| Carnet de bord de Janvier 2014 | Partager sur Facebook |
Après avoir fêté la naissance du petit Jésus et une année nouvelle qui ne s’annonce pas meilleure que la précédente, faut retourner au boulot. L’industrie étant encore en sommeil, il n’y a que la bouffe qui marche, donc je fais un Casino histoire de reprendre le rythme. Je décolle de la maison mollement à 7h30, j’accroche ma caravane et je vais au dépôt pour faire coucou et mettre un peu de gasoil. A 9h je suis à Planoise, miracle c’est prêt, j’entre de suite. Ils sont malades ? C’est la nouvelle année, ils ont pris la résolution de charger les camions à l’heure ? Comme d’hab’ j’ai le liquide et l’épicerie, donc deux quais mais ça va plutôt bien, à 11h je m’en vais.
Ah oui j’ai oublié de le dire, mais pour ne pas changer je monte en région parisienne. Ils sont je ne sais combien de millions d’habitants, faut bien les ravitailler. Ouais, je vois tout de suite les anti-parisiens qui disent : « mais y a qu’à les laisser crever, c’est tous des supporters du PSG. » Moi je dis non, c’est déjà pas bien marrant d’habiter là, si en plus les franciliens ne peuvent pas manger à leur faim. Après pour l’histoire du PSG, pfouu, c’est déjà une souffrance terrible d’aimer le foot, je ne vais pas les accabler plus que ça.
J’ai coupé un quart d’heure le temps de faire les papiers et de passer mon câble TIR, je ne coupe donc qu’une demi-heure à la station à Troyes. J’écoute Jean Lebrun mais il m’énerve, il parle de trucs annexes à l’histoire. Chez Franck Ferrand pareil, aujourd’hui c’est sur Cocteau et Jean Marais. Je n’ai rien contre les homos du show-business, mais il y a des pans entiers de l’histoire politique et militaire que j’ignore, j’ai l’impression de louper quelque chose quoi. Bref, tout ça m’amène gentiment à Alfortville sur les coups de 16h30. Je suis chargé pour deux magasins de Paris intramuros, mais ça se vide chez Perrenot qui relivre en porteurs. Je fais une fois la rue, pas de dépôt Jacky. Merde. Au bout je ne peux pas faire demi-tour, il y a des bagnoles, me vlà’ parti dans un bled, Choisy le Roi il me semble… Je trouve un rond-point mais loin, je reviens sur mes pas… Je roule doucement en me disant que j’ai mal vu. Mon cul Paul, pas de Jacky. C’est quoi cte’ embrouille ? Je m’arrête pour demander chez Mory, et miracle, c’est là. Les Perrenot squattent des quais derrière le bâtiment, si tu ne le sais pas… ! C’est sûr JP, c’est un petit transporteur qui n’a pas les moyens de s’offrir une pancarte à son nom. C’est un peu long à vider, ils transvasent directement dans les petits camions, faut le temps de les mettre à quai m’enfin je ne suis pas pressé je ne recharge qu’à 20h.
La sortie de Paris par l’A4 est bien un peu chargée mais rien de méchant, juste les connards qui font freiner tout le monde en remontant la file par la droite pour s’insérer à la dernière seconde, l’incivisme classique. Ensuite sur l’A104 ça roule jusqu’à Mitry Mory, du coup je me présente à Crépy en Valois à 19h50. Et là, remiracle, j’entre de suite. Le dernier coup je n’avais même pas chargé le jour même. Là, incroyable, à 20h50 je sors avec mes 33 palettes dans la cabane ! Sans convictions je vais voir au resto au bout de la zone, mais c’est bien sûr fermé. Je reste donc sur le parking avec mes congénères routiers. Bouffer au camion le soir, tout ce que je déteste. J’espère que je m’en remettrai…
Mal dormi. Hier soir je n’ai pas fait gaffe je me suis garé à côté des conteneurs à poubelles. A 3h les éboueurs se sont garés le long de mon pare-brise, j’adore la douce musique du 6 cylindres Saviem. A 6h ma coupure est finie, en route. Première pause à Perthes, ce n’est plus Edwige qui fait les cafés le matin…nostalgie. Café douche et 45 plus tard je redécolle. J’appelle l’exploitation pour savoir si la bagnole est libre. Avec ce chargement je préfère laisser le camion au dépôt. Chez moi ce n’est pas Chicago, la cam’ n’a pas grande valeur mais vaut mieux ne pas tenter le diable. J’ai l’esprit plus tranquille quand j’ai mes piscines dans la remorque.
Vers Longeau je freine pour regarder les travaux de suppression du passage à niveau. La question est : comment font ils pour faire un pont sous la voie, sans dévier les trains et sans couper leur circulation ? Purée, je m’en pose des questions existentielles…
A midi et demi je balance mon sac dans le Cubo Gordini AMG et vive le weekend.
Il y a un peu de givre sur le pare- brise de la bagnole, je gratouille pendant que ça chauffe. Bizarrement au dépôt ce n’est pas gelé, ça tombe bien j’avais oublié de programmer le chauffage. Je quitte à regrets la bagnole chaude pour le camion qui caille. Je roule à peine de quoi réchauffer la cabine, à 6h pétantes je suis chez U à St Vit, punaise trop fort j’ai su compter les heures de Devecey à St Vit. A cette heure-là il n’y a pas grand monde, la fille contrôle au fur et à mesure que je sors les palettes sur le quai. Pendant qu’elle me finit, si je puis dire, je vais me jeter un café et une viennoiserie merdique au distributeur.
Je savais depuis vendredi que je dois faire une ramasse à Besac’ pour ramener au dépôt, en bon petit gars discipliné, je fais ça. Sur le quai je vois des palettes pour Orkoyen, c’est-à-dire Pampelune, et du Madrid. A quai devant ces palettes il y a un Waberer’s… Moi ma ramasse c’est pour Laon, tout de suite ça me parle moins… Je me régale à regarder un MGE en pulvé qui manœuvre, une fois deux fois, ça va pas. Il fait un demi-tour sur place dans la cour pour revenir à contre-main… Du grand spectacle. Et par ci par là j’entends qu’on critique les mecs des pays de l’Est qui ne savent pas manœuvrer, certains français non plus !
Sur les coups de 9h je vide ma ramasse, je « vide » ma carte et je descends à la papèterie au bord du Doubs. Il y a deux camions devant moi, un lithuanien et un mec du 68. Je leur dis bonjour en passant devant, pas de réponse…pas grave. Au guichet des expé’ le mec me dit de me mettre à quai de suite, pour les deux autres ce n’est pas prêt. Je jette un coup d’œil discret aux CMR vierges sur le comptoir, un CMR lithuanien et l’autre c’est Coquelle Bulgaria. Bienvenue en 2014 ! Du coup je comprends mieux pourquoi « l’alsacien » ne m’a pas répondu. En deux coups de cuillère à pot, j’ai 11 bobines et 29t300 dans la caravane. Pauline m’avait demandé de la prévenir s’il restait un peu de place, là c’est mort la dernière bobine vient aux portes. Il est 11h et pour le reste de la journée je n’ai plus qu’à me balader en camion, le pied.
Je traverse Dijon du temps de midi, c’est mieux. La rocade nord n’est toujours pas ouverte alors que les travaux semblent finis, font chier. Je suis peu client des feux à répétition en étant chargé lourd. Je mange à l’espagnol (faute d’y aller) juste avant 15h. En coupant si tard, si ça veut rigoler je dois pouvoir monter jusqu’à Brou en moins de 9h de volant et en casant une coupure d’11h. C’était sans compter sur le rond- point du garage Volvo à Ormes, ou peut-être Saran peu importe, puis un bled de merde avant Châteaudun avec un feu pénible. Du coup j’arrive à Brou avec 13h30 d’amplitude et plus chiant : 9h07 de volant. J’ai tout faux quoi ! Fallait faire quoi ? M’arrêter dans la pampa entre Châteaudun et Brou ? Il n’y a pas de parking correct quoi qu’il en soit. On ne peut pas gagner à tous les coups.
Normalement le bistro est fermé le matin, mais on est trois chauffeurs à avoir négocié hier soir, le patron a bien voulu ouvrir. Je peux démarrer frais et caféiné. En remontant dans le camion je vois un Oberson passer, je pense que c’est celui qui a chargé après hier après moi. Merde, j’aurai déjà au moins un camion devant moi. Vingt bornes plus loin je le vois en coupure au bord de la route. Bien. A la papèterie à Mortagne au Perche il y a juste un camion devant moi et il a déjà vidé une bonne moitié. 11 bobines c’est 11 coups de pinces, ça va très vite à vider. Seul truc c’est que les bobines sont chargées en quinconce je dois ouvrir les deux côtés, rien de méchant en plus il ne pleut pas. Quand je referme le gars de chez Oberson arrive, finalement à un quart d’heure près…il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.
J’ai reçu mon programme de rechargement hier après-m’, je prends la direction d’Alençon. Je m’inquiète un peu pour le gasoil, je ne connais pas super bien le coin, mais je ne vois pas trop d’AS24 par ici. Ça va être super chaud pour redescendre à Orléans. Bon on verra. Ma première ramasse est donc à Alençon, 10 palettes d’injection plastique, c’est dispo, c’est léger, c’est bien. Cette histoire de gasoil me tracasse franchement, hier je n’ai pas fait le complément au dépôt, chargé lourd sur les petites routes j’ai cramé le plein. Une lueur dans mon cerveau malade ; j’ouvre le bouquin AS24…il y en a une vers Sées à 15km. C’est à l’opposé de ma route mais vu l’heure je serai à ma seconde ramasse vers midi dix, donc c’est mort pour ce matin. Me vlà parti à Sées, surprise, l’AS24 n’existe plus ! Putain les dieux du transport sont contre moi. J’ai fait le crochet pour rien. Je vais faire demi -tour au premier rond-point et en revenant je vois une pancarte sur le côté : nouvelle station à l’échangeur gnin gnin gnin de Sées. Re demi-tour, encore 6 ou 7 km à l’envers pour enfin trouver du pétrole, pour le coup c’est vraiment l’or noir !
Pour 13h je suis à Nogent le Grotrou. Ils reprennent à 13h30, ça me laisse le temps de grignoter. Encore un lot de 10 palettes en vitesse. Le dernier lot est au Theil, non pas au bord du Rhône mais au bord de rien dans le 61. Là aussi c’est prêt, 12 palettes vite fait. Donc si je fais le point 10+10+12 ça fait 32 palettes, ça suffit pour mon petit camion. J’appelle mon client de demain matin à Lons le Saunier, c’est impératif 7h30. Ça va être fin j’essaie de négocier, macache walou, ils ont un engin à 7h30 ensuite il part sur un chantier. Le GPS me dit 22h30, plus 9h de coupure, ça fait pile poil… Sauf que je dois recouper 30 là le long. Je joue au plus fin, en évitant l’autoroute et en passant par Orléans Montargis je grapille quelques minutes alors que l’électronique voulait que je passe par A11, francilienne, A6. Pas de bordel à Orléans, c’est bon pour moi. Ça marche tellement bien que je m’offre le luxe de sortir à Avallon pour aller souper chez la suisse. Ce qui entre parenthèses est une connerie puisque les habitantes de la Suisse ne sont pas des suisses mais des suissesses.
A 5h pétantes je suis au bistro, café douche, 9h de coupure ric rac, en route. A 7h et demi je suis sur le parc du client. Effectivement il ne m’a pas raconté de conneries, il me vide avec un Bobcat. Il finit de charger un camion, enlève le godet, met des fourches et me vide. Une fois vide il remet le godet et monte le Bobcat sur une remorque. M’en fous de speeder, quand c’est pour de bonnes raisons… De là je vais au bled à côté, à Courlaoux. Je dois vider chez JT Log, ça ne me dit rien… Je cherche un peu et l’illumination ! JT c’est Jura Transports, putain chuis con ! Bon ça n’existe plus bien sûr, c’est Perrenot. Je n’ai rendez-vous qu’à 10h, j’y vais sur la pointe des pieds, c’est bon on vide. Ils sont bien sympas là- dedans d’ailleurs. Il est 9h et j’ai déjà vidé deux lots.
Le dernier lot est pour U à St Vit mais là pas de miracles, j’ai rendez-vous à 13h, faut attendre. Bon si ça merde je pourrai couper 3h pour faire une 11…à moins que je foute 3h de carré barré à mon patron… Ben quoi ? Un peu avant 13hc’est la relève de la garde, un peu comme à Westminster avec les bonnets à poil en moins. On me met à quai de suite, finalement je n’ai même pas deux heures de coupure. Je n’ai que des palettes hétérogènes comme ils disent, du coup ça va vite à contrôler. Je remonte au dépôt, en m’arrêtant dans les rouleaux chez Jeantet. Mes jantes ne sont plus grises mais noires, la honte. Au dépôt je fais le plein et je charge 10m de plancher, puis je vais compléter avec quelques bobines de ferraille histoire de soigner ma conso’ de gasoil… Cette semaine je n’ose même pas compter ça va être terrible. Pour parler d’autre chose : aux infos on nous apprend que l’idiote au tchador a été condamnée par la justice. Ce que j’adore c’est qu’elle s’appelle Cassandra. Ce sont les pires acharnés ces convertis. Des gamins de Strasbourg sont partis faire le jihad en Syrie. Où est ce que la République a merdé ? Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ces pauvres gens se raccrochent à des âneries d’un corps céleste omniscient qui nous dirigerait en imposant de bouffer ça ou pas ça, de serpent qui parle, de buisson ardent, de l’autre qui marche sur l’eau… C’est navrant. D’un autre côté on apprend que le Sénat refuse de lever l’immunité de Dassault. C’est là qu’elle merde la République ! Ce sont les mêmes qui vont se lamenter de la montée des nazillons de Marine. Nous aussi désignons des Ayatollahs de la République et de la laïcité, des Robespierre mais en plus teigneux. Je veux bien être le procureur, le glaive vengeur, le bras séculier. Que ça saigne !
Enfin bref, je termine la journée à Pont d’Ain au Mas Pommier. On sait tous que le Soleil va tourner autour de la Terre et que demain matin il fera jour…
Punaise j’ai oublié mon gel douche hier chez la suisse…sse. J’ai pas l’air con, à poil dans la douche, bon ben, va pour une douche à l’eau claire. Je démarre de bonne heure, histoire de passer Lyon avant le rush. A 8h et des bananes je suis à La Roche de Glun, je n’aime pas ce coin, coincé entre le Rhône et la voie ferrée ce n’est pas facile d’accès. Mais finalement non, mon client est dans une zone où il y a les transports Almeida et Transalliance, facile quoi. J’ouvre les deux côtés, en cinq minutes je suis allégé de 9t sur le cul. Mes pneus respirent. J’ai un peu de temps devant moi je n’ai rendez-vous à Loriol qu’à 10h. Donc je m’arrête à l’Inter me racheter un gel douche et un bout de pain pour midi.
Gros changement chez ITM Loriol, avant il fallait écouter le haut-parleur donc hors de question de faire une sieste les pieds sur le volant, désormais on nous donne un bip comme partout ailleurs. Sauf que le bip a du mal à sonner, on ne m’appelle qu’à presque 11h, soit quasi une heure de retard. L’autre fois le contrôleur ne m’a pas décroché deux mots, aujourd’hui il me parle comme si on avait fait le réveillon ensemble…bizarre ce type. Il me contrôle au fur et à mesure, du coup avant midi je ressors avec mes Europe vides. Je prends la direction de Lyon. Au pied du Grand Bœuf je me fais déposer par un Premium à la régule patalacciesque, c’est mon ami Razeau qui se permet de m’humilier. Il file comme le vent, il est midi et demi, pas l’heure de boire le café. J’ai appelé le gars du chantier où je recharge pendant l’attente, je viens quand je veux. J’avale mon bout de pain en vitesse et je le rappelle, le chantier est au Péage de Roussillon au niveau du radar automatique dans la descente sur l’autoroute, pour ceux qui connaissent. Mais dans le bled bien sûr. Alors pour y aller… Boah finalement ça va, on a connu pire en piscines. Je charge le matos de fin de chantier et je monte à Chambéry pour le même truc. Je passe par la route des convois Vienne-L’isle d’Abeau, c’est mon coin en ce moment. Je m’arrange pour charger en 30 minutes, c’est le temps de coupure qu’il me restait à faire, ça tombe bien.
Rapide calcul de mes heures, je n’ai pas fait de 11h encore cette semaine, c’est ce soir ou jamais. Je pense pouvoir retourner au Mas Pommier. Le temps de manœuvrer, le Transics me dit : 13h02 d’amplitude. Caramba, encore loupé ! Je suis un délinquant pour 28 jours.
Par hasard j’ai la même douche qu’hier, la numéro deux, mais ce matin j’ai du savon. C’est mieux. Essayez, je vous le conseille. Je passe au dépôt pour déposer mon chariot en passant je n’en ai plus besoin, en plus il pleuvote autant éviter les miracles. Pour 10h je suis à Vesoul on vide, normal. Je reçois le message de mon rechargement, j’ai deux enlèvements : un bled vers chez moi et Besançon. Je fais marcher mon pauvre cerveau une seconde et j’appelle Pauline. Si j’inverse, je vais d’abord à Besac’ puis l’autre, ça me permet de garder le camion à la maison et ça ne change rien en termes de km. En plus je serai chargé dans le « bon sens », le premier lot à vider aux portes. C’est ok.
Je passe au dépôt pour poser mes Europe vides et faire le plein. A midi et quelque je suis chez Tillet. Il y a un camion dans le sas, j’en profite pour manger un bout. Je fais serrer au maximum, je dois garder 3m50 de plancher. Au final j’ai 3m70, nickel.
Une heure plus tard je suis dans un patelin à 5km de chez moi. Je ne voyais pas d’usine dans ce bled, effectivement c’est une entreprise de travaux agricoles. Finalement je connais le gars, c’est le paysan qui vient faucher le champ derrière chez moi. Il me charge une saleuse. Avec le recul des services publics ce sont les paysans qui font le chasse-neige. Sauf que la machine fait 4m… Moi qui étais content avec mes 3m70. Un truc qui devait me prendre 5 minutes se transforme en épopée. En mettant la saleuse un peu en travers, sans translateur sur le Maniscopic bien sûr, on y arrive quand même. C’est ça le transport mon gars, on n’a jamais les bonnes infos. Deux sangles histoire de ne pas la paumer sur la route et je descends la colline. 16h je décroche à la maison, juste pour l’heure du goûter.
Puisque qu’aujourd’hui j’ai pour mission d’explorer le vaste monde, je me lève de bonne heure. Comme tous les grands explorateurs, j’ai un vaisseau…bavarois pour le tracteur et bourguignonne pour la semi. Ce matin le vaste monde commence à Bourgoin, c’est vachement exotique. Premier arrêt à Villemotier pour un café et un pain aux raisins. A10h30 je suis chez un concessionnaire de matériel de déneigement. Bien placé, au pied des Alpes, mieux là qu’à Sète ou Papeete. Ils ont un gros Fen à fourches écartées, en 5 minutes la saleuse est parterre.
De là je vais dans la banlieue de Chambéry à Barby. Non la dame à l’accueil de l’usine ne ressemble pas à la poupée pétasse, et le cariste ne ressemble pas à Ken. J’aurais pu faire une blague sur Barby - Klaus, mais l’actualité est assez lourde avec ça, passons. Je me présente à 11h et demi, et je m’en doutais, le mec est en pause. Jusqu’à quelle heure ? 13h30 ! Putain il a le temps de manger digérer et faire une sieste. Bon ben je vais en faire autant. Du temps de midi le temps vire à la pluie. Le gars me fait entrer à 13h15, nickel, mais il tombe des cordes. Son chariot a des fourches courtes, il me faut ouvrir les deux côtés. A 14h les bobines sont passées de ma semi à l’atelier. Pendant que je referme j’entends un gros boum, l’autre cariste a voulu monter ou descendre un outil du palettier, il a démonté le rack… Pas comme la cata qu’on voit en vidéo sur le net heureusement. Un attroupement se fait pour admirer le grabuge, mes papiers sont signés je me casse. J’ai mon retour depuis vendredi, je prends la direction de Grenoble.
J’y suis dans l’heure, je ne m’en souvenais plus mais j’ai déjà chargé ici il y a quelques temps. En à peine une heure je suis chargé jusqu’aux portes, au poil. Rapide calcul de mes heures, j’ai le temps de faire une 11h. A 17h30 je suis au Chaffard, c’est tôt, c’est con, mais c’est la loi.
Je ne vais pas merder toutes les semaines, là j’ai une coupure de 11h légale, en route. Comme hier premier arrêt à Villemotier sauf que je ne sors pas de la maison donc je fais couler de l’eau chaude sur mon petit corps. A 9h je suis chez Peugeot Vesoul, pas trop de monde, je suis à l’heure, tout bien. Retour au dépôt pour compléter mon plein, je ne l’ai pas fait la semaine passée et j’ai erré tel David Vincent à la recherche des envahisseurs sur une route déserte, moi à la recherche d’une station…
A midi et demi je suis chez Jeantet à Besançon. En fait c’est une ancienne agence Buffa, donc je ne suis pas en terre inconnue. Il est trop tard pour charger, le moniteur et le mécano vont manger en ville, ils me proposent de m’emmener. Bah non, je voulais manger une connerie tout seul dans ma cabine… Nan, je déconne, on y va.
A 14h on charge, 66 palettes de chocolat pour les gosses d’une grande marque suisse. Je m’en vais avec Gros Quick dans la semi, j’allume les feux, tchouff, j’entends le fusible cramer dans la boîte… Je m’arrête, j’en remets un…il recrame aussi sec… Ah ? Je dirais que j’ai une merde dans les feux… Je me mets devant l’atelier et on cherche la panne. En fait j’ai juste une ampoule grillée dans un feu de gabarit ce qui fout un court-circuit, bizarre. Alors que ça marchait en montant mais bon c’est comme ça les pannes. Finalement je n’ai pas perdu trop de temps. De toutes façons je me voyais mal rouler sans feux, surtout à cette saison.
Je descends de la montagne par Levier Dôle, la traversée de Dijon est normale c’est-à-dire pénible à 17h30. J’espérais rouler jusqu’à Courtenay, mais j’ai rêvé… J’ai reçu le message de mes ramasses pour demain, coupure à la Barrière à Avallon, ça devrait aller.
Il est courageux le portugais, 4h30 c’est ouvert, le pain grillé est sur la table. Je déjeune en vitesse, une douche, en route à 5h. Pour 8h je suis chez Faure et Machet à Fontenay Trésigny. C’est bien le 77, c’est à l’Est de Paris et en venant du Sud on n’a pas à se casser la tête avec le risque de bouchons. Je suis à l’heure mais le chiourme me donne un bip, humm pas bon. Le zinzin ne sonne qu’à 9h, font chier. Cela dit j’ai une coupure faite, je pourrai aller recharger directement. Dans certaines plates-formes les chauffeurs sont interdits sur le quai, alors que là c’est obligatoire. Moi je préfère, on peut surveiller que le cariste ne bousille pas un poteau ou autre.
A 10h je prends la direction d’Orléans. Le petit bout de francilienne jusqu’à Brétigny sur Orge passe tranquille à cette heure. Ça me saoule de prendre l’autoroute à Artenay, je fais semblant d’aller chez MAN à Cercottes. Je reste sur la N20. En passant devant je me souviens que le garage MAN n’est plus là. Soit il a déménagé, soit les MAN ne tombent plus en panne… Faudra que je trouve une autre excuse pour franchir l’interdiction la prochaine fois en cas de contrôle. J’arrive dans une usine de boulonnerie du temps de midi, ça me laisse le temps de manger un bout avant la reprise. On charge 4 palettes bien lourdes, c’est bon pour la tenue de route. Ensuite je vais à Saran chargé du Carrouf’, comme d’hab’. J’ai rendez-vous à 14h, j’y suis à moins le quart. On me donne un quai de suite. Le temps de remplir mes réceps’ je sens que ça bouge dans la remorque. Vingt dieux, ils sont malades ? Ceci dit il n’y a que quelques camions dans la cour. J’imagine que tous les gens ont claqué leur pognon pour les fêtes et qu’on laisse passer le mois de Janvier pour se refaire la cerise.
Bref, à 15h je me sauve. C’était l’heure de départ la plus favorable que je m’étais fixée. Nickel, il me reste 3h à rouler et 3h d’amplitude. Ah non mais ! On ne peut pas être mauvais toutes les semaines. A 18h je suis de retour à la Barrière, et j’ai de nouveau une 11h, trop bien.
Entre la porte des chiottes et celle de la douche un mec m’interpelle : « c’est toi que j’ai vu à la télé ? J’ai reconnu ton camion. » Si j’étais devenu narcissique, ce genre de scène aux chiottes me ferait redescendre sur terre… A 6h je mets en route et à 9h pétantes je suis à Carrouf’ Valentin. Le boulevard de Besac’ est dégagé à cette heure, je fais le deuxième dans la foulée. C’est du boulot rôdé, ils prennent à l’heure, même si c’est pas franchement funny comme trafic. Je me repaye le boulevard dans l’autre sens et je monte à Gray chez John Deere pour poser les boulons. J’y suis à midi pile. Ils arrêtent de 11h45 à 13h15, mais la fille me fait mettre à quai de suite, ils attendent dessus. Ça me plait.
J’ai une ramasse chez nos collègues des transports Bergelin à côté. La cour est déserte, je mange un morceau en attendant. A une heure un gars arrive et me charge. De là je coupe au travers de ce si joli département qu’est la Haute Saône pour aller à Rioz. Là je ramasse une paire de palettes à ramener au dépôt. Je recharge quelques palettes pour chez Jeantet, une fois vide je vais rerecharger chez Tillet. Je vais rererevider au dépôt…pfouuu j’en ai plein les bottes de monter et descendre du camion ! En plus comme il fallait passer les bobines à quai j’ai dû les charger au tire-pal. Pousser les palettes de ferraille au tire-pal manuel à fond de la semi, ça brule dans les cuisses !
Rerepassage au dépôt, je vide et on recharge un complet de palettes EUR vides pour Dijon. C’est bien, ça me fait un mini tour pour finir la semaine. Je me pose à Beauchemin avec mine de rien presque 9h de volant.
Je trouve le temps long, je n’ai plus sommeil, j’attrape le téléphone, putain 7h32 ! Purée hier soir j’ai bien réglé l’heure mais je n’ai pas validé, le boulet ! Pas trop le temps de tchatcher avec Sandrine j’avale un café, un giga pain aux raisins (faut pas déconner) une douche vitesse grand V et je file. En plus je dois passer chez un transporteur comme il me reste un chouilla de place, je dois récupérer des Europe qu’un collègue a abandonnées. A9h et demi je suis au chargement, putain pile poil. Je charge le voyage qui fait rêver, Dijon-Dôle, 50km. En plus c’est même pas Dôle, c’est Rochefort sur Nenon, c’est encore plus loin ! Ou plus près de Besançon, ça dépend comme on se place. Bref, j’y suis à midi, j’ai le temps de manger un morceau avant qu’on m’appelle. On vide, le gars contrôle, je reprends les EUR et retour Besac’. Je passe au lavage, personne sur la piste, j’ai le temps de soigner un peu. C’est Gérald qui me déloge.
Retour au dépôt. Je prépare mon petit bazar, lundi je reprends mon abonnement piscines. 18h je décroche au bled, bon weekend à tous.
Reprise des bonnes habitudes, je décolle de la maison à 9h et demi. Je sais ça fait tôt, mais quand on est motivé on ne recule devant aucun sacrifice. Il tombe un petit crachin, à Héricourt mon petit camion tout propre est dégueulasse. 50 minutes plus tard je suis chez Waterair. Michel a fini, son camion est fermé mais je sais où il est, à la machine à café avec Fabrice. Grand prince je paie ma tournée. Je passe au bureau faire coucou et récupérer la liste de chargement dans mon casier. J’y trouve diverses notes de service mais bien plus important, une recette de macarons aux amandes…
Au chargement j’ai des spectateurs, deux gamins de troisième qui font le stage : découverte des derniers français au boulot… C’est un peu la visite au zoo de Mulhouse, derrière les grilles on préserve une espèce rare : des salariés français dans une usine française. Vu qu’il est interdit de jeter de la nourriture aux animaux, je repasse par la maison. J’y suis à 13h, mon gamin n’a pas cours aujourd’hui, on mange ensemble, ça tombe bien.
Quand j’ai fini de faire le papa poule je remets en route. Je commence demain dans le 77, no stress, je monte tranquillement par la 19. Je ne passe plus trop par là, ça me change, c’est sympa. En 4h28 je suis à Sourdun, nickel. Il y a 4 lundis donc 28 jours, pour les besoins du boulot Pauline m’avait fait dépasser l’amplitude : 8h30 de coupure sur 24h. Je ne suis plus verbalisable. Cet après-midi j’y étais, demain je n’y suis plus. Cette loi est quand même d’une connerie sans nom.
A 8h et quelques le jour se lève, je me gare à l’entrée d’un lotissement neuf à Roissy en Brie. J’ai bien fait de laisser le camion, les rues sont étroites et il y a des bagnoles dans tous les coins. Le garage est double, facile pour tout ranger. Ensuite je vais dans un bled vers Montereau. C’est hyper étroit, je passe devant la maison du client, je préfère aller faire demi-tour en premier… Donc je continue, tout droit, impossible de tourner. Merde. Je me retrouve sur une petite route…le goudron s’arrête…remplacé par du tout-venant. Remerde. Puis un pont à 3t5. Pas le choix, en avant. Après un bon kilomètre le chemin se finit par un T. Nickel. Je me retourne. Sauf qu’il y a des branches basses, je déchire mon toit à deux endroits et en arrachant deux rivets…Putain ! Nouveau passage du petit pont. Et je me gare enfin chez le client. Le terrain est grand, je dépose la piscine sous un appentis, fastoche. Quand on a fini, je vais me chercher un bout de pain à la boul’ deux rues à côté. J’ai le temps de regarder comme il faut, je n’avais pas d’autre choix pour faire demi-tour mais ça m’emmerde quand même d’accrocher.
Je mange un morceau et j’appelle chez nous pour prévenir et prendre rendez-vous pour réparer. A 13h je fais une rénovation à Monterau dans une avenue. Pour y accéder il faut passer une rue interdite aux 3t5, c’est la journée. Pareil pour repartir …eh allez ! Point positif, il fait moche mais je n’ai pas pris la pluie. A partir de maintenant je n’ai plus qu’à rouler, m’en fous de la pluie j’ai des essuies glace qui fonctionnent.
Je prends la direction de Lorient. La francilienne passe tranquille à cette heure-là. J’ai le temps je sors de l’autoroute à Chartres. Miracle je trouve un bistrot ouvert l’après-midi là le long pour boire un café. Au Mans je passe par le bas. Mauvaise idée la rocade se termine à l’autoroute. Bon je n’aurai payé que sur 7km, ça m’apprendra à rouler de mémoire sans ouvrir une carte. Alors que j’aurais dû prendre la rocade nord. Pas grave. Je termine mon périple au relais de Niafles, à Laval quoi, comme chacun sait… Très bonne adresse.
J’ai déjeuné gratuit ce matin. Disons que je n’ai pas sorti mon porte-monnaie. J’ai payé hier soir la formule soir-matin et j’ai donc eu la douche gratuite, énorme économie en temps de crise…
Chez Pat Co’ c’est la patronne de GE France qui est invitée. Elle nous sort la litanie habituelle : ce sont les charges qui tuent la France… Elle fait une démonstration, brillante, faut reconnaitre, sur ce que coute un salarié français. Comme on est sur une radio sérieuse, un journaliste lui apporte la contradiction, normal. Que pensez-vous du fait que dans le PIB les revenus du travail ne cessent de baisser au profit des revenus du capital ? Gros blanc à l’antenne… Rien n’est simple. Et McDo qui détourne des fortunes au fisc pour les cacher au Luxembourg et en Suisse ? Rien n’est simple. En clair, on demande aux français de faire des efforts, bien, mais le fruit de ces efforts il va dans quelle poche?
A 10h j’entre dans Lorient. Les panneaux indiquent « hôtel de ville, CAF » c’est le centre- ville, pas bon. Le commercial a coché la case : rue étroite. Oui, je confirme. C’est tellement étroit que je ne peux pas tourner d’ailleurs… Je continue tout droit, pas le choix. J’arrive à faire le tour du pâté de maisons en gros. Je me gare à l’arrache devant un square, en bloquant 5 ou 6 bagnoles, et je vais voir à pied. Je trouve la baraque, une maison de ville mitoyenne des deux côtés avec un jardinet derrière. J’explique mon problème d’accès et de stationnement au client qui comment dire… ? n’en a rien à branler ! Je retourne au camion. Ma foi puisqu’il s’en tamponne, je me casse. Je sors de l’hyper centre-ville, je m’apprête à prévenir Waterair quand je vois un semblant de parking. C’est un terrain vague d’un bâtiment qui a dû être démoli, le stationnement est interdit mais je déplace une barrière et hop ! Parking. Le GPS me donne moins d’un kilomètre de la maison. Bon allez, je fais comme ça. Premier voyage le kit, deuxième les margelles et la pompe à chaleur, troisième l’escalier. Il me faut passer dans un dédale de ruelles, en prendre une ou deux en sens interdit…le vrai truc de merde. Ce qui me navre c’est que je m’enquiquine pour un mec qui s’en fout. Maintenant si je ramène la piscine c’est moi qui vais être emmerdé pour recharger… Je finis à midi pile, deux heures que je suis là !
Je finis mes 4h30 de volant sur la route de Nantes et je mange un morceau. Juste après 16h je suis dans un patelin au Nord d’Angers. Je suis mal garé, les roues sur le trottoir de la rue principale mais c’est bien moins galère que ce matin. Facile même. Il ne me reste dans la semi que les deux piscines avec un impératif jeudi en Touraine. Je finis donc mes heures, 9h pile poil, au centre routier de Tours Nord à 6km de mon client demain. Trop bien.
Sans trop me forcer j’arrive à être chez mon client à 8h. Je le réveille. Pendant qu’il reprend ses esprits je débâche. Sympa, quand on a fini il m’offre un café. Ensuite je vais Loches à Montrésor, magnifique village avec un château et des maisons troglodytes. Je m’enquille dans le début d’une rue interdite aux 3t5, visiblement ça n’ira pas, pas de place pour me garer. Mon client a vu la manœuvre et vient à ma rencontre. C’est là que se pointe un vieux qui commence à m’engueuler. J’ouvre ma fenêtre et je fais mon métier, je l’envoie chier. Le client et son pote attrape l’ancien par le bras et l’emmène plus loin…je n’ai pas eu le réflexe de faire une vidéo mais c’était marrant. Le copain du client monte en camion avec moi pour faire le tour du bled et il me dit : « mon pote et moi on habite ici depuis toujours, on le connait pas ce type. Qu’est- ce qu’il vient nous faire chier ? » J’aime bien comme on traite les emmerdeurs par ici. Les rues du pays sont étroites, il faut mettre une roue du chariot sur le trottoir. Comme à Lorient je passe l’escalier au-dessus des voitures. Il n’y a pas d’accès à la cour, il faut tout dépoter mais il y a du monde. Quand on a fini il est midi le client paie le jaune à tout le monde. Moi je prends un café, pas pour faire le mec sérieux mais je déteste le Ricard.
Je remonte au camion, mauvaise nouvelle, pas de rechargement pour le moment. Merde ! Je mange un morceau sur place, je n’ai pas de direction à prendre. J’avais rendez-vous demain chez Man pour la vidange et pour faire réparer mon toit chez le carrossier, j’ai comme dans l’idée que c’est mort…A 14h30 ça tombe, j’ai une ramasse vers Tours pour Beauvais dans le 60, ma vidange à Besançon, j’oublie. En chemin la suite tombe. Je charge 3m de plancher, des palettes de tôles inox, à Tours en vitesse puis je monte à Blois chez les transports Phone Express. Je charge des cercueils vides, il parait que c’est pour passer des câbles… Bon.
Je combine, recombine, rerecombine mes heures, je fais quoi ? Je vais au plus loin pour revenir sur mes pas demain ? Je fais en suivant, on verra. Du coup à 21h je me pose au Blanc-Mesnil sur la N2. Il y a un resto routier, je ne suis pas trop mal garé et je suis à 2km de Drancy pour demain.
A 8h pétantes je m’enfile dans une ruelle derrière la gare. L’agent SNCF que j’ai appelé hier m’a donné l’adresse. Street view ne me montrait rien de bon… Finalement faut juste ne pas avoir peur, ça passe, une ruelle puis sous un pont et on tombe sur une horrible friche. Des anciens bâtiments de l’époque glorieuse du chemin de fer, Henri Vincenot doit se retourner dans sa tombe. Tout est bousillé, tagué, à rendre malade un amoureux des trains. Je fais trois services dans des bungalows avant de trouver le bon, les voies, les caténaires, et enfin le câblage. Les cercueils sont en fait d’énormes boîtes de dérivation vides comme on a dans nos murs à la maison mais en un peu plus gros… En un quart d’heure c’est parterre. J’ai une pensée pour les chauffeurs qui d’habitude doivent vider au tire-pal +hayon, déjà avec le chariot j’en ai chié dans les nids de poule !
La gare suivante est tout en haut du 60 vers Amiens Poix de Picardie. J’appelle le gars, il a un fort accent de la Picôrdie. La sortie de Paris est tranquille entre 8h30 et 9h, en face c’est pas la même chanson… Je tourne et retourne le problème, il faut que je sois vide à midi, pas le choix. Je change d’avis je vais d’abord vider les tôles à Beauvais. C’est une petite boutique, on vide dans la rue, deux coups de fourches et je me casse. Je rappelle le cheminot qui m’attend, je lui raconte une connerie, que je me suis trompé avec le GPS, je passe pour un gland, pas grave. J’y suis sur les coups de 11h, je me vide sur un terrain vague de l’autre côté des voies. Je coupe ma demi-heure restante, le gars attend pour remettre le cadenas. Heureusement qu’il est cool, je lui ai pourri sa matinée avec mes boîtes.
Direction Senlis pour recharger. J’ai rendez-vous à 14h, j’y suis à 13h30. Ils ont la bonté de m’appeler au bout de 47 minutes, trop bien. Ça va vite à charger, je fais le tour du bâtiment et je recoupe 15 pendant qu’on fait les papiers. J’ai 4h15 de volant et d’ici il me faut 6h pour rentrer, ça va être chaud. J’ai mis mon disque à 8h, pour l’amplitude ça le fait. J’évite la francilienne en passant par Meaux, l’obélisque et Provins. Je grapille quelques minutes sur le GPS qui voulait me faire prendre l’A5. Un café et 30’ à l’aire de Chaumont, vavavoum. Je me régale dans le bois de Fayl-Billot, les grandes courbes passent à la régule, dans les rétros tu vois les phares des bagnoles qui respectent le 70 s’éloigner…le pied. A 22h je décroche au bled, j’ai 10h04 de volant…ça va. Bon weekend à tous et comme dit Philippe Meyer : que le ciel vous porte en joie.
Je ne dois vider que cet après-midi à Besançon mais je me suis aperçu que j’ai un pneu momoche sur la semi. Je prends mon courage à deux mains et je quitte la maison à 9h et demi. J’appelle le marchand de gommes pour m’annoncer. Au garage le gars me dit : « boh il n’a pas bien de mal, je vais te le retailler. » Il met la roue sur son appareil et se rend compte qu’un petit bout de gomme se décolle, on voit la ferraille en soulevant. Le chef arrive et dit à son gars de me changer les deux de l’essieu. Du coup me vlà avec deux pneus neufs au milieu, au poil.
Je monte au dépôt faire le plein et rendre les papelards. Je bricole deux minutes sur le quai. Un affrété doit charger des palettes de ferraille, mais elles sont gerbées par deux. Je les dégerbe avec le Fen pendant qu’il se charge. Enfin qu’il se charge…qu’il massacre les palettes. Au tire-pal électrique je suis fin nul, mais j’ai trouvé mon maître. Il a cassé les six premières en râlant sur le tire-pal puis sur les palettes. Du coup j’ai eu pitié, je lui ai chargé les quatre dernières. Les Europe sont consignées, il verra bien. Moi je vais à l’usine pour vider mon chargement de vendredi. Je tombe sur un type qui me dit que si je veux il peut me vider maintenant… Ben tiens ! Bien sûr ! A 14h et des bananes je suis chez U à St Vit. Je charge pour le 73 parce qu’on a un retour en chariot embarqué par là-bas. La procédure n’a pas changé, il faut se présenter à St Vit 2, descendre à SV1 pour charger une partie, revenir à SV2 pour le complément. En plus à SV1 on n’entre plus comme ça, il faut taper un code à rallonge sur un clavier. Bien sûr pour faire chier le monde le poteau est tout petit, faut descendre du camion. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Il est presque 16h quand j’ai tout fini.
Je monte par ma route désormais habituelle, Oyonnax Annecy. Après Moutier il neige pas mal, mais pas longtemps, heureusement, avec le chariot au cul, ça me plait moyennement. D’ailleurs je l’ai pris pour rien, le retour a été annulé dans l’après-midi… A 21h45 je me gare sur le parking du Super U de Bourg St Maurice, il neigeotte…
En ouvrant les rideaux, le parking est noir, il n’est même rien tombé du tout. Je préfère. J’attends la fin de mes 9h et je fais le tour du magasin. Un porteur de chez Vivarais vide de la viande, le chauffeur me demande s’il peut rester encore 4 minutes pour finir sa coupure. Tu penses ! Je suis en retard d’une heure, alors d’une heure ou d’une heure zéro quatre… Le temps de descendre le chariot et de faire ouvrir la porte j’ai le champ libre. Le réceptionnaire me fait remarquer mon retard. Bah oui mon gars, c’est la loi. J’étais sur le parking avec la camelote dans ma semi, mais sans avoir le droit de bouger. C’est con mais c’est comme ça. On vide, je reviens sur le parking et je vais déjeuner au bistrot du coin du magasin.
A 11h je suis à Oyonnax. « Ici ! Ici ! C’est Oyonnax ! » Mine de rien les gaillards ont fait tomber les grosses écuries : Toulon, Clermont, Montpellier même s’ils sont relégables… Bref je ne suis pas là pour le rugby mais pour charger des chaises de jardin en plastoc. Sont pas en retard ! L’hiver n’a même pas vraiment commencé. Ça va vite à charger, ils prennent à l’heure, au poil. C’est bien cette histoire, ça me laisse le temps d’aller faire réparer mon toit que j’ai bousillé la semaine dernière. Puis de laver, le camion d’abord et moi ensuite. Fin de cette journée plus que tranquille au Moulin des Malades. Je tombe sur un gars qui roulait en Ken. Je sais que c’est pas un mytho, c’est le pote d’un pote. Il nous a raconté la descente aux enfers : passer d’un Kenworth à un Merco. Avec un camion américain t’es un King sur les parkings tout le monde vient te parler ou tourner autour du camion, avec un Messerschmitt ça le fait moins. L’art de raconter et de faire rigoler la galerie.
A 8h je suis chez U. Je n’ai rendez-vous qu’à 11h, j’y vais sur la pointe des pieds. Le gars de la réception me fait descendre à SV1, arrivé en bas j’ai le verdict : le rendez-vous c’est 13h. Oups ! Le type est cool, il vide un polonais qui est à l’heure, puis il m’attaque. A 10h je m’en vais, pas mal.
Je monte chez Tillet pour charger des bobines. Il y a deux trois camions devant moi mais rien de méchant. Je fais serrer un peu, je dois compléter avec deux grandes palettes. C’est bon il peut neiger, ça va tenir le parquet. Je me renseigne parce que lundi j’ai voulu mettre de l’AD Blue au dépôt mais la cuve était vide. Finalement c’est la pompe qui est morte. Bon tant pis, je pisserai dans le réservoir. Je descends dans la grande zone des Tilleroys pour charger mon complément. Comme prévu ce ne sera prêt qu’en début d’après- midi, ça me laisse le temps de manger un morceau. Je discute un peu avec Cyril l’ancien exploitant passé sur la route. Il dit qu’il est bienheureux et bien moins emmerdé sur la route qu’au bureau. Il a fait le chemin inverse de pas mal de gars et visiblement ne s’en porte pas plus mal.
A 13h on me charge mes deux palettes et je file. Si ça veut jouer je dois pouvoir vider le Pont d’Ain cet après-m’. Je descends gentiment par la 83, à cette heure Lons le Saunier passe tranquille, pas la peine d’aller payer de l’autoroute pour gagner si peu de temps. Avant 4h j’appelle le client. La fille me dit : 16h30 dernier délai. J’y suis à 16h20, nickel. Sur la porte c’est écrit : réception jusqu’à 16h15. Merde. Je jette un œil, ça me semble éteint… Non ??? Je pousse la porte et je trouve un gars qui me dit : « C’est de la matière première, pas de soucis, ouvrez, j’arrive. » Yessss. En 5 minutes c’est torché. Ça me fait toujours un client en moins pour demain. La suite n’est pas bien loin, je vais me poser au Mas Pommier, tout bien.
Je mets en route après mes habituels café et douche. A 7h et demi je suis à Pont de Chéruy. Ah l’Isère ! Les montagnes ! Euh là non, Pont de Chéruy c’est dans la plaine moche. En un quart d’heure je vide une paire de bobines, direction Chassieu. Ça va bien maintenant, il y a une nouvelle route qui passe par Pusignan, Meyzieu, en un rien de temps on se retrouve sur la rocade Est…de Lyon bien sûr. A Chassieu ça speede aussi, deux palettes, deux minutes, ou presque. Ben vingt dioux , ça a bien marché mon histoire. L’AS24 est deux rues à côté, je vais faire le plein d’AD Blue, ça crie famine.
Aux infos on apprend d’une part, que des mouvements d’extrême droite manipulent des pauvres gens au sujet de l’école et d’autre part la mort de Cavanna. Lui qui n’a eu de cesse de remercier et vénérer l’école républicaine. Triste journée pour les libertaires. Aux infos suivantes c’est Sarko qui revient. Quand ça veut pas, ça veut pas…il y a des jours comme ça. Dernier client à Brignais, l’autre coup j’avais eu du mal à trouver, et j’avais fait trois magasins avant de trouver le bon. Là je vais direct à la bonne porte, fastoche. A 10h et demi je suis vide, ça a bien marché. J’appelle le gars sur le chantier où je dois recharger. Ce n’est prévu qu’en début d’après-m’, m’enfin j’essaie. Le mec me dit : « Ah ouais, viens maintenant ça m’arrange, même si on déborde un peu à midi. »
A 11h je suis à Roussillon, on charge son bazar, on fait les papiers, à midi et quart, zou ! J’ai tout l’après-midi pour remonter et me balader sur la nationale, le pied.
A 18h30 je passe au dépôt pour déposer mon chariot, je n’en ai plus besoin, et je vais couper au Chalet à Vesoul. Je tombe sur Valéry (non pas Giscard) celui qui a le 6x4 chez Buffa. Bonne soirée.
On boit le jus avec LE Valéry et on se quitte enfin. Je vide chez mon client habituel, ça va plutôt pas mal, comme d’hab’. Je devais faire une ramasse à Montbozon pour ramener à Devecey mais finalement je dois recharger pour moi avant midi. J’oublie la balade dans la Haute-Saône profonde, quelle déception. Sur les coups d’11h je suis à la papeterie à Besac’, bien, sauf qu’il y a deux camions devant moi. J’ai comme l’impression qu’ils vont faire des heures sup’. Devant moi j’ai un chauffeur drômois d’un célèbre transporteur. Oui celui qui grossit en ce moment. Le mec balaie sa semi, ok. Puis ils referment ses portes, pour les rouvrir devant le quai ! Je n’aime pas dire du mal, mais lui il est très gentil… Au bout de quinze manœuvres il est tellement en travers qu’on ne peut mettre la lèvre du quai. Ensuite il met les chandelles sous le châssis mais il monte ses suspensions à fond. Quand le Fen est monté dans la remorque…putain le coup que ça a mis quand les longerons ont cogné dans les chandelles ! Là le cariste s’est énervé et l’a traité de boulet…c’était mérité. Et cet andouille qui s’en va du quai avec les pneus du tracteur qui frottent au fond des ailes…le vrai quoi ! Et pas un débutant, un type de 50 ou 55 ans. Histoire de ne pas faire comme ce clampin je laisse tourner le moteur, surtout avec cette merde de MAN c’est l’erreur à ne pas commettre sous peine d’attendre deux heures pour revenir à la position de route.
Cet après-m’ c’est vidange, je monte chez MAN. En plus j’ai les plaquettes de la semi qui donneraient des signes de faiblesse, je pose la semi aux freins et le tracteur sur la fosse. Comme je le pensais mes plaquettes auraient fait encore un bout de chemin, mais maintenant que c’est démonté… Cette cochonnerie de « valise » tourne pendant 50 ans avant de tout remettre à zéro, putain c’est plus long que la vidange ! Je ne suis de retour au dépôt qu’à 17h. Un chauffeur extérieur a pris le Cubo pour aller à la FCO, Micka me remmène chez MAN, ils nous prêtent une bagnole. C’est un Berlingo dégueu, m’enfin, ça me permet de rentrer à la maison faut pas se plaindre. Ce soir c’est soirée dansante chez Waterair, la classe, comme tous les ans.