui se charge à quai au tire-pal, c’est pour ça que j’ai refermé la fosse… Pauline me rappelle et me demande si j’ai repris ma semi ? Bah non puisque je charge des bobines ensuite ! Merde, c’est bien des bobines mais sur palettes. Ça me fait bien ch’ de retraverser Besac’ pour transvaser. Tant pis, je garde la porte-bobines pour un tour. Le Titi m’appelle et me raconte sa journée…je l’écoute et comme un gland je reste sur le boulevard au lieu de couper par l’hôpital et la zone indus’. Un gros quart d’heure à rouler au pas le long de Planoise, voilà ce qui arrive quand on rêvasse.
Chez Tillet il n’y a personne, le cariste est en pause. Je l’encourage à faire durer sa clope, il faut que je coupe 30. J’ouvre un côté, il me balance les palettes, en route. Fin de cette jolie semaine sur les coups de 19h, au poil.
J’avais prévu de partir à 3h, je suis tombé du lit, à moins le quart en route. A hauteur de Perthes j’ai un bon coup de pompe, je pensais monter jusqu’à La Veuve, ça ne change rien. Je m’écroule une demi-heure dans la niche, ensuite je vais déjeuner, à 7h je redécolle.
Vers 9h30 je suis à Charleville-Mézières dans une boîte de mécanique. Personne dans la cour, je m’installe. Le temps de tirer un café au distributeur le cariste sort mes bobines. Je dois aller poser le complément à Givet. Le GPS veut me faire couper par une pauvre route, hors de question, je fais le tour par Renwez Fumay. Sauf que la grande route est fermée, une déviation nous fait passer par la route que j’ai voulu éviter… J’ai fait le crochet, puis suis revenu sur mes pas, double perte de temps, bravo Pierrot c’est toi le plus fort ! Du coup j’arrive chez le client à 11h28, je lis sur la porte que la réception ferme à 11h30. Je sonne, pas de réponse, putain j’y crois pas. Un type se pointe sur un Fen, me demande ce que j’apporte, coup de bol il attend sur mes palettes. A midi je ressors de là. Second coup de bol, je recharge à 2km.
A tout hasard je vais me présenter, on verra. Le gardien me dit que je ne suis pas inscrit, il faut attendre. En plus c’est le transporteur qui nous affrète qui doit le faire. Je mange un morceau, allonge le siège et je poireaute. A 14h je retourne voir le chiourme, c’est bon. Bascule, bureau. Le mec des expé’ me demande pourquoi je ne suis pas venu plus tôt ? –Hein ? Ça fait presque deux heures que je glande devant le portail. Le gars appelle le gardien, recadrage en règle : ton boulot c’est de faire entrer les camions, pas de les filtrer, la cam’ est prête on l’attend…C’est con que j’aie attendu parce que ça charge super vite. 8 colis, 8 sangles, 25t, un quart d’heure. Le cariste m’a même aidé à sangler et remettre les planches, incroyable !
Je coupe par un bout de Belgique jusqu’à Bouillon. J’aurais pu prendre l’autoroute mais je n’ai pas trouvé où prendre la taxe belge, du coup j’ai préféré sortir du plat pays au plus vite. Bon, plat pays c’est juste une vue de l’esprit, les Ardennes ça grimpe et avec 25t il faut faire cracher les poneys. Fin de journée à Iré entre Montmédy et Longuyon avec 10h de guidon pile poil, pas mal pour un lundi.
Je dois reconnaître que quand le réveil a sonné à 4h, j’étais loin. Encore que j’ai bien dormi, les nuits sont fraîches par ici. Le bistro est fermé bien sûr, on verra plus loin. Au bout de quelques km je me fais surprendre par un trou, un cratère, sur la route…c’est quoi ce binz ? Il y a des cailloux et de l’enrobé déchiquetés sur la chaussée. Une vingtaine de mètres plus loin, je vois deux bobines de tôle dans le fossé ! Et deux belles grosses de 10-12t mini… Plus loin à 200m sur un mauvais parking je vois une semi courte à fosse, comme on a chez ATS pour les navettes, décrochée et avec la carrosserie en vrac. Que le gars ait posé la cam’ dans le fossé, ok. Il a peut-être eu un problème technique, la semi me semblait penchée, je ne veux pas porter de jugement, mais la moindre des choses ça aurait été de baliser le trou.
A Pouxeux je me pose pour la douche et le petit déj. 45 minutes et je repars. Sur les coups de 9h30 je suis à Masevaux au pied du Ballon d’Alsace. C’est comme hier à Givet, 8 coups de fourches et c’est torché. J’étais pourtant inquiet, autrefois on y chargeait chez Buffa là-dedans, j’ai vu y passer des demi-journées entières pour des lots partiels en plus. De là je descends à Mulhouse charger des bobines pour Besançon, histoire de changer. Pour midi c’est fait. L’heure de la soupe certainement. Bon, j’en fais autant sur l’autoroute et un peu avant 15h je suis chez Bourgeois. Je perds un peu de temps à manœuvrer , des wagons bloquent l’accès au hall. En y allant en marche arrière ça passe. J’appelle la Kommandantur, je recharge aux bobines puis un complément à quai. Chez Tillet il n’y a qu’un camion sous le pont, il complète en palettes puis c’est mon tour. Je charge 5 grandes galettes et je rentre au dépôt. A quai je me charge mon complément, puis gasoil, puis douche, indispensable. Petit point sur les heures, si ça roule je dois pouvoir aller chez le Pascal. Quand je dis « si ça roule », le risque est faible, la seule mégalopole que je dois traverser c’est Vesoul. Ensuite pour passer Luxeuil et Remiremont au pire je vais trouver un chevreuil ou un lièvre sur ma route, pour les hérissons c’est trop tôt… A 19h pétantes je suis de retour à Pouxeux, alors que j’y étais ce matin. Il ne me reste que deux minutes d’amplitude, ça va, mais j’ai cramé ma deuxième dérogation de 10h.
Moteur en route à 5h. 1h 30 de route et je suis à Pagny sur Meuse. J’ai une demi-heure pour déjeuner et me doucher. A 7h pétantes je suis chez les Mousquetaires à côté. Magnifique organisation, je suis trop fort… On me fait mettre sur le parking, il y a de l’attente. De l’attente mais pas assez, juste un gros quart d’heure. Donc le contrôlographe se remet à zéro, coupure faite. C’est quand même dingue qu’un truc homologué sensé nous contrôler ne connaisse pas la loi ! Pour le coup ce n’est pas bien grave, je recoupe 30 à quai mais c’est naze.
De là je reprends la 4 jusqu’à St Dizier puis la route de Brienne pour descendre à Bar sur Aube. Je ne connaissais pas le client, mais au vu de l’adresse je sais que c’est dans la zone où il y a l’horrible et tristement réputée usine de canapés. J’ouvre le toit, le pontier passe une chaîne dans chaque bobine, en 22 minutes c’est vide. Trop facile. Quand on était vide par ici chez Buffa on rechargeait du chanvre pour la Suisse, chez ATS je ne vois pas trop. Le boulot ne court pas les rues dans le coin. Tout faut, je recharge à vingt bornes de là. Je me présente à 11h10, le mec me fait mettre à quai de suite. 33 palettes, papiers, à midi je me casse. Punaise, ça a bien marché c’te histoire.
Du coup j’ai le temps, je me pose à l’ombre pour casse croûter. N19 jusqu’à Chaumont, le minimum d’autoroute jusqu’à Langres puis à nouveau RN par Dijon Dôle. Je finis la journée chez le Thierry à Mouchard avec un petit 9h de guidon et surtout une coupure de 11h légale.
Juste avant 8h je suis dans le Haut Jura. Je suis le premier, quai directement. Enfin…directement si on veut. J’en ai déjà vu des quais mal branlés mais là c’est du quatre étoiles : mauvais sens, dévers, cuvette, poteau en béton. J’ai failli y laisser ma jolie barre en inox sous le parechoc. Quoi ? J’en ai pas ? Ben ça tombe bien alors. Ça va quand même vite à vider. Message de l’exploit’, je descends ramasser le groupage de bois à Seurre. C’est le seul boulot que je n’aime pas chez ATS mais faut bien reconnaître qu’une ou deux palettes de découpe de bois devant ou derrière les bobines ça met un peu de gras dans la recette des collègues. J’y suis à 10h30. C’est prêt, j’ouvre les deux côtés, on charge, je crame un carnet de récépissés et je rentre au dépôt.
Je pensais vider la ramasse, mais je n’ai pas le temps parait-il. Je décroche, récupère une semi chargée et je vais la vider et recharger à St Vit. Je me présente sur les coups de 15h, mais je n’ai rendez-vous qu’à 18h… Je précise bien au guichet que je dois vider et recharger mais rien n’y fait, faut attendre : pas de place sur le quai. Au bout d’une heure on me donne un quai. Je me vide, je n’attends pas les papiers. Je descends à SV1 pour commencer à charger, il n’y a qu’un carton de pub d’un kilo ! Putain si j’avais su je l’aurais pris en partant, mais bon, c’est la procédure. Je remonte à l’entrepôt 2, je charge. A presque 18h je peux partir. J’ai rendez-vous vers Annemasse à 6h demain matin, ça me semble bien compromis cette affaire…
Route habituelle, Dôle, Lons, Oyonnax, Nantua, j’échoue chez le Marcel aux Neyrolles à 20h45. J’ai reçu le message de mon retour demain…tout bien, tout bien.
Ici le patron fait la fermeture le soir et l’ouverture le matin, courageux le gars. 9h01 de coupure, vent du cul dans la plaine sur mon cheval. A 7h je suis du côté d’Annemasse, Loisin quelque chose comme ça. Le gars regarde ma semi et me demande si j’ai du frais ou du sec ? Du frais dans une tautliner ? En janvier passe encore mais aujourd’hui, ils vont être bien le beurre et les yaourts. En moins d’une heure c’est vide. Je vais tranquillement à Rumilly, je n’ai rendez-vous qu’à 10h.
A 9h et quart je suis chez Nestlé. Je vais au bureau, pas de bol, ce n’est pas là. On m’a donné l’adresse de l’usine mais pas de la logistique, le mec n’est pas surpris… 2 km plus loin c’est bon, on me fait mettre à quai de suite. La fille finit un camion et m’attaque dans la foulée. Elle a un tire –pal électrique avec des grandes fourches, elle apporte les palettes deux par deux ou plutôt quatre par quatre puisqu’elles sont gerbées. 66 palettes de corn flakes, donc pas lourd, le top. Il est à peine plus de dix heures, j’ai la journée pour rentrer.
En sortant de Rumilly la route de Frangy est fermée. On nous fait passer par le défilé du Val du Fier pour rejoindre Seyssel. Sauf que c’est subitement interdit aux 3m80… Je m’arrête, regarde la carte quand arrive un laitier avec un DAF SSC. Avec le langage des signes je lui demande si ça passe, c’est ok. Je le suis. Petit coup de stresse quand même, mais je me rassure en me disant qu’il n’a sûrement pas envie de niquer sa cabine dans les rochers. Ensuite je me balade peinard en évitant les péages. A 16h je suis au dépôt. Je décroche, reprends ma semi. Le chariot de Gérald était à l’entretien cette semaine, il a pris le mien. Je l’attends un gros quart d’heure, il est parti vider à Champlitte. Je récupère mon bien, on boit un café, et je me rentre. Bon weekend à tous.
J’ai beau avoir rendez-vous à 10h30, j’ai du mal à être à l’heure. Devant l’usine je croise Marc qui a fini, je me mets donc en place direct. Mon chargement n’est pas bien méchant mais j’ai tout un bazar de cadres métalliques et de palettes à redescendre à Damazan, je suis le dernier à y passer avant les vacances. Je pensais que tout allait tenir tranquille au sol, mon cul Paul, il faut gerber à l’avant. Là-dessus Pauline m’appelle et me demande si j’ai un peu de place, on doit des Europe, on a une facture bloquée… Comme ma religion m’interdit de refuser quelque chose à une jolie fille, je dépote deux palettes pour me garder un petit mètre de plancher.
En sortant de chez Waterair j’appelle Marc. Il vient de finir de vider dans le pays de Montbéliard, on se donne rendez-vous sur un parking de l’autoroute pour casser la graine. Je le retrouve lui et son gamin à une table à l’ombre, petit moment de quiétude avec mon pote.
Je passe par le dépôt, alors que ce n’était pas prévu, pour récupérer les Europe vides en question. Une sangle histoire de ne pas les ramasser dans la semi, un café et en route direction le Jura. Je suis à Champagnole chez un couple de retraités pour leur déposer une rénovation. La dame me fait le chèque pendant qu’on boit un café avec son mari. En repartant, en y repensant je me dis que j’aurais dû leur demander leur métier au temps chaud. Cette femme est très énergique, malgré l’âge, on voit bien qu’elle a l’habitude de la paperasse, des démarches et de remplir des chèques. Pas le genre de demeurés que je vois souvent qui mettent deux heures à écrire la somme en lettres, qui ignorent que mille est invariable et n’ont jamais entendu parler de la règle pour les centaines. Soyons honnêtes, en général, les nouilles sont plutôt des jeunes. Les vieux se sont faits tirer l’oreille et ont sué sur les exercices de Bled à l’école communale. Vive Jules Ferry, vive la République et vive la France. Tsoin. Tsoin.
Gérald pensait venir souper avec moi, Marc aussi mais finalement ce n’est plus sa route, du coup je finis mes heures tout seul, à la limite de la dépression, à Deux-Chaises. Sont chiants mes copains. Ah oui, j’oubliais, quand je dis « vive la république » c’est la troisième bien sûr, la vraie. Celle de Clémenceau, celle où les politiques n’avaient pas abandonné le pouvoir à la haute finance.
Réveil 5h30, je file direct dès les 9h de coupure. Ça ne passe pas en 4h30, faut que je coupe quoi qu’il en soit. Café douche à St Vaury, 46 min de coupure. A 11h je suis à St Jean d’Angély pour déposer les Europe en passant. Sauf que l’usine a fermé il y a quinze jours ! Je tombe sur le piquet de grève qui, comment dire ? N’en a rien à branler de mes palettes. Les gars sont bien cool, ils m’expliquent l’historique du truc : biscuits Brossard, puis je ne sais quoi, puis faillite… Parfait mais je fais quoi de mes palettes consignées ? Celui qui semble être un genre de chef appelle le transporteur qui bossait avec eux, me le passe, et cézig veut que je monte les palettes à Niort. Alors là mon gars t’as vu la vierge, je refuse catégoriquement. J’appelle Pauline pour la briffer. Putain, hier j’ai fait de la place, je suis repassé au dépôt et maintenant ces palettes vont me faire chier toute la semaine, j’y crois pas !
Pour 13h je suis à la Rochelle, lotissement récent, client pas chiant facile. Ensuite je prends la direction de la Tremblade pour aller dans un bled qui s’appelle Les Mathes. Le lotissement est tout neuf, il ne figure ni sur le GPS ni sur Maps. Je me gare devant une station, j’appelle le client, je lui décris où je suis. Il m’explique en gros. Je roule un bout, mais ce n’est pas du tout ce qu’il m’a dit. Je le rappelle. Je tourne et retourne, je me fais bien chier, ça se confirme, j’ai toujours été nul en Mathes.
La dernière de l’après-midi est à Royan, chez un artisan maçon. Je trouve bizarre qu’un maçon fasse une piscine en kit, il m’explique que c’est mieux et plus facile. Bon ben ok. Quand on a fini il veut m’offrir un canon, je refuse la bière pour faire genre, et me vlà en train de boire un Oasis orange…purée, ce qu’il ne faut pas faire !
Fin de journée à St Genis de Saintonge avec quasi 9h de volant. Repas correct et quand je sors du troquet un gars me dit : « tu ne serais pas Pierre 70 ? » Un fan ! Un gars qui lit mon carnet de bord ! Putain je suis une vedette, je comprends ce que ressentait Stendhal quand il faisait une séance de dédicace à la FNAC. Encore que Stendhal c’est pas vraiment le bon exemple, à part broder sur une grosse baraque à Parme, son œuvre c’est peu de choses comparé à mon talent pour décrire les usines de ferraille. Et puis « notre héros » comme il dit à longueur de pages, ben on ne sait jamais où il s’arrête bouffer…pas comme moi… On n’a pu discuter que cinq minutes avec Vincent 44, puisque c’est de lui dont il s’agit, bien sympa ce garçon. Mais son collègue l’a appelé pour finir de manger, à une prochaine j’espère.
Démarrage après mes habituels café et douche, je prends la direction de la Dordogne dans les environs de Ribérac. Je dois stationner sur une départementale hyper roulante, en sortie de courbe en plus. Ce n’est pas raisonnable. A quelques mètres il y a un pépiniériste avec une grande cours. Je tombe sur une jolie blonde en short qui arrose ses plantes à la fraîche. Ah ça y est ! Je vous vois venir sur le thème : tu lui aurais bien arrosé le gazon…etc. Non ! Pas de ça chez nous ! Charmante, elle me laisse me garer chez elle. Je ne suis plus qu’à 5 ou 600m de mon client. Je fais au plus vite pour ne pas squatter trop longtemps. En roulant avec le chariot je compte les colis sur la palette, merde j’ai oublié les brides de l’escalier ! Retour au camion. Ce n’était pas bien loin heureusement. Je trouve la maison du client, une vieille périgourdine dans un écrin de verdure comme ils disent sur le dépliant. Un petit coin de paradis occupé par un sujet de la reine Béatrix, grosse BM, grosse baraque, grosse piscine, club de golf, on sent tout de suite le niveau de vie… Bien sympa le batave, dans un français hésitant il m’offre un café pendant qu’il signe le chèque. Retour chez la belle en cuisse, j’embarque mon tacot et je libère la place sans oublier de remercier.
En fin de matinée la rocade de Bordeaux passe sans aucun souci, je me pose là le long pour casser la graine. Je sors une sortie trop tôt histoire d’éviter le nouveau péage sur l’A10. A 13h30 je suis à Parentis chez des parisiens qui viennent de racheter une maison dans les bois. Pas chiants, facile, sauf le chemin trop étroit pour vider en latéral mais ça c’est courant. La dernière livraison de la semaine est à Mont de Marsan. Dans un lotissement tout neuf, facile pour garer, facile pour vider, faudrait que ce soit toujours comme ça.
J’appelle Patrick à Damazan, c’est prêt, je viens quand je veux. Avec la chaleur ils commencent à 6h pour finir à 14. Je termine la journée chez les jeunes à Lubbon, bonne adresse et pas loin pour demain.
Sur les coups de 7h je suis chez Wat. On vide les cadres en retour, je déplace mes put’ de palettes EUR qui m’auront décidemment fait ch’. Je les glisse en long derrière les Pacio, heureusement que je n’ai pas chargé des « filtrants » comme souvent sans cela j’aurais dû les abandonner ici. Il est 7h30 il fait déjà un bon 25°, trempé, je file à la douche.
La remontée est tout ce qu’il y a de banale. Casse-croûte, café, un peu de téléphone avec les copains pour passer le temps, rien de passionnant. Je fais cette route en gros une fois par mois, ça me fait déjà chier. Le jour où on me met sur un trafic régulier, le vendredi soir je me coupe les veines. La seule anecdote c’est que j’ai engueulé un caisseux. Avant d’arriver à Chalon depuis Moulins il y a de gros travaux juste avant l’échangeur Chalon Sud. Ce binbin ne trouve rien de mieux que d’essayer de passer entre un frigo espagnol et moi, alors qu’on est arrêté depuis cinq bonnes minutes. Ce genre d’incivisme me rend hystérique. Je sais on en voit tous les jours, mais ça me rend fou. J’ai ouvert la fenêtre et avec le doigt je lui ai fait le signe attention comme on fait aux bébés. J’ai vu que sa femme lui parlait, il a lâché l’affaire…
J’hésite, pour finir la journée. Beauchemin ou le Moulin des Malades ? Cruel dilemme. J’aime bien les deux mais à Beauchemin il y a deux douches et argument suprême : les pains aux raisins le matin. J’en ai des cas de conscience quand même. On est jeudi, j’ai droit à mon Picon.
Départ 6h, je passe au dépôt pour déposer mon chariot et ces scrongneugneu de palettes. A 9h30 je suis chez Wat’, je chope Jean-Pierre dans son bureau, on vide. Trois coups de fourches et c’est torché. Sevket termine et c’est à mon tour. On boit un café quand même, faut pas déconner. Je charge pour Gérald qui n’est pas rentré. Il a tous les escaliers possibles, on se fait un peu chier pour tout caser, faut même dépoter une palette sur la fin. Retour à Devecey.
Transvaser ce chargement me semble bien compliqué, je propose à Gérald d’échanger nos semis pour cette semaine. Je n’aime pas changer lui non plus, mais on va gagner notre temps. Il finit de vider un lot à Besançon, je fais le plein, décroche et il arrive. On change de caravanes, je charge un lot à quai puis un autre dehors. 18h je suis en weekend.
Longtemps je me suis couché de bonne heure… ça y est l’autre il ne se prend plus pour Stendhal, on est passé à « à la recherche » de Barbara Cartland ou Gérard de Villiers, je ne sais plus… Sans déconner, je me suis couché tôt mais ça n’a servi à rien, hier soir il faisait chaud il pleuvait, bref quand le réveil a sonné à 2h…oye wouah. J’hésite, je réfléchis, chépakoifaire, je monte entre Angers et Laval. Il y a 3 routes possibles : par Orléans Angers, par Orléans Le Mans Laval, ou par Paris. Bon quoi qu’il en soit les trois passent par Troyes, je prendrai ma décision au dernier moment. Finalement, j’ai fort peu dormi mais cette histoire d’itinéraire occupe mon cerveau malade, même pas sommeil. Je comptais boire le jus à Troyes, j’ai loupé la station perdu dans mes pensées. De chez moi à Angers il faut un petit 9h de volant, pour Laval idem. Renazé c’est un peu plus loin, je vais être au taquet d’heures. Le GPS me fait passer par l’A5 puis francilienne puis Chartres… Allez, banco, je vais gagner mon temps.
J’ai 4h15 de guidon à la station du côté de Montereau. Je m’effondre sur la couchette pour 30 min, puis je vais me jeter un gobelet et une viennoiserie industrielle. Une fois que j’ai participé à la déforestation de l’Indonésie due à l’huile de palme du pain au choc’ je peux reprendre la route.
Les quelques millions de malheureux qui habitent en région parisienne ont bien conscience que ce matin je n’ai pas de temps à perdre, trop sympas les uns sont partis en vacances les autres ont pris d’autres routes. Du coup la cuvette de Corbeil passe à la régule un lundi matin à 8h ! Tout juste un coup de coup de frein à la bifur’ de Courcouronnes , rien quoi.
Je vais être juste pour arriver à l’usine en 4h30, je fais une seconde coupure. J’ai rendez-vous à 14h, j’ai le temps de manger un morceau.
Je me présente à la réception à la reprise à 13h30. L’autre fois j’ai vidé dans la cour, aujourd’hui il me faut faire tout le tour de l’usine, putain encore 5 min de perdues. Délesté de 26t de bobines en une petite heure je peux prendre la direction de Rennes. Je me pose au relais à Vern sur Seiche avec 10h04 de volant, mais surtout avec une coupure de 11h valide. Parti à 2h30 il fallait donc que je coupe à 15h30, il est 15h28. J’ai le cul bordé de nouilles, bonne sieste à tous…
Sur les coups de 8h je suis à La Gacilly chez Yves Rocher. Il y a plusieurs sites dans le bled, je m’arrête au premier que je trouve et me renseigne au gardien. La bonne adresse n’est qu’à un km ou deux. Je viens charger non pas des cosmétiques mais un tire-pal électrique de loc’ qu’il faut rapatrier à Dijon. Comme de juste la fille au bureau n’est pas au courant, le gars de l’entretien non plus…je me vois bien pinailler là jusqu’à 9h. Mais non, un autre gars sait de quoi il s’agit. Quai, une sangle et en avant. Le seul truc qui me tracasse c’est que c’est un tire-pal à longues fourches, ces grands machins à conducteur porté qui peuvent prendre deux palettes en long. J’espère qu’il ne va pas me faire chier pour charger le reste.
Je traverse un bout de Bretagne de bas en haut, petite route sympa sauf qu’il pleut ça gâche un peu le plaisir. Une bonne heure de balade et je me présente au gros abattoir des magasins Leclerc à Collinée. J’y suis déjà venu quelques fois quand j’étais en citerne, on apportait du chloro sulfate de Thann pour la station d’épuration. Les gros abattoirs du genre ont une station d’épuration privée. J’aimais bien aller regarder les bétaillères de cochons qui entrent d’un côté de l’usine et voir le pâté et le cervelas à l’autre bout. Bon aujourd’hui je n’ai pas le temps de faire du tourisme industriel. Je vide mes 10 palettes d’emballages et je file au rechargement.
J’arrive à Lannion à midi moins le quart. Un camion termine, vu l’heure je ne me fais pas d’illusions… On commence, je charge deux lots d’armoires électriques. Je vois qu’à midi les gars n’arrêtent pas, je leur demande s’ils arrêtent ? « Boh non, qu’on aille manger maintenant ou dans une demi-heure, pour nous c’est pareil. On finit de charger. » Ben bon dieu ! Ça devient rare ce genre de mecs. On charge, papiers en vitesse, en route. Je prends soin de tirer jusqu’à 4h30 tout pile, je ne sais pas encore comment je vais organiser l’affaire. Entre Laval et Le Mans j’attrape un coup de moins bien, putain je vais éviter de coucher le camion là au milieu. Je n’avais pas prévu comme ça, mais tant pis je fais une coupure. Après 45 min ça va nettement mieux. A 19h30 je me pose à Epuisay avec 8h57 de cerceau, trop bien.
Je suis bien parti pour me lever tôt toute la semaine, ça se confirme. Réveil 4h30 et comme dit le poète Nanard : on the road again. Première pause à Courtenay pour déjeuner et me doucher, puisque de toute façon je dois couper. A 10h30 je suis chez le loueur de matos à Dijon. Poignée de main, quai, descente du tire-pal’, coup de tampon sur le récep’, le tout n’a pas pris plus de 10 minutes. Je remonte un bout de la rocade et je me pointe chez Suez jenesaisquoi. Il y a plusieurs filiales dans la même cours, c’est un peu compliqué mais je finis par trouver un gars que mes armoires électriques intéressent. On y va mollo, les armoires sont hautes et étroites et ont donc une fâcheuse tendance à se casser la gueule, en plus ça vaut la peau du cul parait-il. Quand c’est fini je prends la direction de Besançon. Le tachy clignote 4h15, il est midi, je me claque à l’ombre.
A 14h je suis au dépôt. J’embarque mon tagazou pendant que je fais le plein. Le site Suez de Besançon est plus petit et n’a pas de moyens de manutention. Ils ont juste un tire-pal manuel, je propose au type de le monter dans la semi et qu’il m’apporte les armoires au cul. Aussitôt dit aussitôt fait. Sauf que le gars a bien du mal. A la trois ou quatrième, il a trop avancé, les roues du tire-pal sont tombées dans le vide, l’armoire a tangué…miracle, elle s’est reposée.
Ensuite je file recharger à Vaudrey dans le Jura. A la sortie de Besançon la côte de Beure est en travaux, il faut monter par la côte de Morre. Ça fait un détour de 10 ou 15 bornes. C’est d’autant plus con que le Titi me l’a dit ce matin, mais je ne m’en souvenais plus…le boulet ! A Vaudrey je dois charger à trois bâtiments différents. Ça va pas trop mal mais les longueurs de bardage sont différentes, des fragiles, d’autres moins, ça ne correspond pas avec l’ordre de livraison…bref c’est bien un peu le binz mais je m’en sors. A 18h je me casse. Je pensais monter souper sur la N6 mais j’ai déjà 9h de volant dépassées. Pas grave, je coupe au travers pour me retrouver à Morey St Denis. J’ai déjà décrit ici ce resto je n’y reviens pas. Le patron est viticulteur…on y mange bien sans plus, mais le pinard ! Ici on est entre Nuits St Georges et Gevrey –Chambertin, les gars savent faire le vin…