| Carnet de bord de Septembre 2014 | Partager sur Facebook |
C'est une révolte ? Non sire, c'est une révolution. Mon gamin est à la fac à Nancy donc ce matin je n'ai que moi à m'occuper, je pars quand je veux. Un truc de malade, révolutionnaire. Je dis quand je veux, pas vraiment, je décolle à 7h pour passer au dépôt faire mon plein.
A 8h je suis dans la cour, la borne à gasoil déconne toujours. Après bien des manipulations j'arrive à faire le plein. D'après le chef ça se termine, il a investi...
J'appelle Marc, il est une grosse demi-heure derrière moi. J'ai le temps de m'arrêter à St Vit faire quelques courses. On se retrouve avec mon pote waterairien chez le José pour le café. On reprend les bonnes habitudes quoi ! Deux tournées de cafés, un croissant par là-dessus, on a de quoi tenir jusqu'à midi et demi. Heure à laquelle on se pose au Tom Bar pour la soupe. Oui on a réussi à faire Dôle Digoin sans s'arrêter dans un bistro, on est des vrais routiers zone longue.
Dans l'après-midi je chope un coup de moins bien, on s'arrête à l'aire de Parsac entre Montluçon et Guéret pour se jeter un petit noir au comptoir, ça faisait longtemps... On se quitte à Limoges, lui descend du côté de Brive. Mes lecteurs les plus perspicaces auront remarqué que je ne suis pas descendu par Bellac Confolens, pour une fois j'ai respecté l'interdiction. C'était plus pour rester avec mon pote mais je ne suis pas obligé de le dire.
Après le quart d'heure au café je n'ai plus qu'à couper 30 avant Angoulême. Fin de journée chez Grand Mère à Pierrebrune, je suis presque à Bordeaux, presque 10h de guidon, tout bien. Il est 20h, faut que je pense à manger un morceau.
Le troquet ouvre à 6h moins le quart, c'est l'heure à laquelle je me lève. Ce matin le boulanger est un peu en retard, putain je t'en foutrais grosse feignasse. Quand je reviens de la douche il est là. Je m'enfile un original petit pain aux raisins comme je n'ai jamais vu ailleurs, une merveille. Croquant et gourmand comme ils disent aux Guignols pour se foutre de la gueule des émissions de cuisine à la con.
Je passe Bordeaux juste avant 7h, nickel. Je commence mes livraisons vers Labouheyre chez un couple de retraitées. Oui j'ai bien écrit « ées », elles sont sympas. Mais habitent au bout d'un chemin de terre. Le commercial écrit sur le plan : stationnement devant chez le client. Tu parles ! Les branches des arbres arrivent à mi-hauteur du pare-brise, si je m'avance là je peux dire adieu à mes bâches. Je me tape un petit kilomètre en chariot, pas grave. La suite est vers Mont de Marsan, pas loin du resto de St Perdon. Resto routier célèbre pour le caractère de la patronne. La route devant chez le client est très étroite, procédure habituelle pour vider en latéral : mettre le chariot dans le passage du client et déplacer le camion autant de fois qu'il y a de palettes. La route se termine là, la maison est au 925, t'as compris, faut reculer 925 mètres !
Pour 13h je suis à Tartas. La cliente est absente c'est son frère qui me réceptionne, enfin réceptionne c'est vite dit. Il me signe les papiers et se casse. Ceci dit je n'ai besoin de personne, ça va, je vais m'en tirer. La piscine suivante est à Soustons. Je me gare dans une rue, sort de chez lui un pépère qui me fait un sketch : oui, faut pas vous garer là, il y a le tuyau du gaz qui passe, gnin gnin gnin. J'ai fait mon métier, je l'ai envoyé chier.
Encore une petite dernière à Labenne. Garé à 100m facile, détendu. Trop détendu, en sortant de la cour j'embroche le rail du portail coulissant avec une fourche du chariot. Meeeerde ! Le client me dit : « pas de panique, je suis du métier, des rails j'en ai autant que j'en veux, je le changerai demain. » Par honnêteté je propose de faire un constat, j'ai fait une connerie j'assume. Il refuse, me dit que c'est l'histoire de 5 minutes de boulot. Bon, je m'en vais, pas fier.
Fin de mission à la « petite Charlotte », je me jette un demi pour faire passer la poussière et la boulette...
Je commence à Ondres. Sur la N10 au bout du pays, je dois tourner à l'équerre sur un chemin, c'est chaud. C'est clair que je ne ressortirai pas par là ! Selon le souhait du mari la cliente me demande de ranger tout le commerce dans le garage, ça le fait juste. Je ressors du lotissement, je dois tourner soit à droite soit à gauche mais je ne peux pas, il y a une piste cyclable, un muret en béton et des panneaux. Je ne peux plus sortir en marche arrière sur la N10. Purée me vlà beau ! Pas le choix, en bourrinant je descelle un panneau, je le couche, en montant sur la piste cyclable je m'en sors. Avant de partir pour éviter les histoires je remets le panneau en place, ni vu ni connu je t'embrouille. La piscine suivante est juste à côté à St Martin dans un vieux lotissement. Le gars me demande de déposer les palettes sur le côté de la maison. Je mesure : 2m45, c'est juste la largeur du chariot. En discutant le client me montre un massif de fleurs, qui doit dégager pour faire passer la pelleteuse. Ah cool, je peux passer dessus alors ? Ce sera plus simple pour accéder sur le côté. Il me dit : « ben non faut pas rouler dessus ma femme va râler pour ses fleurs. »
A 13h je fais ma dernière de la semaine à Peyrehorade dans un lotissement récent. Client sympa, fastoche. Comme d'hab' je balaie ma remorque, je démonte les cadres, je fais un peu de rangement pour aller recharger. Je laisse mon chariot à 1 m ou 2 derrière la semi pour ranger mes rallonges de fourches. Le temps de faire le tour du camion une fille recule entre le Moffett et la semi ! Sauf qu'elle n'a pas vu que j'ai les fourches relevées pour enlever mes rallonges. Oh putain la Prius ! Hayon, lunette, bloc feu... Il fallait que je fasse quoi ? Me péter le dos en enlevant mes rallonges pour qu'elle puisse rouler tranquillement sur mes fourches au sol ? Bien désolé pour elle, mais on fait un constat. Elle me dit que son mari va couiner, d'autant plus que la bagnole sort du garage pour réparations. A la fin elle me dit : « vous voulez mon numéro de téléphone ? -Bah non, vous me dites que vous êtes mariée. » La vanne la fait rire, ça détend un peu l'atmosphère la pauvre est au bord des larmes.
Message à l'exploit' pour dire que je suis vide. Réponse : direction Agen, chargement demain ou ce soir avant 17h. Le GPS me donne 18h30, c'est même pas la peine d'essayer. En plus j'y suis déjà aller je sais que chez eux l'heure c'est l'heure. Je roule donc peinard par Dax, Mont de Marsan. Fin de journée au centre routier d'Agen, bonne adresse. Ils ont une nouvelle formule:repas du soir, douche, petit déj', 16€. Le top.
Donc ce matin je déjeune et je me douche gratuit...ou presque. A 8h je suis à Pont du Casse, pas un camion dans la cour, on me met à quai directement. Dans l'heure c'est chargé, ce n'est pas tout à fait complet : 30 palettes. J'appelle l'exploit', on attend une heure pour chercher un complément. A 10h les 3 palettes miraculeuses qui auraient fait exploser le chiffre d'affaire ne sont pas tombées. On roule. Je me remonte gentiment. En chemin je compte et recompte mes heures, si ça voulait rigoler je pourrais rentrer ce soir. En avant-vant.
Pause café pour ma dernière 45 à Montceau les Mines. Je tombe sur un chauffeur du constructeur de citernes Magyar. Il roule un proto de citerne pour faire de la javel ou certains acides. Avant il y avait un revêtement spécial à l'intérieur, là en quelques sortes c'est le revêtement direct. La cuve est bardée de capteur pour suivre les déformations en roulant. La gamelle fera 1 tonne de moins qu'auparavant.
Je fonce dans les plaines verdoyantes et ensoleillées de la Haute-Saône, fin de journée chez ma copine, 9h50 de volant pour 12h56 d'amplitude. La classe.
A 8h je suis chez Compo à Besançon, personne à quai, on me vide de suite. Je fais le tour du bâtiment, je me mets à la rampe et on charge deux lots à ramener chez nous. Je monte chez Jeantet pour laver, malgré le beau temps il y en avait besoin. J'en profite pour passer à l'atelier, l'échelle repliable au cul de ma semi a envie de fuguer. Avec les vibrations la fixation s'est coupée, c'est compliqué, j'opte pour la solution radicale. Ablation de l'organe cancéreux. De toutes façons elle est mal fichue je ne m'en sers jamais. Tiens à propos de cancer, on apprend aujourd'hui le décès de Michèle Guigon, elle faisait, outre du théâtre et de l'accordéon, des chroniques délicieuses et imaginaires sur France Inter, en plus elle était née à Belfort et avait garder l'accent d'ici...la classe quoi.
Au dépôt, je me vide, je trie les lots, on n'a pas de cariste, je prends le temps d'écrire les destinations sur les palettes histoire d'éviter les erreurs d'aiguillage. Rien ne ressemble plus à une palette de terreau, une palette de terreau anonyme.
Je prends un casse-dalle à la boul' à Valentin et je vais chez Tillet charger des bobines, sur palettes bien sûr. Un seul camion devant moi, on charge une petite moitié de semi, ça ne traîne pas quoi. De là je redescends au terreau pour enlever trois lots cette fois-ci. Pas grand monde non plus, ça file. Je me magne le cul de remonter à Devecey, je sais qu'un affrété attend la cam'. Il se met au quai à côté de moi, pas de bol son lot est devant m'enfin il comprend bien que je ne pouvais pas deviner. Rebelote, je revide tous les lots. J'aurai fait aujourd'hui plus de km en tire-pal électrique qu'en camion ! Ceci dit, un peu d'exercice ça ne peut pas me faire de mal...
Il est 16h, je vais enfin charger pour moi. Retour aux bobines, personne devant moi, je me mets dans le sas direct. On charge deux lots pour le pays de Montbéliard, ça me fait rentrer à la maison. Sur les coups de 18h je décroche à Mégalopolis. Bon weekend à tous.
Je décolle à 6h et demi. A vol d'oiseau ce n'est pas loin de chez moi, mais dans ce con de pays il n'y a pas de route directe pour aller à Pont de Roide. Il me faut presque une heure pour aller à Remondans chez mon premier client. Je n'ai qu'une bobine, en deux secondes elle est sortie avec un Fenwick bizarre, très haut. A 8h moins dix je suis chez le second. J'ouvre les deux côtés, le cariste ne commence qu'à 8h mais il m'attaque de suite. En à peine une demi-heure je suis vide. Il est 8h15 et j'ai fait deux clients, que je ne connaissais pas. Je suis quand même épaté par le nombre de PME qui emboutissent de la tôle dans ce coin.
A 9h et quart je suis chez Waterair, je croise Bruno dans le bled, nickel ça veut dire que le camion de 8 h a fini. Je m'enfile donc directement sous le auvent. Fabrice sort mon fourbi, il a une palette de je ne sais quoi à reconditionner pour je ne sais qui. Ça me laisse le temps de faire mon contrôle. Dans le quart d'heure il revient, on va se jeter un café. Mon chargement est classique, il faut gerber à l'avant mais rien de bien méchant. A 10h et demi j'ai fini et le Salem se pointe pour charger après moi, bon bé on va boire le café, normal. Avant de partir je repasse par le bureau, les filles doivent me briffer sur un client qui...qui quoi ? Qui fait chier ! Le chieur de base qui envoie des mails et des explications et qui réclame quinze confirmations.
Je descends gentiment par la nationale, il fait beau, chaud même, la vie est belle. Je mange un morceau par là le long, puis un café à Montceau les Mines.
Entre Gannat et le grand péage de Clermont j'essuie un vache d'orage, mon petit camion qui était tout propre... On n'y voit rien, ça fait un mur d'eau ! Il y a même des bagnoles arrêtées en warning sur les refuges, terrible.
Fin de journée à la gare de Cournon d'Auvergne. Quand je dis à la gare...c'est le resto qui se trouve en face de la gare.
Je n'ai qu'une dizaine de bornes à faire, j'hésite, je prends un tout petit bout d'autoroute. L'erreur de base, la faute du débutant, prendre l'autoroute à 8h moins le quart aux abords d'une grande ville. Je pédale une bonne dizaine de minutes, « si j'avais su j'aurais pas venu. » Je m'enfile dans un hameau, sans trop d'explications. Le commercial me dit de tourner à l'arrêt de bus, pas vu d'arrêt de bus, moi. Je finis par trouver la baraque, le client tchatche avec deux paysans de ses potes qui viennent évacuer la terre du trou avec des tombereaux. Je livre la piscine et quand on a fini on se met dans le garage pour signer les papiers. Sur le congél', ils ont de la verveine de terrassier. Ils ont des munitions pour tenir la journée largement ! Le client me demande si j'en bois ? Oui, d'habitude je ne crache pas dessus mais pas maintenant. Et d'une je conduis et de deux ça fait tôt pour attaquer le rosé ! Je file.
Je compte et recompte et recombine mon affaire. Mon client suivant est Pau, 602 km me dit le gps. Soit je descends par A89 et Brive soit A75 et Rodez. Par A75 c'est gratuit, venga ! Par endroit il pleuvote, mon pauvre camion... La journée est sympa, je n'ai qu'à me balader. En évitant les péages. Avant Toulouse quand on vient d'Albi c'est compliqué, mais le péage de Roques est facile à éviter. Deux virages, trois ronds-points devant le Leclerc et on se retrouve de l'autre côté. Pas trop le choix non plus à Martres Tolosane, mais je ressors aussi sec pour prendre St Gaudens, Montréjeau, Lannemezan comme autrefois quand il n'y avait pas d'autoroute. Lannemezan Tarbes c'est gratuit, donc à Tarbes centre je vais faire le tour du rond-point. C'est ridicule.
Fin de journée à Denguin . Le parking de la denguinoise est blindé alors qu'il n'est que 19h30. Je me pose sur la dernière place disponible à 100m de là. Le patron du bistro à côté vient me voir et m'explique que je suis garé chez lui, pas de problème. J'ai soupé chez lui un peu à reculons, finalement j'ai très bien mangé. Je reviendrai.
Le commercial du coin s'appelle Jacques, lui ne raconte jamais de conneries sur les plans d'accès. Confiance totale. Une fois de plus c'est comme il a écrit. A 8h je me pose devant chez un pépé palois. Je lui dépose sa piscine comme il veut, il m'offre un café et je file chez une anglaise prénommée Diana près de Lannemezan. Quand tu lis le nom sur l'enveloppe tout de suite la machine à fantasmes se met en route...à nous les petites anglaises. Je me gare au pied de l'église sous la protection du Seigneur. Diana vient à ma rencontre, le seigneur peut me surveiller, je ne vais pas pécher.... Comme les vieux whiskys elle est hors d'âge mémère ! Elle a acheté une bâche d'hivernage chez Waterair. Un transporteur de messagerie lui a livré la semaine dernière, mais elle m'explique qu'elle l'a refusée parce qu'elle ne savait pas ce qu'il y avait dans le colis. Elle est anglaise, quoi, cette dame !
La suite est à Toulouse en début d'après midi. Je monte par Lombez Samatan, Grenade pour me retrouver au nord de Toulouse à Bouloc. Je suis super mal garé, je fais au plus vite, ça tombe bien le mec est pressé il doit retourner au taf. La piscine suivante est dans le bled à côté. Là c'est moins facile, le terrain est en dévers, faut slalomer entre les arbustes, le pelliste évacue la terre avec un Bobcat, faut faire gaffe...chiant quoi !
La dernière piscine pour aujourd'hui est à Colomiers dans un petit lotissement avec un portail à code. Les clients sont absents, c'est le voisin qui doit me réceptionner. Sauf que lui n'est pas là non plus, il envoie sa femme. Franchement j'y ai gagné au change : blonde, la trentaine, petite robe noire ultra courte. C'est chiant l'hétérosexualité, on se fait du mal...
Pas trop de bouchons pour sortir de la capitale du rugby(oui c'est pour pas répéter Toulouse, j'ai déjà dit Toulouse) en direction de Foix, ça freine dans les ronds-point jusqu'à Auterive mais rien de méchant. Fin de mission après Pamiers, aux Pujols. Ce troquet a une bonne réputation et en 25 ans de route je n'y suis jamais venu. J'ai un peu honte. J'efface l'humiliation ce soir, en plus c'est vrai que c'est bien !
Je recommence chez une bonne dame à Pamiers. Sa rue est étroite mais il y a un Aldi juste à côté, je squatte chez Albrecht Discount le temps de déposer la rénovation. Quand je reviens au camion le magasin ouvre juste, je dégage. Direction Béziers. Je passe par Mirepoix Carcassonne, j'adore ce coin.
A 11h pétantes je suis à Corneilhan. Le client s'excuse on doit vider à deux endroits. On commence dans un garage. Il m'explique qu'il est ancien vigneron. Pour me remercier il me donne une bouteille de Muscat. Ensuite on va à sa maison. On discute et il me dit que j'ai raison pour le stationnement du camion... Bah ouais, faut pas écouter mes conseils pour la vinification du Muscat, mais pour les livraisons de piscines j'ai quelques lueurs sur la question. A réfléchir je préférerais peut-être le contraire. Je vide le reste chez lui, on signe les papiers. Là il me dit : « J'ai vendu mes vignes mais pas mes ruches. » Me vlà avec une bonne bouteille et un pot de miel, bonne maison, je reviendrai.
J'appelle l'exploitation pour dire que je suis vide...et c'est le drame ! Je me suis gouré dans les dates j'ai dit jeudi 12. Laurence a vu le 12 sur sa feuille donc vendredi, alors qu'on est jeudi 11. Du coup elle n'a rien pour moi. Je me trouve une place à l'ombre, je mange un morceau et je poireaute...
Pas bien longtemps, à 14h ça bouge, direction Sorgues pour demain. Du coup j'ai le temps je me balade par la nationale Béziers Montpellier Nîmes. Fin d'une journée pas trop stressante dans la z i du Fournalet. Au plus proche pour recharger.
Juste avant 6 h je me pointe chez Faure et Machet Sorgues. Le temps qu'ils boivent un café, on me fait mettre à quai. La femme qui me charge est un peu pénible, elle me fait reculer parce que la lèvre du quai ne lui convient pas. Au premier poteau elle accroche une palette. Les colis sont déchirés, comme elle a cogné fort elle a cassé un ski de la palette Europe. Elle se retourne, ne me voit pas, elle claque la palette foireuse de l'autre côté : ni vu ni connu je t'embrouille. Nan ben on va arrêter de plaisanter, je lui fais ressortir et elle va la refaire. Ici pas de cadeaux. Il y a quelques temps je m'étais pris le chou avec un chef. Je chargeais un petit lot et j'avais une douzaine d'Europe à redonner. Le chef en question m'en refuse 10 sur 12, pas assez belles. Et quand le cariste me charge, il vient avec des palettes de merde. T'as vu la vierge, toi ? Vengeance. Il n'avait pas aimé que je lui dise : « On joue au con, on joue au con... ! »
Retour au bistro pour déjeuner et me doucher. A 8h et demi, j'attaque la remontée. Autoroute d'Orange à Lyon, du côté de Montélimar sud je croise un Mazet qui me fait coucou, je rêvasse comme d'hab', mais j'en déduis que c'est l'ami Razeau et son avion de chasse.
N83 de Bourg jusqu'au dépôt où je décroche ma caravane pour prendre une porte bobines. Je me charge deux palettes à quai et je vais chez Tillet. Il n'y a qu'un camion à l'intérieur qui a presque fini. On charge des bobines et des palettes, c'est complet. Retour au dépôt, je fais le plein, je balance mes affaires dans le Cubo. 19 h je suis à la maison, bon weekend à tous, le ciel vous tienne en joie.
J'avais mis le réveil à 3h30, à 2h50 je me réveille en sursaut...pfouu, allez lève ton cul. J'ai le temps de déjeuner en regardant les infos en sourdine. Je mets mes affaires dans la bagnole, direction le dépôt. Un chauffeur est bien content de me voir arriver, il n'a plus de batteries. Je crois qu'il s'appelle Jean-Luc. C'est terrible, chez ATS je ne connais personne. Avec Gérald on est dans notre coin avec nos piscines, j'ai d'habitude le camion à la maison, du coup les autres je ne les vois que rarement. Donc je déballe mes câbles et dans ma grande bonté je lui offre un peu d'électricité made in germany.
A 7h moins le quart je suis à Morez dans le Haut-Jura. Pauline et chez Tillet m'avaient briffé à mort : « attention, là-dedans c'est des vrais cons, faut être à l'heure. » J'ai un quart d'heure d'avance, ça devrait aller . Je vois des bobines dans un bâtiment, je vais voir un mec et je lui demande si c'est là que ça se vide. « On ouvre à 7h ! - Nan ben c'est pas ce que je te demande, est ce que je suis au bon endroit ? Je m'en fous d'attendre...si je suis au bon magasin. » D'accord, ils sont cons. Deux coups de pont, je referme la fosse et je prends la direction de la capitale de la pipe. Je vois d'ici les esprits mal tournés... Non St Claude est la capitale de la pipe en bois, point ! Par hasard j'ai deux clients dans la même zone industrielle. Je n'ai même pas refermé les portes entre deux c'est dire. De là je me promène dans le Jura par de jolies petites routes. A 10h je suis à Cousanse entre Lons et Bourg. Un peu avant 11h je suis vide. Je fais le tour de la cour et j'attends la suite.
Pas longtemps, on recharge à Dijon. En coupant par Louhans Seurre c'est pas bien loin finalement. Je dois charger au pinard avant 15h impératif. Puis un complément à Chevigny. Il n'est que 13h je tente le coup, je vais d'abord aux transports Libbra en plus ça m'évitera de déplacer les palettes demain pour respecter les rendez-vous. Je me présente à tout hasard sachant que tout est fermé. Un mec me dit de me mettre à quai, il me charge de suite. Au poil.
Au groupage du nectar glou-glou, idem, personne à quai, il est 14h30 je suis rechargé. Incroyable. Je mange un morceau en vitesse pour fêter ça, et pour manger aussi, faut être honnête.
Je monte tranquille par l'A6, j'ai le temps je ne prends l'autoroute qu'à Avallon. A 17h30 je suis au relais de Courtenay, j'ai 8h55 de volant et cherry on the cake je peux cadrer une coupure de 11h. Vidé 4 clients, rechargé 2, plus 9h de volant, j'en ai ras le cul. Carlos de chez ATS est là...moi qui pensais me coucher de bonne heure...
Le collègue Carlos est parti dimanche soir, donc hier soir il avait sommeil, on a été assez sage. Sur son conseil je vais à la base Intermarché à 6h au lieu de 7. Selon lui il y a moins de monde... Café douche au bistro, je refuse de changer mes habitudes. A 6h je me présente chez le gardien, à 6h25 mon téléphone sonne : quai 10. Il avait raison le vieux, à 6h il n'y a personne, à 7h malgré le rendez-vous c'est blindé de camions. A 7h et demi je me casse avec mes Europe vides. Une heure plus tard je suis à Châteauneuf pour vider le deuxième client. On me fait mettre à quai aussi sec. Le cariste me dit que les transports Libbra, d'habitude, vident et laissent les papiers. Nan ben t'as vu la vierge toi... Le transport c'est pas L'Ile aux Enfants. Moi je vis dans le monde réel. Je suis affrété, je ne quitterai le quai qu'avec mes récépissés émargés. Le mec est un peu vénère de devoir faire le contrôle de suite mais tant pis, en cas de litige tu t'assieds sur le prix du transport ou au moins ça dure dix ans pour se faire payer.
Je recharge à 7km de là à la grosse laiterie de St Denis de l'Hôtel, j'ai rendez-vous à 12h40, c'est précis. Je me présente à 10h sur la pointe des pieds. Mon cul Paul, faut attendre. Je me dis qu'avec un peu de chance je vais pouvoir faire 3h de coupure pour valider une 11. Que nenni, à midi et quart mon téléphone sonne. Je passe par le parc à emballages vides pour déposer mes Europe, puis à quai. Le mec est bien sympa, il charge comme je lui dis pour répartir le poids. En fait de laiterie je charge du jus de fruits sans marque. L'usine a plusieurs secteurs, lait jus de fruits... Je vois qu'ils bossent pour les marques distributeurs : Carrouf', U...ça sort tout du même tonneau. En sortant je vais me jeter un café à « la maison des routiers ». C'est une bâtisse en bois avec wc, douches, machine à café, salle télé, l'ensemble me semble bien propre, le top.
J'ai largement le temps de descendre, j'imagine que les collègues qui font ce trafic rentrent chez eux, moi n'étant pas de Besançon je découche, donc no stress. Je passe par Auxerre Avallon Dijon, pas un centime d'autoroute. Depuis Dijon je coupe au travers par St Jean de Losne pour me retrouver à Chemin. Je fais une infidélité à José à Beauchemin. Mon boss ne nous dit rien pour les km parasites, faut justement en profiter et ne pas jouer au con. Je vais couper au plus près.
C'est le même boulanger qui livre ici chez le Gaby et chez le José, du coup je m'envoie un énorme pain aux raisins. Une douche par là-dessus, me vlà paré pour affronter les aléas du métier. A 7h30 je suis à Dôle pour rendez- vous 8h15. Le mec me dit direct : quai 5. Vers le milieu du chargement j'ai une palette de bouteilles en plastique d'un litre qui s'est posée sur l'autre à droite. Pour gagner un peu ils font des palettes de 5 rangs de haut. Comment en posant des bouteilles l'une sur l'autre par le goulot on veut que ça tienne ? Le mec est cool, il va chercher une palette vide et on pose 2 rangs de bouteilles dessus. L'incident est clos, pas de casse, pas de réserves.
De là je remonte à Dijon pour charger le pinard une nouvelle fois, plus un lot à ramener à quai. Il y a bien du monde chez le chanoine Kir, ça pinaille. Au bout d'un moment je chope celui qui me semble être le chef de quai et je lui dis qu'il faudrait s'affoler : je livre dans la foulée et je me suis présenté chez lui largement en avance. Comme par miracle ma préparation se termine en deux minutes, on charge et je me casse direction...Dôle. Encore ? Bah ouais, c'est pas bandant comme taf mais c'est du transport payé ma bonne dame. Et par les temps qui courent...
A midi et demi me revoilà à Rochefort, mais de l'autre côté du grillage, que de changement ! C'est blindé de camions je reste dans la rue devant chez les Mousquetaires. Je suis à l'heure on m'appelle de suite. Je me vide, je mange un morceau pendant le contrôle. Longuet le contrôle, il y a plein de références différentes, le mec doit ouvrir les cartons pour scanner chaque réf'. Quand c'est fait je vais rechercher mes Europe vides et je me rentre au dépôt en m'arrêtant un petit coup au lavage histoire d'enlever la tonne de merde et de moustiques de ma calandre.
Un coup de gasoil pendant que la pompe est libre, je vide le lot à quai et je décroche pour récupérer ma caravane. Je me prends une suée avec Micka, on me charge 200 palettes Europe qu'on doit dans le 41. Ces cons de palettes les piles ne sont jamais comme il faut, ça coince de partout, entre les poteaux, c'est bien chiant quoi. Je prends encore une palette en express pour Orléans puis je vais chez Tillet. Je suis tout seul avec Christophe le chauffeur ATS qui fait les navettes. C'est l'heure de la pause pour le cariste, heureusement le collègue est agréé c'est lui qui me charge. C'est toujours ça de gagner.
Il est 17h30 je quitte Besançon, j'oublie le boulevard à cette heure, autoroute tant pis. Ça va être tendu mon histoire, l'express est à vider impératif avant 8h à Ormes, fais tourner les roues mon gars.
Avant Auxerre c'est tout noir plus j'avance, on se paie un bel orage, mon petit camion qui était tout propre, c'est bon à refaire. Fin de mission à Courtenay à 21h pétantes, je me trouve une place pas trop merdique au fond du parking, j'ai tiré la carte chance.
Du monde au bar à 5h et des boulettes, mais une douche disponible de suite, tout bon. 9H01 de coupure en route. Sur les coups de 7h et demi je suis à Ormes, en 25 secondes la palette express est sur le quai, mission accomplie. Yapaàchiercestmoileplusfort. Et le plus modeste, mais ça tout le monde le sait...
Une bonne demi heure plus tard je suis à Mer. Le cariste me dit qu'il est intérimaire, il ne se sent pas trop pour descendre les deux palettes avec les grosses bobines dessus. Faut attendre un Fen plus gros qui est à l'autre dépôt. Bon. Et ça va être long ? Non, il arrive. M'ouais. Comme disait Pasqua : les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. Au bout d'un moment je vais aux nouvelles : le mec avec le gros Fen charge une semi... Re-attente. Quand j'en ai ras le cul je vais voir la chef et je lui demande de descendre mes palettes elle-même. Bingo elle y arrive. Et comme dans les westerns la cavalerie se pointe avec le gros Fen juste quand la bataille est terminée...putain je suis vert !Ensuite je vais chez Catroux à Fossé pour redonner les Europe. Elles sont à l'avant, j'ai des bobines derrière, je voudrais vider dehors en latéral... Impossible. Oups ! Heureusement le mec est bien sympa, il va chercher un chariot, me sors mes bobines, sors ces Europe et me remets les bobines. Tout ça sans râler et avec le sourire ! Incroyable ! Je lui propose de lui payer un café pour le remercier, c'est un minimum. En plus il refuse, c'est un cas ce type.
A midi et demi je suis à Brou dans l'usine qu'on voit à l'entrée à droite. Ils reprennent à 13h j'ai le temps de casser la graine. Ici ça va mieux, quand le cariste voit la bobine il va changer de Fen sans se poser de questions. Je fais mon dernier client à 2 km de là, facile. Il n'est même pas 14h et j'ai vidé 5 clients c'est pas mal.
J'ai mon retour depuis hier, direction Orléans. En route je reçois un message : changement de programme. Le premier lot ce n'est plus pour Dijon mais Besançon et le second ce n'est plus Dijon mais Quétigny ! En chargeant au même endroit. Rien de grave quoi. La première ramasse est vite torchée, 5 palettes, en un quart d'heure c'est fait. Pour la seconde ramasse c'est plus compliqué, la cour est blindée de camions. On me donne un quai, mais je poireaute comme un con. Il y a une quarantaine de quais mais qu'une poignée de caristes. Donc t'es à quai, mais ça ne charge pas ! Ensuite c'est l'imprimante qui sort les papiers qui rend l'âme, un cauchemar ! Je pensais descendre à Morey St Denis pour boire un peu de vin, avec l'amplitude c'est mort. Le temps passe, j'oublie dans l'ordre : le Petit Train, Avallon, Auxerre sud, tout à l'heure je vais finir au centre routier d'Orléans!Finalement à 19h30 je peux me casser. L'avantage c'est que j'ai coupé 3 h à quai, je valide une 11h. Comme j'ai démarré ce matin à 6h je peux couper à 21h ce soir. A fond, à fond jusqu'à Courtenay où je trouve une bonne place, premier de la pile, l'idéal pour redécoller tôt. Voilà des mois que je n'étais pas venu là, c'est la troisième fois cette semaine !
Café pain aux raisins douche vers Sandrine et à 7h 15 je suis chez les Mousquetaires. J'ai rendez-vous à 7h28, pas 7h30, 7h28 ! C'est quoi ce délire ? Si j'arrive à 7h29 on me refoule au lendemain ? Dans le quart d'heure mon téléphone sonne, on me donne un quai. J'ai toujours mon escalier posé sur les palettes. J'essaie de le sortir mais depuis le sol je suis trop petit ! Même en montant sur les fourches du chariot, je risque de le fracasser parterre. Tant pis je me mets à quai comme ça. Le réceptionniste est sympa. Bizarre mais sympa. C'est le genre de gars qui regarde ailleurs quand tu lui parles, jamais tu ne croises son regard... Depuis le quai c'est bien plus facile, à deux on chope le Paso et on le pose à côté délicatement. Je me vide, il me contrôle, je refous l'escalier dans la semi et je me taille. Le chargement est sur palettes Chep, on ne se fait pas chier avec des Europe, le top.
Retour au dépôt, je décroche ma caravane pour en reprendre une chargée pour Vesoul. Rendez-vous 8h. Je me pointe à Vesoul la fille au bureau me demande à quelle heure j'ai rendez-vous ? Je sors mon téléphone, 10h34. J'ai rendez-vous à 10h34. La fille me dit : « vous êtes un comique, vous ! » Je sais, je sais. Il n'y a pas grand monde elle me fait entrer de suite. En une petite heure c'est vide, retour Devecey. J'ai le temps de manger un morceau vite fait, le mec des pneus m'attend pour 13h.
Je décroche la Kögel pour reprendre une Merker. Le Bibendum se pointe pile à 13h, il devait attendre au coin de la rue c'est pas possible. Je me mets à quai et pendant qu'il change mes gommes je me charge un lot pour St Vit. Quand je sors, l'horreur ! Mes jantes ? Comme mon tracteur va bientôt partir, il a gardé mes belles jantes et m'a monté des merdes infâmes, je suis dégoûté ! En plus j'ai perdu des Michelin pour des Conti premier prix. En fin de leasing les tracteurs doivent repartir avec des gommards à 50% d'usure. Faut commencer à prévoir dès maintenant. Fait chier !
Je roule sur des œufs, ces pneus de merde glissent comme pas permis. J'espère que ça va se tasser quand j'aurai roulé un peu.
A St Vit je me vide à SV2, ensuite je descends à SV1 pour charger une partie et remonte à SV2 pour le reste. Sauf que ce n'est pas l'ordre, je dois revider le SV1 pour le repasser derrière. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Avec ce commerce je sors de là à 17h. Direction la Haute-Savoie, c'est bien ça fait un petit tour pour finir la semaine. Je monte comme d'hab' par Lons Oyonnax. Fin de mission à Eloise au Boeuf Royal. La cuisine est royale, en plus le parking a été refait avec les places matérialisées au sol, sur la même surface on met le double de camions. Il est 20h et des boulettes il reste une petite place pour moi. Que demande le peuple ? Un Kir !
Même heure de réveil, même café, même douche qu'hier, la 3 , c'est mortel. A 8h30 je suis à Dijon, j'ai rendez-vous à 9h mais le camion de 7h30 n'est pas venu, je me mets à quai direct. Et les mecs partent en pause ! T'y crois ? Tu coupes 9h01, tu laisses couler dans les descentes pour grapiller quelques secondes, tu fais au mieux quoi, et voilà... Ensuite ça va assez vite. Petit calcul, si je marche bien je dois pouvoir vider à Besançon avant midi.
A 11h30 je suis chez un marchand de peinture pour livrer 5 palettes. Pendant que je manœuvre pour reculer dans la cour une petite dame avec un Peugeot Boxer se faufile derrière la semi pour entrer elle aussi. Pas grave. Imprudent et mal élevé mais pas grave. Elle charge quelques bidons et dit au gars : « Bon maintenant je suis coincée. » Cash je lui dis : « bé oui, si vous m'aviez laissé faire ma manœuvre vous seriez entrer en second et vous ne seriez pas bloquée. » La tronche ! Bon prince, en me reculant à fond elle arrive à sortir. Ma bonté me perdra. Retour au dépôt, je troque mes habits de chauffeur fret industriel pour des habits de piscinier.
Dans Granvillard Fabrice m'appelle : « t'es où ? Viens au plus tôt, faut que j'aille chercher ma gamine à l'école. » Ça tombe bien je suis pressé c'est à mon tour d'aller chercher mon gamin à Nancy. Quand j'arrive Salem, avec mon ancienne semi, termine son chargement. On boit un café, ça s'est obligatoire puis on charge. A 16h30 je suis au bled, bon weekend à tous.
Depuis la rentrée on prend de nouvelles habitudes, je me lève en même temps que ma gamine, ça fait bizarre. A 8h et quelques je suis à Morvillars dans le nonante. On n'est pas loin de la Suisse ici on sait compter, soixante septante octante nonante et pas en vingtaine comme ces cons de français. Je renonce à m'enfiler dans le lotissement, on va pas commencer à s'emmerder la vie le lundi matin. Je reste à l'entrée. J'ai deux piscines à déposer ici chez des voisins. C'est le top, j'apporte en premiers les escaliers, un chez l'un l'autre chez l'autre, idem pour les margelles. Le premier doit partir au taf, je lui contrôle son bazar. Son pote a le temps je le fais ensuite. Ça devrait toujours être comme ça, simplicité rapidité. Il est 10h et j'ai déjà fini ! Je range mes papiers, Martine m'appelle. Mon quatrième client vient de demander de reporter sa piscine. Je suis à 20 bornes de l'usine. J'appelle Pauline pour confirmer mais je connais la réponse, je vais la reposer chez Waterair. Inutile de me faire iéch' avec ça toute la semaine.
C'est une piscine du dessus, facile à sortir. Juste l'escalier qui est enterré sous les autres mais rien de dramatique. Fabrice me le sort, facile. Mon programme est extralight, je descends à Besançon à l'économie. Je mange un morceau sur un parking bucolique au bord du Doubs.
En début d'après m' je suis au dépôt. Je pensais décrocher et aller charger une remorque ou faire une ramasse pour rendre service mais le boulot est cadré, on n'a pas besoin de moi. Bon c'est aussi bien. J'ai le temps de vider mon tachy. On a reçu mon clignotant du Moffett. J'ai dû le cogner dans un jardin, les leds s'éteignent un à un. Je prends le temps de le changer, je me fais bien chier d'ailleurs, il faut des doigts de fée. Je rebranche le neuf, ça claire. Ne chercher pas le verbe clairer dans le Bescherelle, c'est un verbe franc-comtois ! Chez nous les ampoules n'éclairent pas, elles clairent.
Ensuite je vais laver à Valentin, je donne un bon coup de balai-brosse sur ma bâche qui en a bien besoin. Pourvu que la météo tienne un peu. Fin de cette journée bizarre chez le Guy à St Maurice en Rivière. Ça fait un moment que je ne suis pas venu ici. On est en Bourgogne, il a un aligoté pas dégueu...
Café, pain grillé, douche et en route sur les belles routes de France. Nan ben belles routes, t'arrête tout de suite, à 8h la traversée de Chalon sur Saône est particulièrement pénible. Tu vois les bagnoles arrêtées d'un rond-point sur l'autre, la haine.
A 9h je suis à Feillens c'est dans l'Ain mais à côté de Mâcon. Le lotissement est chiément étroit, ce que je n'avais pas bien vu, je dois être honnête. La rue se termine en un genre de rond-point, en une manœuvre savante et surtout chanceuse je parviens à me retourner. Les gens sont super braves, le bressan à la réputation d'être brave... Ils m'offrent un café et un billet de 10, ça fait des lustres que je n'ai pas eu de pourliches.
Je coupe au travers par Chatillon sur Chalaronne, Villars les Dombes pour me retrouver à Pusignan en début d'après-midi. Ici aussi le mec est sympa. Il me pose 10000 questions techniques. Je lui réponds au mieux, même si ma voix n'est pas officielle. C'est difficile d'envoyer bouler un mec sympa qui a besoin d'être rassuré. La dernière piscine de la journée est à Givors. Je n'aime pas ce coin, c'est étroit, chiant. Le lotissement est sur la route de Saint Etienne, facile.
La jauge à gasoil du Moffett se met à clignoter, il me reste donc 19%, j'ai l'habitude ça va le faire. J'apporte l'escalier en premier, je redescends au camion pour chercher le kit. Quand je reviens le mec me dit qu'il refuse l'escalier, selon lui sur deux perçages il manque de la matière... Bon. Je retourne au camion pour chercher les derniers colis, j'en profite pour rendre compte chez Waterair, normal. Les filles me demandent de prendre quelques photos et de ramener l'escalier en question. Ça me fait ch'... , je vais devoir me le trimbaler mais c'est comme ça. Je recharge l'escalier, on signe les papiers et quand je veux repartir, c'est le drame. La jauge du chariot indique 12% mais le démarreur tourne dans le vide. Putain j'ai désamorcé ! T'y crois ? Le moteur a bouffé tout ça pour faire 100m ? C'est la conso' d'un AMX 30 !
Je descends à pied au camion, je rince une bouteille en plastique et je siphonne du gasoil. Sur le MAN c'est assez facile avec le robinet du filtre « sépar ». Sauf qu'il faut laisser tourner le moteur assez fort pour ne pas qu'il cale à cause de la prise d'air. Retour chez le client, je vide ma bouteille, j'essaie, mon cul Paul, il est désamorcé. Rereretour au camion. Je reremplis ma bouteille. Je reremonte à la maison mais avec une clef à molette dans une main et ma bouteille dans l'autre. Je demande au client de tourner la clef de contact pendant que je purge le filtre et la pompe. Bingo, ça crache ! Avec les deux pauvres bouteilles que j'ai vidées la jauge remonte à 30%. Conclusion : cette jauge est une merde, surtout, à l'avenir ne plus s'y fier.
Je passe à l'AS24 de Sainté pour compléter un peu, il redémarre, me vlà sauvé. Fin de journée au routier entre Montrond et Feurs. Cinq minutes après moi arrive un magnifique Premium de chez GCA. Apéro et repas avec l'ami Lagaffe, Pascal Dubithum, prenez le pseudo que vous voulez... Bonne soirée entre FDRiens quoi qu'il en soit.
Je commence pas loin de là à Pouilly les Feurs. Je me gare devant l'école, près d'une usine de salaisons. Une dame me demande si je viens chez eux. Réponse non. Ah, d'accord, parce que vous garez ici, c'est dangereux avec l'école... Comment ça dangereux ? Les morpions de maternelle vont m'agresser ? La brave dame tourne les talons, consternée...
Je débâche, démarre le chariot...qui cale au bout de 10 secondes. Il devait y avoir une bulle d'air d'hier. Mais elles se cachent où ces putains de bulles ? Dans un coin pour me stresser ? Au deuxième essai ça marche. La cliente est bien aimable, elle sort son camping car pour me faire de la place. Je perds un peu de temps à faire du rangement sous l'abri, m'enfin, elle est cool ça ne me dérange pas. On boit un café pendant qu'on signe les papiers, nickel.
J'ai mon retour depuis hier, je vais à la source à St Amand les Eaux. 30 et quelques bornes à vide, au poil. J'ai rendez-vous à 11h, j'y suis un chouilla en avance. Le parking est blindé de camions. La fille m'envoie au dépôt numéro 2 pour 9 palettes en attendant qu'un quai se libère devant. On me donne le quai 20. Tous les quais sont libres, sauf le 20. C'est une blague ? Qu'à cela ne tienne, je me claque au 21. Le cariste me fait un sketch sur le thème : ouais nous après on se trompe. Vous n'aviez qu'à me donner le bon quai. Retour au dessus, la situation s'est décantée, je charge. En tout 33 palettes et 27t500. Il peut neiger, ça va tenir le parquet.
Je me remonte tranquillou, ce n'est à vider que demain à Dôle. J'appelle Pauline pour la briffer au sujet de mon escalier refusé. Je veux bien me faire chier avec pour recharger, mais je ne veux pas me le farcir jusqu'à vendredi. Elle prépare sa journée de demain, donc change d'avis plusieurs fois. Pendant ce temps j'avance. Je reviens au dépôt, puis non, puis oui, puis non finalement. Fin de journée chez le José à Beauchemin. Encore une journée à 300 bornes. Je peux me faire contrôler, je suis dans les clous !
Café pain aux raisins douche vers Sandrine et à 7h 15 je suis chez les Mousquetaires. J'ai rendez-vous à 7h28, pas 7h30, 7h28 ! C'est quoi ce délire ? Si j'arrive à 7h29 on me refoule au lendemain ? Dans le quart d'heure mon téléphone sonne, on me donne un quai. J'ai toujours mon escalier posé sur les palettes. J'essaie de le sortir mais depuis le sol je suis trop petit ! Même en montant sur les fourches du chariot, je risque de le fracasser parterre. Tant pis je me mets à quai comme ça. Le réceptionniste est sympa. Bizarre mais sympa. C'est le genre de gars qui regarde ailleurs quand tu lui parles, jamais tu ne croises son regard... Depuis le quai c'est bien plus facile, à deux on chope le Paso et on le pose à côté délicatement. Je me vide, il me contrôle, je refous l'escalier dans la semi et je me taille. Le chargement est sur palettes Chep, on ne se fait pas chier avec des Europe, le top.
Retour au dépôt, je décroche ma caravane pour en reprendre une chargée pour Vesoul. Rendez-vous 8h. Je me pointe à Vesoul la fille au bureau me demande à quelle heure j'ai rendez-vous ? Je sors mon téléphone, 10h34. J'ai rendez-vous à 10h34. La fille me dit : « vous êtes un comique, vous ! » Je sais, je sais. Il n'y a pas grand monde elle me fait entrer de suite. En une petite heure c'est vide, retour Devecey. J'ai le temps de manger un morceau vite fait, le mec des pneus m'attend pour 13h.
Je décroche la Kögel pour reprendre une Merker. Le Bibendum se pointe pile à 13h, il devait attendre au coin de la rue c'est pas possible. Je me mets à quai et pendant qu'il change mes gommes je me charge un lot pour St Vit. Quand je sors, l'horreur ! Mes jantes ? Comme mon tracteur va bientôt partir, il a gardé mes belles jantes et m'a monté des merdes infâmes, je suis dégoûté ! En plus j'ai perdu des Michelin pour des Conti premier prix. En fin de leasing les tracteurs doivent repartir avec des gommards à 50% d'usure. Faut commencer à prévoir dès maintenant. Fait chier !
Je roule sur des œufs, ces pneus de merde glissent comme pas permis. J'espère que ça va se tasser quand j'aurai roulé un peu.
A St Vit je me vide à SV2, ensuite je descends à SV1 pour charger une partie et remonte à SV2 pour le reste. Sauf que ce n'est pas l'ordre, je dois revider le SV1 pour le repasser derrière. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Avec ce commerce je sors de là à 17h. Direction la Haute-Savoie, c'est bien ça fait un petit tour pour finir la semaine. Je monte comme d'hab' par Lons Oyonnax. Fin de mission à Eloise au Boeuf Royal. La cuisine est royale, en plus le parking a été refait avec les places matérialisées au sol, sur la même surface on met le double de camions. Il est 20h et des boulettes il reste une petite place pour moi. Que demande le peuple ? Un Kir !
La dame ouvre à 5h pétantes. Café douche ultra grande vitesse, je mets en route avec 9h15 de coupure. Quoi qu'il en soit je suis en retard, que je sois au magasin à 7h15 ou 7h30 au lieu de 6h ça ne change rien. Les gens qui vont au taf prennent bien une douche le matin ? Moi aussi. Tant pis je livrerai le Nutella et le canard wc à la bourre, je refuse de renoncer à mon confort.
Juste avant 7h je suis à Vinzier au-dessus de Thonon. Il y a un cône sur le quai habituel. Je me mets à côté sur le quai « réception frais », l'autre doit être en panne. C'est chaud, il a du bordel partout, il fait encore sombre, pas facile. Quand je suis en place le mec vient me voir : « Vous êtes trompé, chef. Faut vous mettre au quai de droite, j'ai mis un cône exprès. » Putain, ça m'apprendra à ne pas demander avant. On vide, il y a un mic mac avec deux palettes. Une pas annoncée et une manquante. Le gars note des réserves, je m'en fous j'ai le compte mais je note une contre-réserve quand même pour expliquer mon cas.
Je redescends à Annemasse pour le second magasin. Au rond-point je tourne devant un Perrenot qui me suit. Putain le bol, on va au même endroit, je n'ai que 6 palettes alors que lui a un complet d'une autre base. J'ai tiré ma carte chance. Pendant ce temps je reçois le message de mon retour.
Je monte de 20 bornes vers Cluses dans une des innombrables usines de décolletage du coin. J'arrête de suite les pervers, le décolletage ce n'est pas la fabrication des soutiens-gorge. Le chef d'atelier est surpris de voir un camion français, il me dit que c'est cool d'avoir un chauffeur qui comprend ce qu'on lui dit et qui sait ouvrir le toit, manœuvrer, bref ça le repose. On charge de longues caisses en bois qui contiennent des barres de ferraille. L'huile d'usinage goutte des caisses, c'est gras ça glisse, je sangle au mieux. Ça fait une bonne moitié de camion, j'attends la suite sur le premier parking que je trouve. La boulot est super calme parait-il, j'attends une heure, de suite il n'y a pas, on rentre.
Je prends la route inverse d'hier soir, Oyonnax Lons Besançon. A 16h je suis dans la cour. On vide les caisses, qui ont bien glissé malgré les sangles. Je décroche, reprends ma semi, charge une chiée de cadres métalliques Waterair qui traînent et je fais les pleins. Ça prend toujours un temps fou ces conneries au dépôt, à 18h30 je décroche à la maison. Bon weekend, le ciel vous tienne en joie.
Ça freine à peine dans le canyon avant l'autoroute, ils sont où les gens ? Faut y aller les gros, on est lundi. Moi ça m'arrange bien, à 8h tapantes je suis sous le auvent chez Waterair. Pendant que Fabrice sort mon fourbi je vais au bureau chercher ma liste de chargement. On boit un café et on attaque. Je dis fourbi, j'exagère un peu. 6 piscines + 1 rénovation ça rentre largement sans se faire des nœuds dans le cerveau. Retour au bureau après avoir chargé. Le client de la rénovation pose problème, la palette est déjà revenue une fois. Méfiance.
Je m'arrête au pain à Granvillars, en warning à cheval sur le trottoir je n'en ai que pour quelques secondes. Sauf que je tombe sur l'ancien chef d'atelier de chez Buffa, on refait le monde un moment. Il est cadre mais pas le genre de mec qui se la raconte. Sympa.
Cette semaine va être exotique, je monte plein nord. Belfort Luxeuil Epinal Rambervillers Baccarat. Exotique pour moi. Je mange un morceau par là le long.Tranquille.
A 14h je suis à la limite 54-57 dans un petit bled. Le lotissement est vieux, les rues étroites. Je renonce, je redescends au carrefour, j'ai plus de place pour vider en latéral. Papy et mamy ne sont pas chiants, je les aide à ranger les colis dans le garage, ils m'offrent un café. Cool.
La livraison suivante est vers Toul. Le mec est beaucoup plus jeune, il porte un maillot du Stade. Les pauvres, ils sont relégables ! Cinq défaites consécutives, la honte ! Je conseille au client d'échanger avec un maillot du RCT mais il n'est pas chaud.
Fin de journée juste à côté à Ménil la Horgne sur la N4. Je suis bien placé pour demain vu que le client pour la rénovation est toujours injoignable, je me déciderai demain matin.
Qu'est ce que je peux faire, ch'sais pas quoi faire, disait Anna Karina. Donc je coupe la poire en deux, je décolle à 7h. Hier soir j'ai fait sonné chez le client sur le fixe et sur le portable, rien. Ce matin idem. Ce pénible est du côté de Stenay. En passant par Commercy St Mihiel je me retrouve à Verdun. Après si je vais plus loin il faut que je sois sûr... Je rappelle encore une fois, nada. J'appelle les filles pour savoir ce qu'on fait. Le commercial me rappelle derrière, il me dit de ne pas y aller ça ne sert à rien. Re-coup de fil à la logistique pour que je sois couvert, et je prends la direction de Reims. Verdun Ste Ménéhould Suippes, ça fait des lustres que je ne suis pas venu par là. J'aime bien le nom des trois bleds qui se suivent : Somme Bionne, Somme Tourbe, Somme Suippe. Sont un peu fous par ici. En arrivant à Reims le commercial me rappelle : « tu as bien fait de ne pas venir, je suis chez le client, la porte du garage est défoncée, il y a des merdes de chien partout, y compris à l'intérieur, c'est un taudis, j'ai sonné et en regardant par la fenêtre j'ai vu quelqu'un se cacher derrière le frigo. » Bon visiblement ils ne veulent pas de la piscine. Lui a rendu-compte à son chef, moi à la logistique, on lâche l'affaire.
Sur les coups de 10h je suis à Reims, St Brice Courcelles exactement. C'est mimi mais étroit. Il y a des murets en briques de partout qui forment comme des bancs, les chapeaux en brique sont tous cassés. J'imagine que ce sont les camions et les bus qui se cognent dedans c'est tellement étroit. Bref je ne fais pas le malin. La rue des clients est étroite en plus c'est une rue où passent les bus. Le portail est à deux battants avec un arrêtoir au milieu. En voiture on passe au-dessus mais avec le chariot on a la roue arrière au milieu, méfiance. Je m'arrête une fraction de seconde trop tard, j'entends un petit crac...le client aussi. Il me dit : boh c'est rien, il était déjà cassé c'est une merde en plastique. Je recule, il le démonte. J'avance et j'entends des cracs cracs sous les pneus. C'est le carrelage, je m'arrête. « non non ce n'est rien roulez, les carreaux sont tous cassés faut que je les change. » Purée le massacre ! Le client m'explique que de toute façon la terre sera évacuée avec un porteur 19t qui fera bien plus de casse que mon petit yoyo de deux tonnes. Pas rancunier il m'offre un café et je file.
Je monte peinard par Laon St Quentin, à 14h je suis à Dourges vers Lens mais au bord de l'A1. La rue est large, client cool, fastoche. De là je devais aller à Arras. Mais on a changé l'ordre de livraison pour un client. Donc je descends dans l'Oise pour remonter à Arras demain. Les voyages forment la jeunesse parait-il.
A 17h30 je suis vers Montdidier. La cliente ne sera là qu'à 18h, je prépare mon bazar en l'attendant. Au téléphone elle me demande de couper le grillage du jardin. Je refuse, je le ferai quand elle sera là. En plus ce n'est l'affaire que de quelques secondes. A 18h elle se pointe. Elle est en uniforme de l'armée de l'air, adjudant-chef. Mais bien sympa ! Je coupe le grillage, j'entre la piscine où elle veut et je n'ai plus qu'à regrimper le chariot au cul de la semi.
Retour à Arras, Vitry en Artois pour être précis. Je dois reconnaître que je ne connaissais pas ce resto. Les tomates farcies maison sont une tuerie de la mort mortelle qui tue.