| Carnet de bord de Septembre 2013 | Partager sur Facebook |
La semaine passée on m’a appelé pour que je charge vendredi. Ça va le bocal ? Je suis en congés, c’est hors de question. Mon camion est dans ma cour, il n’en bougera pas, envoyez un mec depuis Besançon. Y en a marre de faire des cadeaux aux patrons, luttons contre le travail dissimulé comme disait l’autre…C’est la luuuteuu finaleuuu…
Punaise, je n’ai pas vu passer ces trois semaines… Tout est ok, j’ai des cahiers et des crayons neufs, en route. Vu que j’ai chargé vendredi je peux partir tranquillement à 7h. Je passe au dépôt pour faire coucou, le plein et vider carte et tachy. Je me pose au péage avant Lyon pour casser la graine et je tombe sur un ex Buffa de Dôle qui roule en plateau chez Ravoyard. On a papoté un moment, sympa. Sur les coups de 13h30 je suis à St Symphorien d’Ozon au Sud Est de Lyon en gros. J’avais pour consigne de me garer sur le parking d’une école, je la cherche encore l’école… L’entrée du lotissement est assez large, j’y recule sans gêner personne, nickel. La cliente appelle son mari qui est au boulot, je commence en attendant. Le gars arrive entre-temps. Le portail est étroit, je propose de « dégonder » une des deux portes. C’est plus sûr, pas envie de faire un constat le jour de la reprise, un autre jour non plus d’ailleurs… J’appelle le Titi, il descend une pelle sur pneus entre Narbonne et Carca. Il est une heure devant moi, on avait calculé notre affaire ce weekend.
A 19h pétantes je me gare à Maureilhan à ma cantine. Faut vite reprendre les bonnes habitudes. On n’est pas en fin de semaine, tant pis, on s’accorde quand même un Picon.
Caféïés et douchés on met en route. On roule un moment ensemble sur la minervoise, puis ma foi faut bien se quitter. J’attaque la rocade de Toulouse à 9h et demi. Je me paie la queue de la comète des bouchons, rien de méchant. Pause casse-croûte du côté de Pau et à 13h30 je suis à Urt au Pays Basque. Je me suis déjà fait chier dans ce bled, mais là faut être honnête, c’est passé assez tranquillement. La seconde est à l’entrée de Bayonne pas loin de la nouvelle bifur’ A63-A64. Je me suis un peu fait chier mais c’est de ma faute, faut que je m’offre une mise à jour du GPS. Je finis par trouver, je sonne : personne. Le portable sonne dans le vide. Je cherche le numéro du fixe, idem. La propriété est entourée d’un grand mur, j’escalade. Le stage commando pour les vieillards… Je trouve une sonnette, personne. Dépité je retourne au camion et j’attaque un Sudoku. En plus je suis garé sur un arrêt de bus, si les keufs passent… Au bout d’un moment je rerere-appelle, le type décroche. Il y a la même bagnole dans la cour, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il s’est foutu de ma gueule. Bref, je lui pose sa piscine vite fait et je file direction Mauléon. Je ne suis pas en avance du coup. La maison de la cliente est sur les hauteurs, j’abandonne le camion sur une rue large pour finir avec le chariot. Bonne idée finalement…
Je termine la journée en pèlerinage chez Laborde à Mont, ça me rappelle mes années citerneuses. Chez Begey on chargeait souvent ici à Pau le vendredi pour l’Italie. On laissait les camions à Vitrolles pour rentrer en double ou triple dans un Merco SK. Retour le samedi matin pour repartir le dimanche soir. Record perso, à 5 dans un 1733 à pigeonnier ! J’ai des témoins. On avait le moral à l’époque. Encore que, Ludwigshafen-Tudela-Pau-Naples-Rho-St Avold en suivant…je veux bien recommencer…
Pour 8h je suis à Grenade sur l’Adour. Le plan me dit : rue à gauche avant la voie ferrée. Sauf que la rue est privée et tombe dans une maison de retraite… Pas de place pour faire demi-tour je continue. Au bout d’un km ou deux je me retourne et j’appelle le client. Le plan que j’ai correspond à l’appart’ qu’il habite pendant la construction de sa baraque. On arrive à se retrouver quand même. La suivante est à 30 bornes dans le Gers. Comme d’hab’ ici la route est très étroite, je dois déplacer le camion à chaque fois. Le client est un type bizarre avec des cheveux en plastique collés sur la tête, mais bien sympa. Pas les cheveux, bien sympa, le gars.
Pour midi je me trouve par miracle un parking à l’ombre, tant mieux il fait une chaleur à crever. On se donne rendez-vous avec le client suivant devant l’église du bled. Je suis sa bagnole sur une petite route, bien sûr en cul de sac ! Je vide et je commence à reculer. Je dois me taper deux km en gros mais je trouve à mi-chemin une petite route qui part à droite. Je vais voir à pieds…nickel, cent mètres plus loin je peux me retourner. J’ai un trou d’une bonne heure dans le programme, je finis par une rénovation à Auch mais les clients ne sont là qu’après 18h30. Je me pose à l’ombre, je profite de mon temps libre pour faire mon programme Wat’ pour dans deux semaines, encore du boulot comme j’aime…
Retour au présent, le lotissement est sur les hauteurs. Il faut tourner à l’équerre, pas cool. J’ai même un peu de mal à trouver, je vais voir à pieds, la rue ne m’inspire pas… Pourtant c’est bien là. Consolation, la cliente est super sympa. Une forte femme superbe, poitrine en avant… il ne lui manque que le drapeau bleu blanc rouge pour faire « la victoire guidant le peuple ».
Je termine la journée pas loin de là à Aubiet, à mon best resto in the world.
Départ à 7h pour être à 8h vers Montauban Montech. Je vais poser ma dernière piscine dans un lotissement neuf. La rue ne figure nulle part, le plan du commercial est ridicule… J’appelle le client qui me fait m’enfiler sur une route étroite en zigzags. Impossible de vider, je recule. Heureusement à cette saison les accotements sont durs, la même opération en hiver… J’ai quand même cramé un bon quart d’heure de volant mais je n’ai rien cassé. Tout juste une figue plantée dans un tendeur de bâche.
Je replie mes cadres, un coup de balai dans la caravane et j’appelle l’exploit’. Un petit quart d’heure plus tard je suis chez les transports Mandico à Grisolles. Le mec du quai me dit : « mettez- vous à ce quai, mais il faut enlever votre chariot avant. » Putain ! Heureusement que t’es là mon gars, ça ne m’était pas venu à l’esprit. Après ça va mieux, il devient nettement moins con. On charge 20 palettes, mais 20 palettes c’est pas 33 aurait dit monsieur de Lapalisse. Donc j’attends un complément. La cheftaine m’appelle et me demande par où je remonte. A l’économie : Cahors Brive par la N20 puis Limoges. « On roule, je cherche. » me dit-elle. Dans l’après- midi elle me rappelle mais le lot qu’elle a trouvé est trop gros. Même en faisant un effort je ne peux pas gerber les palettes de devant, c’est de la bouffe, ça va s’écraser. Finalement il est trop tard pour trouver autre chose je rentre comme ça.
A Limoges je m’arrête boire un café à la station comme d’hab’, ça me fait un quart d’heure de fait. Je termine les 30 sur un mauvais parking de la RCEA. Sevket qui passe par là me klaxonne et m’appelle. On essaie de combiner pour souper ensemble ce soir mais ça ne va pas. Il doit remonter au max pour charger demain matin, ce sera donc Beauchemin. Mais moi je n’y arriverai pas, tant pis. Je me pose comme une âme en peine à St Eusèbe. Ce troquet a rouvert après un énième changement de tôlier…faut voir.
On mange plutôt bien ici, mais comme avant, la douche laisse à désirer. Je décolle à 6h30 et je vais déjeuner et me doucher à Beauchemin. Je n’ai rendez-vous à Planoise qu’à 11h45, j’ai le temps d’aller laver soigneusement. J’ai même le temps de graisser mon chariot, l’inclinaison du mât couine mais que quand il fait chaud…et ça m’énerve. Surtout qu’il a eu l’entretien complet il y a peu. Je me présente chez Casino avec une heure d’avance, avec un peu de chance… A midi je suis toujours sur le parking, je n’ai pas eu un peu de chance. A midi et demi, ils m’appellent enfin. Selon le pointeur c’est à cause du mec qui prend les rendez-vous, il fait n’importe quoi. Faut bien que ce soit la faute d’un autre… Je récupère les Europe vides et je monte au dépôt.
Je fais le plein et charge un petit lot à l’avant. Les palettes sont inégales, faut jouer à Tetris j’ai besoin de place pour la suite. Je descends à Roche lez Beaupré, pas un camion dans l’usine. Le cariste me dit : « mets- toi à la rampe, j’arrive. » Un bon quart d’heure et c’est torché. J’ai bien fait de serrer devant, les portes ferment tout juste. A 17h je décroche au bled. Voilà une semaine de reprise aux petits oignons.
L’équation est complexe. J’ai rendez-vous à 7h30 dans le 77, sachant qu’ils ont mauvaise réputation il faut respecter l’heure, et je recharge à 15h dans le 60. Si je pars tard je rate le rendez-vous, si je pars tôt je crame l’amplitude… Ah on n’a pas des métiers faciles ma bonne dame. Décollage à 1h30. Inutile de dire qu’à cette heure la route est calme. Je croise un premier camion à Vesoul puis personne jusqu’à la capitale mondiale de la vannerie. Formule pompeuse pour dire Fayl-Billot dans le 52. Personne pour me faire chier, chargé bien lourd, je peux faire ma route comme ça me chante. A 5h45 je m’allonge une demi-heure mais sans succès, je vais boire un café et me jeter un croissant à la station. Punaise je n’aurai pas dormi grand-chose. Sur la francilienne ça freinouille à peine vers Pontault-Combault, juste de quoi me mettre un peu la pression. Je me pointe à 7h20 chez cette grande enseigne de bricolage qui porte un nom d’enchanteur breton. Le mec me fait mettre en place de suite. Pile –poil. Il a de bonnes rallonges de fourches, on n’ouvre qu’un côté, tout bien jusqu’à ce que je lui demande les palettes Europe en retour. « Ah non, tu ne les as pas données au départ, on ne les rend pas… » Gnin ??? C’est quoi cette connerie ? Je vais voir la chef au bureau. J’ai beau lui expliquer que le départ est un gros client à nous et qu’on leur rend les Europe par semi entière, rien n’y fait. Je lui explique qu’elle n’y connait rien au système d’échange des palettes mais je parle à un mur. De retour au camion j’appelle l’exploit’, la cheftaine s’en occupe, je peux partir. Tout bien réfléchi, honnêtement ça m’arrange presque, je suis quitte de me faire chier avec au rechargement.
Café croissant à Vémars et pour 10h et demi je suis dans le grand Sud…du 80, Montdidier. J’ai 5 palettes de tôlerie, c’est un peu long à vider, j’ai l’impression de les faire chier avec mes palettes. Un petit vieux finit par me les prendre.
A 13h je suis à Crepy en Valois. Pour rendez-vous 15h, nickel ! Nickel, jusqu’à ce que je discute avec un traco ATS : il est là depuis 11h pour rendez-vous midi. Ils ont 2 heures dans le cul depuis ce matin. La gardienne me file un bip et je vais glander au camion. Je mange un morceau en attendant. En attendant quoi ? J’aurais pu faire un repas de communion avec le trou normand et la pièce montée. Toutes les heures je vais aux nouvelles, faut attendre. Sauf que moi à 16h30 je ne peux plus bouger ! Le collègue entre à la limite de son amplitude lui aussi. A 16h30 je vais rendre le bip, demain il fera jour. Personne ne nous dit rien, ni à moi ni à l’exploitation, en fin d’après- midi j’ai un nouveau rendez-vous pour demain 7h.
Je me renseigne pour savoir s’il y a un resto dans le coin. Oui au bout de la rue à droite puis au bout de la rue. Sauf que dans les zones industrielles les rues sont longues. Ça fait du bien la marche à pied.
Motivé, 6h45 je vais chez le gardien. Il appelle, pas bon. On me redonne un bip. C’est un gag ? Une caméra cachée ? Il y a Marcel Béliveau qui me fait une blague ? A 7h05 le bip sonne. Comme l’autre fois je dois faire 2 quais mais ça va. A 8h et demi je m’en vais. Pas loin, je retourne au bistro d’hier soir pour boire un café et me doucher. Mort aux cons, je ne vais faire le gros routier dégueulasse pour leurs beaux yeux. J’hésite, je passe par Meaux ou la francilienne pour descendre ? Meaux c’est la ville de Copé, je prends la francilienne… Blague à part, je me dis qu’à cette heure ça ira plus vite par la 4 voies que de me payer les ronds-points. Parfois dans la vie on fait le mauvais choix… A la bifurcation N2-A104 il y a un carton, je perds un gros quart d’heure alors que l’accident ne nous concerne pas, il est plus loin. Chié ! Ça va être chaud maintenant mon affaire pour être à 16h à Besac’. A104 A4 N19Provins Troyes. Le gps calcule et recalcule, pour finir mon itinéraire est plus court et plus rapide que le sien. C’est kiki qu’est le plus fort ? C’est tonton Pierre. C’est pas un bout de plastique ventousé au pare-brise qui va apprendre aux Buffa à rentrer de Paris ! Merde ! Coupure 46 minutes à Chaumont, et à 16h10 je suis chez U. Pas un mot pour le petit retard, on me donne un quai de suite. Je me vide mais depuis peu on ne peut plus laisser les papiers et les récupérer plus tard, faut attendre le contrôle. Mais la fille se contente de compter les palettes, sans faire le picking, et me signe mon récep’, cool. De là je file chez Tillet charger un peu de ferraille, ça me manquait.
J’y suis un peu avant 18h, mais c’est la pause casse-croute. Le temps d’ouvrir les deux côtés le mec revient. 18h45 c’est fait. Je me tâte, je passe par où ? Je combine et recombine mais c’est pas facile avec mon pauvre cerveau malade… C’est mon cerveau gourmand qui l’emporte, ce sera Beauchemin.
Café douche à 5h et demi en route. Pour gratter un peu je ne prends l’autoroute qu’à Beaune. 8h pétantes je suis vers Auxerre, je ne connais pas la zone, je roule doucement mais je loupe l’entrée de l’usine. Boah je me dis : pas grave je vais faire demi- tour plus loin. Sauf que plus loin c’est le village. Pas de rond-point, je trouve un carrefour correct à 4 ou 5km, merde. Bascule, un ATS est en train de finir, je prends sa place. Une bonne heure plus tard je suis allégé de 28t800. J’ai eu le message de mon retour hier soir, direction Orléans. Une heure plus tard le tachy clignote. Gnin ? Quésako ? Ouh merde j’ai 4h15. J’ai voulu mettre un peu de travail à l’usine en vidant pour faire joli et j’ai oublié de me foutre en coupure ensuite. Putain le boulet. Je n’ai plus qu’à me poser 45, j’en profite pour manger un bout.
Je me présente à Ormes à midi et demi pour un rendez-vous 12h. Il y a des camions plein la cour, ma boulette passe inaperçue. Je m’en sors bien sur le coup, mais je suis quand même mal barré, pas près de sortir de là. On glande à trois ATS, dont le traco qui vidait devant moi ce matin. On dévalise la machine à café. A 15h30 ça bouge et à 17h je sors enfin. Moi qui pensais aller boire du vin (avec la plus grande modération) à Morey St Denis, à cause de l’amplitude c’est mort. Font chier les stockeurs de la grande distrib’, d’autant plus que d’habitude ça va plutôt bien ici. Bref, mon amplitude va me faire échouer où du coup ? Pouilly en Auxois. Je ne vais quand même pas couper sur l’autoroute, j’ai une réputation à tenir. Ce sera la Barrière à Avallon. J’y suis à 20h, pile poil l’heure de la soupe. Ici aussi la téloche est allumée sur la une. Un micro-trottoir interviewe un vieux qui dit que depuis que la gauche est revenue au pouvoir ses impôts ont augmenté de 40%... Voilà le grand œuvre de TF1. Plus c’est gros, plus ça passe. Et bien sûr personne pour rectifier ou modérer, faire son boulot de journaliste quoi ! Ce genre d’âneries entre dans les consciences, et se retrouve sur les forums, y compris sur le nôtre…
Ici le petit déj est royal. Grand bol de café, pain beurre confiote’ à volonté. Le top. L’estomac plein et le cul propre je mets en route à 6h. Un peu avant 8h je suis au Carrouf’ de Dijon. Wouahh j’ai respecté le rendez-vous. Quand je veux, je peux. Vide à 9h je vais charger le pinard pour les Mousquetaires. C’est pas prêt, changement de programme, je charge une palette solitaire que je dois emmener en douane pour refaire un acquit pour l’alcool. J’ai pour mission de jouer à l’abruti, ce que je fais naturellement, histoire d’éviter des explications sur le pourquoi du comment. Sauf que le douanier, c’est pas celui du sketch de Fernand Reynaud. Il veut savoir pourquoi la date est dépassée: que ça ne marche pas comme ça faut contrôler et patati et patata. Il refile le blêm’ à son chef. Le chef qui me dit cash : mais qu’est ce qu’on se fait chier avec ces conneries ? Normalement il y a parait-il un procès de 150€. OK mais moi je viens de la charger à l’instant, nous le transporteur on n’y est pour rien. A midi moins cinq ils partent bouffer, on met un coup de tampon avec la Marianne et la date repoussée de 48h. Je vais poser c’te connerie chez nos collègues d’Epsilog, elle partira cette nuit avec la messagerie.
Je prends la direction de Besançon, je me pose un moment pour casser la graine. On apprend la mort d’Albert Jacquard. J’aimais bien écouter sa chronique sur Culture juste avant 18h. Il ne parlait pas que de génétique. Il expliquait pourquoi il était pour le sport mais contre la compétition sportive, ou pourquoi il aurait fallu supprimer les notes à l’école…avec des arguments imparables. Il avait en commun avec Ribéry d’avoir « la gueule cassée » suite à un accident de bagnole. C’est certainement leur seul point commun. Quand on pense qu’un type brillant comme ça était moins connu du grand public que Ribéry justement ou Nabila, ça nous une idée du monde dans lequel on vit…
A 14h30 je fais une ramasse à Besac’. Ce n’est pas prêt, faut attendre un peu. Les jambes sur le volant j’attaque un Sudoku. Au bout d’un moment arrive un Schenker. Il me klaxonne pour que je bouge un peu. Calme-toi la station, j’avance un peu. Il se met à quai sans rien demander. Le chef de quai sort, le fait dégager et me fait mettre à quai. Pour moi c’est prêt. L’autre il bouillait. J’ai pris tout mon temps pour ouvrir mes portes en sifflotant… Les gars si la messagerie ça vous stresse, faut faire autre chose. En un quart d’heure c’est fait, je monte vider ça à quai chez nous.
Ensuite je file chez Tillet charger pour moi. Je suis le dernier de la journée, ça file. Je fais poser deux palettes au cul par les portes, je dois les déposer dans une petite usine à 2km de là. Deux coups de fourches et je me rentre à la maison. Sans oublier de repasser par le dépôt, j’ai laissé les papiers d’un lot que j’ai chargé tout à l’heure sur le comptoir. Encore une boulette, sans conséquences heureusement, faut que la semaine se termine.
Départ de la maison un peu avant 7h. J’ai comme d’hab’ deux clients à Pont de Roide. Chez le premier je suis seul, j’ouvre les deux côtés en cinq minutes c’est fait. Je traverse la rue, le camion que j’avais vu en venant est parti entre-temps, au poil. Une quinzaine de bobines à vider, pour 8h et demi c’est fait. Pour l’instant ça marche bien mon affaire. Le dernier client est à Fontaine. Il y a du monde dont un italien qui vide des bobines en fosse. Et c’est le pontier qui vide avec le gros Fen, donc faut que j’attende. J’ouvre en attendant, je vais vite tirer un café et en revenant on vide. La première palette sort tranquille mais la seconde est côté passager. Les fourches sont trop courtes. Pas grave je passe une sangle et on tire avec le Fen. Sauf que la bobine est vraiment lourde, la sangle pète et me passe au raz de la tronche…bravo. Je déplace le camion et j’ouvre l’autre côté, c’est plus sage.
Je coupe par les petites routes, à 10h30 je suis au rendez-vous chez Waterair pile poil. Sevket n’a pas encore fini, il charge pour un autre dans mon ancienne remorque. Eh ben ! Elle a vieilli ! Le porte palette tient avec une sangle de chaque côté, les feux de gabarit que j’avais fait rajouter sur le Manitou sont cassés ou arrachés… Bon je ne porterai pas de jugement sur le chauffeur et sur les nouveaux patrons qui n’ont pas l’air inquiété par l’entretien. Ça me fait juste un peu de peine de voir « ma » semi et « mon » chariot dans cet état.
A 11h c’est enfin mon tour. Mon chargement faisait 13m ok. On m’a rajouté un escalier filtrant, donc 1m20 de plancher. Et je dois prendre impérativement des cadres qui redescendent à Damazan et deux palettes de jenesaisquoi. Oh on va se calmer ! Je glisse les cadres sous l’escalier du fond, ça c’est fait. Ensuite on dépote une palette d’accessoires, on empile des Europe sous un kit pour l’encastrer derrière un autre. Bref, la semi est pleine comme un œuf ! Tant pis pour les 2 palettes de jenesaisquoi, elles partiront le prochain coup.
A 13h30je décroche au bled. Mon gamin vient de rentrer de la fac, aujourd’hui on ne paie pas de gardienne.
Le chargement de vendredi n’était pas assez compliqué, je dois encore rajouter un jeu de palettes Europe. Je passe donc par le dépôt en début de matinée et bien sûr il tombe des seaux d’eau. Je sors deux piles d’escaliers, je fais un double plancher avec les palettes vides, je repose les escaliers par-dessus. Ça a l’air simple mais j’ai mis presque une heure en tout.
J’appelle le Titi, comme l’autre jour il descend une pelle mais à Toulouse cette fois. Je pense le rattraper du côté de Digoin selon nos calculs savants. Vers Dôle c’est Gérald qui m’appelle. Il m’explique qu’il a perdu une heure dans un bouchon entre Chalon et Montceau. Ils refont le goudron et tout le monde doit sortir au col des Baudots. Je rappelle vite le Titi, trop tard il est dans le bordel ! Et entre-temps le bouchon s’est allongé. Je sors et je coupe par un bled qui s’appelle Buxy, c’est un peu étroit mais ça passe et je retombe au Pont des Morands. Je me pose à la Total pour casser une graine et attendre mon pote. Au final Gérald a perdu une heure mais le Titi presque deux. Quand il arrive on boit un café pour calmer ses nerfs et on y va. A Montmarault il doit couper, merci le tachy à la minute. Bon, heureusement que je ne suis pas pressé. On pensait aller à Brive mais pour lui c’est cramé, ce sera Limoges. Pour moi ça ne change rien, je commence à Brive demain. Je l’ai attendu toute la journée, je ne vais pas le lâcher si près du Picon bière.
En route à 7h. Je commence au nord de Brive sur la route de Tulle. Mon gps m’emmène dans un hameau. Je ne vois pas de maison neuve, j’appelle le client. Pas de bol, fallait que je prenne la rue juste avant. J’aurais mieux fait d’appeler avant, merde. La route est en cul de sac, mais relativement large. Facile.
La suivante est de l’autre côté de Brive vers Terrasson. Je grimpe une colline abrupte, ça tourne, c’est étroit, pas cool. Je trouve la maison facilement, je dis au client que je préfère faire demi-tour de suite, ce sera plus commode pour vider. Et là c’est le drame. Cent mètres plus haut, deux maisons forment une chicane avec un chéneau qui empiète d’un côté et un muret de l’autre. Pas bon, mais alors pas bon. Impossible de reculer pour me remettre en ligne, j’essaie de faire riper la semi comme je le fais parfois avec le chariot. Sauf que je suis en début de tournée, trop lourd, ça ne lève rien. Bon je suis dans la merde. En frottant le marche- pied côté chauffeur dans le talus, centimètre par centimètre , en faisant monter les suspensions de la semi pour que les ailes passent au-dessus du muret, j’ai juste fait gratter les pneus… En haut de la colline je trouve une patte d’oie pour me retourner. Mais je fais quoi ? J’y retourne ? Ça va passer dans l’autre sens ? Et puis je suis où ? Je vais dans quelle direction ? Toutes les routes sont minuscules. Putain ça me saoule ce boulot. J’hésite. Dans ce sens je n’aurai pas le chéneau, je serai plus en ligne, faut prendre une décision. Je m’arrête avant la chicane, vais voir à pied. Et je vois mon client qui discute devant chez lui avec un type, il n’en a rien à branler de mes problèmes… Je n’ai rien cassé, c’est un miracle. Je n’avais qu’une envie c’est de balancer la piscine en vrac dans la cour, mais bon, retour au calme…déstresse. Je fais le boulot comme il doit être fait, même si ça me coute…
Casse- croute à Périgueux à l’aire du Manoire, hormis le péage de Thenon c’est le seul parking sur ce bout d’autoroute. Faut pas être chaud en heures par ici. Pour 15h je suis à Bergerac. La maison est au bord de la route, facile. Ça me change.
Après ça je vais me poser à mon parking habituel. Mon pote Lionel passe me prendre en sortant du boulot. Ce soir c’est confit, pommes sarladaises et les breuvages du coin qui vont avec…
C’est sympa la coupure à rallonge mais faut bien y retourner. Sur les coups de 10h je suis à St André de Cubzac. Patelin autrefois connu pour son BPTruckstop, rasé aujourd’hui. La maison est au bord d’une route passante, pas cool pour vider. N’y pour y habiter selon moi… La suivante n’est qu’à 13h dans un bled à côté, le gars travaille d’équipe et a demandé sa piscine après 13h. J’ai largement le temps de manger un morceau.
Le gars a demandé impérativement une livraison l’après- midi, mais il n’est pas là. C’est sa femme qui réceptionne. J’ai vaguement l’impression d’avoir attendu pour rien. Elle est sympa. On est à Bordeaux, donc il tombe des sacs d’eau. Je lui dis de se tenir à l’abri, je me débrouille. La rue est étroite, je suis garé un peu loin. Le temps de faire les allers et venues je suis trempé. Il y a dans la pelouse un genre d’algues très glissantes, les roues du chariot patinent, je ruine le gazon. Pour rassurer la cliente, je lui explique que les chenilles de la pelle ne feront pas mieux que moi…
De là je devais aller à Bazas mais le client à décaler la livraison à 18h. Je coupe au travers pour aller déposer mes Europe chez les transports Trazit à Marmande. Le cariste /mécano/chef de parc est bien sympa. Je descends mon chariot pour me vider, lui vient avec son Fen pour m’aider, nickel. Ensuite je monte à Bazas. Dans un rond-point j’hésite, une bagnole me klaxonne, la conductrice me fait signe de la suivre. Tu penses ! Une femme comme elle, n’importe quel homme normalement constitué la suivrait au bout du monde. Bon pour le coup le bout du monde est au coin de la rue. Sauf que comme un gland je m’enfile dans l’impasse en zigzag. Vas y manœuvre maintenant… Le temps de me sortir de ce faux pas la pluie redouble. Le client rentre du boulot entretemps. Des bouts de ferraille m’empêchent d’entrer dans le jardin. Il attaque à la pioche… Je vais dans mon coffre chercher une élingue, en trois coups de fourches de Moffett c’est enlevé. Le mec est bien content et moi ça me fait gagner mon temps. La suite est une formalité. Fin de journée à La Réole au Flaütat, resto connu des habitués surtout.
Café douche comme tous les matins, sur les coups de 8h je suis à Agen chez des retraités pour poser ma dernière piscine de la semaine. L’ancien m’envoie au fond du lotissement pour faire demi-tour, c’est bien étroit, je suis presque vide heureusement, mes pneus crient au secours…
Pour 10h je suis à Damazan. Ce sera un peu plus long que d’habitude, ils sont en panne d’emballages pour les escaliers ; ils sont dans ma semi. Donc on vide puis il faut transférer les escaliers balnéo des palettes en bois provisoires sur les cadres métalliques. Ça prend un peu de temps, m’enfin, les copains font au plus vite. Et ça me laisse le temps de les chambrer sur le SU Agen…
J’attaque la remontée un peu avant midi. Le Titi a promené des pelleteuses toute la semaine dans le sud, mais il est trop loin derrière moi. Je ne l’attends pas. Je dois transvaser mon chargement demain matin au dépôt dans la semi de Gérald. Le retour se fait sans encombre, faut dire que par ici le risque de bouchons est assez faible… Bergerac Périgueux Limoges c’est plutôt tranquille en général. Je me pose gentiment au Tom bar à Digoin. Ce troquet a rechangé de tôlier, maintenant c’est vraiment bien et le nombre de camions en atteste. Pourvou qué ça doure, comme disait Laetitia Bonaparte.
Décollage à 7h pour être en milieu de matinée au dépôt. Je passe laver un coup mais sans grande conviction. La météo n’annonçait pas de pluie il me semble… Arrivé à Devecey c’est comme si je n’avais rien fait, et merde. Gérald a décroché sa semi au mieux, je commence à transvaser pendant qu’il finit un tour « de ville » en bobines. Quand il revient, on finit à deux, il raccroche sa caravane, on boit un café et il file à Seppois. Je vais voir les cheftaines au bureau pour savoir à quelle sauce je vais être mangé, ça va elles sont loin d’être cruelles. Plein de gasoil plus bricolage du vendredi il est presque midi quand je vais charger pour moi.
Pour 13h30 je suis sur les hauts plateaux himalayens au- dessus de Besançon. Bon ici peu d’abominables hommes des neiges mais beaucoup de vaches montbéliardes. Je charge des panneaux de signalisation routière et il faut vider soit à la grue soit au chariot embarqué, ça tombe bien, j’ai, un chariot embarqué. C’est prêt, ça va pas mal à charger. Sur les coups de 17h30 je décroche au bled, c’est vrai ça fait un peu tard pour moi…
Je n’ai pas de consignes précises, je fais au mieux… Du coup je décolle à 4h et demi en espérant faire un client avant midi, puis le reste en suivant selon comme ça ira. Je monte par Vesoul Langres, ça fait un moment que je ne suis pas passé par la nationale Chaumont St Dizier, ça me changera un peu. A Port sur Saône je m’arrête une minute à cheval sur le trottoir devant le Crédit Agricole histoire de tirer un peu de blé, et un Mauffrey passe dans mon sens. Merde ! Il va me faire chier à se traîner, j’aurais dû retirer du pognon plus loin. Et ô miracle il tourne sur la route de Conflandey… Putain comment je me mets la pression de bon matin, tout bien réfléchi c’est ridicule. Je me surprends à avoir gardé ma veste, ça pèle et sur le plateau de Langres il y a du brouillard par endroit. L’été a pris une grosse claque dans la gueule.
Je me console sur la route de St Dizier, la nationale serpente au bord de la Marne j’aime bien ce coin. A Perthes j’ai encore la pêche tant pis pour le café, tant que ça roule je roule. Je pousse jusqu’à La Veuve. Petite sieste, petit café, petite coupure de 46 minutes et en route. Sur les coups de 11h je suis à Soissons au parc de l’équipement. D’emblée le gars me dit qu’il n’a pas de moyens pour vider… Du calme mon petit, je me débrouille. Son visage s’éclaire. Un bon quart d’heure et je file au suivant. Pas loin, à Laon. Les gars reprennent à 13h, ça me laisse juste le temps de manger un morceau. Ici aussi je mets un bon quart d’heure et je remballe les gaules. Le troisième est à côté de Cambrai dans un tout petit bled. Le service de l’équipement doit être tout petit aussi du coup, j’ai un numéro, j’appelle. Punaise j’ai eu le nez fin, le mec m’explique qu’il partait avec ses gars pour l’après- midi. Il s’organise.
Sur les coups de 15h je leur balance un paquet de longueurs dans la cour et ils referment derrière moi. Punaise ça a bien marché mon affaire jusque- là. Mon objectif était de vider 3 clients sur 5, c’est fait. Petit coup de fil au suivant vers Lens, j’explique que je peux être là vers 16h, ça roule. Ici c’est un plus compliqué, il y a plus de bazar et il faut pointer avec le bordereau. Pas facile entre les différents poteaux, supports, panneaux… Moi j’ai le bon nombre de colis…le reste…
Petit calcul de mes heures, je dois pouvoir m’approcher du dernier demain. Sauf qu’il faut traverser St Pol sur Ternoise à la mauvaise heure et en plus il y a une déviation, c’est bien le binz. La déviation me semble courte, mais j’ai perdu du temps pour traverser le bled. Du coup je me pose à Hesdin sans avoir de coupure 11h et en ayant cramé une fois 10h… !!!Bravo mon petit Pierre, trop nul !
Café et douche gratuite vu que j’ai soupé là hier soir, en route. Vers 8h je suis à mon dernier dépôt DDE. Je monte à l’étage, le chef regarde par la fenêtre et me dit : « oh, vous, vous emmenez des panneaux, ça tombe bien ce matin j’ai de la main d’œuvre. » Il m’offre un café dans leur salle de repos, on discute cinq minutes. Un des gars a un accent ch’ti, purée je ne comprends rien à ce qu’il raconte. Gros soulagement pour eux quand ils voient mon chariot, d’habitude ils se payent tout à la main. Surtout que pour eux j’ai 4 grosses palettes de panneaux et 3 fardeaux de poteaux, se péter ça à la main je pense qu’ il doit y en avoir pour un bon moment ! Habillés en fluo, ils me font la circulation. Cool. Quand c’est vide j’appelle chez nous, rien. J’en profite pour aller faire deux courses au Carrouf’ Market à côté.
En revenant j’ai un message : direction Lille. Je coupe à travers champs. Mauvaise idée, il y a des travaux et des déviations qui m’envoient sur des petites routes. J’ai l’habitude des routes étroites mais c’est con. Un peu avant midi je suis à Nieppe dans une imprimerie. Faut attendre. A chaque fois que je charge des prospectus dans les imprimeries c’est la même chanson…c’est pas prêt faut attendre. A 13h et quelques je suis à quai. 7 palettes, ça va. La suite est à Cambrai. Lille Douai Cambrai c’est tout de la bonne route, ça file. A Cambrai c’est une énorme imprimerie, et, faut attendre. Tu m’étonnes ! Nous sommes trois à attendre dehors, on finit par nous faire mettre à quai. Moi je charge 26 palettes, plus les 7 de l’autre ça fait 33, nickel de chez nickel. Mon voisin de quai vient me voir… C’est un gars de chez Buffet du 53. Il doit charger 10 palettes mais il n’a plus que 8 places… Bah t’en fais gerber 2. Interdit. Devant il a un lot de jus de fruit, les premières palettes sont en quinconce pour faire moins lourd. Bah, t’en sors quelques- unes sur le quai et tu resserres. Interdit. Putain c’est des cons ici ? Il me demande donc si je peux l’aider avec mon Moffett. Bonne pomme je lui dis :vas-y ouvre un côté. Je vais perdre un peu de temps mais on ne peut pas se plaindre du manque de solidarité entre routiers et laisser un mec dans la merde. Bon je me suis bien un peu fait chier. Bien sûr les palettes sont serrées, ce n’est pas facile de les pousser. M’enfin, on y est arrivé. Jusqu’à ce que le chef de quai sorte et hurle… Ouiiii ! C’est interdit, sécurité, patin couffin… !!! Bon j’ai fait mon métier : je l’ai envoyé chier. Mais un peu trop tôt… Si vous avez bien suivi mon histoire les palettes sont poussées mais il a un trou d’un côté, ok ? Il faut choper 2 palettes derrière pour les repasser devant. L’autre n’a jamais voulu qu’on passe par le quai, donc il a tiré le rideau et on s’est débrouillé. Quand j’ai fini je retourne voir le chef de quai qui me dit que j’ai perdu mon tour au chargement… !!! Et Pis ? Qu’est ce j’en ai à foutre ? Pas grave, j’ai rendu service à un gars, je veux bien attendre. Surpris de ma réaction, il m’a fait charger de suite. J’ai même sorti mon premier lot sur le quai pour être chargé dans l’ordre. J’attendais qu’il vienne me faire une réflexion…
A 16h30 je ressors de cette boutique. Le mec de chez Buffet m’a dit merci dix milliards de fois. Petit calcul des heures, je dois pouvoir descendre à Chaumont. Je garde l’autoroute jusqu’à Reims. Puis Châlons St Dizier. Avec 4h25 de guidon je me pose au viaduc, il est presque 21h, ça ira comme ça pour aujourd’hui.
Décollage à 6h30, j’ai rendez-vous à 8h avec des journalistes de France 3 Besançon. Sur ce coup j’ai été pistonné par un certain Phil 26… Ils viennent à ma rencontre chez mon premier client à Dijon et on doit passer la journée ensemble pour qu’ils s’imprègnent de ce magnifique métier. Donc je les retrouve devant chez un distributeur de prospectus. Je pensais connement que ça ouvrait tôt, mon cul Paul, ils attaquent à 9h. Ca nous laisse le temps de faire connaissance, de tchatcher un peu , et surtout qu’on m’explique le pourquoi du comment. Ils sont trois : un journaliste, un caméraman et une fille preneuse de son qui conduit leur bagnole quand ils sont avec moi. Derrière nous passent deux roumains dans un pauvre Scan’ jaune…voilà de la matière à discussion. A 9h je me mets à quai, en 2 fois bien sûr, autant être ridicule devant la téloche. Encore que, vu ce qu’ils connaissent de notre métier ça n’a pas dû les choquer. Ensuite nous sommes allés chez un deuxième distributeur mais à Longvic cette fois. C’est allé assez vite à vider mais le retard que j’ai pris chez le premier fait que je ne viderai pas le Vesoul avant midi.
Comme prévu je trouve porte close. Pas grave, je ferme le camion et on prend leur bagnole pour aller manger. On a pu discuter de choses et d’autres, c’était bien sympa. Ensuite on alterne au gré des livraisons, soit ils montent (en godasses, les gorets) avec moi, soit ils me filment en passant. Je passe chez Mariotte faire voir un pneu avant fatigué, on me change mes deux merdes par deux Michelin neufs…yes !!! Un dernier chargement pour aujourd’hui chez Tillet. Ça ferme à 19h je m’y présente à moins vingt- cinq. Inutile de dire que je suis le dernier et que ça ne traîne pas pour charger. J’entends la clé du bureau tourner derrière moi…un peu plus je me retrouvais à passer la nuit au guichet.
Dernière séance de torture avec la caméra, la nuit tombe, la lampe sur la caméra m’éblouit, faut en chier pour être une star de la téloche. Comme ils ont besoin de me voir finir la journée, eh bien soit, je les emmène à Beauchemin… Gros succès dans le troquet, le José qui fait le show, un mec qui dragouille la délicieuse Marie alors qu’il a l’âge d’être son grand-père, énorme ! Je vais me pieuter fort tard après avoir fait mon programme Waterair et un peu de carnet de bord. Mais franchement, ça valait le coup de dormir peu, après une journée peu ordinaire. C’était vraiment sympa, on verra le résultat…si je n’ai pas été trop nul quoi !
Réveil 5h, café, la douche me fait le plus grand bien pour tout remettre dans l’ordre. Je monte dans la pampa entre Auxerre et Gien. Pour grapiller un peu d’autoroute je sors à Avallon pour passer par Clamecy, j’aime bien me balader par là. Sauf qu’après Clamecy il y a une déviation. Bon. Pas grave je me dis. Sauf qu’il y a une seconde déviation et des interdictions…tant et si bien que je me retrouve presque à Cosne sur Loire. Ahh ben bravo ! C’était une super idée. Si j’étais sorti à Auxerre j’y serais déjà. Purée en tout j’ai perdu presque une heure, j’ai même vu le moment où j’allais devoir faire une coupure de 45. Je me pose dans la cour du client avec 4h22 de volant, ouf. J’étais annoncé pour 10h, je suis à l’heure c’est le seul point positif. Pour rattraper ma connerie je vide en coupure. Stop ! J’en vois déjà qui découpent des mots dans les journaux pour envoyer une lettre anonyme à la Dréal.
Je ne suis à Orléans qu’à midi et demi pour un rendez-vous midi, fait chier. Mais bon, finalement on me fait mettre à quai de suite. Je bouffe une salade et ça commence à bouger dans la caravane. Ça bouge ok mais par intermittence… Je ne sors de là qu’à presque 16h.Si je me magne le cul je dois pouvoir faire une 11h. A la minute près. Ça merdoie un peu à la sortie d’Orléans, un peu à Montargis. Les minutes défilent…je me pose à Avallon avec 3 minutes dans le cul. Merde et remerde.
J’ai quand même coupé 11h, en cas de contrôle je pourrai toujours me justifier. J’avais mis le réveil à 5h15 mais mon voisin m’a réveillé un peu avant, au jus. En sortant de la douche je retrouve mon collègue Carlos, on boit une paire de cafés et on y va. Sur l’autoroute je jette un œil à mes papiers, putain j’ai rendez-vous à 7h, j’étais persuadé que Quétigny c’est 7h30 ! Bon ben c’est trop tard on verra. Quand j’arrive le Valéry de chez Buffa est à quai avec son gros 6x4. Le réceptionnaire s’excuse en me disant : désolé vous avez tous les deux le même rendez-vous. J’ai fait genre : boh pas grave, moi j’étais à l’heure je veux bien attendre un peu…
Le second client est à Besançon, j’y suis pile-poil pour le rendez-vous, 10h30. Une fois vide j’appelle Pauline, je vais charger du bardage dans le Jura, à ramener à quai. J’y suis à midi et demi. Ils reprennent à 13h30, ça me laisse le temps de manger un morceau. Un de leurs chauffeurs vient me voir pour avoir des infos. Mon patron a placé un camion ici en traction, ça inquiète les chauffeurs bien sûr. Mais moi je ne suis pas le patron de chez ATS, je n’ai pas d’infos ! Je lui glisse quand même qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, les transports ATS c’est pas franchement le bagne… A la reprise je charge vite fait et je rentre au dépôt. Micka me vide , il y a une longueur de 12m. Si j’avais été seul je me serais vidé, mais vu qu’il est là autant laisser faire un habitué. Je récupère comme l’autre jour des palettes Europe qu’on doit, je fais le plein et je me rentre à vide à la maison. Elle a bien du taf pour Belfort mais besoin d’un camion lundi à Mulhouse. Et moi je ne peux pas, lundi j’ai piscines. 18h fin de mission.
Samedi une gamine avec un permis tout frais a tapé dans un poteau électrique à l’entrée du village. Je dois faire le grand tour, la route est barrée aux camions pour ne pas arracher les lignes. Avant Héricourt c’est un sanglier qui a traversé la 4 voies. Une bagnole l’a tapé puis cogné les glissières et rebondit comme pour aller au routier « chez Pierrette ». Eh bé, n’en vlà de la tôle froissée. Les gars de l’équipement tournent autour du sanglier… Mon voisin bosse à la DDE aussi, tu vas voir, quand il va arriver il va savoir s’occuper du cochon.
Pour 9h30 je suis chez Waterair. Le camion de 8h a fini, en place. Mon chargement est bien classique, pas besoin de gerber ou de dépoter des palettes, au poil. Marc arrive pour charger après moi, on va se boire un café et je file. Faut pas que je pinaille. Un client a appelé la semaine dernière pour décaler sa rénovation. Mais pour moi ça n’allait pas… on reporte, puis non, puis oui. Tous les jours, une nouvelle info. Finalement Martine m’a proposé de livrer ce soir à Mantes la Jolie. Allez va !
A midi je casse la graine pendant le jeu des 1000. Je connaissais le nom de l’ex proprio de « l’origine du monde » de Courbet. Putain j’aurais gagné au Superbanco, je me la pète grave !
A Troyes j’hésite, je passe par le bas ou le haut de Paris ? Il sera 18h, ça va être la merde d’un côté ou de l’autre. Par le haut ça coince vers Mitry Mory puis la Croix Verte puis Meulan les Mureaux à traverser. Par le bas ça va freiner sur l’A6 puis vers Vélisy jusqu’au camp de Satory puis le triangle de Rocquencourt. Après mûre réflexion, je choisis de passer par le Sud.
Après Villabé ça commence… Tout de suite je regrette mon choix. C’est pénible jusqu’aux cuvettes de Savigny, ensuite comme d’hab’ je coupe par Igny, là ça roule tout le temps. Bizarrement ça ne freine même pas devant le centre commercial de Vélisy 2, ni au triangle de Rocquencourt… La forêt de Marly est chargée mais rien d’extraordinaire, au final j’ai fait le bon choix. Qu’est- ce que c’est con cette traversée de la RP…
A 19h15 je me gare devant chez le client, enfin le client, le chieur. Je lui pose sa palette vite fait bien fait. La route est en cul de sac pour les camions, je fais un demi-tour comme je n’aime pas. Fin de journée à presque 20h à La Marmite à Limay. Le parking est blindé, je me pose le long d’un autre qui ne part pas trop tôt. On verra...